samedi 30 novembre 2024

BALADE de TERROIR... des Hommes...

Abstraction faite de ces barbares avares d'un bonjour... d'autant plus que de croiser et d'échanger avec ceux qui illustrent le noyau originel presque, du village, du moins dans les mutations dues aux successions de générations, ne peut que consoler et réconforter, (hier avec Maurice, 28 mois en Algérie, puis Louis du cheval dans les vignes), l'empreinte des Hommes, sexes confondus continue de marquer le paysage. 

Moins que pour la Montagne de Ferrat : «.Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes... », ici aussi, afin de garder la terre, la technique du mur en pierres sèches s'imposait...  

Hommes, étrange d'avoir assimilé l'éboulement d'un pan de mur en pierres sèches à un vélage, à un veau venu au monde, un vedèl en occitan... Malheureusement, depuis des lustres, on ne se préoccupe plus de réparer suite à un éboulement et les vedèls en restent orphelins... 

Hommes, morts du cimetière, vivants autour du clocher, de la Tour Balayard même si aujourd'hui ils occupent les lotissements déshumanisés. Mais il reste, malgré le marin, vent contraire, les « Ouais », les « Allez » qui montent et tout ce que les spectateurs du rugby lancent de plus grossier, surtout contre l'arbitre, mais que la distance permet juste d'imaginer...

Depuis longtemps, nous n'avons plus à éviter le crottin pisseux de nos braves chevaux ; sur le goudron, après les sucs collants de la vendange, par endroits, il reste l'épanchement huileux des olives écrasées par les pneus...  

Le crépuscule s'annonce ; des Hommes des temps passés attendent le réconfort de l'angélus du soir... 


vendredi 29 novembre 2024

BALADE de TERROIR, des sangliers...

En promenade, plutôt aller à la rencontre de la nature, de la faune... que de croiser nos semblables. Hier, dans la “ rue du porche ” (du 8 mai officiellement), un couple pourtant d'un certain vécu, n'a rien répondu à mon bonjour. Je me suis pincé la lèvre pour ne pas être désobligeant... C'est ainsi que les Hommes existent ! bien la peine les cheveux gris ou blancs ! Alors, autant se réjouir de la vie qui perdure malgré les bouleversements de l'époque. Et si, unique, pathétique, un seul appel de merle invisible s'est fait entendre lors de la balade (1), au silence déplorable du couple humain répond la rencontre positive des sangliers. Seraient-ils nocturnes contrairement à nous, ce ne sont pas les traces qui manquent, les dernières petites pluies en attestent. 

Sanglier. Partout des traces de leurs passages nocturnes.

Pour affouiller du groin, en quête de racines, ils sont vaillants à présent que la période faste des raisins à razzier, plus encore dans les vignes de la Clape, est passée. 



Une souille, leur salle de bain... de boue, en fait. 



Un pin grattoir, pas serviette éponge, plus exfoliant, plus décapant que la bande de crin : la méthode forte contre les parasites. 

Sanglier « Bête noire » ou de « compagnie » qui n'accompagnera plus la harde. Plusieurs carcasses pendent chez les chasseurs, comme chez le boucher. Leur activité peut-elle remédier un tant soit peu à la prolifération du porc sauvage ? (2) 

(1) vu aussi un hoche ou rouge-queue bien seul... les étourneaux devaient vaquer ailleurs. 
(2) après les avoir salués, pour la photo, j'ai demandé la permission. Tutoiement de rigueur entre compatriotes presque compagnons, gens du cru. Échange aussi courtois qu'amical, l'un des nemrods ayant même pris la peine de faire prendre la pose à la dépouille. 

jeudi 28 novembre 2024

BALADE de TERROIR, petits profits d'antan... 2

Petits profits de la garrigue, ces marges, talus pour les Français, qui, avec le plaisir des amandiers fleuris, donnent déjà l'envie des asperges sauvages... à condition de patienter deux mois ou plus... 
 



