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vendredi 16 juin 2023

SÈTE 5. Thon et pognon !

Un reportage peut-être à la télé régionale : deux frères, armateurs-thoniers, se confient visiblement sûrs d'une logique économique se suffisant à elle-même ; ils sont dans la quarantaine ; un investissement sur vingt ans reste raisonnable, à deux qui plus est ; ils font construire un bateau moderne, plus cher mais fabriqué en Roussillon, plus léger mais plus solide, économique en carburant et ça compte quand la puissance développée atteint les mille chevaux. Ce serait presque hors sujet de poser une question sur la ressource, sur l'activité durable... Que s’est-il passé ? 

Le thonier-senneur Saint_Antoine_Marie  GNU Free Documentation License. Auteur Jean-Pierre Bazard On peut voir les bras articulés qui permettent de lever et de manœuvrer la senne (le filet de pêche) pour la retirer et à droite l'annexe qui se met à l'eau pour encercler et prendre les thons. 

Vingt ans en arrière, pourtant, la race des thons qui viennent se reproduire en Méditerranée, se perdait ; pour une fois, les scientifiques ont été plus qu’écoutés puisqu’il s’en est suivi une interdiction ; c’est dire si la situation était désespérée... À un moment donné, seules les mesures radicales, coercitives sont susceptibles d’être suivies d’effets... Je me souviens d’un reportage à Marseille, un mec (j’assume une condescendance allant au delà, vous allez comprendre !) au micro, vulgaire, volubile mais dans l’indécence sordide, contre l’interdiction, parce que lui, un de la famille sinon un allié avait misé des millions vu que ça devait rapporter, qu’il n’en avait rien à foutre de la réglementation. Un témoignage outrancier à garder en mémoire, donnant une piètre et fausse image des Pieds-Noirs auprès de ceux qui ont une vision simpliste, lapidaire, arrêtée sur les gens et l’Histoire. On reste stupéfait de la véhémence affichée au seul motif d’un gros investissement avec pour seul souci un retour bénéficiaire et la légitimité d’être un riche qui risque et à qui la piétaille, avec pour seul droit celui de la fermer, devrait tout ! Que sont devenues ses mises de fond en quinze ans ? Ce qui est sûr est que nous ne pouvons pas compter sur un changement de mentalité de la part d’un tel individu. N’attendons pas sagesse, humanité, solidarité de la part de tels prédateurs économiques, forts, de par leur pouvoir financier, de tenir les politiques en main. Aujourd’hui, en effet, comme quoi la nature est bonne fille, en dépit des quotas (89 % pour la Méditerranée, 10 % pour l’Atlantique, 1 % à la pêche de loisir... pas contente de n’avoir que si peu de bagues), le thon rouge de Méditerranée est de retour, ses effectifs se renforcent... Quasiment un miracle tant le pessimisme, malheureusement lié à la façon de traiter la Planète par ce foutu système libéral délétère à force d’excès, régnait et règne encore. Était-ce parce que ce monde d’armateurs pesait moins que d’autres corporatismes ? Considérez dans l’affaire actuelle des « méga bassines » (qui plus est financées à 70 % par l’argent public !) voulant légaliser le vol par une minorité de la ressource phréatique, comme l’État, actuellement, préfère se mettre à dos toute la population plutôt que ces agro-industriels ne méritant plus d’être appelés agriculteurs dans notre monde de paysans éradiqués ! Avec Macron, histoire d’avancer (un mot répété plusieurs fois hier, 19 avril 2023, malgré les casseroles des opposants, lors de sa sortie en Alsace), la nature aurait-elle eu l’opportunité de nous rendre une manne de magnifiques poissons ? Comme disait l’autre, on a les gouvernants qu’on mérite et apparemment les thons qu’on ne mérite pas... (à suivre) 

Bluefin-tuna-catches-fr source  ICCAT web site domaine public. Intéressante évaluation des prises illégales (environ 66 % des quotas légaux et rien ne dit que cela ne perdure pas...


jeudi 15 juin 2023

SÈTE 4. Pêche, migrations et capitalisme...

