Ah ! Thau, l’étang unique que l’on découvre, en revenant de Montpellier, avec la montagne de Sète et la mer derrière le lido ! Surtout ne soyez pas rebuté par l’odeur de vase qui s’échappe parfois de ses rives car sa masse d’eau, des plus saines, se renouvelle régulièrement.
Unique, il l’est, à n’en pas douter, comparé aux autres étangs lagunaires du Languedoc-Roussillon... Lagune lui-même, mais profond de plus de 4,5 mètres en moyenne avec des fonds de dix mètres et aussi le gouffre de la Vise, celui de la source sous-marine à grand débit, à 32 mètres de la surface, le bassin de Thau occupe une cuvette calcaire, un synclinal. Si sa géographie et l’histoire de la présence humaine sur ses bords méritent mieux que cette brève présentation, l’exploitation qui en est faite est néanmoins susceptible de faire avancer notre affaire. Parce qu’en plus des moules et des huîtres, pour ne parler que des coquillages, le ramassage des palourdes et des clovisses rapporte (rapportait ?) économiquement.
Faut-il en parler au passé ou nous rassurer d’une réalité qui, si elle voit au cours des années 2000, fluctuer la ressource en clovisses, témoigne cependant de leur présence ? Du temps de la Deuxième Guerre Mondiale, d’après Paul Marres, volume 16 des Annales de Géographie (1947), les palourdes (Tapes decussatus) vivent dans le sable des "planières", ces plate-formes appelées "cadaules" ou "tòs" lorsqu’elles sont triangulaires, entre 2,5 et 4 mètres d’eau ; les clovisses (Tapes virgeneus), elles, se trouvent au fond, jusque vers 10 ou 11 mètres. Le ramassage de ces dernières se pratique depuis une nacelle (1) grâce à l’arselière, un râteau muni de dents, emmanché sur une perche de 7 mètres et prolongé par un filet tandis que les palourdes se pêchent en plongée avec une sorte de griffe à trois dents. L’auteur précise par ailleurs que ce ramassage de coquillages sauvages, existant aussi pour les moules et les huîtres, à l’aide d’un grappin, fut remplacé par l’élevage des moules et des huîtres à partir de 1920.
Le site https://archive.org/stream/annalesdumused05mus/annalesdumused05mus_djvu.txt (Annale Musée de Marseille vers 1899) précise :
« ... Prises avec l’arselière, les clovisses (ou arseli) sont mises dans des banastes en osier. Les plus courantes sont Tapes petalinus et Tapes aureus ; decussatus s’enfonce davantage sauf en juillet et août suite au réchauffement des fonds.
Ce sont les plus communs et leur abondance est vraiment prodigieuse... /... entre Marseillan et Mèze jusqu'à l'Abysse (autre nom du gouffre), par 3-7 mètres de profondeur. Les vases qui se trouvent en avant du canal des bordigues sur l'étang des Eaux blanches, ainsi que ce canal lui-même, donnent également lieu à une exploitation assez importante...»
Sur la page « Musée scolaire Deyrolle / Histoire naturelle de la France / 6ème partie mollusques par Albert Granger » (2) nous pouvons lire que les clovisses sont du genre Tapes dissocié du genre Venus à cause d’une différenciation certaine concernant les « coquille, charnière, sinus palléal, byssus, manteau, siphons assez courts ».
Ces coquillages édules (edulis = mangeable ?), appelés «clovisses » «... vivent enfouis dans le sable et la vase... /... mais le véritable centre de production est l’étang de Thau ; tout un quartier de la ville de Cette, situé au bord de l’étang, nommé la Bourdigue, est habité par les pêcheurs de clovisses. Chaque matin une flottille de barques part de ce quartier et sillonne l’étang de Thau : chaque barque est montée par un homme qui se tient à l’avant, muni d’un râteau en fer, garni de dents et auquel est adapté un long manche : à ce râteau qui remplace la drague, est fixé à un filet à mailles très fines : le pêcheur drague pendant quelques minutes dans la vase et remonte son appareil : le filet, qui est rempli de vase, renferme en même temps une certaine quantité de clovisses qui sont triées au moyen d’un lavage et déversées dans la cale du bateau. Au retour, les pêcheurs séparent les Mollusques par grosseurs, et en remplissent les paniers qui sont expédiés dans toutes les directions. On peut dire que les clovisses sont estimées sur les côtes du Roussillon et de la Provence à l’égal des huîtres, et la modicité de leur prix les rend accessibles à toutes les tables.
On en trouve plusieurs espèces sur les côtes de France. Tapes decussatus (Tapes croisé) / Tapes pullastra et la variété perforans, Tapes virgeneus et variétés floridus et cateniferus, texturatus, petalinus, bicolor.
La Tapes aureus se distinguant par un jaune doré à l’intérieur des valves et blanches, vertes, rougeâtres, bleues ou d’un beau violet (beauté de coquillages pourtant si communs). Ce tapes pullule dans l’étang de Thau. »
Faut-il en parler au passé ou nous rassurer d’une réalité qui, si elle voit au cours des années 2000, fluctuer la ressource en clovisses, témoigne cependant de leur présence ? Du temps de la Deuxième Guerre Mondiale, d’après Paul Marres, volume 16 des Annales de Géographie (1947), les palourdes (Tapes decussatus) vivent dans le sable des "planières", ces plate-formes appelées "cadaules" ou "tòs" lorsqu’elles sont triangulaires, entre 2,5 et 4 mètres d’eau ; les clovisses (Tapes virgeneus), elles, se trouvent au fond, jusque vers 10 ou 11 mètres. Le ramassage de ces dernières se pratique depuis une nacelle (1) grâce à l’arselière, un râteau muni de dents, emmanché sur une perche de 7 mètres et prolongé par un filet tandis que les palourdes se pêchent en plongée avec une sorte de griffe à trois dents. L’auteur précise par ailleurs que ce ramassage de coquillages sauvages, existant aussi pour les moules et les huîtres, à l’aide d’un grappin, fut remplacé par l’élevage des moules et des huîtres à partir de 1920.
