jeudi 26 décembre 2024

NOËL d'avant au village

Si les jeunes se sont organisés : Norbert (1924-1989), mon parrain et ses copains au café, ont le sanglier, gibier alors rare avant 1950, au menu. Sinon le réveillon familial n’est pas de mise encore ; le temps de mettre les petits souliers au pied du pin de Noël, d’éteindre la lumière chiche de la crèche, avec ou pas encore le petit Jésus, et hop ! au lit. 

La_Maison_Forestière under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur zigazou76


Le sommeil fait émerger plus vite que prévu. Les yeux gonflés mais aux anges, l'heure est à déballer le papier cadeau sans le déchirer… il pourra servir, qui sait ?.. Gentil Papa Noël a gâté une fois encore avec la Maison Forestière conçue dans le Jura, la boîte de Meccano, les autos Solido, les 45 Tours de contes ou Chansons Enfantines. Parmi les cadeaux marquants, les différents lotos, fleurs, animaux… ah ! celui des oiseaux ! un puzzle des départements, un jeu de société d’itinéraires en France des spécialités entre le nougat de Montélimar, la madeleine de Commercy et l’andouille de Vire, plus tard, le premier Monopoly d’une modernité très plaisante. Dans les présents des plus marquants « Les Lettres de mon Moulin » illustrations de Pierre Belvès, un “ beau livre ” dont je caresse encore la couverture si je passe à côté… Des plus marquants aussi « En Campagne avec Napoléon », un autre livre pour ne l’avoir pas plus ouvert que lu, non pas en référence prématurée à l’homme providentiel hélas souvent autocrate mais parce que instigué par un adulte de référence ayant pourtant vécu Pétain… Ce jour des cadeaux s’accompagnait aussi de rappels moraux : l’orange laissée sur la cheminée jusqu’à pourrir à force d’être regardée, les enfants qui n’auront même pas droit à un bonbon, un chocolat… Zut, c’est que, après « Sans famille » d’Hector Malot, « Oliver Twist » de Dickens, de ne pas mériter ces faveurs, d’avoir à me sentir coupable gâche assez mon plaisir… J’aime plutôt l’histoire vraie du bras cassé de notre petit Jésus dans la crèche.


Et ce n’est pas tout ; avant la messe tant que celle de minuit ne nous est pas permise, il faut faire la tournée des arbres de Noël de la famille pour revenir, encore les bras chargés. 

Dernière étape avant un après-midi en famille, non sans une balade si le temps y consent, le repas traditionnel avec les huîtres encore de l’Atlantique, la dinde souvent à la broche… tout un cérémonial devant un feu nourri de souquets, la lèchefrite, le mouvement d’horlogerie et le cliquetis du remontage, le flambadou qui lance ses flammèches de lard pour une peau craquante et bien rôtie. En dessert, le bras de Vénus en guise de bûche… enfin, pour les grands, le café et éventuellement le petit verre de liqueur souvent maison, à partir des extraits Noirot…

mercredi 25 décembre 2024

LE TEMPS DE NOËL

C'est vrai que les sites pratiques, s'ils aident à retrouver une minette égarée, lancent la pub sur un acteur économique local ou mettent en avant une propagande politique, ne font pas tout. En complément sinon plus, un Triangle d'Oc apporte à une attente moins terre à terre. En accord avec la charte mise au point par son promoteur et que j'espère définitive, un petit souvenir d'une veille de Noël que je me suis dépêché de boucler... avec juste une image... C'est comme pour « le Bonheur est dans le pré », le poème de Paul Fort : « Cours-y vite... », parce que, même pour une journée appelée à se prolonger, ce 24 décembre va vite passer...     

En pensant à tout ce temps où, pratiquants ou non, croyants ou pas, de force ou de gré, beaucoup se retrouvaient à l'église, lieu de la cohésion villageoise depuis des siècles, je veux vous parler d'une époque pas si lointaine où la religion continuait à compter beaucoup et ce, chez nous comme partout, à Fleury. 

À la messe dominicale, lorsque l'abbé Boyer, psalmodiant tel un grand prêtre, rappelle « En ce premier dimanche de l'Avent, Jésus dit à ses disciples... », malgré le copain facétieux qui derrière enchaîne «... j'ai du bon tabac dans ma tabatière... », malgré madame Julia (l'intendante... la bonne du curé) qui se doit d'intervenir mais ne fait qu'aggraver nos fous-rires, si nos facéties se répètent, l'approche de Noël remet chacun en question. Bientôt dans une des chapelles, les bigotes auront monté la crèche sur fond de papier kraft arrangé pour figurer une grotte abritant une étable. Autour d'un creux seulement rempli de paille, en cercle, les statues de Joseph, de Marie, des bergers, de l'âne et du bœuf qui avec les moutons réchaufferont l'air. 

