Des roches basaltiques mais à trois pas un sentier mène à une petite plage de sable blond, privée presque mais fréquentée (sept ou huit voitures sur le parc de stationnement amont). |
Photo Flo Dedieu. |
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
Des roches basaltiques mais à trois pas un sentier mène à une petite plage de sable blond, privée presque mais fréquentée (sept ou huit voitures sur le parc de stationnement amont). |
Photo Flo Dedieu. |
BALARUC-le-VIEUX.
![]() |
Balaruc-le-Vieux,_Hérault 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Christian Ferrer |
Le muge en est l’animal totémique, symbole d’un conflit à propos d’impôts sur la pêche avec l’évêque de Maguelone. Mais ce n’est qu’en 2002 que son effigie a été bâtie et des chansons crées pour l’accompagner lors de sorties célébrant le Moyen-Âge par l’entremise de Guilhem de Balaruc, troubadour du XIIIe siècle. Partie de la séparation en deux communes datant de 1886, le vieux et petit village présente un plan en circulade à l’abri des remparts. S’élevant à 2680 habitants, la population a été multipliée par cinq depuis les années 60.
BALARUC-les-BAINS.
![]() |
Balaruc-les-Bains,_Hérault 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer |
La station thermale d’importance exploite des eaux chaudes (50°) remontant par des failles (certaines doivent donner directement dans l’étang). À deux pas de la côte ouest, un grand cercle d’une centaine de mètres de diamètre, déjà un grand bleu, celui de la Vise, la source qui sourd trente-deux mètres plus bas, participant à raison d’1/10e au renouvellement de l’eau du bassin de Thau.
Quand Brassens descendait, souvent il s’arrêtait directement chez Lolo (Laurent Spinosi), un copain de l’enfance à Sète, installé là et qui avait depuis toujours, la manie de monter des cabanes, genre maisonnette de pêcheur. Nous gardons une image d’un Brassens créateur libre, bourru, un peu ours, peu sociable ; une vision fausse... comment faire en effet pour se faire connaître, sans Paris, sans réseau. Du beau monde à qui il a parlé de Lolo, lui encore, inclassable, inconditionnel de l’étang, peintre d’instinct, le verbe facile, entouré de chats, de singes, de perroquets... en dehors de Manitas de Plata, Sétois aussi, bien des gens connus sont venus manger la bonne cuisine de la cabane... Salvador Dali, Eddy Barclay, Brigitte Bardot qui aurait bien débauché Lolo cuistot pour la servir à La Madrague.
La municipalité a livré une fresque en trompe-l’œil de la cabane et des principaux intéressés ; elle a aussi donné le nom Brassens-Spinosi à une promenade qui longe l’étang.
POUSSAN.
![]() |
Poussan_cochon 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34 |
Par souci de précision, citons Poussan qui possède ce petit bout de Thau où se montraient les flamants, en face de la crique de l’Angle et de Balaruc-le-Vieux. Poussan, encore un vieux village plein d’Histoire et de charme (villas gallo-romaines, église St-Pierre deux ou trois fois rebâtie sur ses bases d’avant l’an 1000, remparts avec une seconde enceinte au XIVe suite à la croissance démographique, riches maisons de maîtres datant du grand boum de la vigne au XIXe s., halles de type Baltard avec poutrelles de fer, piliers de fonte).
Le totem, pour remonter au riche colon romain Porcius, est le cochon seize soupapes, pardon seize jambes, c’est un minimum, sous la carcasse, pour le promener...
Lou cranc (du latin « cancrum », accusatif de « cancer »), le crabe en est l’animal totem mais c’est l’oursin qui représente le village lors des festivités (est-ce pour éviter de faire doublon avec Marseillan ?). Et le blason, lui, n’a été créé qu’en 2003, oh, en suivant bien des règles vieilles de mille ans au moins...
La population (1600 hab.) a perdu une centaine d’habitants depuis 2012, une tendance inverse à ce qui se passe pour les autres localités du secteur.
