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mardi 9 mai 2023

BOBY LAPOINTE À LA MER.

Le piscénois qui a envie d’un bain de mer va au plus court, à Agde ; les plages qui se présentent en premier sont celles de La Tamarissière et du Grau-d’Agde.

Cette pénultième sur Boby Lapointe, trouvée vers 2005 à la bibliothèque municipale de Mamoudzou, du temps où on ne perdait pas au moins deux heures pour trente kilomètres dans les embouteillages. Tout le monde connaît l’originalité inventive de l’artiste piscénois, pas mal aussi dans la vie de tous les jours. 

Grande_Conque,_Agde,_Hérault  the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

Au milieu  de sa tribu qui profite de la mer, il s’est déguisé en grand-mère. Ils partent tous sur une barque, un peu au large ; voilà t’y pas que la jeunesse rit, chahute, balance et crie quand le nego-fol (littéralement un « noie les fous ») se renverse. Boby qui a été scaphandrier s’est débarrassé sous l’eau, de son attirail d’aïeule. Bien sûr, depuis la plage, alerté par le chahut, tout le monde regarde cette drôle d’équipe qui regagne le bord en tirant la barque renversée. Mais personne ne demande après la mamé ; Boby et ses complices plaisantent sur cette disparition, font quelques allusions mais rien. Dire qu’on ne se mêle pas des affaires des autres, c’est bien pratique pour faire passer une lâche tranquillité égoïste, déjà si bien partagée. Étonnant que personne n’ait réagi à moins que je n’aie fait l’impasse sur la fin de l’histoire !



Autre info qui aurait plu à Boby, la dernière cette fois, de quelques jours à peine, qui a obligé le maire d’Agde à trancher : le naturisme sera interdit cette année parce que les marchands de maillots en sont arrivés à devoir mettre la clé sous la porte et que l’activité met en péril les 1500 emplois du secteur. Comme on s’en doute, la nouvelle a aussitôt provoqué une levée de boucliers dans l’autre camp avec, en tête, les restaurateurs de la zone concernée. Les délégations ont demandé à être reçues. Elles ont même bénéficié d’un renfort inattendu, celui de la corporation des jumelles et monoculaires qui craint de perdre jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires. Obligées de revenir sur un arrêté trop directif, les autorités n’ont finalement imposé que le port du string dans la zone naturiste. La presse locale a relayé l’information dans son édition du 1er avril 2023.   

samedi 10 mars 2018

ENTRE SAINT-ANDRÉ-DE-SANGONIS ET PÉZENAS / Ô moun pais...


  Un pêcheur de coquillages tirant un tenillier à Saint-Pierre-la-Mer, à proximité du grau fermé en été de l'étang de Pissevaches. Un effort soutenu, d'un pied sur l'autre, à reculons, mais une traction douce et lente laissant longtemps un même champ de vision. Un prétexte, grâce aux éléments marquants du paysage et tout aussi bien à tout ce qui reste invisible, pour penser, méditer, rêvasser et aussi redessiner la trace des siens jusqu'à ceux de son espèce avec toute la liberté que permet l'imagination. 



Toujours à ses tenilles, notre pêcheur à pied pense, cette fois c'est à Saint-André-de-Sangonis où son père, alors au chômage, trouva heureusement une place de précepteur au château, auprès du fils de la comtesse avant qu'une opportunité ne s'ouvrît enfin pour lui au Brésil. La comtesse fut même contrariée qu'il n'emmenât pas Maxence… Mais c’est vrai qu’elle était un peu spéciale... se séparer ainsi de son fils…  