Chez nous, les adultes de la famille, eux qui n'iront pas, ne manqueront pas de demander si nous avons fait le geste de la voir, cette crèche, après l'office. Un enfant vient sauver le Monde, nous n'avons pas idée de nous questionner sur la virginité de la mère, un état et des mots qui nous sont complètement étrangers. 

Dix jours avant le vingt-cinq, la magie de Noël appelle, toujours depuis l'église : après l'angélus, les cloches sonnent nadalet, le petit Noël. Sans sortir dans la nuit froide, afin d'entendre, les enfants sont invités à pencher la tête sous le manteau de la cheminée. 

Fragon, petit houx, verbouisset... 


Les maisons aussi préparent Noël : avec parfois des santons, la crèche a trouvé refuge sous la branche de pin sinon un jeune arbre coupé, les sapins ne sont pas courants alors. De leurs vadrouilles dans la garrigue, les enfants ont rapporté du verbouisset, du petit houx, vert et rouge, exactement les couleurs d'un second Noël, qui s'est associé à la fête religieuse, celui du grand-père à barbe blanche apportant les cadeaux. À la radio, on entend « Mon beau sapin », « Vive le vent d'hiver », « Douce nuit », et Tino Rossi chante « Petit papa Noël »... 

Il ne manque que la neige, celle qui fait rêver les enfants des pays trop comblés de soleil et de températures plus clémentes. J'ai plus de dix ans mais cette magie demeure : je me souviens d'un vingt-quatre décembre, comme souvent, à faire la navette entre chez moi et la maison des grands-parents, peut-être seulement pour une raison : des flocons voltigent. Je me suis arrêté sous l'auvent de l'épicerie de Jeanne, anciennement la Ruche du Midi des Molveau, les yeux levés vers cette neige qui danse et tourbillonne sous le néon (le village avait remplacé ses ampoules par un éclairage moderne !). Des hommes sortent de l'apéritif, du café plus loin, col relevé, menton baissé, l'un d'eux parle fort pour qu'on l'entende. Ils passent sans me voir, sauf un, Jeannot Tailhan qui s'étonne de ce que je fabrique, ce que pour rien au monde je ne confesserais... 

... Que la neige tienne et pour la messe de minuit ce sont les métayers des « Trois Messes Basses » qui vont monter pour la messe au château. Ils montent comme Fernandel en brave moine vers la terrible auberge rouge sauf qu'eux, comme Garrigou et Don Balaguère, profiteront d'une hospitalité plus catholique, relevée exceptionnellement par les dindes truffées du réveillon. 

Les Noëls Blancs faisaient rêver les enfants du Sud ignorant que dans la fin de cette décennie, ils iraient quand même passer un jour à la neige avec le car...  

lundi 23 décembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (24) Aznavour et le copain Antoine.

En mémoire d'Antoine (1950-2020). 

Paradou, un moulin à foulon à l'origine, pour traiter la laine. Sur la fontaine devant la mairie, le buste du poète local Charles Rieu. Marie Mauron a édité un livre sur Charloun Rieu (1846-1924), agriculteur toute sa vie dans les oliviers, poète conteur attendu pour ses chansons dans les villages qu'il parcourait à pied, souvent lors des fêtes liées aux travaux agricoles. 

Charloun_Rieu Domaine public Auteur inconnu du début du 20e siècle.

Auteur d'une traduction en occitan de l'Odyssée, de « Couro la vido ero la vido » (Comment la vie était la vie), Charloun Rieu, majoral du Félibrige, cigale d'or, est plus connu pour « Li Cant dou terraire », 133 chansons populaires en trois tomes sur la vie et l'activité agricole locale.  
Église_de_Mouriès 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Vi..Cult...

Éric_Cantona_à_Namur_pour__UBU_ENCHAINE 2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license.Author Michaël Bemelmans



Maussane-les Alpilles et plus encore Mouriès sont des localités réputées pour les olives, l'huile qu'on en tire ainsi que les olives cassées. Mouriès est le pays du bel accent de Cantona (1966-), le footballeur. Charles Aznavour (1924-2018) y résidait dans sa maison des Alpilles « Aigo Claro » ; il portait ses olives au moulin... 

Charles_Aznavour_1963 Nationaal Archiev NL Author Hugovan Gelderen, Anefo



Depuis qu'il explore mentalement cette Provence du Rhône, François le pêcheur de tenilles languissait et appréhendait aussi d'arriver à Mouriès. Pour Charles Aznavour. Pas pour dire qu'il l'avait croisé quelque part, non, rien de croustillant non plus. Ce pourrait être en raison de la grande qualité des paroles et musiques des chansons, ou encore en solidarité avec l'Arménie, petit pays historiquement brutalisé par des voisins bien plus puissants et agressifs. Mais non, plus indirectement, si son émotion au départ jusqu'aux larmes, reste forte, la cause en est un film récent « Monsieur Aznavour », en cause l'acteur principal Tahar Rahim... 
Tahar_Rahim_Cannes_2013 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Georges Biard