Au début étaient les pêcheurs qui n’utilisaient les terres que pour des besoins ponctuels. Ensuite arrivèrent les agriculteurs devenus viticulteurs et riches grâce au succès de la vigne par rapport aux petites maisons toujours pauvres des pêcheurs, en bas, au bord de l’eau. Longtemps les deux communautés ne se sont pas fréquentées, que ce soit pour boire un coup ou jouer aux boules. Ont-ils connu des Roméo et Juliette aux tragiques destins ?
![]() |
Bouzigues_(Hérault,_France) the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Auteure Stéphanie de Nadaï |
C’est d’ici, au début du siècle dernier, qu’est partie l’idée d’élever des huîtres et des moules.
Nous quittons la nationale exprès pour descendre dans Bouzigues jusque sur le quai, c’est l’année où on a suivi le rugby, avant 1963. J’étais loin de me douter que dans ce coin, seul le foot comptait alors... Papa avait encore la Dauphine bleue. Quelle heure pouvait-il être ? Onze heures a quicon proche, à quelque chose près, soit, peu importe, debout, sur le quai même nous avons mangé des moules sur le pouce, de Bouzigues, bien entendu. L’appellation est restée même si Mèze et Marseillan produisent davantage et pèsent bien davantage en population. Papé debout, le couteau et une moule à la main, je le revois. Un ciel bien bleu, plein soleil. La nuance de lumière me reste. C’est la fois où nous avons pique-niqué au Pont du Gard...
![]() |
Aux vendanges, papé Jean et de dos, l'oncle Noé. |
Et maintenant cette petite cousine de loin qui tient un restaurant ici, à Bouzigues... C’est tout saudada et nostalgie mais ça plonge profond et cet instantané d’un souvenir revenant de la mort, cette sincérité de l’instant me touchent vraiment.
Les éléments de réflexion reposent sur le site " Argus des Communes " (chiffres de 2021). Sont pris en compte les villages voisins ainsi que les stations balnéaires du Golfe du Lion, du Grau-du-Roi à Cerbère (sauf Sète, Le Barcarès, St-Cyprien par manque de données).
Il faut tourner bien des pages d'archives (2014) pour avoir un comparatif de la santé de notre commune particulièrement mise à mal par une mégalomanie propagandiste des socialistes au pouvoir voulant faire communiquer le président Mitterand sous l'eau de l'observatoire sous-marin avec je crois, Jean-Loup Chrétien alors dans l'espace à l'origine (à lier peut-être au duplex réalisé le 14 décembre 1988 avec le Club Dorothée...). Sinon n'étaient prévus que les vœux du président pour la nouvelle année. Enfin, pour le dire crûment, un entêtement aussi borné que catastrophique des courtisans décideurs vu que le premier couillon venu du coin savait qu'il y avait une arrivée d'eau douce, ex ou résurgence sur le site, rendant le projet impossible pour cause de turbidité de l'eau.
Moralité : un groupe politique sans opposition audible a tendance à se faire plus gros que le bœuf. À toujours promouvoir l'image du chef, il donne dans le culte de la personnalité. Pour Fleury-d'Aude changeant, et pour cause, de majorité, il a fallu non seulement assumer les pertes mais en plus se défendre de cette élite rose à la tête du département qui bien que coupable au premier chef, nous aurait enfoncés davantage... une version locale du "responsable mais pas coupable"...
Bref un pouf de 9 millions d'euros dont la moitié pour le contribuable local... plus les intérêts... plus le million pour démolir... peut-être deux à trois mille euros par habitant, qui sait ? (peut-on compter 3000 habitants en moyenne de 1989 à 2019 ?).
Tous les tableaux vus en 2014 (chiffres de 2012 ?) restaient accablants pour Fleury et le premier des réconforts, concernant de cette tendance 2021, est de constater que la situation s'est bien assainie grâce aux équipes successives de Guy Sié et André-Luc Montagnier ; le "pour vivre heureux vivons cachés", s'il veut parer un tant soit peu la déferlante touristique, n'est plus aussi catégorique.