Robert_Mols_-_port_de_Sète 1891 domaine public musée Paul Valéry. 

Sète, un Languedoc maritime, mâtiné de Catalogne, de Campanie jusqu’en Calabre, Sète, port de pêche. Si, localement, l’activité concernait l’Étang, avec les Catalans d’abord, puis les Italiens, elle s’est tournée vers la mer. Encore au début du siècle passé, les Sétois originaires d’Italie faisaient construire à Agde des dizaines de bateaux-bœufs ainsi nommés parce qu’ils tiraient le filet comme les bœufs tiraient la charrue. Sauf que cette technique prévoit que le second fait la vache, pour dire qu’il ne bénéficie pas du partage de la pêche, à charge, la fois d’après, d’inverser les rôles, exception faite de la semaine sainte où tout le monde a besoin d’argent frais pour fêter Pâques. Même au port, coques alignées, rangées, quel bel ensemble ces voiles carguées sur les antennes ! Au point que Paul Valéry, le penseur qui ne se voulait pas philosophe, d’habitude plus compliqué, avait revendiqué la beauté des voiles de Sète ! (si quelqu’un me retrouve cette citation, je suis preneur !) Et cette antenne ! vingt-deux, vingt-quatre mètres de longueur... imaginons le mousse chargé d’y grimper ! D’ailleurs on le voit sur le détail d’une marine « Le Port de Sète », du peintre Mols. Autre détail : les filets hissés en haut du mât ! Superstition ou simple prévention contre les vols ?

Ces immigrés particuliers (beaucoup, dans l’agriculture, les forêts, sont longtemps venus du Nord de l’Italie) nous les retrouvons, par exemple, à la tête de chantiers de construction maritime ou comme patrons de bateaux, des « dynasties » toujours à la barre. Pêcheurs, ils sont originaires de Cetara dans le Golfe de Salerne. A partir de 1850, comme à Sérignan, ceux de Cetraro (Calabre), à Frontignan, ceux de Gaete (golfe au nord de Naples). Par les lettres au pays puis le bouche à oreille, ils seraient partis parce qu’il n’y avait plus chez eux, ni sel ni anchois, le long de cette côte au Sud de Rome. Ce sont eux qui ont impulsé la pêche en mer, les locaux démontrant moins de courage ou se révélant plus terrestres que marins, moins aguerris, disposés seulement à exploiter la lagune du Thau et plus haut le long du golfe, la gourmette d’étangs jusqu’à Aigues-Mortes. 

Depuis, prenant le pas sur Agde, Sète reste notre plus important port de pêche sur la Méditerranée. Dans les années 60, ce sont les rapatriés d’Algérie, souvent arrivés sur leurs propres bâtiments, qui ont apporté du sang nouveau. 

Sète chalutiers et thoniers Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Christian Ferrer


A voir les belles unités flambant neuves, alignées le long du quai, le polyester immaculé à la place de l’acier qui lui-même avait repoussé les coques en bois, une génération de plus en arrière, nous n’allons pas regretter les voiles pittoresques appréciées de Valéry, le ravaudeur de filets sur le quai qui chante si bien l’Italie (si, si ce n’est pas une carte postale, j’en ai été témoin), une belle voix qui doit faire le bonheur des tablées de fêtes. Non, nous n’allons pas fondre en commisération à la vue du quartier haut, le pauvre (à Mèze nous avions l’inverse, comme quoi...), celui des petites maisons des pêcheurs avec le linge pendu aux balcons. Rien ne saurait rester figé. Entre aimer le passé et rester passéiste, faut pas confondre. Comme partout, le confort, l’argent sont passés par là ; c’est un calcul, un investissement à long terme, envisageable si une pêche rapporte et que peut-il y avoir de plus exaltant même pour ces pêcheurs-hommes d’affaires, qu’une fièvre pour le thon égale à celle du chercheur d’or d’une autre époque ? 