Ouveillan Vue_générale 2022 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Tylwyth Eldar


Tahar Rahim (1981-) : à la vue de son visage, sa forme, l'écartement, la couleur des yeux, le teint de peau, les cheveux, le cœur de François s'est arrêté, son souffle s'est coupé de voir devant lui, plus de cinquante ans plus tard, son copain de classe Antoine, Antoine Alcon d'Ouveillan ! Un détail unique, et encore, déparait, à savoir que l'acteur Tahar a forcément un sourire d'acteur et qu'Antoine, en copain ordinaire, n'avait pas à en jouer pour plaire, faut bien en convenir... Et François, touché, vite coulé tant le choc a pénétré profond... C'est qu'Antoine (1950-2020), est mort, donc, en plein épisode épidémique, à Montbolo, dans les hauteurs d'Amélie-les-Bains, département des P.O.. Antoine de leur complicité de garçons à propos des filles de la classe, Antoine des vains braconnages à l'étang d'Ouveillan, des balades à la grange aux corneilles de Fontcalvy sinon autour des châteaux pinardiers, Antoine à Fleury du temps des mobylettes bleues, du radeau en slip kangourou un lundi de Pâques sur la plage même des tenilles, à Pissevaches, suite à un coup de mer laissant sur le sable une quantité de bois flottés, Antoine le copain auquel un lien aussi indéfectible que secret, sur lequel seul le long terme saurait lever le voile, n'était plus. Le magnifique acteur de « Monsieur Aznavour » lui resservait tout ça en pleine poire, sans crier gare. 
François avait bien essayé de lui téléphoner mais de penser qu'il allait déranger en débarquant ainsi, si longtemps après, l'avait retenu. Peut-être était-il marié  ? Et puis la voix de l'épouse, de la compagne, l'aurait déstabilisé... Enfin cette pudeur mal placée empêchant de dire qu'on aime l'avait dissuadé. Se posant la question de sa résidence à Montbolo, peut-être un établissement de santé, la menace du covid potentiel. Il s'en est voulu apprenant sa mort, il s'en veut encore, il s'en voudra toujours. Il a craqué et pleuré à l'interview de Tahar Rahim ; son émotion reste vive malgré les jours. À côtoyer, notamment ces illustres personnages de cette Provence du Rhône si riche, intégrant que la renommée sinon la gloire ne rabaissent en aucune façon les autres, Hommes ordinaires (1), il n'a plus à en cacher le témoignage. Mais quelle joie ce serait de le savoir vivant...    

(1) Jules Michelet bien que coupable de racisme envers l'accent et les gens du Sud (les grands comme les autres, ont leurs failles) a néanmoins su si bien exprimer que chaque être est une humanité, une histoire universelle... 

Note : François le souhaitait presque, tant il reste fort, ce 23ème volet serait le dernier sur ce Sud qui lui tient à cœur, sur son ressenti particulier à propos d'une Provence du Rhône si liée au Languedoc. Laisserait il Georges Moustaki qui a eu habité Eyguières, devrait il revoir l'article sur Arles dans la cadre de la Camargue, il va devoir s'ébrouer afin de remonter la Durance puis passer dans les vallées occitanes du Piémont italien, avant de revenir    

dimanche 22 décembre 2024

Jamais qu'un petit JARDIN, mais avant Chido (fin)


Au premier plan, une des variétés de basilic puis le papayer si généreux en fruits bénéfiques, enfin les “ bananes rouges ”, bordeaux même, des herbes seulement géantes et qui ne résistent pas du tout au vent un tant soit peu fort ; en arrière-plan, la baie de Chiconi, jadis, à son niveau, de modeste petite riviera...  

Un pied de tomate, manière, qui d'ailleurs a peut-être poussé seul... 

Pied d'aubergine devenant parfois arbuste vivace à tige ligneuse, sur deux ans. 

Sur le puits sec recevant les eaux de vaisselle, une certaine végétation joue son rôle d'épurateur dont le taro appelé ici “ songe ” aux grandes feuilles sagittaires. 

Contrairement à nous qui hier avons vécu le jour le plus court de l'année, Mayotte a vécu son jour le plus long de l'année pour que la dévastation soit plus flagrante encore... 

samedi 21 décembre 2024

Hélas, avant CHIDO, le cyclone ravageur...

Un petit jardin n'est qu'un petit jardin mais quand, avec le chant des oiseaux, le passage feutré de la minette et tout ce qui s'offre à la vue à l'heure du petit déjeuner n'est plus, la perte de ce cadre, de ce repère familier affecte d'autant plus profondément que la vidéo est prise par celle qui l'entretenait, en témoignage des heures et des efforts consentis, sans savoir qu'une fureur du ciel viendrait tout saccager. 

Dommage pour le chant des oiseaux mais la vidéo ne voulant pas passer, il faut se contenter des captures d'images, du sud au nord, en remontant. 