![]() |
Tour_Balayard_Fleury_d'Aude the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Lefoo |
![]() |
Aude_-_Eglise_Saint-Martin_de_Vinassan the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author EmDee |
![]() |
Église_Cuxac_d'Aude the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Meria Geoian |
Oh qu’il est beau ce loup qui claque des mâchoires, éparpille les pitchous comme une volée de sauterelles et fait crier les filles, même si elles ne portent plus de jupes ! Depuis le XVIIIe siècle, il est le totem d’un village tranquille, entre ce qui fut la nationale et ce qui est l’autoroute. Loupian. Le loup sort pour les fêtes ; l’animal jupon qu’une jeunesse énergique fait courir, sauter et caracoler, offre un plus à chacune de ses sorties. C’est l’occasion de profiter des rues médiévales, des remparts... Si nous restons d’abord attirés par l’installation des riverains de l’étang (Marseillan, Mèze, Bouzigues, Balaruc), le village de Loupian, bien qu’en arrière, en possède une belle portion avec ses tables conchylicoles. Une situation discrète inversement proportionnelle aux nombreux centres d’intérêts historiques du village.
Chronologiquement,
* la voie Domitienne des Romains, de terre battue mais sur des fondations empierrées (elles n’étaient pavées que dans les villes comme à Narbonne par exemple). Une portion en a été mise au jour en 2022 sur le territoire de Loupian. La voie centrale où les militaires et officiels étaient prioritaires compte six mètres de largeur (les usagers privés se mettaient sur les voies latérales moins élaborées).
![]() |
Loupian Villa gallo-romaine des Prés-bas Creative Commons Attribution Share Alike 4.0 International license Auteur JYB Devot |
* la villa gallo-romaine des Prés Bas. Datant des Ier et IIe siècles, le domaine qui cultivait la vigne pouvait stocker 1.500 hectolitres dans d’énormes amphores fabriquées et estampillées sur place (MAF). Sur l’étang, un port permettait d’exporter ce vin. Au Ve siècle, les riches propriétaires font couvrir le sol des thermes d’une bonne douzaine de mosaïques aux noms imagés : « aux pampres de vigne », « du printemps », « aux chardons », « aux gaines d’acanthe », « aux oiseaux »...
* une église paléochrétienne des plus anciennes de France (Ve siècle) contenant une cuve baptismale (le corps devait être immergé pour le baptême).
* La chapelle Saint-Hippolyte, un édifice roman du XIIe siècle faisant partie de la défense du village présentant des apports architecturaux originaux dont un arc wisigoth ou musulman, des tores décoratifs normalement inusités dans l’art roman avant tout fonctionnel.
![]() |
Loupian_Ste-Cécile Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur fagairolles 34 |
* Église Ste Cécile (1100-1400) peut-être héritière d’un édifice paléochrétien. Cette étrange construction semble une forteresse, massive, sans clocher, en dehors du village sur le cami romieu, le chemin des pèlerins.
![]() |
Loupian,_Hérault Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur Christian Ferrer |
* Par Loupian, depuis ou vers la route de Marseillan, un itinéraire bis officieux afin de couper de possibles engorgements à Mèze. Côté Étang de Thau, c’est une belle aire de pique-nique dominant le plan d’eau avec le Mont Saint-Clair en face... sauf que et l’Internet reste motus bouche cousue, des gens qui dormaient dans leur véhicule se sont fait tuer... en pourcentage le risque ne doit pas représenter grand chose même s’il est à 100 % pour ceux qui y laissent la vie... c’est quand même lâche et malhonnête, afin de prévenir toute paranoïa, de laisser croire qu’entre humains si solidaires et pleins d’amour, nous pouvons vivre tranquilles et sans inquiétude.
Sur le site de la mairie :
* le château seigneurial avec ses fenêtres à meneaux...
* des maisons bourgeoises renaissance.
* en 1906, lors de l’Exposition coloniale de Marseille, les agriculteurs locaux ont présenté à dessein le Loupian, un raisin de table tardif de ceux qui se vendent bien en Angleterre.
* un manifestant s’étant enchaîné, le maire s’est prévalu d’une loi pour le faire emmener derechef dans un centre psychiatrique... des choses qu’on entend concernant les pays menés par des autocrates, entre Moskova et Volga, par exemple.
* Loupian comptait encore 122 agriculteurs en 1988 et plus que 17 en 2020.