Petits profits de la garrigue... débris d'un amandier trépassé et souches de vigne dépassée : du bois pour la cheminée sinon une grillade parfumée... peut-être de rouzilhous (lactaires délicieux) si les nuits ne sont pas froides... 


Lactarius deliciosus « très estimé des peuples du pourtour méditerranéen » Wikipédia. Sel, poivre, un filet d'huile d'olive... Une tradition culinaire sudiste. Dans tous les cas, un champignon de bonne tenue quelles que soient les préparations habituelles et surtout au goût unique de garrigue, comme s'il voulait positiver le manque chronique d'eau du ciel...  

mercredi 27 novembre 2024

BALADE FAMILIÈRE, petits profits d'antan...

 

Calendula officinialis sinon arvensis, soucis des champs, ici des vignes. Les jeunes feuilles, les fleurs se mangent...  

Les fleurs du souci (mais il faut avoir de petits doigts pour jouer avec au je t'aime un peu beaucoup...) donnent une teinte jaune alimentaire. 

De n'avoir personne pour nous le dire, gosses, nous disions “ fleurs d'ail ” avant qu'une curiosité d'adulte disponible ne nous livre le languedocien « erbo blanco » puis, de l'occitan au français mâtiné de latin, « diplotaxis fausse roquette ».  

Adventice des vignes, elle est mellifère sauf que la saison n'est pas à réclamer des abeilles même si en ce moment les bourdons pollinisent les fleurs de néfliers. 


Plante médicinale, bien que plus forte et piquante que la roquette maraîchère, elle se mange en salade. 

Poireau sauvage, bien seul...

Encore un mais à chercher dans une vigne herbue, non traitée. Une botte, l'an passé, dans une friche théoriquement à l'écart des traitements... Pas cette année et puis, si les craintes dominent, plutôt s'en passer, se contenter d'un passé en vinaigrette. 


Les arbres nous regardent...

Ils nous regardent les arbres, mieux, ils murmurent nos vies ; et nous, trop banalement, ne savons pas les voir. 

Pin... plus parasol que d'Alep, non loin de celui « de Gibert », dans le parc abandonné, « solitaire et glacé », surtout livré à une profusion débridée de végétaux, de la nature reprenant ses droits. 

Pas fait exprès ce cyprès en point d'exclamation entre ces palmiers de Chine jumeaux, locaux depuis longtemps, un temps éclipsés par la beauté subtropicale des palmiers phénix, malheureusement condamnés si on ne gélifiait pas leur cœur, pour cause de papillons ravageurs, collatéraux du commerce international. Comparés aux gentils artistes amateurs de nectar si rares de nos jours, une pègre de papillons en quelque sorte ; d'instinct nous les cataloguons sous les noms de « sphinx », « bombyx ». Le paysandia archon qui se nourrit des tiges et des troncs de palmiers, un de plus, venu (“ accidentellement ” comme ils disent !) d'Uruguay et du Centre Argentine, attaque depuis le sud de l'Europe  


Il est encore beau de ses feuilles, le plus beau platane de Fleury ; derrière un pin bien moins vieux mais qui a bien profité, devant le garage jadis aux autobus de monsieur Dubeau. Entre les deux, pathétique (expression venant de quelqu'un qui a vécu), un robinier faux acacia, jadis (allons-y, répapillons, répétons !), jadis aux verdiers joyeux... il y avait des oiseaux et des nids, soixante ans en arrière... 

