vendredi 11 septembre 2015

SOUCIS ET MALHEURS D’UN PÊCHEUR DU GOLFE (VIII) / Fleury d'Aude en Languedoc

« Et oui, tu vois, je faisais la traîne l’été et l’étang l’hiver, pratiquement la moitié de l’année pour chaque pêche...
- Le poisson se vendait bien ou sont-ce les mareyeurs qui en tiraient le plus grand profit ?
- Faut pas chercher à comprendre... les mareyeurs ils t’attendent... comme celui de la Nouvelle... Je lui demande s’il prend les crevettes, tu sais, les crevettes grises. Il me dit “écoute, si tu me les fais cuire, je te les prends !” On était à la Nautique, on avait un baraquement  avec une gazinière et même une cuisinière à bois. Un jour, pour te dire, j’avais fait cuire quatre-vingts kilos, eh, de crevettes... Je les amène... Tu as vu les sous toi ? Je les attends encore...
- C’est un voleur alors ?
- Oh, oh...
- On ne peut pas le dire comme ça ?
- Et non, et non...
- Un drôle de lascar quand même ! Sûr qu’il les a vendues ! Et dire qu’il venait à Fleury...
- A Fleury ?
- Oui, même que l’appariteur clamait “ La sardine Tiaide est sur la place !” et qu’un ami de Trausse avait bien fait rire mon père en s’étonnant “Es uno especialitad d’aici ? ”. 


 - J’ai eu travaillé avec le père... lui était un gangster... “ Tu peux venir avec moi ?” qu’il me dit un jour. Je devais avoir 14 ans ; il avait une espèce de camionnette ; on va à Palavas. A l’époque, je sais pas si tu en as entendu parler de ça, y avait la “seinchole” (1), au mois d’août... comme ça, les thons venaient au bord, les barques les encerclaient, ils prenaient parfois 30, 40 tonnes de thons !.. Eren partits amé Justin et le temps que le type tournait le dos, il lui a piqué trois thons de 23-24 kilos comme ça, zaou, de par terre à la camionnette ! 
- Tu sortais en mer aussi ? 

- Oui mais je suis resté au sardinao (2), on faisait le sardinao et le thon... Ton oncle, lui, était au lamparo...
- C’est vrai qu’il m’a eu donné du poisson, à quai, quand il rangeait et nettoyait encore à bord...
- Enfin, laisse tomber Yves, songeur : c’est le pêcheur qui se la donne et toujours l’intermédiaire qui ramasse. »
C’est vrai qu’entre la confiscation des ressources par les grosses unités prédatrices (chalutiers, thoniers) (3), la toute puissance des mareyeurs, sans parler de la pression des touristes rois, du bétonnage des côtes, des pollutions successives, des "changements climatiques”, et j’en passe, la grande majorité des petits métiers a logiquement disparu quand les pêcheurs comme Yves ont pris la retraite.

(1) certainement en rapport avec la seinche (Littré 1874), l’encerclement des thons à Palavas.
http://fpmm.net/wp-content/uploads/2014/09/FPMM-Palavas_specimen.pdf
Pour un ancien de Victor Hugo, comment ne pas penser à monsieur Sinsollier, surnommé “Sinsolle”, qui nous fit aimer l’Histoire (pour moi, plutôt la géographie). Et ne me dîtes pas que, contigue aux anciens ateliers de mécanique encore marqués de cambouis où Salant et Guionie nous faisaient voltiger (enfin, il faut le dire vite...) sur les barres parallèles, la salle (qui fut aussi celle de la prof de musique), éclairée seulement par une verrière au plafond, ne laissait pas d’autre possibilité d’évasion... 


(2) nom du filet à sardines.
(3) quand je pense que les gros prennent impunément des dizaines de milliers de tonnes, notamment au large de la Libye, et qu’Yves, lui, a été contraint de brûler les barques construites de sa main ! L’égalité de traitement par l’administration “ ne vaut pas mieux qu’au siècle de Louis le quatorzième... “Suivant que vous serez puissant ou misérable...". Pire encore concernant la complicité des instances européennes... Un repenti de la pêche industrielle n’a-t-il pas déclaré : " Quant aux inspecteurs de la Cicta montés à bord, s'ils n'ont rien vu, c'est qu'un "paquet de cigarettes suffit à les acheter".”
http://www.lepoint.fr/actu-science/thon-rouge-les-revelations-fracassantes-d-un-pecheur-repenti-09-11-2011-1394264_59.php 
voir aussi http://www.midilibre.fr/2015/09/02/chalutiers-c-est-la-fin-de-l-hemorragie,1208127.php même si nous voulons insister sur une "hémorragie" plus préoccupante...

