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vendredi 5 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO II / Clovis Roques

Si vous avez trouvé quelque chose sur Clovis Roques, votre contribution sera la bienvenue ! 

Si ça vous dit de proposer une traduction du conte, n'hésitez pas non plus ! 

Si vous estimez normal que ce soit l'instigateur qui s'y attelle, je promets si vous êtes au moins dix à le demander... Vous êtes une petite centaine, tous les jours, à partager le voyage, aussi mystérieux qu'inconnus... mais un joli proverbe ne dit-il pas qu'un inconnu n'est qu'un ami qu'on ne connait pas encore ? 

Page 195 de l'Antoulougio (1), la suite du conte. Alors que les parents, partis pour la messe de minuit, pensent laisser le petit à ses rêves... 



 


(1) Antoulougio Escoulario de Lengadoc, Roudès 1931, Ediciu de la Mantenencio de Lengadoc... 

"... Qu'un pople toumbe esclau
Se ten sa lengo, ten la clau
Que di cadeno lou deliuro." 
MISTRAL.

photo autorisée commons wikimedia : 
Fabrication d'un sabot en bois - étape 5. Author Thesupermat

mercredi 3 janvier 2018

NADAL D’ARIEJO / Clovis Roques



Jan, carbouniè bravas, trigoussant la misèro,
Venguèc, loungtemps i a, mountar sa carbougnèro
Dins les bosques de Verdoulet ; loungtemps i a !...
Asclavo, cado journ, le fach (1), l’acacia,
E les casses (2) fèlhuts ambe las camos rancos.
  

Avio bastit l’oustal de riplouns e de brancos,
Al rans del gran camin Toulouso-Verdoulet.
Dins la negro fourest demouravo soulet,
Ambe sa moulhè Jano e Janou soun mainage :
La femno èro valento e le drolle èro sage.
Plan que gagnèsso prim en trimant coumo ‘n gus
Vivio de soun mestiè sense dure à digus.
Jano fasio la soupo, asugavo à la molo.
Le menut cado jour s’en anavo à l’escolo.
Le dimenje vengut, per se cambia l’imour
Escoutavon la messo e’n pessic de sermoun
E la vido courio sense gauch, sense fèsto,
Tristo e pauro es vertat, proun magro mès ounèsto
…Aquel an le carboun s’èro vendut milhou :
Jano ne proufitavo e tout cop un talhoun
De bouno carn de biou gourgoulavo dins l’oulo.
La sièto, per soupar, se metio mès coumoulo
E l’annado esten bouno, avion pouscut croumpar
Dos aucos, qu’a Nadal, segur, sense troumpar
Per que venion fort plan redoundos, grassos, frescos,
Proumetion de coufit al mens dos plenos descos.
E Jan, en i balhant calque pugnat de mil,
A soun Janou disio : « Cresi qu’oungan moun fil,
Pe’l Sant Journ de Nadal, faren un bricou fèsto !
Aquestè aujan proufito e semblo à punt de resto,
Pouiren tastar le fege e’n platoun de sanquet.
Floucaras nostro taulo am ‘un poulit branquet
De l’agréu le pus bèl, cargat de roujos granos,
Debrembaren atal las maridos semmanos,
Un boun moument ne fè passar forso doulents !..
  


Aquel ivèr fusquèc afrous : la nèu, les vents
Que dins le mendre trauc butavon la tourrado,
La tempèsto de jèl, de glaço, la trumado.
… Moustèlos e taichous, mandros, loups e singlas (3)
Annavon arrincar la carrogno al courbas (4),
Dins les camps, e roudar la nèit, proche las bordos,
Per panar mespresant trapadèlos e cordos,
La galino ou loe piot, le cabrit ou l’agnèl…
Un sèr que las nivouls amagavon le cèl,
Que l’auta, en idoulant, fasio tièular las baucos,
Un vièl loup adalit escanèc las dos aucos
Del carbouniè bravas, aqui stant las manjèc,
Sus la plaço dichant las urpos e le bèc…
Fuscèc un journ de dol per touto l’oustalado, (à suivre)
 
(1) fayard, hêtre.
(2) chêne blanc ou vert.
(3) belettes et blaireaux, renards, loups et sangliers.
(4) corbeau 

crédit photos commons wikimedia : 
1. Charbonnière en cours de préparation à... Cuba Author Ji-Elle
2. "Mes oies de Toulouse" Auteur "Moi avec mon portable"

mardi 3 janvier 2017

BONS VŒUX POUR 2017 / Vœux en Occitanie


Si on entrait dans la nouvelle année le 25 décembre (c'était le cas sous Charlemagne et les vœux sont encore souvent exprimés à Noël en Provence) (1), la date a pu varier pratiquement jusqu'au 1er avril.