Beau de ses feuilles, le platane, je repense à ceux du parc du château à Salles ; plus loin, à ceux du Pech de Céleyran ; plus loin encore, avant tout dans le passé, je repense à ceux du lycée caserne (pour ne pas dire « prison ») style Napoléon III. Narbonne. Maurice, l'agent qui au goûter nous distribue aussi la Vache qui Rit, le raisiné (à tartiner ou à sucer, déjà dans un plastique... pas moyen de retrouver qui fabriquait et où), la pâte de fruit Dumas ou la barre de chocolat à faire fondre sur le poêle encore chaud d'une classe aussi ouverte que les autres. Je rêvasse ce brin de nostalgie aigre-douce... Maurice ratisse les feuilles qui, déjà en tas, boucanent l'air de leurs fumées grasses et âcres... Presque, Augustin Meaulnes sortirait de ce smog un brin solognot... Tableau de fantômes, mon ombre dedans...
Quelques matins peuvent piquer de froid, quelques autres fondre dans une douceur venue de la mer, fidèles au cycle des saisons, les platanes gardent encore leurs feuilles rousses (27 novembre 2024).    


 

mardi 26 novembre 2024

BALADE FAMILIÈRE, les arbres 2

Lundi, vent marin avec des rafales à 80 km/h mais avec 17 degrés de douceur. 
Mardi 26 novembre 2024. Aujourd'hui le vent est tombé et la température reste aussi douce.  


En haut de la côte de Baureno, un tamaris ? 
Un tamaris, du genre Tamarix, plutôt un arbuste avec la faculté de concentrer le sel dans ses racines et feuilles. On le sait plutôt dans les prés de Nego Saumo, de la plaine, au bord de l'Aude aussi, là où nous allions le matin, à bicyclette, en bande, faire les escabènes de la pêche au muge, au rabassier... 


Bel arbre d'un certain âge. Novembre, les olives sont noires... le passage des voitures écrase leur huile sur la chaussée. La trituration des vertes date du mois dernier... Freddy du Clos des Oliviers me corrigera si nécessaire... 



Arbres. Pas loin, la garrigue... le pin d'Alep y règne en maître depuis que les troupeaux de moutons ne courent plus la Clape. 

 

lundi 25 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (17) Jean-Henri Fabre (1823-1915) fin.

Garance Rubia_tinctorum 2010 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Author Robert Flogaust- Faust... Est-ce qu'il suffit de constater que sa tige est de section carrée pour la désigner ? 

... avec ses conclusions sur la reproduction de la truffe, il va aider à l'économie locale, de même avec la teinte rouge tirée de la garance, une production du Midi mise à mal, néanmoins, par la mise sur le marché d'une teinture artificielle. Sinon, le rouge pour le pantalon de nos soldats, une incitation pour la balle allemande... 

Livres scolaires, cours pour les adultes.. 1870, malgré le soutien de Paul Duruy, ministre de l'Instruction, victime d'une cabale pour avoir expliqué la fécondation des fleurs à d'innocentes jeunes filles, touché dans son honneur, il démissionne de son poste. Touche à tout, mais avec quel brio, Fabre, toujours locataire à 49 ans, quitte La Vinarde avec fracas parce que le propriétaire a élagué l'allée de platanes. 

Harmas_de_Jean-Henri_Fabre_à_Sérignan 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Renaud Camus. Il disait « l'Harmas » mais, avec une maison presque un mas, plus une terre laissée libre qu'une friche abandonnée. Euphémistique venant de lui et de sa modestie naturelle... 

C'est deux ans plus tard, grâce à ses livres, qu'il achète son Harmas, en guise de patrimoine.
Il se fait aider par deux jardiniers mais les moyens manquent pour ses recherches. Affligé qu'il soit si peu aidé, le préfet saisit le ministre Gaston Doumergue. Afin de le faire connaître, le docteur Legros, député du Loir-et-Cher publie de lui une biographie traduite dans de nombreuses langues. À Maillane où il est venu honorer Frédéric Mistral, le Président Poincaré, devant une nombreuse assemblée, rend un hommage vibrant à Jean-Henri Fabre. 

Jean-Henri_Fabre à 60 ans, coiffé de son chapeau de félibre. Domaine public Souvenirs entomologiques série 11 Delagrave 1924



Entomologiste, biologiste, chimiste, mycologue, aquarelliste, pédagogue, poète, « L'Homère des insectes » selon Victor Hugo, est reçu par Mistral comme « Félibre des Hannetons », « Felibre di Tavan ». 
Ses recherches sont encore confirmées comme valables aujourd'hui. 
 