Tuna_ensnared, pris au piège.  Domaine Public  from the U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration Auteur Danilo Cedrone (United Nations Food and Agriculture Organization)


Dans quelle limite ce calcul reste-t-il acceptable ? C'est bien parce que le système complètement amoral ne s'impose pas de limites qu'une fin du Monde, du moins de l'anthropocène, est devenue plausible... Inutile d'en référer à Nostradamus et à Malachie...  

samedi 16 mai 2020

CHOCOLAT, LIBÉRALISME (suite et fin) / Des images collées au copié-collé...

Une époque avec l'illusion qu'alors le temps n'était pas qu'argent surtout lorsque les employés qui trient ont à faire à des petits clients  compliqués qui invalident la demande d'un numéro biffé par erreur. 


Une patience relevant peut-être d'une proximité patronale car si, après 1840, l'industrialisation marque l'exploitation amplifiée de l'homme par l'homme, du prolétaire par le bourgeois, il existe des contre-exemples de redistribution humanitariste autrement plus concrète que le prétendu ruissellement prôné par une macronie fourbe, cynique, obscène (1) et qui, l'arrogance du merdef aidant, persiste à nous contaminer avec des métastases d'un productivisme libéral ne correspondant qu'à une liberté d'asservir au service d'une logique économique "hara-kiriesque" ! Une proximité, j'oserais presque les mots de coopération, de solidarité, quand un de ces capitaines d'industrie, version honorable, parti de rien et plutôt que d'être toujours plus riche, développe le social dans le but de réduire l'écart entre défavorisés et nantis.
Je ne sais pas si l'entreprenariat de Victor-Auguste Poulain (1825 -1918) peut se comparer un tant soit peu (2) avec la direction de Jean-Baptiste André Godin (1817 -1888) des poêles en fonte, avec son familistère (caisses de secours maladie et retraite, logements sociaux dotés de tout le confort moderne (3), services publics (4), actionnariat des ouvriers). L'idée des images à collectionner de Poulain m'y ferait croire puisque, près d'un siècle plus tard, l'essentiel de la culture et de la connaissance passait par le livre (une part prometteuse pour la télé en noir et blanc néanmoins) et que j'en étais encore à coller ces images formatrices (instruments de musique, maison de la RTF, phonographe et électrophone, pick-up, magnétophone, stéréophonie) malgré le prétexte léger des chansons.  

Et j'en arrive à faire de la pub pour des industriels ! Oui mais pour des fabrications françaises non pas par chauvinisme mais parce que la globalisation nous a phagocytés. La crise du covid 19 révèle que nous sommes à la merci de l'offre en médicaments de la Chine et de l'Inde et pour parler crûment, d'un système dont l'emblème est une pompe à fric qui pistonne fort sans admettre que ce sera bientôt à vide ! 
En 1970, Poulain s'est mis dans la moutarde puis dans de grandes marques alimentaires. 
* Rachetée en 1978 par une entreprise pharmatico-alimentaire... 
* Rerevendue en 1979 à un homme d'affaires franco-britannique. 
* 1988 rerachetée par une firme anglaise... 
* 1995, refilée à la filiale française de l'anglais... 
* En 2010 le second groupe mondial du biscuite et du chocolat, étasunien, rererachète ! 
* Deux ans plus tard suite à une scission métastasique, Poulain est rerefilée au même mais sous un autre nom (n'allez pas y voir une optimisation de la pompe à fric !). 
* En 2016, vive la France, c'est un fonds d'investissements français qui rerererachète mais pas toute la métastase. 
* En 2017 Poulain intègre une filiale du groupe en vue de rapatrier une partie de la production à l'étranger et ainsi sauver les 220 emplois à Strasbourg ! Cocorico ! Merci patron ! Ho c'est quand même mieux que de refiler Alsthom aux Amerloques non ? Merci Macron ! 

Pour GODIN, nul besoin de tant de lignes en dédales et confusions financières ! Origine : France ! Produit en France !       