Les branches mortes sont celles du citronnier sauvage qui a poussé seul. Ils ne vivent que quelques années paraît-il. En arrière-plan, le coin des barabufaka qui se multiplient seules, au pied de chaque herbe mère, barabufaka, ces bananes si douces que poêlées, elles se passent de sucre.  


Une autre variété de bananes, les “kontiki”, on en voit un régime en formation. Derrière un manguier nounou aux fruits rappelant une jeune poitrine pointée... (on devine à gauche le pied d'un avocatier qui s'est entêté à pousser à l'horizontale).   

Si les sites parlent de plante, ici c'est un arbre à henné. Réduit en pâte, il sert, notamment lors des mariages, à décorer temporairement les mains, les pieds et les ongles. 



Comme pour les “ barabufaka ”, les “ kontiki ” et les “ bananes rouges ” à venir, depuis la métropole, je ne suis pas en mesure de mentionner les noms exacts. Ici celui qu'on appelle familièrement “ l'arbre à cornichons ”, des fruits qui ont la taille et la forme du cornichon français, apportant une acidité appréciée dans la cuisine et la confection de confitures. 

Pieds d'ananas. 

Avant CHIDO, le cyclone ravageur

 
Photo en date du 7 décembre 2024, de mon ami Armand, vivant dans le sud de Mayotte

«... Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne... »
« Parfum exotique », Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire, 1868

Si, pour avoir souvent croisé le père de famille revenant à pied de sa journée au champ souvent lointain, lourdement chargé de ce qu'il a récolté pour nourrir sa nombreuse famille, qui plus est, soit dit entre nous, d'une humanité remarquable, prenant le temps de poser tout son bagage à terre pour s'enquérir de ma santé et celle de ma famille, il faut bannir le côté paresseux malheureusement évoqué par Baudelaire, tout le reste résume admirablement le sentiment suscité par Mayotte, daterait-il de trente années en arrière et pour le poète des « Fleurs du Mal », de plus d'un siècle et demi... D'ailleurs, notons la contradiction exprimée : le corps mince et vigoureux des hommes atteste de leur attitude volontaire et responsable... 
À moins que je ne fasse erreur dans mon interprétation à cause d'un mot malheureux, souvent lapidaire dans la bouche de gens mal disposés. Désolé de ne plus me fonder aux explications de textes pré-baccalauréat mais l'auteur peut parfaitement justifier son « île paresseuse » s'il se réfère à l'échelle géologique du temps, voyant une île tropicale volcanique s'affaisser petit à petit avec la création d'un lagon précurseur à terme de la création d'un atoll, comme aux Glorieuses. Va pour l'île « paresseuse » de ses millions d'années de lente évolution toujours en cours...   

Oui, il y a trente ans en arrière (à présent, les pères nourriciers sont motorisés, les femmes souvent libres, autonomes et le commerce, moyennant espèces sonnantes, apporte bien des commodités), comme aujourd'hui, les photos d'Armand en attestent, Mayotte, du moins  « en brousse », à la campagne, hors la jungle des bidonvilles agglutinés à la capitale et Petite-Terre, garde beaucoup d'un paradis perdu avec dès l'atterrissage (bien que devant le dire aujourd'hui, au passé) l'étonnant regard direct et souriant des femmes sur la barge entre les îles.  

vendredi 20 décembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (22) Fontvieille et Daudet.

Le château de Mont*** écrit Daudet, à présent nous pouvons dire son nom « Montauban ». 

Il ne s'en cache pas, Daudet Alphonse : lorsqu'il se retrouve à Fontvieille, il réside au château de Montauban « ... qui se termine en muraille de mas campagnard », propriété d'une vieille famille provençale. Une dame âgée bien qu'alerte encore, veuve de longtemps, dirige le domaine d'oliviers, de vignes, de blés, de mûriers. Daudet y arrive sans prévenir, accueilli à bras ouverts comme s'il était le cinquième garçon de la maison. Il sait aussi les noms de Miraclet et Tambour, les chiens de chasse et aussi Miracle qu'il a tôt fait de siffler avant de monter à “ son moulin ”... 


« ...Une ruine, ce moulin ; un débris croulant de pierres et de vieilles planches, qu'on n'avait pas mis au vent depuis des années et qui gisait, les membres rompus, inutile comme un poète [...] Dès le premier jour, ce déclassé m'avait été cher, je l'aimais pour sa détresse, son chemin perdu sous les herbes, ces petites herbes de montagne grisâtres et parfumées, avec lesquelles le père Gaucher composait son élixir, pour sa plate-forme effritée où il faisait bon s'acagnardir à l'abri du vent, pendant qu'un lapin détalait ou qu'une longue couleuvre aux détours froissants et sournois venait chasser les mulots dont la masure fourmillait [...] je dois beaucoup à ces retraites spirituelles ; et nulle ne me fut plus salutaire que ce vieux moulin de Provence. J'eus même un moment l'envie de l'acheter ; et l'on pourrait trouver chez le notaire de Fontvieille, un acte de vente resté à l'état de projet, mais dont je me suis servi pour faire l'avant-propos de mon livre. Mon moulin ne m'appartint jamais... » 

« Ah ! Gringoire, qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin, qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier... » 
Ce sont les pages de gardes, assurément destinées aux enfants... 