photos : 1. pêche au thon / Tunisie 1910. 2. Vela latina Par Joan Sol from Premia de Mar, el Mediterrani (Yvonne2) via Wikimedia Commons. 3. carte Palavas : auteur :"Map commune FR insee code 34192

mercredi 9 septembre 2015

COLLABO ? CONFESSIONNEL ? RACISTE ? BOURREAU ? N'EN JETEZ PLUS ! Rythmes scolaires

Encore et toujours la réforme des rythmes à Mayotte
Dans la confiance aveugle que nous portons à nos chers dirigeants dévoués, nous nous devons de collaborer positivement aux efforts aussi réfléchis que sans limites du vice-rectorat et de la préfecture.
Note : inutile de prendre l’accent chinois, Mao a quitté ce monde depuis des lustres...

Dans ce cadre, et pour hâter l’avènement d’une France radieuse, nous proposons une journée type de l’enfant, respectueuse des rythmes que nous préconisons...
Note : pour son bien, cela va sans dire :

5h lever.

5h 30 à 6h 30 école coranique.
Note : arrêtons de dramatiser ! les coups de badine ou de fil électrique du foundi religieux, au même titre que les calottes des instituteurs n’ont jamais tué personne !

7h-15h (et pourquoi pas 16 heures ?) école :
-la collation prévue sera prise sous le préau comme l’a intelligemment proposé le député Boinali (1), puisque les enfants ont l’habitude de manger par terre et que la poussière de kusi ou la boue de kashkazi (2) valent mieux que le gel et la neige en métropole.
Note : ladite collation (3) ne devra surtout pas alourdir la digestion de la progéniture devant encore puiser dans ses ressources intellectuelles.

                   Collation à Sada.

Le périscolaire, l’extrascolaire, ne se limiteront pas à de la garderie ! Dans le cadre des PET de la mairie (voir articles précédents), en effet, les langues maternelles seront proposées aux enfants : shinzouani (anjouanais), shingazidja (comorien), shimaoré (mahorais) et kibushi (malgache de Mayotte) (dans l’ordre décroissant du nombre de locuteurs).
Note : cette journée pourrait s’étoffer d’une heure supplémentaire (sans avoir à faire les PET dehors) avec le cours d’arabe, une proposition très récente et ô combien clairvoyante des décisionnaires mais que devraient applaudir aussi les condisciples de l’Intérieur, avec une marmaille moins susceptible d’alimenter les chiffres de la délinquance.

Entre 16 et 19 heures, l’enfant (même celui qui doit récupérer de ses kilomètres en brousse ou dans le danger de la circulation, disposera du temps nécessaire pour se doucher, se restaurer avant une bonne nuit de sommeil.
Note : en bonus, les parents responsables pourront vérifier si les devoirs ont été faits... Pour faire réciter les tables de multiplication, néanmoins, et malgré le risque potentiel de cauchemar, il vaudra mieux attendre que l’enfant soit couché.

Heureux enfants des îles à qui nous volions des heures, nous direz-vous merci un jour ?
Note : les efforts réfléchis et constants de nos chers dirigeants dévoués n’empêchent pas l’autocritique. Ainsi un de leurs leitmotivs, un temps ressassé, consistait à affirmer que l’école républicaine de Mayotte « devait » parce qu'elle « volait » même des heures à ses enfants bien aimés. Ainsi, à moins que la subtilité de l’argument ne m’échappe, les 24 heures hebdomadaires à Mayotte différeraient des 24 heures de Trifouillis-les-Oies... Argutie fallacieuse s’il en est !
Note de la note : attention de ne pas dire «mensonger», du moins de la part d’un Noir à propos d’un Blanc, parce qu’une inspectrice Blanche (suspendue à titre conservatoire) aurait traité des Noirs de « menteurs » et que cela relèverait de « propos racistes » !  (affaire instruite actuellement)   

Heureux enfants de toutes les couleurs, des îles et des quatre coins de l’hexagone, vous ne nous direz pas merci pour la pétaudière que nous vous léguerons... Et vous aurez bien raison !!!

(1) l’ex-meneur virulent de la lutte contre la vie chère (troubles, île paralysée pendant un mois) a bien su faire fructifier son rôle de leader pour se faire élire à l’Assemblée, changeant de “paradigme” (pour reprendre un de ses mots préférés), phagocyté même par sa fonction nationale, au point d’œuvrer avec les “sinistres crétins” contre l’intérêt de Mayotte...
(2) respectivement la saison sèche et celle des pluies.
(3) la différence entre les collations disent bien que faire du fric (Sada / photo 1) prévaut sur le bien-être des enfants (Tsararano photo 2), une commune pourtant sans maire (annulation des élections) qui propose déjà une collation plus que convenable (photo 3) alors que les parents n'ont pas encore eu à cotiser. Bravo !