Huit images sur cent manquent dans mon album. Mais quand donc étais-je capable de coller soigneusement, bien droit, moi qui me croyais déjà rebelle et chien fou ? Une paire de clics permet de répondre : début 1964... Et dire qu'à treize ans passés, grâce aux réseaux du Net, mon fils planifie des lignes à grande vitesse paneuropéennes ! Et de suite l'implacable, la vente en ligne pour celui qui se souvient de l'album perdu ou jeté : 12 euros le souvenir dont la moitié en frais de port ! Comme si l'émotion à voir mon nom sur la dernière page, celle des échanges, avait un prix !    

(1) proposer aux soignants de pavaner pour le 14 juillet avec une médaille plus "en chocolat" encore que celle des légionnaires d'honneur "C'est avec des hochets que l'on mène des hommes" (Bonaparte). La prime de 1500 euros non officialisée ? La revalorisation des métiers de la santé ? Les moyens pour l'hôpital public ? Rien là dessus... Par contre, en plus des exhortations virulentes pour nous rapprocher du siècle des 12 à 16 heures de labeur quotidien et pourquoi pas du travail des enfants à y être, manière d'amortir l'investissement des machines. 
(2) en 1914, la société qui a acquis 110 salles de cinéma offre dans ses tablettes un bon pour une entrée à moitié prix.  
(3) la seule différence avec aujourd'hui étant l'éclairage au gaz. 
(4) économats, crèche, école (mixte, obligatoire jusqu'à 14 ans quand la loi autorise le travail des enfants à partir de 10 ans) , cours du soir, bibliothèque, théâtre... 

Annonce occasion / cuisinière Godin bois-charbon avec bouilleur.

 Sources : Wikipedia / Godin.fr

vendredi 15 mai 2020

CHOCOLAT, LIBÉRALISME / Des images collées au copié-collé...



Album n° 8, cherche ou pour un échange les images n° 12 série 172, n° 14 série 173, n° 24 série 175... Henri Salvador qui chante "Minie petite souris" 



"... Viens trinquer avec moi, petite souris sors de ton trou !
- Si tu veux boire un verre
T'as pas besoin d'un revolver..." 



L'album, les vignettes, les images, on les doit au Chocolat Poulain. En prime, une petite pointe au cœur à voir mon nom sur le bulletin d'échanges même si la datation de l'écriture fossile (1964) marque l'ère révolue de la communale. Un temps aussi où des employés des bords de Loire  bords de Loire triaient les demandes, les lettres adressées à CHOCOLAT POULAIN -Service Images, BLOIS (L.-  & Cher). 



  












Désolé de vous pousser au consumérisme mais Blogger me met un pastis pas croyable avec le texte, les photos, le fonds du site qui se superposent et se mélangent... Et ça ne passe qu'en coupant en 2 articles... "Qui m'aime me suive" sinon rien de grave ! 





































mardi 3 avril 2018

QUI SE SUCRE SUR LE DOS DE LA FRANCE ET DES MAHORAIS ?

A qui profite le crime ? Une approche foncière d'Armand Launay, professeur de philosophie.  

Migrations et importations : qui se sucre sur le dos de la France et des Mahorais ?



Vers 1725, l’auteur britannique Daniel Defoe traitait déjà un peu ce sujet dans un chapitre de ses grandioses histoires de pirates : Libertalia. Déjà l’archipel des Comores était partagé entre quelques familles qui revendiquaient la souveraineté sur l’archipel. Ouh les sultans batailleurs ! En ce temps, l’auteur visait les Mohéliens et les Anjouanais. Defoe dut confondre la très peu peuplée Mohéli avec la populeuse Ngazidja (Grande-Comore), déchirée alors entre deux sultans.

Libertalia ‒ à lire avec profit ‒ fait intervenir des corsaires français et ceux d’autres nations cherchant à créer une cité idéale, démocratique, égalitaire, au-delà des particularismes. Une idée bien européenne ! Le sultan d’Anjouan, surtout, et de Mohéli ont compris de suite l’aide que les navires européens, chargés de canons, allaient leur offrir, en sus de leurs mercenaires (malgaches ?). La reine d’Anjouan [sic] s’allia au capitaine Misson, chef français des corsaires ; et celui-ci vainquit le sultan mohélien. Il se dit même qu’avec un peu de ruse il deviendrait maitre de l’archipel, mais s’y refusa, par morale. Merci camarade. Sans le savoir, Daniel Defoe dépeignit l’avenir de l’archipel où des Français prendront peu à peu le pouvoir à partir de 1841.