Un mot sur sa vie privée : marié à 21 ans, son destin ne l'a pas laissé indemne, de ses sept enfants, trois étant décédés avant l'âge adulte. Chez lui, les œuvres de François Rabelais toujours en vue, l'ont certainement aidé à prendre du recul sur des aléas que nous partageons tous plus ou moins, de quoi se souvenir des mots profonds de Marcel Pagnol sur la vie des hommes « ... quelques joies très vite effacées par d'inoubliables chagrins ». 
Veuf et remarié en 1887, entre 65 et 70 ans, il a encore trois enfants avec celle qui était sa domestique, fille de l'épicière du village, Marie-Josèphe Daudel (1), de quarante ans sa cadette. 
En 1914, il est soulagé de savoir que son fils Paul est sorti vivant de la Bataille de la Marne (du 5 au 12 septembre 1914). 
Le 11 octobre 1915 Jean-Henri Fabre s'éteint dans son Harmas, chez lui... 

François, tu te demandes en espérant que non, si Paul Jean Fabre, né en 1896 dans le Vaucluse n'est pas ce fils, combattant et mort pour la France, à 19 ans, le 13 mai 1915 !... Des chances que non, vu que ce Poilu était natif  de Courthézon et non de Carpentras où l'épouse de Fabre a eu résidé avec les enfants, auprès de ses parents... 

« François, ton copain José 1949-2024 ». 


François, toi qui par le biais des vers à soie, des champs de mûriers de la Grange-des-Prés de Pézenas (mis à mal par l'autoroute) et surtout de ton pauvre copain José (1949-2024), tu allais presque l'oublier ta belle découverte de Fabre... de quoi rester modeste pour ce que nous produisons, pour ce que nous valons...  

(1) coïncidence, déjà fin des années 50, il y avait une épicerie Daudel à Saint-Pierre-la-Mer. 

BALADE FAMILIÈRE, les arbres 1

 L'autre nuit, de mèche avec le Mistral, le Cers qui déboule d'un coup ! Hier, suite à un matin calme, à peine une heure après, le Marin soudain et furieux, emportant par deux fois mon béret ; une heure de coupure aussi, pour l'électricité. Dévarilhés, perturbés, affolés nos vents, pour cause de confusion climatique.

L'après-midi, une température idéale pour la balade. Le coin est connu, depuis des dizaines d'années, l'enfance, disons le ; on croit avoir tout vu et pourtant la balade sait toujours apporter sa part de surprises, d'inédit, à commencer par les arbres qu'on ne sait pas toujours voir mais qui accompagnent si bien la vie des Hommes...

« A » comme amandier.

Arbre, ce vieil amandier, toujours là et qui manquerait tant s'il n'y était plus, aux beaux jours, verdoyant, je me promets toujours d'aller le prendre en photo...

Arbre, vieil amandier presque en hiver. Poser la main sur sa peau crevassée, son corps fendu par les années ; lui parler comme à un ami, déclarer qu'on attend son message de fleurs, promesse de renouveau, de beaux jours, au moins lui dire bonjour... 

Arbre, vieil amandier, merci viticulteur de l'avoir laissé même si la mésange n'y niche plus... 

« B » comme boutelhetier :

Arbre, boutelhetier... assez de boutelhets cette année mais seulement peau et noyaux, juste pour le dicton qui dit qu'alors les raisins ne seront pas abondants... 

Arbre, trop beau ce boutelhetier ! 