Totem de la ville, le buou relève d’une histoire vieille de deux millénaires marquant le regret sinon davantage d’une famille d’agriculteurs qui perd ses bœufs (1) de travail. En souvenir, ils en gardent la peau qu’ils sortent sur une carcasse de bois, en procession. Depuis, à Mèze, à chaque fête, on sort le buou mené par le bouvier et son aiguillon ; huit porteurs sous la carcasse le font sauter et caracoler tandis que l’un d’eux imite le beuglement grâce à une peau d’âne tendue, qu’un autre manipule la tête et les mâchoires qu’il projette vers les spectateurs (peut-être, dessous, se relaient-ils entre les six qui portent et les deux qui font le bœuf). Et sur le blason pourtant, tout d’azur, de sable, d’argent et de gueules, un agneau pascal tenant une croix de sa patte « senestre » : l’autorité établie contestant l’antériorité au paganisme toujours vivant...
![]() |
Le_boeuf_de_Mèze the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Élisabeth Delquignie |
Ibère, Phénicienne, officiellement fondée avant Agde par les Phocéens, Mèze compte plus de 2600 ans d’existence. Les vétérans romains y cultivèrent la vigne au point de provoquer un problème de concurrence avec Rome. Suite à l’occupation et aux destructions des Sarrasins chassés en 736 par Charles Martel, Charlemagne offrit des parcelles afin de favoriser l’installation d’Espagnols fuyant la main mise des Arabes sur leur péninsule. Entre voisins et plus avec l’Espagne, un peu différemment avec l’Italie, les apports de population dans le Sud ne datent pas d’hier. À noter que, donnée par Simon de Monfort à l’Église, la ville sera gérée par l’évêque d’Agde jusqu’à la Révolution, comme quoi le pouvoir et la religion officielle ont historiquement été cul et chemise en France.
![]() |
Mèze_(34140),_Le_port,_Quai_Baptiste_Guitard the Creative Commons Attribution 3.0 Unported Auteur Sebastien GUERIN |
Quoi qu’il en soit, il a quelque chose de plus cet Étang de Thau... avec l’air iodé, le petit hippocampe si rare comparé aux moules, aux huîtres, aux palourdes et clovisses par millions depuis qu’elles se récoltent et se vendent, ce plus si volatile a pourtant fait converger ici des rayons de poésie, de musique, d’inspiration. Après y avoir fondé un festival de musiques du Monde (1990), passé par le Lubéron, le Sénégal, Pierre Vassiliu (1937-2014) s’installe à Mèze en 2000. Il y a du Boby Lapointe dans les effets recherchés, les jeux de mots, il y a un peu de Brassens quand il dit « pisser » dans plus d’une chanson. Il y a beaucoup d’humour avec le martien « Qui c’est celui-là ? », avec « Alice », « Armand », ou « Ivanhoé », de la douceur sentimentale : « Amour, amitié », « Dans ma maison d’amour », de la poésie urbaine « J’ai trouvé un journal dans le hall de l’aéroport »... Pierre Vassiliu est mort à Sète de Parkinson ; ses cendres ont été dispersées dans l’Étang de Thau.
(1) Sûr que lors des repas de fêtes qui s’ensuivent s’entonnent les chansons sur les bœufs. En occitan « Quand lou bouvier ven de laura... », antérieure à 1749 où elle fut pour la première fois, écrite. Et en français « J’ai deux grands bœufs dans mon étable... », chanson de Pierre Dupont (1821-1870), poète, chansonnier à Paris, estimé par Auguste Fourès. À Lyon où il revient après avoir perdu sa femme et le bonheur, malgré les amis voulant lui rendre le goût de vivre, il meurt à 49 ans... Sa vie contredit quelque peu les paroles de sa chanson où la vie des bœufs est préférée à celle de l'épouse. Une rue porte son nom, non loin de l’École Normale à la Croix-Rousse, qui m’accueillit en septembre 1971.
L’animal totémique de la commune est le crabe... Maintenant, pour la couleur, restera-t-il vert ? et si on dit que ce crabe vert est « enragé »... comment qualifier alors le nouvel envahisseur bleu ? Attila ?