Alors Defoe : au-delà de Jack Sparrow, littérature ou réalité ?
Ce qui nous intéresse est cette image de l’archipel il y a 300 ans. Les choses ont-elles changé ? À priori, les hommes se partagent toujours dans l’archipel entre des idéalistes démocrates, des corsaires venus s’enrichir sur le dos des autres et des sultans épris de pouvoir sur les 4 iles.

Tout d’abord, qui ne voit que les Mahorais n’ont jamais eu la velléité de commander les Comores ? 

Qui ne voit que seuls Anjouan, Ngazidja et certains chefs Malgaches ont eu les moyens de leur prétention sur l’archipel, l’ont utilisé et l’utilisent encore pour certains ?

Qui ne voit que les corsaires sont encore bien présents : les immigrés qui ne souhaitent pas développer Mayotte mais en bénéficier, un temps, avant de gagner Saint-Denis ou Notre-Dame de la Garde (priez pour nous nous, pauvres pécheurs !) ? 

Qui ne voit que des Métropolitains passent sans meilleur intérêt que des primes et les reflets du lagon ? 

Qui ne voit, encore, que quelques centaines de familles s’enrichissent de l’importation et de la démographie que ce soit à Mayotte ou aux Comores ?

Même un auteur Français qui aime marquer contre son camp ‒ Pierre Caminade ‒ ne parvient à le cacher dans son ouvrage, paru en 2009 : Mayotte-Comores : une histoire coloniale. À la page 62, lui qui fait profession de démolisseur de la France, dénonce le président des Comores Ahmed Abdallah, ancien sénateur formé par la France en politique et en économie. Il le dénonce aussi d’être devenu détenteur du monopole de l’importation du riz avec l’Indien Kalfane. L’auteur le flingue car il était censé développer la production locale contre les importations. Wikipédia corrobore qui nous apprend qu’Ahmed Abdallah surfacturait le riz à son peuple et, grâce à cet argent, se constitua un réseau de clientèle. L’indépendance des Comores a seulement donné plus de pouvoir à ces potentats locaux, ces sultans-corsaires, avec moins de contre-pouvoirs démocratiques, des mercenaires mais guère d’idéalistes démocrates.

On entrelit dans Mayotte en Sous-France (2017), ouvrage rédigé par Mahamoud Aziary ‒ un sacré buteur contre son camp ‒ que le secteur de la construction (logements et urbanisme) est défendu par les services de l’État et voit d’un mauvais œil la concurrence de la Société immobilière de Mayotte (SIM). Alors, qui ne comprend que quand des élus traitent de construction de logements sociaux, ce sont quelques sociétés monopolistiques telles que la COLAS et SMTPC qui s’enrichiront ? Par conséquent, caribou les immigrés ! Quand le bâtiment va tout va ! 

Qui ne comprend, itou, que les importateurs et (autres) revendeurs au détail ‒ qui se font des marges folles ‒ ne se plaignent pas de l’arrivée massive de bouches achetant des couches, du lait, de l’huile, du riz, des fientes de poulets brésiliens ? Samba ! Qui ne voit que ces gens consomment et mangent selon un schéma consumériste prolifique ? 

Qui ne connait le nom d’Ida Neil, souvent donné en pâture comme si cette importatrice d’Afrique-du-sud était seule à récupérer une partie des sommes versées chaque année par l’État et échappées de l’incurie du Conseil départemental ? 

Qui n’a vu la mosquée des Indiens à Kawéni ? Le terrain et les parpaings seraient-ils tombés du ciel, comme autant de bétyles témoignant de la bienveillance du Tout-puissant (SAW) ? 