Arbre, le boutelhetier, l'azerolier manière de vous le mettre à portée, sans quoi ne reste plus que le dico... Souvenir des pâtes de fruit parfumées et des gelées aux feux ambrés ou cuivrés dans leurs prisons de verre, aux couleurs de l'automne annoncé.


dimanche 24 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (16) Jean-Henri Fabre (1823-1915) 1ère partie

François est sujet aux fulgurances, à savoir qu'il arrive à son mécanisme mental de passer en mode autonome, tels ces véhicules sans chauffeurs du monde moderne. Attention ! ces piqûres de rappel, c'est souvent pour le reprendre, le tancer s'il faut, mais toujours positivement, pour l'aider à reprendre ce qu'il a écrit ou non, à se corriger ! 

Vers_à_soie_dans_la_magnanerie 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur EMLACH

« François, lui dit alors une petite voix (ce doit être parce qu'ils passent la série de Don Camillo en ce moment !), comme ça tu laisses en plan un personnage public exceptionnel, qui plus est, un bienfaiteur de l'humanité au même titre que Joseph Pasteur, grand savant s'attelant à la guérison des vers à soie et qui lui a rendu visite à Sérignan-du Comtat. François ! toi qui as été si familier des vers à soie, complice de ton copain José (1949-2024) qui te donnait la graine, avec qui tu allais à l'horte de Lamy, un des derniers endroits avec encore une allée de mûriers... ». 

François le reconnaît mais pour être moins fautif, il avance qu'il a lu les souvenirs entomologistes de Fabre, pardon “ entomologiques ”, un livre du moins... mince alors, il y en a plus d'un, souvent concrétisés dans sa “ friche ”, l'Harmas qu'il nommait ainsi, à Sérignan-du Comtat, une terre non cultivée achetée grâce aux revenus tirés de ses écrits.  

« ...marmouset de six ans. Il allait à la fleur, il allait à l'insecte comme la Piéride va au chou et la Vanesse au chardon... » Souvenirs entomologiques VIe série

Jean-Henri Fabre est un aveyronnais de naissance, scientifique strict mais aussi ouvert à la poésie, à un humanisme philosophique, à la langue occitane.
Reconnu, loué par bien des noms dont Maeterlinck, Darwin, Bergson, Romain Rolland, Rostand... il a été brinqueballé enfant d'abord, Rodez, Toulouse, Montpellier, ensuite de par sa trajectoire d'adulte ; normalien à Avignon, peu enclin à suivre le troupeau, il réagit en obtenant le brevet supérieur avec un an d'avance. Instituteur à Carpentras, bien que tirant le diable par la queue (les vacances ont toujours été cher payées chez les instits, il en sait quelque chose, François !), il va cumuler baccalauréats et licences universitaires. 
Malgré ses diplômes, il n'est pas pris comme professeur à Tournon puis à Avignon avant de l'être à Ajaccio. En Corse, comme si les grands esprits devaient se retrouver, sa fréquentation du naturaliste Esprit Requien (1788-1851), ensuite du zoologiste Moquin-Tandon (1804-1863) influent sur la voie qui sera la sienne. Professeur-répétiteur à Avignon (atteint de paludisme, il a réintégré le continent), il réussit la licence ès sciences naturelles ouvrant vers le doctorat, l'agrégation ne favorisant pas la recherche personnelle ; à 32 ans, il présentera une thèse à Paris, avec succès. 

Cerceris_sabulosa Museum de Toulouse 2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Didier Descouens


Ne s'arrêtant pas à l'étude du Cerceris, cette grosse guêpe qui sectionne les centres nerveux non vitaux des proies destinées à ses larves (à suivre) 

vendredi 22 novembre 2024

MAYOTTE, eau, foot, RN et ingérences...

 ÉCHOS de MAYOTTE, 22 novembre 2024. (Source Mayotte Hebdo 14 novembre 2024). 

Le spectre de la pénurie et des distributions menace-t-il encore ?

Le quotidien. L'EAU : à partir de lundi, les coupures d'eau prendront effet de midi à 14h soit deux heures de plus qu'actuellement... Notons que de prévoir une usine de dessalement s'assimile à une usine à gaz, à savoir que le labyrinthe décisionnel, la parole donnée aux opposants, celle en fausses promesses démagogiques de politiques aussi opportunistes que menteurs, feront, si elles ne sont pas enterrées, une fois de plus traîner les choses sur des années. 

