Derniers pins de Périmont (Saint-Pierre-la-Mer)
Un témoignage en atteste, alors que, diminué
peut-être par l’absinthe, la "fée verte" ou "bleue" (6),
réfugié à Antibes : «... il parlait encore de la jeune fille que ses vingt ans
avaient aimée. Comme la vie est cruelle, disait-il à une amie. La mienne a été
un enfer!... J'ai ri... j'ai chanté, mais mon cœur a toujours pleuré!... Les
fêtes, les honneurs ne m'ont jamais manqué; mais il m'a manqué la famille!...»
(Anthologie de l’Amour Provençal /
Ernest Gaubert et Jules Véran Mercure de
France 1909 / http://www.cieldoc.com/libre/integral/libr0842.pdf).
Certes,
comme l’a si bien chanté Brassens « ... Jamais de la vie, on ne l’oubliera, la
première fille... » qu’on a prise ou non dans ses bras... mais Arène ne
regrettait-il pas surtout de n’avoir pas fondé une famille ? Quels qu’aient été
ses sentiments pour Naïs Roumieux, sans une nouvelle déception amoureuse avec
Jeanne Charcot (fille du professeur célèbre pour ses travaux sur l’hypnose) sa
vie aurait-elle suivi la même trajectoire ? D’autant plus que d’autres échos
laissent entendre que sa passion pour la fille Roumieux n’était pas partagée,
qu’elle prenait même un certain plaisir à se jouer de lui, demandant qu’il
écrive pour elle.
Paul,
certainement désarmé par un joli minois qui rougit, aurait dû se garder
d’interpréter cette gêne comme l’attirance réciproque qu’il désirait tant... Et
dire que Mistral aussi s’en était ému, dans d’autres circonstances, il est vrai
:
« A
MADAMlSELLO ANAIS ROUMIÉUX
(F.
Mistral)
Pèr
soun album
Coume
dins lou bacin qu’es i pèd de la
Maio,
Di
flous emperairis e flho dóu printèms,
Chacun
trais ço que pòu, un flourin o ‘no maio,
Pèr
avé dins sa vido un riset dóu bèu tèms.
Ansin,
damiseleto,
Dins
ta canesteleto
Aparo
aquest bonjour;
E
s’ai rèn autre à dire,
Es
crento que toun rire
Se
mescle de roujour.»
Anaïs
Roumiéux, madame Raquillet par son mariage, est morte à Barcelone, jeune
encore, en 1889.
(6) Était-ce
l’alcool et non cette folie qu’on attribuait à l’apéritif le plus prisé vers
1880, parce que cette idée reste liée à la consommation qu’en faisaient les
artistes dont Van Gogh, Rimbaud, Verlaine ? Paul Arène est mort d’un arrêt
cardiaque, le 17 décembre 1896, le front contre sa table de travail, sur une
nouvelle perdue en chemin, intitulée Le
Songe des Îles d’Or. Il n’avait pas 54 ans.
photo
autorisée : Van Gogh : La Crau
(wikipedia).
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