Les monopoles au port, à l’aéroport, les élus et agents qui partent travailler chez Mayotte channel gateway (MCG) ‒ pour ne citer que cette société ‒ ne sont-ils pas des robinets qui nous font payer le prix cher chaque bidon rempli ?

Les décolonisateurs de tous poils sont souvent comiques. Ils confondent tout sous le terme de colonisation. Sans trop abuser du Doliprane, on peut distinguer la colonisation en tant que colonie de peuplement ; la colonisation en tant que souveraineté d’un État considéré comme étranger ; et, enfin, la colonisation comme mafia commerçante et exploiteuse des biens et des hommes. Quand elle est légale, on l’appelle capitalisme. Hallo Karl !

Alors les Comores ont été décolonisées de l’État français mais pas de la mafia locale et internationale.
Mayotte est colonisée par quelques groupes économiques et par le peuple des miséreux des pays d’à-côté. Mais la chance de Mayotte est de pouvoir actionner les leviers démocratiques français afin que le peuple soit libre et non colonisé. C’est ce que les Comores se sont interdits de faire. Ils en paient les conséquences comme maints ex-territoires français.

Où sont les contre-pouvoirs démocratiques ? Au premier chef, les communautés villageoises qui ont manifesté, (trop) barré les routes et exigé l’intervention de l’État. C’est là un trait bien mahorais : patienter, supporter longtemps puis craquer avec emportement ! 
Tirons leçon de ce début 2018 : la pression des Mahorais, des Français, doit se maintenir tous les jours dans les organes de l’État, dans les prochaines élections où il s’agit d’élire plus de personnes compétentes, réfléchies et respectées du peuple, par l’action quotidienne de milliers de Mahorais œuvrant ‒ ou fantômant ‒ dans les administrations et les services publics qui doivent remplir leurs fiches de postes, si tant est qu’ils en ont ! Par un travail d’éducation politique, de partage d’une appétence pour la chose publique, la politique, pour la rhétorique, pour le mot qui désigne l’idée juste !

Que fait le procureur de la République dans la lutte contre la corruption ? Pourquoi attendre le rapport de la Cour des comptes et de constater les déficits des collectivités territoriales alors qu’un accompagnement permanent par les agents de l’État permettrait un transfert de compétences réel et pas seulement sur le papier, comme depuis 2011 ? 

Que font les juges qui affaiblissent les citoyens utilisant la légitime défense dans des quartiers et villages que l’on sait sous-dotés en policiers ? 

Où est la défense de la culture et de la sociabilité mahoraise qui ne doivent pas être diluées dans un mélange de peuples superficiellement attachés à cette terre ? 

Où est la défense des petites entreprises et l’émergence de production locale malgré les intérêts des importateurs ?


Tâchons de ne pas reproduire la fin de Libertalia où les idéalistes démocrates se font massacrer par le surnombre de leurs voisins, restés étrangers à leurs beaux projets, quelque part du côté de Madagascar. Défendons les frontières ! Défendons nos familles !

lundi 2 avril 2018

ÉTAIT-CE UN MONDE INNOCENT ET INCONSCIENT DE LA CATASTROPHE A VENIR ?

Ciste de Montpellier

Ciste cotonneux.

"... Les cloches sonnaient à toute volée et le printemps éclaboussait ce dimanche matin de toutes ses fleurs. Les petites, blanches, au cœur d’or, du ciste de Montpellier. Les grandes, mauve clair, comme froissées, du ciste cotonneux. Et les papillons voletant sous les grands pins muets d’un vent, pour une fois, aux abonnés absents. J’en avais plein les yeux. Non je ne rêvais pas : c’était bien moi qui pinçais entre mes doigts les feuilles rêches et collantes du premier buisson. C’est bien moi encore qui froissais celles, douces, duveteuses du second pied. Encore moi qui suivais dans l’air immobile la farandole du paon de jour, la voltige de l’apollon, les poursuites des machaons. Toujours moi à l’écoute des cloches, sûr que le Bon Dieu indulgent suspendait son souffle. Parce que, pour cette messe buissonnière, solitaire, j’avais voulu oublier Saint-Martin et que, de l’autre côté du vitrail, un monde merveilleux s'était offert. 