Étant bien entendu que pour n'avoir jamais lu « Ce que c'était que mon moulin » introduction aux Lettres de Daudet, soixante-six ans plus tard, en cette veille de Noël 2024, François se dut d'admettre cette révélation. Quoique subodorée à la suite de rumeurs, médisances et ouï-dire, bien que coupée à l'eau par les années passées, son enfance venait encore de perdre un copeau de sa magie originelle. L'enfance qui veut tout et tout de suite, oblige, sans transition aucune, à rentrer dans le vif du sujet, dans ce qui suscite l'émotion immédiate, en adéquation avec l'âge telle celle instillée par « La Chèvre de Monsieur Seguin » puis « Le Secret de Maître Cornille », tant il est vrai que « Les Lettres de mon Moulin », suivant la “ lettre ” choisie, restent savoureuses à tout âge, de sept à soixante-dix-sept ans pour reprendre la formule consacrée. 

Le moulin de Daudet ou presque...

Le livre, François l'a sous la main, avec les illustrations de Pierre Belvès (1909-1994) (1), présentes en premier lieu pour le plaisir des enfants. Et comme pour faire une caresse au gosse qu'il fut, l'assurer qu'il lui restera fidèle jusqu'au bout, il ne manque jamais d'effleurer du dos des doigts le moulin dépenaillé, la porte cloutée, les meules au rebut, les lapins et le hibou de la couverture, la vie qui s'accroche en dépit des apparences. 

Alphonse_Daudet Domaine public Auteur Étienne Carjat (1828-1906)

  (1) Pierre Belvès a travaillé principalement dans la littérature pour la jeunesse. « Roule Galette », « Le Vilain Petit Canard », sont de lui. Créateur du premier atelier pour enfants dans un musée (1952), il s'est efforcé d'apporter à la pédagogie, à l'apprentissage de la lecture. (source IA Qwant).    

mardi 17 décembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (21) Mollégès, Eygalières, les Baux, des villages très prisés...

Château_et_Eglise_à_Mollégès 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Vi..Cult...

Mollégès, encore un village au riche passé, référence faite aux Dames de Mollégès avec Sacristane des Porcellets (1), fondatrice, en 1208, de l'abbaye Sainte-Marie. Historique, le village, et aussi un cadre de vie apprécié : Jean Drucker (1941-2003), dirigeant de télévision, Guy Marchand (1937-2023) (2), personnalité artistique aux multiples facettes, y ont vécu. 

Plan_d'Orgon 1871 Paul Guigou (1834-1871) Domaine public.

À Plan d'Orgon, le hameau qui en population a dépassé Orgon, outre Daniel Pellegrin, raseteur cocarde d'or en 1970 et Benoît Molin, pâtissier connu (télévision, livres...) vit Francis, copain d'enfance et ex-chauffeur routier... 

Orgon avec un poète médecin, Antoine Pomme (1620) ainsi que les ancêtres d'Edmond Rostand mais ce sera seulement pour noter que le pont ferroviaire de 2009 sur la Durance (335 mètres, 9700 tonnes) est le plus long et le plus massif de France. 
Remplaçant parfois des bacs sur la Durance, seize ponts sont construits au XIXème, ce qui fit dire à Mistral : 

« As bèu, Durenço,                    Tu as beau, Durance,
Faire esfrai                                    Porter effroi 
Pèr me coupa la routo                Pour me couper la route,
Iéu, sus lou pont te passarai        Moi je te passerai sur le pont
E tu passo dessouto. »                Et toi passe dessous. 

Village_d'Eygalières_et_Alpilles 2022 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Mathieu BROSSAIS

Eygalières, un village provençal typique, tranquille, loin des turbulences bien qu'ayant, pour ces raisons, causé un attrait certain pour nombre de célébrités : Brialy (1933-2007), Capuçon (1976-), Drucker (1942-) et Saval (1942-), Gaccio (1958-), Grant (1960-), Prost (1955-), Namias (1944-), Sabatier (1951-), Thibault (1927-2017), de Turckheim (1955-), y ont ou y ont eu une maison. Cette attraction ne date pas d'hier,  avec les peintres Mario Prassinos (1916-1985), Raymond Guerrier (1920-2002), Jacques Winsberg (1929-1999), les écrivains Fernand Mourret (1854-1938), Philippe Hériat (1898-1971), Charles Galtier (1913-2004) un premier Lubéron-Luberon en quelque sorte... 