Quelques souhaits exprimés pour le nouvel an :

" Bona annada
Plan granada
De plan maitas acompanhada "  

« Vous soueti la bouno anado Dé pla acoumpanhado »
Lou souc de Nadal

" Bonjorn e bon an nou !"

" Bona e urosa annada "

" Bona annado, pla granado !"

" Bona annada de forças autras acompanhada !"

"Bonjorn e bona annado melhora que la passada !"

" L’an que ven es un brave ome que promet tot ço qu’om vol. cadun pren e cadun dona, bona annada e bon an nou. "

" Per tant pichonet que siogesse, ie ei passat pel pont malgrat le fret e la torrada per vos souetar la bona annada."

   Celle ou celui qui recevait les souhaits répondait parfois d'une formule facétieuse, en
manière de plaisanterie ou de familiarité :
" Ieu, soi de Carcassona,
Qual me la soèta
Me la dona !"
Moi, je suis de Carcassonne,
Qui me la souhaite
Me la donne !
   Puis il donnait une friandise ou une petite pièce de monnaie et les enfants prenaient congé
en souhaitant les meilleures choses du monde :  

"Que l'an novèl
Vos siaga encara pus bèl !
Que l'an nouveau
Vous soit encore plus beau !

Qu'ajètz de blat
Duscas al teulat !
Que vous ayez du blé
Jusqu'au toit !

Qu'ajètz tant de drollons,
Coma de plècs als cotilhons !"
Que vous ayez autant d'enfants
Que de plis aux jupons !

Il arrivait parfois que la personne visitée et honorée soit des plus pingres. Si elle ne
donnait rien en échange de leurs voeux, les enfants marmonnaient entre leurs dents :
"Que la foira t'escane
Tota l'annada !"

Que la diarrhée t'étouffe
Toute l'année !

"Que lu chiol te pruse
Coma un sac de piuzes !" (2)

Que le cul te démange
Comme un sac de puces !

De nos jours, au moment de trinquer au nouvel An, les anciens disent souvent :
A l'An que ven
Se sèm pas mai,
Que siaguèm pas mens !

(1) Marcel Pagnol fait dire à Lili, son copain des collines : " A l'an que vèn, si sèn pas pus que siogessen pas mens !" À l'année qui arrive, Si on n'est pas plus, Que l'on ne soit pas moins
(2) les Chevaliers du fiel rajoutent (dans l'esprit)"... et que ton bras trop court t'empêche de te gratter !" 



photo autorisée 1 fragon ou petit houx (wikipedia) aut Fritz Geller Grimm
2 diplotaxis fausse rouquette derrière le moulin de Fleury.  

samedi 24 décembre 2016

Une étoile filante de Noël voulue par Jean Camp / Noël en Languedoc

De Jean Camp, notre voisin, l'auteur sallois du magnifique poème le Doublidaïre (il a aussi écrit des pièces de théâtre et "Vin Nouveau", un roman), j'avais noté quelques vers écrits pour Noël :

"Bèl Nadal, me fas rebastraire
Se lo Bon Dieu m'avia causit
Auriai volgut faire, pecaire,
Davant lo monde estabosit,
De nostre Sénher, un vendemiaire
Se lo Bon dieu m'avia causit."

Dans la grande diversité des santons, la vendangeuse existe sûrement mais que le porteur d'espérance né la nuit de Noël soit un vendangeur dans l'âme de Jean Camp, sûr que le monde en eût été estabousit, complètement éberlué, l'autre énigme résidant dans le mystérieux regret répété "Se lo Bon Dieu m'avia causit."

BON NOËL aux cœurs et aux âmes qui, pour toujours rester timides et discrets, n'en demeurent pas moins fraternels.     

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=59152

mardi 13 décembre 2016

DE LIMOUX à PARAHOU-le-PETIT (André Galaup) / Terres d'Aude

Voilà un an que j'attendais de parler, de remémorer cette histoire de Panfilo et de sa jument Magloire. Le vent pénétrant des Hautes Corbières sous les tourbillons de neige, l'ambiance des gros bourgs se préparant aux réjouissances de Noël me font toujours tant frissonner de bonheur que j'imagine sans peine, après la nuit et le froid, les images rassurantes de l'homme tapant des pieds sur son seuil puis se frottant les mains devant la cheminée aux flammes plus vives qu'à l'habitude.    
Nous devons cette jolie histoire de Noël à André Galaup de Limoux, devenu écrivain à la retraite, inspiré, enchanté par son pays, en remontant l'Aude vers les Pyrénées. 