Paon de jour Author Romski wikimedia commons.

Papillon « Machaon ou Grand porte-queue » Author Erwan Corre wikimedia commons.
Ah ! si elles pouvaient parler, nos cloches. Cette fois-là, j’étais aux pins de Barral et elles m‘ont dit de rentrer avec mon secret... mais ce dimanche matin-là irradiait une magnificence à damner un saint.
Papa, essaie de savoir quelque chose sur elles. Comme elles sonnent toujours dans ma tête, ça m’a donné le bourdon. Bienheureux celui qui a pensé à les enregistrer, elles vont vous manquer. Je le sentais qu'avec cette modernité de carillon, de cloches enfermées, vous m’annonciez quelque chose de grave et ce moment merveilleux m’est spontanément revenu, comme un premier matin du monde…

« Quand revèn lo printems e que la sourehlada
Fai reverdi la terra e flouri lou bartas… » 

(Quand revient le printemps et que la "soleillade" fait reverdir la terre et fleurir le buisson... )
  "Lou pastre", poème d'Antoni Roux (1842-1915)
 
Mésange charbonnière Author Sylvain Haye wikimedia commons.


Chardonneret, catarinette Auteur Ghislain38 wikimedia commons

Ces lignes publiées en 2008, à peine corrigées aujourd'hui et datant de 2006 semblent, en 2018, relever d'un conte merveilleux pour enfants. Si j'ai oublié les oiseaux à cause des papillons plus à portée, eux aussi animaient le paysage de leurs trilles et gazouillis. Où sont passés ces petits compagnons du jour qui vent tant que la vie est là ? Où sont les mésanges, les fauvettes, les merles, les verdiers et leurs cousins chardonnerets, nos catarinettes ? Cherchez donc les nids d'agasses, les vols de graùles ! les pies ne jacassent plus ! Les corneilles, depuis les pèïrals qui résonnaient de leurs croassements intempestifs, ne partent plus en escouades vers la plaine ! 
Il y a dix ans déjà, on parlait des moineaux, des hirondelles en déclin. Plus de moustiques pour ces dernières, tourisme oblige, même au-dessus de la Matte, ces marais entre l'Aude et l'étang de Pissevaches où un avion vient épandre régulièrement une fumée vert-jaune... 
En ce début d'année nous apprenons que depuis 2003 en gros, un tiers des oiseaux a disparu. En cause le productivisme, l'agriculture qui fait la part trop belle à la chimie, à tous ces herbi-fongi-insecticides. 
Le modèle économique nous a transformés en tubes digestifs consuméristes, assimilant avant tout nos petits égoïsmes consommés. 
Et moi qui ai fait des enfants en vertu de la loi naturelle intangible, j'ai honte de leur laisser un monde pourri par un fanatisme économique aveugle au point d'engendrer, et ce n'est pas rien, un alien religieux qui nous plonge dans des barbaries qu'on croyait oubliées et annonçant un bain de sang puisque l’État en reste à ses discours soporifiques... 

Triste lundi de Pâques ! Triste saint-Loup ! Où sont-ils donc les groupes joyeux qui s'égayaient dans les pins, dans les prés, à la mer aussi… aux Cabanes, à Saint-Pierre.
   
Tristement vôtre !
 
Pie Author Stauss wikimedia commons


Hirondelle Author Haltostress wikimedia commons

Notes pour essayer de penser à autre chose (source Tresor dou Felibrige de Frédéric Mistral : 

* l'apollon chez les papillons, pour la rime puisque cette espèce est montagnarde... 

* l'agasso c'est la pie qui a peut-être aussi donné le verbe agassa signifiant, pour un oiseau, crier en voyant quelqu'un approcher du nid : "La maire agasso, lou nis es pas luen" (A. Boissier). 

* la graulo, la corneille en Limousin, Guyenne et Languedoc. les falaises des pèîrals, les carrières de pierres