![]() |
Callinectes_sapidus_(blue_crab)_(Cayo_Costa_Island,_Florida,_USA) the Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author James St. John |
Alors que l'eau s'est réchauffée de deux degrés depuis 1975, qu'il pleut moins, que les touristes laissent des sous certes, à certains, mais des déchets certains à tous, que des traitements de la vigne, longtemps autorisés, ont favorisé la prolifération d'algues tueuses, que les interdictions de commercialisation de coquillages ne sont pas rares (encore début 2023 pour une bactérie causant des diarrhées), avec l'échangisme heureux, vers 1980, des cousines de méduses ont immigré dans le ballast des bateaux, oh gentillounettes, pas piquantes, mais d'une densité de bouillie de maïzena qui affame les poissons, étouffe les anguilles, à parler des crabes, parlons-en de ce crabe bleu venu aussi avec le ballast des bateaux, costaud comme un chatka, pouvant atteindre le double-décimètre, capable d'ouvrir une huître mi-adulte et de sectionner un doigt (impossible de le tenir par l'arrière tant ses pinces sont longues !). Sa chair est excellente, maigre consolation si après lui c'est le désert marin.
![]() |
MarseillanHarbour under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Martinvl |
Marseillan, aux Onglous, c’est l’entrée ou l’aboutissement du Canal du Midi, suivant le sens dans lequel on embouque.
Les établissements Noilly-Prat y fabriquent le plus ancien vermouth français depuis 1813.
En marbre, le Monument aux Morts de la Grande Guerre montre un casque et un étendard comme sur un autel avec trois orphelins ; sur la marche permettant de se tenir contre, le plus grand se recueille tandis que le second, sur la marche au-dessous, tire le petit frère par le bras pour l’aider à monter : sur le ruban du bouquet du dernier, une inscription « À notre père » ; on doit ce Monument pouvant être considéré comme pacifiste, à H. Oechslin sculpteur, auteur aussi des Monuments de Cébazan (34) et Saint-Michel-de Lanès (Aude) qui eux, montrent des Poilus. A priori, Oechslin travaillait sur commande... Était-il aussi le marbrier de Béziers d’où provenait le bloc à sculpter ? Travaillait-il en indépendant ou pour ce marbrier ?
![]() |
Monument_aux_morts Archives_départementales_de_l’Hérault he Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Collection Marseillan |
Le piscénois qui a envie d’un bain de mer va au plus court, à Agde ; les plages qui se présentent en premier sont celles de La Tamarissière et du Grau-d’Agde.
Cette pénultième sur Boby Lapointe, trouvée vers 2005 à la bibliothèque municipale de Mamoudzou, du temps où on ne perdait pas au moins deux heures pour trente kilomètres dans les embouteillages. Tout le monde connaît l’originalité inventive de l’artiste piscénois, pas mal aussi dans la vie de tous les jours.
![]() |
Grande_Conque,_Agde,_Hérault the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer |
Au milieu de sa tribu qui profite de la mer, il s’est déguisé en grand-mère. Ils partent tous sur une barque, un peu au large ; voilà t’y pas que la jeunesse rit, chahute, balance et crie quand le nego-fol (littéralement un « noie les fous ») se renverse. Boby qui a été scaphandrier s’est débarrassé sous l’eau, de son attirail d’aïeule. Bien sûr, depuis la plage, alerté par le chahut, tout le monde regarde cette drôle d’équipe qui regagne le bord en tirant la barque renversée. Mais personne ne demande après la mamé ; Boby et ses complices plaisantent sur cette disparition, font quelques allusions mais rien. Dire qu’on ne se mêle pas des affaires des autres, c’est bien pratique pour faire passer une lâche tranquillité égoïste, déjà si bien partagée. Étonnant que personne n’ait réagi à moins que je n’aie fait l’impasse sur la fin de l’histoire !
Autre info qui aurait plu à Boby, la dernière cette fois, de quelques jours à peine, qui a obligé le maire d’Agde à trancher : le naturisme sera interdit cette année parce que les marchands de maillots en sont arrivés à devoir mettre la clé sous la porte et que l’activité met en péril les 1500 emplois du secteur. Comme on s’en doute, la nouvelle a aussitôt provoqué une levée de boucliers dans l’autre camp avec, en tête, les restaurateurs de la zone concernée. Les délégations ont demandé à être reçues. Elles ont même bénéficié d’un renfort inattendu, celui de la corporation des jumelles et monoculaires qui craint de perdre jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires. Obligées de revenir sur un arrêté trop directif, les autorités n’ont finalement imposé que le port du string dans la zone naturiste. La presse locale a relayé l’information dans son édition du 1er avril 2023.