Baux_de_Provence 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Benh LIEU SONG

Un mot sur les Baux-de-Provence où Jean Reno (1948-) réside et participe à la vie municipale (3). Quelques dizaines d'habitants à l'année seulement habitent ce village classé parmi les plus beaux de France, alors que plus d'un million de personnes le visitent chaque année. Pour Noël, le village perpétue une tradition semi-millénaire avec une messe de minuit, une crèche vivante, un bélier attelé apportant un agneau nouveau-né et, pour les bergers qui se passent l'agneau, une adoration de l'enfant Jésus...  


   

(1) Les Porcellets (avec un cochon sur le blason !) formaient une riche famille consentant des prêts énormes, respectée jusqu'en Orient. Opposée à l'archevêque d'Arles désireux de liguer dans la croisade de l'Église contre les Albigeois, elle est liée à l'assassinat de Peire de Castelnau, légat du pape (1208)... 

(2) Acteur de cinéma, de télévision (Nestor Burma), musicien accompli (piano, saxo, clarinette), sportif, crooner (« La Passionata »  1965, « Moi je suis tango » 1975, « Destinée » 1982...). Après Lacoste (Lubéron) et Eygalières (Alpilles), il s'installe à Mollégès où il est inhumé.  

(3) Jean Broussolle (1920-1984), des Compagnons de la Chanson, y est enterré. 

 

vendredi 13 décembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (20) Nostradamus, Marie Mauron, Charloun Rieu.

François qui s'enquiert si souvent de ce que dit « Lou Tresor dou Felibrige », le dictionnaire monumental de Frédéric Mistral, lui-même phare de notre vieille langue, à l'image des tours pour les marins, à distance les unes des autres sur la courbe du Golfe mais plus nombreuses qu'on ne croit à suivre la côte plus en détail, digère mal sa frustration si sa page dédiée au maître de Maillane reste étique. À chacun, finalement, d'approfondir ou non... François, se fourvoierait-il dans sa façon de revisiter cette Provence du Rhône, a fait sien le proverbe gitan « Ce n'est pas le but du voyage qui compte, c'est la route », une route qui conduit non loin, à Saint-Rémy-de-Provence. 

Saint_Remy_Les_Antiques 2006  under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported license. Author Marc Ryckaert


Un mot sur le site riche des ruines romaines des Antiques et des vestiges archéologiques de la cité de Glanum, il y a tant à voir et à dire en suivant le Rhône. C'est toujours le cas avec, en prime, des vies remarquables. 

Nostradamus portrait Domaine public Source Croatian Wikipédia



La vie de Michel de Nostredame dit Nostradamus (1503-1566) demeure impactée par les pandémies de peste (1520 et vers 1535, il perd sa première femme et ses deux enfants certainement en raison de ce mal). En 1544, il étudie la peste à Marseille puis est appelé à Aix pour aider contre la contagion. Vers 1547, en prévention de la maladie, il met au point un médicament à base de plantes, non sans résultat ; on l'appelle là où le mal sévit. 
À partir de 1550, il publie ses premiers almanachs (calendriers, conseils de santé, de beauté, recettes de fruits confits, prévisions météorologiques, prédictions astrologiques). 
1555, publication de son « Traité des fardements et confitures » mais ce sont les « Prophéties » qui assurent sa célébrité. 
Alors ces prophéties ? Entre les termes souvent ambigus sinon énigmatiques de l'auteur, les coquilles des imprimeurs, les interprétations divergentes, l'inspiration de faits passés, les emprunts à des auteurs antérieurs, la voyance de Nostradamus prête à bien des interrogations. 

Marie_Mauron_lisant_en_son_verger_1970 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Zoé Binswanger Zürich

Plus proche de nous, plus les pieds sur terre tant l'amour de son pays demeure exclusif, Marie Mauron (1896-1986), née Roumanille, institutrice, bien que démissionnaire en 1941, d'un temps où on pouvait rester auprès des siens. Surnommée la « Colette provençale », à ses dires, elle n'aurait jamais pu vivre à Paris. Tous ses livres sont bilingues, français-provençal. Née et décédée à Saint-Rémy comme tous ses ascendants depuis que les registres existent (autour de 1600), du roman à la monographie en passant par la poésie, les contes et légendes, les biographies, les monographies, elle chante surtout sa Provence dans plus d'une centaine de ses œuvres, depuis le Rhône jusque dans les alpages de la transhumance. Majorale du Félibrige en 1969, ses derniers livres font montre d'un engagement souvent jusqu'à la révolte contre la synergie dangereuse des puissances d'argent, des investisseurs à tous crins, impliquant même l'État. 

« Mais quel péché véniel, dans le Midi, d’exagérer un peu pour l’amour du pays ! » Marie Mauron. 
 

