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mardi 20 juillet 2021

QUAND NOUS PARTIONS à AUDE, à BICYCLETTE... / Fleury-d'Aude en Languedoc

Ils sont deux, ils sont trois, ils sont quatre, au plus ils sont sept vélos à partir, à la fraîche, à descendre vers la plaine, vers la rivière. La manne, ce sont les bancs de muges de l’été, plus ou moins en amont dans l’Aude. Lancers et salabres accrochés aux cadres, et même un rabassier (1) que l'un d'eux fait suivre, ils descendent vers les coins les plus courus, ceux où l’on croit prendre plus de poisson, qu’il faut occuper et garder au plus tôt. Les places sont chères : il faut y être avant les autres quitte à ne rien prendre avant le pic de onze heures, sinon, mais par exception, un loup matineux en chasse au ras des sénils (2). 
 
Fleury,_Chapelle_Notre-Dame_de_Liesse wikimedia commons Author Rauenstein
 
Les corps n’ont pas le loisir de se réchauffer que dans la descente de Liesse, le froid de la vitesse pénètre à cause de la laine avachie du pull des jeudis. On laisse la chapelle dans la sérénité solennelle de la vaste plaine par un matin promettant une journée d’été. 
 

Avant le pont qui à cet endroit marque la frontière avec le village voisin (3), un chemin vicinal s’engage vers l’aval et suit la rive droite du fleuve. De suite, une impressionnante protection de gabions, étonnante construction en gradins démontrant l’obstination de l’homme contre la puissante permanence de la nature tient à empêcher la terre de partir avec l’eau. Et c’est beau en prime, cette combinaison entre ce treillis de fer grillagé, à la fois léger mais ferme et, emprisonnées, ces tonnes de caillasses cassées dans le fréjal, ce calcaire gris-bleu des plus durs (4). 
 
L'Horte de Lamy.
 

Méfiance, des fois qu’il y aurait un chien, en passant juste devant l’Horte de Lamy. Avec celle dite d’Andréa, au-dessus du pont, rien d’étonnant si les limons apportés par le fleuve favorisent une production maraîchère et les arbres fruitiers. 

L'Aude à la Barque Vieille. 

 
La "bergerie de brique"

Le cabanon "de la treille"... morte cette année...

La Barque Vieille, Joie, la bergerie de briques, la campagne de Georges cherchant l’ombre des grands figuiers immédiats, le charmant cabanon de la treille : souvent l’équipe rejoint La Pointe pour remplir le pot commun d’escabènes (5). 

Juste avant la Pointe, le chemin.
  

Sous les tamarins (tamaris) de la rive, la lame du rabassier prélève un gros pavé vaseux à fragmenter pour prélever, sans les casser, les vers dans leurs galeries. Pieds nus, dans l’eau parfois jusqu’aux genoux, l’officiant présente les mottes aux servants qui brisent et fouillent. Les plus volontaires se démarquent de celui qui ne veut pas se salir les doigts, celui qui lors de la partie de pêche va dire, en masquant l’hameçon avec la plus grasse des esches «cal sarci lou crouquet», il faut bien garnir le crochet. Mais la complaisance des copains d’abord fait qu’on ne critique qu’à mots couverts et pas devant lui.   

Ensuite c’est l’installation sur le coin de pêche, la descente du talus, le pied léger, à voix basse, plus par respect pour la rivière, on dirait, que pour ne pas faire fuir les poissons. (à suivre... peut-être...) 

(1) Sorte de houe pour biner, sarcler.

(2) Roselières

(3) Sinon c’est l’ancien lit du fleuve, divaguant plus au nord qui délimite les départements de l’Aude et de l’Hérault, ce que les ignorants en géographie historique veulent faire passer à tort pour une occupation illicite des Audois ! 


(4) Le grillage, les caillasses, le chemin empierré au dessus, tout est parti depuis dans la rivière avec le limon seulement prêté pour un temps... Pas de photo de ce mur cyclopéen, dommage... Seul point positif maintenant qu’on ne peut passer qu’à pied ou à vélo, la tranquillité pour les estivants qui viennent ouvrir l’Horte de Lamy, l’ancienne ferme ouvrant à même le chemin (liée peut-être à l’origine à un certain «Barthélémy»).