Ce matin, la cérémonie de la victoire (heureusement que malgré les collabos et grâce à de Gaulle, la France a pu se mêler aux grands vainqueurs)... Pour ceux qui comme moi n'ont pas voulu gonfler les statistiques d'un Macron casserolé même symboliquement, même mis sous bulle, je garde l'image pathétique des Champs-Élysées déserts avec juste ce qui restait du passage du premier des Français... le crottin pisseux plus brun jacobin que vert espérance des chevaux de la garde...
A présent, il doit être en train de rendre hommage à Jean Moulin, rappelons-lui, en passant, le bonheur immense de son père à Béziers, fin 1899, quand ce petit "Janet" a ravi la famille. Est-ce plutôt en provençal qu'en languedocien ? Peu importe c'est en occitan, un peu en écho au parler de nos soldats de la Grande Guerre.
« A moun fieu jan (A mon fils Jean)
(qa pas ben tres mes) ( qui n’a pas encore trois mois)
O moun Janet, moun cagounis, (O mon Janet, mon dernier né,)
Tu que siés vengu de Paris (Toi qui es venu de Paris )
Dins un coulet, coumo lou dis (Dans un chou, comme le dit)
Toun fraire (Ton frère)
O moun mignot, coumo siés beu (O mon mignon, comme tu es beau)
Quand, dins la faisso e lou banéu (Quand, dans tes bandes et ton maillottage)
Te viro coumo un cabédéu (Te tourne comme une pelote)
Ta maire (Ta mère)
Siés lou jouguet de tout l’oustau (Tu es le jouet de toute la maisonnée)
Quan fas riseto emé ti trau ; (Quand tu fais risette de tes fossettes)
Mai, subre-tout, à iéu fas gau, (Mais surtout tu me fais joie à moi)
Toun paire (Ton père)
E longo-mai siegués ansin, (Et que tu restes ainsi longtemps encore,)
Fres, amistous e cremesin (Frais, caressant, le teint rosé)
En digne fieu di viéi Moulin, (En digne fils des vieux Moulin,)
Ti reire. » (tes aïeux)
Antoine-Émile Moulin (1857-1938).
![]() |
Jean Moulin 1937 studio Harcourt Domaine public. |
Alors la France, toujours honte de tes ascendances latines ?
Alors la France, on croit se venger lâchement sur l'Italie du peu de considération de la part du reste de l'Europe ? (si quelqu'un demande j'ai de quoi développer et à l'avantage de Meloni qui plus est...)
Alors la France, à quand le persiflage sur l'Espagne en oubliant de dire qu'elle a tenu tête à Napoléon jusqu'à prendre Toulouse (avec Wellington il est vrai !).
Rien à attendre d'un Macron qui continue à faire le kakou, à essayer de faire le beau avec le Russe ou le Chinois, qui n'est même pas capable de se faire respecter par l'Afrique, rapport à l'immigration et même par un nain sous perfusion comme les Comores, qui ment effrontément aux Français (retraite) pour amadouer les créanciers ("Oh! c'est pas juste, ils nous ont baissé la note !") et que les Étasuniens se frottent les pieds sur nous.
Lâche, cynique, complètement déconnectée, usant de la commémoration comme si tout allait bien, faisant craindre une "chute de l'empire romain" si les talents de nos sinistres (Lemaire, Schiappa) dégénèrent en travaux pratiques, cette clique sera vraiment celle de la fin...
Une consolation, au Panthéon, ce ne sont pas les cendres de Jean Moulin... Paris, une fois de plus, n'a pu confisquer un Grand Homme au reste des Français... et moi j'ai passé le cap de ne plus vouloir me faire accepter mais plutôt de rejeter cette France du Nord pas très engageante, non !
Jean Moulin Plaque_Henri_Deschamps Miribel the Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication Auteur Benoît Prieur |
![]() |
Plaque_Rue_Gaston_Gallimard_-_Paris_VII the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Chabe01 |
Quand il n’y en a plus, il y en a encore comme disait l’autre !