De là, les souvenirs descendent un peu plus en aval, à Pézenas, encore ramassée autour de sa collégiale[1], à l’écart du fleuve, mais qui a déjà fort à faire avec la Peyne, sa jolie mais si capricieuse rivière voire colérique avec ses aigats (épisode méditerranéen plutôt que cévenol) aussi fréquents que soudains. Pézenas toujours frémissante de son passé historique et qui en a gardé une animation vivifiante tant culturelle que commerçante. « Connaissance du Monde », les Mahuzier au Caucase au foyer des campagnes, c’était quelque chose pour un gamin de dix ans, avant la télé ! En haut du cours Jean-Jaurès, l’influx du changement pour une jeunesse exprimant inconsciemment son mal-être, lasse d’une société compassée mais comme poussée seulement par un instinct, sortait des juke-box avec Johnny, Sylvie[2], Frank, les Chats Sauvages pour les rythmes rock annonçant peut-être 1968 et surtout l’ambiance « Salut les copains » avec ces 45 Tours toujours nouveaux qui sortaient tous les mois tandis que la chanson française, toujours là, mutait bien obligée aussi, malgré ses valeurs sûres… 


A l’opposé, en descendant le Cours, avec les hôtels particuliers, l’allure grand siècle sous la perruque de Molière, Lulli scandant les pas de sa grande canne ne s’en formalise pas. C’est là qu’habitait Jacky Lapointe, le copain de classe qui ne disait rien du « Poisson fa »[3] de son papa mais qui, un jeudi, m’a emmené sortir le petit âne chez son papi, sous les pins du parc de la Grange Rouge alors en pleine campagne[4]… Il était calme, doux et gentil, comme Jacky… Etranges, ces coïncidences qui nous font retrouver la Comtesse de Ségur, Stevenson et Modestine, Francis Jammes, Hugues Aufray, Jacky et l’ombre de Boby Lapointe… Mémoire d’un âne… d'un petit âne, heureux, léger de ses malheurs passés, de la signature contrefaite sur le carnet de notes pour deux zéros en allemand, première langue obligée, suivie d’une fugue qui s’est bien terminée, c’est comme ça, après 70 kilomètres sur la dangereuse nationale 113…     

   
Parcourir son paysage familier, même en y retraçant son chemin de vie, c’est déjà révéler son ouverture aux autres, l’intérêt qui leur est porté. Le temps de soulever le tenillier, manière d’avoir une idée de sa pêche, avant de le poser dans l’autre sens, le laboureur de la mer s’apprête, comme pour un deuxième sillon, à forcer sur sa bricole. 

Labourer ? il faut le dire vite ; c’est à peine si une bande de sable est ameublie sur 2-3 cm attirant aussitôt des sars de petite taille comme le fait une terre fraîchement remuée avec les bergeronnettes. Labourer n’est pas charruer, cela dépend de la taille de la charrue suivant que le soc retourne jusqu’à vingt-cinq centimètres (entre quinze et vingt disons parce qu'il en est encore à la traction animale et qu'il plaint le cheval) ou que le versoir va trancher beaucoup plus profond pour arracher une vigne notamment… Qui a vu monsieur Guilhaumet derrière un chenillard, sous son éternel béret, perché à deux bons mètres du sol, au volant d’un soc géant pour voir de quoi il retourne ?

Aux tenilles, l’esprit reste libre de vagabonder, de divaguer quand la gouge du Cers sculpte le golfe vers le large de ses millions d’écailles. On n’a pas idée alors des chalutiers qui en sont arrivés à charruer les fonds marins et pire, de ces capitaines criminels qui viennent razzier, au petit matin, trop près de la plage, la faible profondeur (des herbiers ?), véritables nurseries pour nombre d’espèces…




[1] Les nouveaux quartiers des localités, quelle que soit leur taille, ont débordé sur la campagne
[2] Avec Patricia Carli, Micky Amline, des accents d’émancipation chez les filles…
https://www.youtube.com/watch?v=EeQnKdc9nls
[3] Robert Lapointe, Boby (1922-1972) qui, en 1960, 61 se fait remarquer avec les chansons Marcelle, Aragon et Castille.
Jacky Lapointe (1950-2008).
[4] Aujourd’hui les lotissements ont pris la place des vignes. 

Photo autorisée : 
4. La Peyne canalisée. Wikimedia Commons Auteur Christian Ferrer