Il faut dire que le voyageur qui ne fait que passer est déjà charmé par les paysages, tant naturels qu'humains. S'il s'attarde un peu, pour la Blanquette, les carnavals, le château de Joyeuse, les bains (et la limonade !) d'Alet, la fête du cochon à Laval (1), les chapeaux ou le formica, le charme agit, les bonnes raisons d'y revenir ne peuvent que se multiplier. Notre voyageur (ne le confondons pas avec un touriste ordinaire...) peut penser aussi que ces contrées si riches et diverses doivent assurément transcender une proportion certaine d'êtres, natifs ou adoptés, qui, nourris à ces sources, poursuivent l'écriture d'un livre dont les chapitres racontent une histoire vieille d'au moins deux mille ans.


Les générations n'y suffisent pas : il y aura toujours quelque chose à découvrir, quelque énigme à déchiffrer concernant une région aux paysages si divers, remplie d'Histoire, de richesses, de mystères propres à nourrir les fantasmes les plus fous (2). La vallée, en remontant, continue de drainer des pays jadis aussi enclavés que fermés (le Trou du Curé, le défilé de Pierre-Lys, ne permirent le passage vers les Pyrénées, le Fenouillèdes et le Roussillon qu'à la veille de la Révolution !) mais au renom dépassant les frontières (3).    

Tel le bavard de service prenant trop de temps pour présenter une œuvre qui n'est pas de lui, je vous ai assez ennuyés avec mes raisonnements. Sans attendre davantage, suivons la jardinière de Panfilo et de la jument Magloire entre Limoux et Parahou-le-Petit.  

http://rennes-le-chateau-en-quete-de-verite.e-monsite.com/accueil/page-46.html

(1) Nous demanderons à monsieur Reverdy de bien vouloir l'évoquer... 
(2) Autour du trésor des Wisigoths, des Templiers, des Cathares, des seigneurs frappant fausse monnaie, de l'abbé Saunière, de la quête des nazis, de la visite du futur Jean XXIII, sans parler des fèdos ou des lutins Bug et Arach, plus familiers...   
(3) du Razès et du Kercorb bien sûr ! 

Pour ceux qui rechignent à multiplier les clics et les ouvertures de pages : 

DE LIMOUX A PARAHOU-PETIT
                                                         AVEC PANFILO ET SA JUMENT « MAGLORIA»

 
     La veille de Noël tombait cette année là un vendredi. Jamais on n'avait vu autant de monde au marché de Limoux. Les auberges avaient fait le plein. De tous les villages, de toutes les fermes, les gens étaient venus faire leurs emplettes.