(5) Certains l’assimilaient par erreur, en français, à l’arénicole des pêcheurs, c’est une néréis... Avec des conditions autres de pollution et de pesticides vivent-elles toujours dans le même biotope ?  

mardi 19 mai 2020

DÉCONFINEMENT... Ô MOUN PAÏS... / microcosmos

Le Cers a pris confiance. Il bourdonne et corne dans le conduit de quand les gens vivaient autour du foyer. 

Dimanche il s'étirait après un long sommeil, dans un réveil tout en douceur... Allons donc, le changement climatique... Le positif : les paysages sont magnifiquement verts après deux mois gris, sans le bleu du ciel, sans celui, aussi marquant que mythique, de la Grande Bleue. 
L'Aude après la crue, les vignes exposées au mildiou. En regard, celles des bord de Saône, menacées de sècheresse, sans parler d'une Europe moyenne ou déjà de l'Est où le problème se pose aussi. Un monde à l'envers. 

Le déconfinement suite à un exil intérieur, en miroir à un éloignement sous d'autres latitudes, un nouveau retour en arrière et pourtant un jour toujours nouveau, un regard toujours neuf dans ce qu'il n'avait pas vu, dans le passé qu'il reconstitue et même dans ce qu'il reconnait.  

L’Étang de Pissevaches. Inutile d'épiloguer sur les sources ou les vagues qui compilent leurs flux... (Oh faudra aller voir si un grau s'est formé !). Milieu entre le salin, le saumâtre et le suave suivant les saisons. Tamaris, salicorne et même des pins qui auraient colonisé, établi un comptoir. 
Fleurs qui me pardonneront de ne pas savoir comment les appeler.
Et encore... iris pour la taille ou narcisses pour le panachage ? Instantané raté pour le beau beau colvert qui s'est levé. Sinon pas de colonie de beaux oiseaux blancs ou roses... en période faste, ils n'ont que l'embarras du choix pour manger ou dormir. 

"Ajouter une légende" une possibilité pour les images proposées. Alors oui, ce pin remarquable, une légende en légende.
Sur ce piémont fertile des débris arrachés au clapas qui donnent de si bons vins, entre la garrigue et l'étang, abrité du Cers et ouvert aux vents marins, ce grand pin illustre à lui seul le climat au sens écolooenologique du terme, le cadre, les conditions bienveillantes du coin... Ce n'est pas un hasard si huit campagnes (domaines) occupent cette terrasse sur quatre kilomètres à peine, à vol d'oiseau.
Soit loué, homme sage qui n'a jamais hésité à laisser de beaux arbres (est-il classé ? il le mériterait !) quitte à se priver de quelques dizaines de kilos de raisin. Il n'en reste qu'un mais la voiture nous donne une idée de ses belles dimensions ! Presque vingt mètres de haut, quinze environ pour sa frondaison !
Des vignes jusqu'au bord de l'étang. Ensuite, par ce bel itinéraire qui nous fait longer une petite Camargue, la déception de ne pas voir des hirondelles chassant les moustiques dans le creux des tamarins et oliviers de Bohême et seulement ces goélands soit disant protégés qui envahissent le ciel... 
A Fleury on dit "la plaine", celle de la rivière... Hâbleurs, prétentieux les Sudistes ? La plupart ne pensent même pas à l'Aude, fleuve. Comment se douteraient-ils qu'il figure tout modeste qu'il est, entre ses grands frères, le Rhône d'un côté et l'Èbre au sud ? A la suite des Romains, on a renoncé à le dompter, c'est à peine si les hommes se sont permis de l'apprivoiser... Enfin j'ai déjà soupiré mon ode à l'Aude dans des articles plus anciens... Et si les "Racines et les ailes" viennent faire leur miel de ce delta unique par bien des dimensions, par pitié, qu'on nous épargne les commentaires avec l'accent du nord ! Marre d'entendre "pièr" et "rivièr" !     
Le charme, entre la fougue de l'Atax historique et les humains qui résistent lors de ses colères pour profiter de ses alluvions et limons, agit toujours quand on parcourt la route en balcon, là où la Montagne de la Clape s'arrête.
Un pays ouvert à tous les horizons (ici la Montagne Noire au fond) mais aussi à un champ immédiat, la terre qu'on foule comme dans Microcosmos, ce si joli film sur les peuples de l'herbe, de la prairie. Un terroir aux pieds de ceux qui aiment, locaux, adoptés voire parachutés mais qui acceptent que le natif que je suis puisse se dire, humble d'amour, "Ô moun païs...".