Pour dire combien cette basse vallée du fleuve est féconde, un de ses livres de 1949 honore un compatriote, du Paradou, non loin de Fontvieille et à onze kilomètres à peine de chez elle par les Alpilles (392 m.), « Charloun Rieu » (1846-1924) , agriculteur toute sa vie dans les oliviers, poète conteur attendu pour ses chansons dans les villages qu'il parcourait à pied.  

Vincent_van_Gogh_-_Landscape_from_Saint-Rémy_-_Google_Art_Project 1889 Domaine public Collection Ny Carlsberg Glypotek


samedi 7 décembre 2024

PROVENCE DU RHÔNE (19) Frédéric Mistral.

Mas_du_Juge_à_Maillane 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Auteur Renaud Camus. Dans la cour, est-ce la table en pierre sur laquelle le neveu de Mistral se serait tué (1862) ? 


Maillane, village typique du Midi, peut se visiter sur les traces de Frédéric Mistral : le Mas du Juge pour son enfance et sa jeunesse, la Maison du Lézard, jusqu'à son mariage, le mas revenant à son aîné suite au décès du père, sa villa qu'il construisit devant. À 46 ans il y emmena Marie-Louise-Aimée, fraîchement épousée.  

Museon_Frederi_Mistral_dans la villa de Mistral à_Maillane 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Auteur Renaur Camus.

Miréio, son long poème d'amour contrariée, paraît en 1859, Prix Nobel de Littérature en 1904, traduit en une quinzaine de langues dont le français par Mistral lui-même, offrit au Provençal une reconnaissance universelle. L'essentiel de ses efforts allait toujours dans ce sens avec la création du Félibrige à fins de faire renaître le Provençal (voir si nécessaire les articles précédents).  


Mistral a surtout travaillé près d'une dizaine d'années à son « Tresor dou Felibrige » (1878-1886), grand dictionnaire de la langue d'Oc comprenant l'essentiel des variantes locales déclinées avec auteurs, citations, dictons et proverbes. (Si souvent ouvert dans le cadre de cette quadrilogie...).  

Parmi ses autres œuvres, « Lou Pouèmo dou Rose » 1897, le poème du Rhône, des bateliers de Condrieu descendant jusqu'à la foire de Beaucaire ; une inspiration plus tard partagée par Bernard Clavel (1923-2010), avec « Pirates du Rhône » 1957, « Le Seigneur du Fleuve » 1972, « La Guinguette » 1997, « Brutus » 2001... 

Portrait Frédéric Mistral 1907 Source Les Prix Nobel Domaine public Auteur inconnu

À propos de « L'Arlésienne », on raconte que Mistral se serait fâché avec Daudet rendant publique la confidence du Maître de Maillane sur ce neveu suicidé d'amour au Mas du Juge (1862)... Méfions-nous des “ on raconte que...” et ce n'est pas la lecture du « Poète Mistral », dans « Les Lettres de mon Moulin » qui nous dévoilerait le moindre grain de sable enrayant leur amitié. Le portrait d'abord, plus qu'avenant 

«...sa rouge taillole catalane autour des reins, l'œil allumé, le feu de l'inspiration aux pommettes, superbe avec un bon sourire, élégant comme un pâtre grec... »,   

C'est la fête du village avec fifres et tambourins dans la rue, l'aubade au conseiller municipal, des bouteilles, des verres ; l'après-midi, la procession des saints de bois « dédorés », qu'accompagnent les confréries de pénitents blancs, bleus, gris, cagoulés, de filles voilées ; ensuite, bien qu'en hiver, les taureaux, les jeux sur l'aire puis, autour d'un grand feu devant le café de Zidore, une farandole devant durer tard dans la nuit. 
La « Lettre » de Daudet se termine par un hommage, l'image de ruines majestueuses sans toits ou pétassées en remises, basses-cours ou étables (comme après la révolution) et qu'un jour un fils de paysan est déterminé à restaurer « ... Ce fils de paysan, c'est Mistral. », ces ruines, la langue provençale. 

D'après « Le Poète Mistral », « Les Lettres de mon Moulin », recueil de 1869, Alphonse Daudet.   

jeudi 5 décembre 2024

PROVENCE du RHÔNE (18) Astérix, Mistral, Lear sans Shakespeare...

Oh François ! Finie la récréation ! Déjà que tu t'es laissé aller à la parenthèse de tes « Trois Jours » à Tarascon, voilà que tu te balades, à raconter tout ce qui te passe par la tête en cette fin novembre ; ce n'est pas le tout de nous sortir tes arbres de cœur, tes bords de vignes déjà dans l'impatience des jours qui rallongent, ton village, le coin où ton moral s'accroche... tu ne peux pas laisser en plan les repérages, enquêtes sur cette Provence du Rhône. Ça vaut ce que ça vaut mais si tu te déconcentres, la collecte sera incomplète... dire que tu as failli oublier un personnage de premier plan, Jean-Henri Fabre des sauterelles et des pantigues dont l'éphippigère de Béziers qui a tant de mal à traîner sa bedaine ! Allons, tu en étais aux Alpilles, il faut t'y remettre ! 