   Dans cette foule, il y avait un nommé Panfilo, demeurant une  ferme située dans les parages de Saint Louis de Parahou. Fidèle à la mode des bouviers de son petit pays, il avait revêtu une belle blouse et portait un mouchoir autour de son cou.
1-7.jpg   Avec sa jardinière et sa jument, il avait descendu deux sacs de maïs, quelques chapons, des canards gras et une dizaine de foies gras. Avec le produit de la vente, il acheta quantité de provisions, de bonnes choses, des tourons et quelques bonnes bouteilles de blanquette et de vin  Anne de Joyeuse. Assez de vivres pour passer un bon Noël et rester bien au chaud si la neige venait à assiéger pendant plusieurs jours.
Ayant beaucoup de chemin à faire, de bonne heure, c'est à dire, en début d'après midi, Panfilo attela « magloria » (sa jument) qu'il avait laissée dans une étable du côté de la place au bois et quitta aussitôt Limoux.
 Dans l'étroit d'Alet de lourds nuages gris écrasaient les montagnes. Quelques flocons de neige venaient choir sur son capuchon, sur les oreilles et la croupe de « magloria ». Deux ou trois petits coups de fouet, la bête prit le petit trot. Ainsi on gagna Couiza.
 Panfilo et son attelage auraient bien pris la grande route directe : la voie romaine de grande communication Carcassonne Roussillon par Rennes-le-Château, le Carla, le Bézu. Ils se seraient arrêtes à l'auberge de la Jacotte où en cette veille de Noël, il devait y avoir bonne compagnie. Puis, par les Tricoires et le col du Moulin à Vent il aurait pu regagner sa ferme près de Parahou Petit. Mais il fallait que Panfilo passe par Rennes-les-Bains pour charger des choses à remonter.
 Tombée de bonne heure, la nuit enveloppait la station thermale et la neige en flocons plus gros recouvrait le sol de quelques centimètres déjà, lorsque Panfilo arriva aux Bains de Rennes. A la lueur de la lanterne, il attacha sa jument à un arbre sur la place et alla rapidement manger un morceau dans la salle du café-auberge ou régnait une atmosphère de rires sonores.
  Demi-heure après :hi !hi ! « magloria ». L'attelage repartait. Par un froid aussi vif, on ne pouvait rester longtemps assis sur une voiture. D'autre part, la neige tombant plus drue et à gros flocons, la marche devenait de plus en plus pénible. La lanterne n'éclairait qu'à une paire de mètres . Là haut, sur le plateau du mas, le vent secouait les buissons. Les arbres s'agitaient prenant les apparences de grands fantômes de la nuit. Au pont du Caïram, la jument s'arrêta net.
  Rien à faire, « magloria » ne voulait plus avancer. Levant le fanal, Panfilo éclairait au-devant de la jument. Brrr ! Un cercueil, en plein travers, barrait la route. Panfilo fut saisi de frayeur. Ses dents claquaient. Il fallait aviser. S'armant de courage, il déplaça le cercueil. Jument et jardinière passèrent. Après quoi, il remit à nouveau le cercueil en  travers de la route. De l'intérieur une voix se fit entendre:
 «  As pla faït de me tornar en plaça, sinon éres mort » (tu as bien fait de me remettre en place, sinon tu aurais été mort).
  Il paraît que beaucoup de voyageurs attardés vivaient la même scène en passant au pont de Caïram.
2-1.jpg Un peu plus loin, avant d'arriver à Bugarach, au ponceau du Rec-des-Fangots, Panfilo entendit des chaînes ? Du fouet, il hâta le pas de la jument.
  A nouveau, après Bugarach, en  passant sous le Pic et les parages du Lauzadel, au pont de Rouffet, Panfilo entendit à nouveau des bruits de chaînes. Cela se produisait souvent dans ces parages hantés. Ces bruits de chaînes dans le silence ouaté de la neige lui remirent en mémoire des choses qui s'étaient passées l y a fort longtemps sur le plateau du « Trauc de la Reilha ».
 Ce pays se situe entre 750 et 800 mètres d'altitude où se joignent les lmimites territoriales de quatre communes. Là, se souvint Panfilo, un homme avait perdu son épouse. Il l'avait portée au cimetière. Or, animé par l'esprit de malfaisance, un voisin revêtu d'une longue chemise blanche flottante venait en agitant et en traînant des chaînes, par les pâturages de nuit, faire peur au veuf . Ce dernier pensait que sa femme revenait lui rendre visite. Lassé et ulcéré par ce manège, il s'écria un soir :
« Mafisa té qui si té torni portar al cimentéri, tornaras pas ». (méfie-toi que si je te ramène au cimetière, tu n'en reviendras pas).
  Le fantôme continua sa pantomime. Le veuf s 'arma d'une fourche, se rua sur le revenant, l'embrocha et le transperça. Panfilo se souvint aussi d'une autre histoire arrivée durant la guerre de 1914-1918. Le propriétaire d'une ferme des parages du Trauc-de-la-Reilha mourut. Hélas, le menuisier de Bugarach était mobilisé. Personne pour faire le cercueil. On monta de la ferme de Linas, une caisse servant à mettre les jambons, les caisses de conservation des jambons ont généralement une forme de cercueil avec toutefois un peu plus de profondeur. Dans cette caisse à jambons ; on enferma la défunte . Avec des vaches et la charrette du domaine du Capitaine, on descendit jusqu'à l'église. Mais le curé était également mobilisé. A défaut de prêtre, un jeune séminariste de Bugarach qui portait déjà la soutane revêtit les ornements du prêtre mobilisé et officia dans les limites de ses compétences sacerdotales avec des enfants de chœur de Bugarach.
  Chemin faisant, tout en ruminant ces veilles histoires, Panfilo arriva à sa maison près de Parahou le Petit, où sa femme et un grand feu de bois l'attendaient. Le temps de mettre « magloria » à l'étable, il s'abandonna dans la douceur du foyer.

Copyright André Galaup

"Rennes-le-Château, en quête de vérité", paru en 2012, où il démythifiait l'affaire du trésor de l'abbé Saunière, démontrant les affabulations étalées depuis cinquante ans, voici qu'il offre à ses lecteurs un nouvel opus inédit intitulé :"Les abbayes du Razès" celles de Saint-Hilaire, Rieunette et Saint-Polycarpe (2015).
André Galaup ≈ Les mystères de la Vraie langue celtique et du Cromleck de Rennes-les-Bains. Le secret d’une noble Dame (2015).
André Galaup (1938-2021) 
photos autorisées : 
1. Limoux Pont-Neuf auteur Tournasol7. 
2. Couiza, château des ducs de Joyeuse, auteur Kojac1. 
3. Rennes-les-Bains, pont sur la Sals, auteur Corlin.