Le site https://archive.org/stream/annalesdumused05mus/annalesdumused05mus_djvu.txt (Annale Musée de Marseille vers 1899) précise :
« ... Prises avec l’arselière, les clovisses (ou arseli) sont mises dans des banastes en osier. Les plus courantes sont Tapes petalinus et Tapes aureus ; decussatus s’enfonce davantage sauf en juillet et août suite au réchauffement des fonds.
Ce sont les plus communs et leur abondance est vraiment prodigieuse... /... entre Marseillan et Mèze jusqu'à l'Abysse (autre nom du gouffre), par 3-7 mètres de profondeur. Les vases qui se trouvent en avant du canal des bordigues sur l'étang des Eaux blanches, ainsi que ce canal lui-même, donnent également lieu à une exploitation assez importante...»
Sur la page « Musée scolaire Deyrolle / Histoire naturelle de la France / 6ème partie mollusques par Albert Granger » (2) nous pouvons lire que les clovisses sont du genre Tapes dissocié du genre Venus à cause d’une différenciation certaine concernant les « coquille, charnière, sinus palléal, byssus, manteau, siphons assez courts ».
Ces coquillages édules (edulis = mangeable ?), appelés «clovisses » «... vivent enfouis dans le sable et la vase... /... mais le véritable centre de production est l’étang de Thau ; tout un quartier de la ville de Cette, situé au bord de l’étang, nommé la Bourdigue, est habité par les pêcheurs de clovisses. Chaque matin une flottille de barques part de ce quartier et sillonne l’étang de Thau : chaque barque est montée par un homme qui se tient à l’avant, muni d’un râteau en fer, garni de dents et auquel est adapté un long manche : à ce râteau qui remplace la drague, est fixé à un filet à mailles très fines : le pêcheur drague pendant quelques minutes dans la vase et remonte son appareil : le filet, qui est rempli de vase, renferme en même temps une certaine quantité de clovisses qui sont triées au moyen d’un lavage et déversées dans la cale du bateau. Au retour, les pêcheurs séparent les Mollusques par grosseurs, et en remplissent les paniers qui sont expédiés dans toutes les directions. On peut dire que les clovisses sont estimées sur les côtes du Roussillon et de la Provence à l’égal des huîtres, et la modicité de leur prix les rend accessibles à toutes les tables.
On en trouve plusieurs espèces sur les côtes de France. Tapes decussatus (Tapes croisé) / Tapes pullastra et la variété perforans, Tapes virgeneus et variétés floridus et cateniferus, texturatus, petalinus, bicolor.
La Tapes aureus se distinguant par un jaune doré à l’intérieur des valves et blanches, vertes, rougeâtres, bleues ou d’un beau violet (beauté de coquillages pourtant si communs). Ce tapes pullule dans l’étang de Thau. »
En conclusion, si la clovisse et la palourde se ressemblent au point qu’on les confonde souvent, les prix au kilo de ces coquillages ne laissent aucun doute : la première reste plus abordable que la seconde (7 € en moyenne au lieu de 18 sinon davantage). Disponibles sur l’Internet, des archives diverses font état de prélèvements (http://www.bouzigues.fr/musee/francais/etang-thau-2.html / Source documentaire : fiche technique d'étude du milieu "l'étang de Thau" / Les écologistes de l'Euzière - Prades-le-Lez) :
Productions des gisements naturels (en tonnes) :
1962 1965 1968 1971 1974 1977 1980
Huîtres 48 14 440 164 72 1 13
Moules 34 573 317 360 210 1,5 5,6
Palourdes 132 109 256 146 282 172 277
Clovisses 355 328 612 255 23 8,5 20
(1) petit bateau à rames, sans mât ni voile.
(2) Albert Granger (1837 - 1911) et le livre daterait peut-être de 1886.
photos autorisées commons wikipedia
Productions des gisements naturels (en tonnes) :
1962 1965 1968 1971 1974 1977 1980
Huîtres 48 14 440 164 72 1 13
Moules 34 573 317 360 210 1,5 5,6
Palourdes 132 109 256 146 282 172 277
Clovisses 355 328 612 255 23 8,5 20
Plus proches de nous (2006), ces chiffres sur la pêche dans d’autres étangs du Languedoc, confirment les prix (http://www.cepralmar.org/documents/suivi-de-la-peche-aux-petits-metiers/SuiviPM%202006.pdf) :
Étang du Prevost / 2 bateaux / plongée / 3 tonnes de clovisses à 4€/kilo en moyenne / CA 12000€. (des entrées de sable dans l’étang ont engendré des difficultés pour la pêche des palourdes et des clovisses).
Étang d’Ingril / 5 bateaux / arceillère / 5 t. 3.8€ moy kilo / CA 19000€
Plus au sud on ne trouve que des palourdes :
Étang de Gruissan / pêche à pied de printemps à la palourde 6 navires, 3t., 11€kilo = CA 33000€ (problème de petite taille).
Étang du Grazel / à pied, plongée / 15 navires : palourdes (mars à déc) 4T. 12€kil, CA 48000€.
Étangs de l’Ayrolle et de Campignol / pêche à pied, plongée / 15 bateaux / déc à sept/ 2.5 t palourdes 15€kilo moy., CA 31500€ / problèmes dus au braconnage.
(1) petit bateau à rames, sans mât ni voile.
(2) Albert Granger (1837 - 1911) et le livre daterait peut-être de 1886.
photos autorisées commons wikipedia
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