Lorsque le train quitte la gare, la vue s’ouvre d’un coup sur un canal qu’on croit du Midi. Ensuite, avant l’Hérault et le déversoir d’eau étincelante presque irréelle sous le soleil méditerranéen, là, sous les voies, dans un cadre verdoyant, apparaît un bâtiment remarquable par sa taille. Le quant à soi du voyageur ne s’embarrassant pas de la réalité qui lui échappe pense à un centre de gestion du canal, à des bureaux de techniciens. Ce n’est que récemment, seulement au bout de longs travaux de réhabilitation, comme si on ne voulait dévoiler qu’un projet une fois achevé que ceux qui savaient ont bien voulu le dire.
La villa Laurens, il est vrai affublée du logo « château » sur la carte IGN, rappelant les maisons des esclavagistes d’" Autant en emporte le vent ", a été construite à partir de 1898 par un riche héritier collectionneur, Emmanuel Laurens (1873-1959). Art nouveau, néo-grec, égyptomania, orientalisme, autant de courants modernes et seulement ouverts à qui dispose de la richesse permettant de décréter, d’encourager le beau, de le confisquer aussi, aux yeux de tout le monde... de ce point de vue, le destin de Vincent van Gogh, souvent, m'interpelle.
Le père n’est qu’ingénieur mais l’héritage d’un baron, cousin de loin, tombe. Sur ce coin appelé « Belle Isle », va s’édifier cette villa où les dépenses fastueuses en architecture, en décors de peintures, en faïences, vitraux, meubles, expriment un art de vivre réservé aux richards : voyages exotiques, collections rares, rencontres d’artistes, mondanités de caste, soirées.
Bien que propriétaire d’une villa du même genre à Boulouris sur la Côte d’Azur, Laurens en arrive à vendre son château d’Agde en viager. Souillée par des gravures et dessins dus à l’occupant teuton, la villa tombe à l’abandon. On ne sait pas ce qu’est devenu le bénéficiaire du viager.
![]() |
Agde Hérault River Agde under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. auteur Christian ferrer 2013 |
En 1994, la ville rachète la villa, le château Laurens. Après 11 millions mis dans la restauration, elle devrait ouvrir au public en ce moment (avril 2023).
Providence, adversité... au moins l’échéance de la mort nous met-elle à égalité... tant que les riches, si on les laisse faire, ne trouvent pas le moyen de durer sur notre dos...
(merci à Annie qui m'a mis sur la voie)
Mandirac c’est un joli petit coin sur le Canal de la Robine, cet ancien bras de l’Aude marquant le delta patiemment gagné sur les éléments liquides et qui a ancré la Montagne de la Clape au continent. Un air pas usurpé de petite Camargue non loin du Roc de Conilhac qui, du haut de ses vingt-un mètres s’avère être un point de passage important pour les oiseaux migrateurs. Le chantier a déjà restauré une péniche qui transportait du vin, « Les Deux Frères », qui gagnait toutes ses régates sur l’Étang de Bages. Soit mais que vient faire la proximité de Narbonne et Gruissan avec Agde et les bateaux ?
![]() |
Canal de la Robine 2000 Domaine public Author Wolfgang Bauer |
À Mandirac (entre nous, s’ils précisaient par rapport à l’écluse, au Petit ou au Grand Mandirac, ce ne serait pas plus mal ! de même qu’il n’y a pas une seule photo disponible sur wikimedia commons pourtant pas avare), il existe un type d’établissement exceptionnel, à savoir un chantier exemplaire d’insertion de charpenterie maritime, chapeauté par le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée. Avec la participation active de Pôle Emploi Narbonne, Yann Pajot, charpentier de marine, passionné depuis toujours par les vieilles coques, ouvre des centaines de perspectives dans les métiers de la mer, de la voile.