samedi 20 mai 2017

AUX CONFINS DU TERRITOIRE COMMUNAL / Fleury d'Aude en Languedoc.


Les caprices de l’Aude, fleuve aussi travailleur que coléreux, l’ont poussé à serpenter dans ses dépôts accumulés (1) : des errements plus marqués encore aux abords respectifs des déversoirs naturels que sont pour les crues les étangs de La Matte (Lespignan) et celui de Vendres.
Concernant Salles-d’Aude et Fleury d’Aude, ces sinuosités ont porté les limites des communes et du département au-delà du lit canalisé actuel. Aussi, quand nos voisins héraultais nous lancent des piques sur notre supposée propension à les envahir, nous n’avons, avec un sourire égal et la complicité de ceux qui s’apprécient pour se chicaner depuis les temps historiques, qu’à leur rappeler cette réalité géographique. 


Ainsi les limites septentrionales de Salles et de Fleury se trouvent à la même latitude que les Orpellières au bord de l’Orb (Sérignan-Plage, au-delà de Valras). La proximité étant plus parlante, c’est à la même hauteur que le domaine de Clotinières. 

Après le mas des Lauzes, un temps guinguette au début des années 90, avant Clotinières et les tournants où la Dame Blanche, à en croire les vieilles histoires, aurait évité bien des accidents, il faut prendre à droite, le chemin vicinal à peine au-dessus du niveau de la mer. Depuis le Pont de la Muscade, plus de narcisses dans les prés. Plus loin, à moins de faire erreur, un drôle de tamaris à la floraison argentée. Sur un pontet, des femmes, armées de monoculaires sur pied, de ces lunettes très grossissantes pour observer... des ornithologues peut-être. 
  

Au loin de grandes ailes blanches aux lents battements, qui ne s’élèvent que pour passer un alignement d’arbres. 

  
 
Au carrefour de l’accès privé au domaine de Saint-Joseph, nous laissons l’Hérault : c’est l’ancien lit de l’Aude. Nous sommes bien à hauteur des bâtiments de Clotinières. Des frênes puissants se plaisent «... sur les humides bords des Royaumes du vent... ». Des canaux se croisent aussi et les massives martellières laissent imaginer les quantités d’eau qui peuvent affluer ici. 
  
 
 

Majestueux, un rapace explore lentement... Plus gros qu’une buse, un busard des roseaux ? Je me demande. Si le Cers souffle, des escargots traînent encore sur le goudron. La longue ligne droite rejoint les bords d’Aude. Les vignes ont souffert du gel d’avril, les nouvelles pousses, rouillées et crispées, en témoignent. Pilleurs, avec Jean, pour les gros nids de pies qui de loin nous faisaient signe, nous venions jusqu’ici tant la concurrence était rude. Les arbres isolés n’existent plus : le remembrement a eu raison un jour des parcelles trop petites pour ne pas disparaître. Et à présent, on peut aller jusqu’à s’étonner de ce vignoble en plaine. L’heure n’est plus aux gros rendements ; la jolie cave coopérative de Lespignan, avec ses beaux raisins en relief sur la façade, a disparu, elle aussi.  

  
     

(1) parmi les fleuves les plus travailleurs de France avec 4 millions de tonnes de dépôts par an.  


crédit photo : 1. IGN (Institut géographique National)