RN et irréguliers : Anchya Bamana, députée, s'est fendue d'une requête pour que sept footballeurs étrangers irréguliers du club de Combani soient autorisés, suite à leur qualification, à se rendre en Corse pour un 1/8e de finale contre Corte (les Diables ont perdu 0-2, de justesse). Anchya pour les irréguliers sans papiers ! pour du foot ! Ça fait penser à Mayotte refoulée, méprisée, interdite de drapeau tricolore aux jeux des Îles et aux autorités qui se couchent...  À l'état brut, tout et n'importe quoi ! 

Le_lagon_de_Mayotte 2017 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Jean-Pierre Dalbéra

MAYOTTE toujours EN DANGER : s'il y en a un qui fait en sorte d'avoir une vision globale et, entre parenthèses, d'élever le débat, c'est bien Saïd-Souffou Soula. Il pointe du doigt les pressions extérieures pesant sur Mayotte française, une situation certes pas nouvelle mais protéiforme depuis 50 ans, depuis l'expression ambigüe de l'ONU entre frontières du colonisateur et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. 

De nos jours, calquées sur la situation internationale, la fragilisation des démocraties face aux autocraties, Mayotte, toujours en bute aux Comores, doit faire face au bloc Russie-Chine. Le Conseiller Départemental de Sada relève d'abord l'aspect religieux de la déstabilisation, les imams souvent comoriens prônant un certain rigorisme. C'est aussi par le biais de la religion que Madi Madi Souf, président des maires et Hamada Saanda se sont permis une visite outrepassant leurs droits aux Comores jusqu'à laisser entendre la possibilité d'un allègement dans la procédure des visas. Intelligence avec un pays étranger ! Donc trahison tombant sous le coup de la loi, pour le dire simplement. 
Autre rappel dans cette longue intervention concernant les chiffres liés à l'immigration. Sur la base du recensement Insee relevant 48 % d'étrangers dont 95 % d'origine comorienne. Certes, sauf, ensuite, que l'usage équivoque des guillemets (d'ironie ? de discours rapporté ?) n'est pas sans semer un certain trouble dans des statistiques hautement sensibles depuis toujours... à savoir qu'en partant de cette base de calcul, entre 2017 et 2024, la part des étrangers devrait passer à 55,8 % (8,2 % en France métropolitaine)...   
Les démocraties, handicapées par leur nature même, tentent de réagir grâce à un arsenal juridique renouvelé mais avec un retard à l'allumage... congénital (c'est moi qui le dis, pas Soula).
En conclusion, si on a du mal à faire la part du Conseiller départemental de Sada et celle de l'U.E. semble-t-il, ce qui est sûr est que la France d'Outremer est victime de cette déstabilisation menée par la Russie.   

 (À suivre, toujours avec Saïd-Souffou Soula, une analyse de la violence à Mayotte).  

jeudi 21 novembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (15) François bidasse à Tarascon

Gare_de_Tarascon 2021 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Olivier


Révélation ! Mince alors ! Tarascon n'est pas au bord du Rhône : la rive gauche du fleuve appartient à Beaucaire, la ville en vis à vis, côté Gard ! 
Le savait-il, François, quand il s'est retrouvé sur le quai, un beau matin du mois de mai ? François à Tarascon, billet de train payé pour la caserne Kilmaine, au centre de Sélection de la Région militaire. 

grade de sergent-chef. Wikipedia

1968, quelques années avant « Le Rire du Sergent » de Sardou : 

« Je suis arrivé un beau matin du mois de mai
Avec à la main les beignets qu'ma mère m'avait faits.
Ils m'ont demandé
Mon nom, mon métier... »

François est convoqué à l'armée pour les « Trois Jours ». Boh ! pour lui, pas de beignets, rien à la maison à ce sujet, pas plus que sur cette convocation... peu d'échanges, pas de dialogues pour remédier sereinement aux tensions, comme toujours, depuis toujours, sur presque tout. Rien non plus, sur ce quai. Ils doivent être un certain nombre à descendre, pour la même raison, François ne s'est pourtant pas joint à d'autres... François, toujours aussi à l'écart avec ses ratés de post adolescent traînés depuis gosse, ado. 