Dans ses personnages liés à la commune se qualifiant de pierreuse, Saint-Étienne-du Grès mentionne Amanda Lear (1939-) artiste polymorphe sans le moindre rapport avec le « pierreux » du lieu, et René Goscinny (1926-1977), créateur, entre autres, d'Astérix, avec Uderzo (1927-2020). 

Fête de la careto ramado à Maillane. Pour marquer la récolte, les chevaux à l'honneur avec leurs charrettes hérissées de rameaux d'orme faisaient le tour du village, la première fois au pas puis au trot et enfin au galop. Chez nous, cette fête est attestée à Coursan. 


Maillane ! L'article ébauché de Wikipédia évoque un village carte postale du Midi, typique jusqu'au cliché : vieilles ruelles, vieilles maisons, vieilles portes ; autour une campagne d'oliviers et vergers, les platanes des routes, les cigales de l'été. Et avant tout, un monument unique nommé Mistral (1830-1914). Mais pourquoi donc, pour commencer, son nom de famille est homonymique du maître vent de la Provence ? Surtout que François, natif de la basse plaine de l'Aude, fait aussitôt le lien Mistral-Cers-Cerç. Et aussitôt les tramontanes viennent lui buffer dessus, l'obligeant à monter sur son grand cheval (il n'y en a pas pour long [1]). À propos de Mistral, « Ce monument, quand le visite-t-on ? » puisqu'il le considère ainsi et que son trait rappelle la tirade du nez de Cyrano par Edmond Rostand (1868-1918), né à Marseille, resté sudiste par bien des côtés... 

Premier_portrait_connu_de_Mistral_18_juillet_1852_à_Tarascon 2013 Inguimbertine_de_Carpentras Auteur Jean-Joseph Bonaventure Laurens


Frédéric Mistral, Frederi en souvenir du garçon mort jeune qui avait passé les mots d'amour entre ses parents amoureux, passe son enfance à Maillane, poursuit sa scolarité à Saint-Michel-de Frigolet, Avignon, Nîmes. Ses études de droit à la faculté d'Aix, avec l'Histoire de la Provence, lui ont appris que les dispositions législatives étaient des plus avancées et la langue provençale, première langue littéraire de l'Europe civilisée, d'où sa détermination à œuvrer pour rendre l'honneur aux peuples du Sud spoliés de leur culture.  


(1) Loin de moi l'idée de blablater, seulement l'intention d'en rester au factuel. 
* le nom « Cers », un des plus vieux noms de vent de France, le Cercius des Romains... celui de « tramontane » ne date que du XIIIe et encore à Florence. C'est le Cers qui s'est banalisé en tramontane et non l'inverse !
des vents de couloir liés à un cours d'eau marquent particulièrement la Méditerranée Nord-Ouest : le Mistral avec le Rhône, le Cers avec l'Aude et encore un Cerç avec l'Èbre, en Catalogne.
La tramontane, nom plus généraliste puisque étymologiquement « au-delà des montagnes », et que les tramontanes sont plurielles.
Sinon, les vents ne sont que du vent...

samedi 30 novembre 2024

BALADE de TERROIR... des Hommes...

Abstraction faite de ces barbares avares d'un bonjour... d'autant plus que de croiser et d'échanger avec ceux qui illustrent le noyau originel presque, du village, du moins dans les mutations dues aux successions de générations, ne peut que consoler et réconforter, (hier avec Maurice, 28 mois en Algérie, puis Louis du cheval dans les vignes), l'empreinte des Hommes, sexes confondus continue de marquer le paysage. 

Moins que pour la Montagne de Ferrat : «.Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes... », ici aussi, afin de garder la terre, la technique du mur en pierres sèches s'imposait...  

Hommes, étrange d'avoir assimilé l'éboulement d'un pan de mur en pierres sèches à un vélage, à un veau venu au monde, un vedèl en occitan... Malheureusement, depuis des lustres, on ne se préoccupe plus de réparer suite à un éboulement et les vedèls en restent orphelins... 

Hommes, morts du cimetière, vivants autour du clocher, de la Tour Balayard même si aujourd'hui ils occupent les lotissements déshumanisés. Mais il reste, malgré le marin, vent contraire, les « Ouais », les « Allez » qui montent et tout ce que les spectateurs du rugby lancent de plus grossier, surtout contre l'arbitre, mais que la distance permet juste d'imaginer...

Depuis longtemps, nous n'avons plus à éviter le crottin pisseux de nos braves chevaux ; sur le goudron, après les sucs collants de la vendange, par endroits, il reste l'épanchement huileux des olives écrasées par les pneus...  

Le crépuscule s'annonce ; des Hommes des temps passés attendent le réconfort de l'angélus du soir...