Lo_mas_sublime film muet 1927_pailebot public domain Author Enric Ponsa (died 1939) |
Après la Marie-Thérèse, barque de patron du Canal Royal (Toulouse 1855), les Deux-Frères (Banyuls 1911), voilier de la Société Nautique narbonnaise qui remporta tant de régates, le chantier a permis la restauration ainsi que la mise aux normes pour accueillir des passagers, du Miguel Caldentey, 2 mâts, 29 mètres, un pailebot à voiles au nom de son propriétaire, de 1916, actif jusqu’en 1972 pour finir, pourrissant au fond du port de Canet ; ces bateaux, longtemps à la voile, ensuite au moteur, étaient bons à tout transporter entre les îles Baléares, l’Afrique du Nord, le Maroc et pratiquement tous les ports de l’Andalousie à Marseille. Une vieille photo montre le Miguel Caldentey (1) rempli à ras bord d’oranges, quatre-vingt dix tonnes... de quand elles représentaient un trésor à forte valeur ajoutée et que ceux de ma génération, même s’ils ne l’ont pas connue, associent, dans leurs pensées, à l’orange de Noël racontée un jour, unique, magique car seulement, alors, manipulée par des mains de femmes en tant que marchandise, comme lors du transbordement des wagons à l’écartement français de Cerbère, l’orange cadeau de Noël, plus destinée à périr de sa « belle mort » sur la cheminée qu’à finir mangée... Pailebot de la dénomination anglaise « pilot’s boat », formé de la même façon que paquebot.
On peut dire aussi goélettes : La Santa Eulalia (1918), 3 mâts, 35 mètres de coque, fait la fierté de Barcelone où elle a été restaurée (se visite et navigue en saison le samedi le long de la ville) ; le Pascual Flores, 3 mâts, 34 mètres, aussi construit à Torrevieja (Costa Blanca, province de Murcia) vient de faire escale à Port-Vendres et était à Sète du 30 mars au 9 avril 2023.
Sur mer, les voiliers, sur terre, les chevaux, les bœufs, du vent, du muscle, de la force, tout un naturel qui, parce que le moteur a permis le toujours plus à une espèce humaine toujours plus avide, goulue, insatiable, toujours plus foisonnante à milliards, s’est mise à aller contre et non plus avec la Terre.
![]() |
film muet Lo_mas_sublime_1927_Pailebot_Joven_Paquito domaine public Author Enric Ponsa (died 1939) |
Non, non, pas des boniments au point de vous faire perdre le pourquoi du Mandirac narbonnais à Agde... Espère, espère, ce qui veut dire « attends, attends » dans la langue de nos pères... tout se résume en espérance... « L’ÉSPÉRANCE », nous y voilà, le dernier représentant des bateaux bœufs, datant de 1881, à l’instar des bêtes, objet, tant que c’est jeune et neuf, d’attentions, d’un respect parfois poussé, puis parce que vieux avec ce que cela suppose d’efforts, de contraintes, ou par égoïsme, voué à l’abandon par-dessus la jambe sinon dans l’inconscience de ce que cette attitude a de méprisable... trois années (2009-2012) dans la vase de l’Hérault à Agde où des laboureurs de la mer le lancèrent, 131 ans plus tôt ! Du chêne datant du XIVe siècle, d’avant 1400 !
O comme cela rappelle ce qui se passe avec notre rapport au passé : froideur jusqu’au défi, suffisance, arrogance crasse de mal dégrossis ennemis de toute culture, d’une agressivité révélatrice d’un complexe ; en face, heureusement, discrète mais déterminée, une force tranquille se cramponnant dans un bien-fondé, vectrice d’un travail de sape, surtout sans bloquer, sans provoquer en réponse aux provocations, sans rabaisser, ce qui reviendrait à se mettre au niveau de ce qui est combattu, vers une adhésion contre une ignorance mère de tous les maux.
« Dans le passé, regarder l’avenir » Boileau (2)
(1) Propriété conjointe de Port-Vendres et Argelès-sur-Mer, le Miguel Caldentey devrait représenter ces villes en été et refaire du cabotage en demi-saisons dans le cadre d’un renouveau du transport à la voile.
(2) Par contre, appréciant en cela Yourcenar, je ne suis pas Bossuet et Hugo dans ce qu’ils ont dit de péremptoire à propos du passé.
(3) Le chantier a déjà restauré une péniche qui transportait du vin, « Les Deux Frères », qui gagnait toutes ses régates sur l’Étang de Bages.