Quartier_Kilmaine 2021  under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Olivier

Ce sont des petits groupes qui se présentent au planton de garde à la barrière. De l'allure, la caserne, avec ses grands bâtiments, les beaux platanes un peu partout. Il ne se souvient que vaguement mais les dortoirs seraient à gauche dans les étages, la cantine au fond, les bureaux des huiles à droite, au rez-de-chaussée (1). 
Le matin des tests, ils sont deux ou trois à ne savoir ni lire ni écrire. 
Suite au repas, ma foi aussi correct que celui au lycée, il s'ennuie dur l'après-midi, à subir les documentaires sur l'armée française en manœuvres diverses (s'ils savaient ce que notre Défense Nationale est devenue... à bien faire marrer Lavrov !). 
Le soir il est désigné d'office comme chef de chambrée. Il est donc responsable du bordel lors de la bataille de pelochons : les troufions le lui firent bien voir. Barrettes ou pas sur épaulettes, ils balancèrent rois paires de godillots à cirer en punition. François ne cirera qu'un pied droit sans trop se soucier du gauche et des conséquences... aussi, 45 de pointure, ils exagèrent ! 
Au clairon du matin ils ne seront sommés que de se lever pour le petit déjeuner ; passe pour la punition, passe pour les godillots... 
Jour 2 : la visite médicale : 

«... Je m'suis présenté tout nu devant un infirmier.
Moyennant dix sacs, il m'a dit : "Moi, j'peux vous aider...» 1971. Michel Sardou.  

Publicité_pour_le_slip_kangourou_de_marque_Erby._Paris_Musées_20230527085738 under the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication. Auteur france illustration editeur

Michel ? tout nu ? c'est si vieux que ça ton service ? Pour François la mode était au slip kangourou, d'ailleurs ils étaient trois à se poiler pour l'histoire de celui qui n'en avait pas... Mais si, et qui demande au prêteur comment ça se porte... Vous non plus, vous ne savez pas ? Le jaune devant, marron derrière... 
Plus sérieusement, cela prêterait à rire, après les mesures et contrôles, l'entretien psychologique; Un qui en sort explique qu'il faut dire que ça ne va pas, que l'officier exempte : pas de service militaire. À son tour, François explique qu'à la maison c'est pas terrible, que le moral tombe souvent dans les chaussettes : 
« Je vous mets dans les parachutistes, qu'il a dit le gradé, vous verrez, cela vous fera le plus grand bien ! ». Jaune et marron le François en slip kangourou... On a dit qu'il ne fallait pas rire !   

« ...Le rire du sergent,
La fleur du régiment,
Avait un cœur de troubadour. » 

Et non, pas un cœur de troubadour... Un qui y va, l'autre non, qui sait ? comme à l'époque du tirage au sort... 
Sinon, tout ce petit monde fut libéré ensuite... À nouveau sur le quai, François s'est dit qu'après tout, para ou pas, avec le sursis pour études, il avait bien le temps de voir venir... 

Un jour et demi pour trois jours, l'armée au moins prenait soin de ne pas grever son budget, de ne pas charger le déficit, pas comme de nos jours... pour des raisons peu avouables sans doute...   

Quartier_Kilmaine_-_Le_Grand_Manège 2006 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Gerard MARIN

(1) L'armée alors ne faisait pas visiter le manège de Kilmaine, pourtant assez unique avec un ou deux autres manèges en France seulement dont celui, célèbre, du Cadre Noir, proche de Saumur.