Si les jeunes se sont organisés : Norbert (1924-1989), mon parrain et ses copains au café, ont le sanglier, gibier alors rare avant 1950, au menu. Sinon le réveillon familial n’est pas de mise encore ; le temps de mettre les petits souliers au pied du pin de Noël, d’éteindre la lumière chiche de la crèche, avec ou pas encore le petit Jésus, et hop ! au lit.
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Le sommeil fait émerger plus vite que prévu. Les yeux gonflés mais aux anges, l'heure est à déballer le papier cadeau sans le déchirer… il pourra servir, qui sait ?.. Gentil Papa Noël a gâté une fois encore avec la Maison Forestière conçue dans le Jura, la boîte de Meccano, les autos Solido, les 45 Tours de contes ou Chansons Enfantines. Parmi les cadeaux marquants, les différents lotos, fleurs, animaux… ah ! celui des oiseaux ! un puzzle des départements, un jeu de société d’itinéraires en France des spécialités entre le nougat de Montélimar, la madeleine de Commercy et l’andouille de Vire, plus tard, le premier Monopoly d’une modernité très plaisante. Dans les présents des plus marquants « Les Lettres de mon Moulin » illustrations de Pierre Belvès, un “ beau livre ” dont je caresse encore la couverture si je passe à côté… Des plus marquants aussi « En Campagne avec Napoléon », un autre livre pour ne l’avoir pas plus ouvert que lu, non pas en référence prématurée à l’homme providentiel hélas souvent autocrate mais parce que instigué par un adulte de référence ayant pourtant vécu Pétain… Ce jour des cadeaux s’accompagnait aussi de rappels moraux : l’orange laissée sur la cheminée jusqu’à pourrir à force d’être regardée, les enfants qui n’auront même pas droit à un bonbon, un chocolat… Zut, c’est que, après « Sans famille » d’Hector Malot, « Oliver Twist » de Dickens, de ne pas mériter ces faveurs, d’avoir à me sentir coupable gâche assez mon plaisir… J’aime plutôt l’histoire vraie du bras cassé de notre petit Jésus dans la crèche.
Et ce n’est pas tout ; avant la messe tant que celle de minuit ne nous est pas permise, il faut faire la tournée des arbres de Noël de la famille pour revenir, encore les bras chargés.
Dernière étape avant un après-midi en famille, non sans une balade si le temps y consent, le repas traditionnel avec les huîtres encore de l’Atlantique, la dinde souvent à la broche… tout un cérémonial devant un feu nourri de souquets, la lèchefrite, le mouvement d’horlogerie et le cliquetis du remontage, le flambadou qui lance ses flammèches de lard pour une peau craquante et bien rôtie. En dessert, le bras de Vénus en guise de bûche… enfin, pour les grands, le café et éventuellement le petit verre de liqueur souvent maison, à partir des extraits Noirot…