dimanche 30 juin 2019

JEAN MOULIN, un bâillon sur le racisme jacobin...

Contre le racisme congénital de la France du Nord moquant le Midi et pire encore, diffamant sans retenue le soldat de 14 quand il était de racine occitane, catalane ou corse, comme une claque aux Gervais, Clémenceau et consorts... 

Auguste Gervais, sénateur accuse "l'aimable Provence" de lâcheté. Les journaux du Midi le taxeront de "honte du sénat et fumier de la presse". 

Georges Clémenceau : "On connaît la nature impressionnable des Méridionaux [...] Qu'on les encadre et qu'on le mène au plus fort du feu pour leur donner, sans retard, la chance de réparation à laquelle leur passé leur donne droit...". "Le tigre", Clémenceau, ce Vendéen député puis sénateur du Var ?!?! Celui-là même qui convoquant la presse, après lui avoir fait l'aumône d'un billet de train avait démoli Marcellin Albert, le cafetier d'Argeliers porteur de la révolte des vignerons de 1907... La sympathie paternaliste de son chapeau ramolli sur sa grosse moustache cachent mal ses côtés obscurs... 

 "À l’occasion des commémorations du 70e anniversaire de la mort de Jean Moulin, le CIRDOC-Mediatèca occitana, situé sur la même place que sa maison natale, avait proposé un éclairage sur un aspect méconnu de la jeunesse du grand héros de la Résistance...

https://occitanica.eu/items/show/3079?fbclid=IwAR02ets1cE3Yx6GfIbG33ADPUZTKsmTuq_GdyK2JCCm6kMTk1QliQYOlmxQ#lg=3&slide=0


Alors la France, toujours honte de tes ascendances latines ?

vendredi 28 juin 2019

LA DERNIERE CLASSE (fin) / Après Marti et La Sauze, Chico sur les touristes.


« … Peaux-rouges, bougnouls du midi… » contre les gens qui parlent occitan. Je suis pour apporter la langue française, pour qu’on parle l’anglais couramment, mais je suis pour qu’on n’emmerde pas les occitans et qu’on leur donne les moyens de parler leur langue […] le déclin des langues est lié à la volonté de l’Etat ! […] Le Midi désindustrialisé, l’agriculture mécanisée ont amené les sudistes à monter à Paris : on les a appelés les bougnats, surtout serveurs et qui se tachaient parfois « as fait una bougnetta » (tu t’es taché). A partir de 1962 arriveron lous pieds-noirs et los harkis, aqui vengueron lous bognols. Du bohémien « Boemian » au bougnat, on est passés au « bognol » (… arrivèrent les Pieds-noirs et les harkis, de là les bougnouls).

[…] Après Marti, La Sauze. A la première festejada en 1989, on avait pris La Sauze. On était 400 personnes au ramonétage. Il a fait les beaux jours du restaurant de Barbier « Lou cabanaire ». Un peu provocateur il chantait ce qu’il ne chante plus « Torista, torista, daissa ta femna, ton argent, E tu vai te’n » (touriste, lisse ta femme et ton argent et toi va-t-en). Et les touristes d’applaudir. […] 



« Onte campavi ièr, Uèi i a un buldozèr » (là où je campais aujourd’hui il ya un bulldozer). C’était en hommage à Chalandon. Chalandon, ministre de l’environnement avait défini une nouvelle délimitation du domaine public maritime jusque là limité par les lais et relais de la mer. Le jeu consistait à l’arrêter. Chalandon a décidé que ce serait une bande de 60 mètres par rapport au niveau moyen des eaux. Suite aux protestations la limite est passée à 100 mètres. Les promoteurs ont endigué et ont bâti.

« … E ieu, paure Occitan, Lo pauc que me demora Es lo magre eslogan : « Dorifor(e) defora! »
(Et moi pauvre Occitan, le peu qui me reste est ce maigre slogan (Doriphore dehors ! »)



Le dernier texte est sur les Dromadaires de Gruissan. Or ils tiennent encore, c’est un peu comme quand on a construit les résidences de Saint-Pierre, les gens ont dit dins vingt ans tot aco se va ruina (dans vingt ans, ça va être en ruine)
[…] Il y avait l’entreprise de Vilmain, il jouait le rôle de l’ANPE. Los que pudion anar a l’escolo et los autris a la vigno ou a la maçonnarie. Lou paire arrivavo :
« Lou drole a quatorze ans, n’en farei pas un ministro, me lo prendrios pas, apprendrio lo mestier… (Mon garçon a quatorze ans, je n’en ferai pas un ministre, tu me le prendrais pas comme manœuvre ?)
- Es valent, (il est vaillant) dit Wilmain
- Oh per esse valent, l’es, aprei un pou cabourt mè valent o ! (Pour être vaillant, après un peu foufou mais vaillant oui).
- I diras que vengue me veire dema. Lou drole arrivavo. (Dis-lui de venir et le garçon arrivait)
- Voles faire lou maço ? […] Per faire maço te cal saupre las mathematicos (Tu veux être maçon, il faut savoir les mathématiques).
- Ero pas la causo qu’aimavi lo mai… (ce n’était pas ma matière préférée)
- Saves comptar au mens ? Compta per veire ! (tu sais compter au moins ? Compte pour voir !).
- Un, dos… (Un, deux…)
- Ba pla, arresto, dema dos palos de sable et uno de gravier, commences lo mestier ! (ça va, arrête, demain deux pelles de sable et une de gravier, tu commences).  
   Bastigueron ame de gaffets.

[…] “Lo dromadari al país, (les dromadaires au pays)
Plan car lo vos caldria pagar. (faudrait bien vous les faire payer)
Crompatz un ase a Paris (Achetez un âne à Paris)
E nos fagatz pas pus cagar.” (et ne venez plus nous faire caguer)

Lo temps uèi es fadorla (le temps est fou, fadorla diminutif de fada).
Fa un vent a desbanar lous bious. Es pas una conariè. Lous bious los castron per los faire travaillar sinon penson a las vacas. (Il fait un vent à écorner les bœufs. Ce n’est pas une bêtise. Les bœufs on les castre pour les faire travailler sinon ils ne pensent qu’aux vaches). Quand son castrats de cops gardon de reflexos d’avant, baillon de cops de banas (Quand ils sont châtrés, ils gardent des réflexes d’avant et donnent des coups de cornes). I coupon tabe las banas e calio causir un jorn ame un vent fort per que se cicatrise mai vite (on leur coupe les cornes et il fallait choisir un jour de grand vent pour une cicatrisation plus rapide).

Le tourisme est quand même la seconde ressource de la commune. Ces chansons vous ne les entendrez plus sur les plages, heureusement. Néanmoins ce sont beaucoup d’emplois précaires et faire l’année avec ce qu’on a gagné pendant deux mois c’est très compliqué. On a le sens du partage, du vivre ensemble mais plutôt que le tourisme de masse il faut espérer que se développera un tourisme plus intelligent sur les ailes de saison de mars à juin puis jusqu’à Toussaint, dans un premier temps et après toute l’année, un tourisme plus respectueux, plus facile à gérer (embouteillages, pas de place pour se garer). On y a échappé quand même « una padenada de tenilhas ame d’al, de jauvert, de sauço blanco, una cassola de cagaraulos (1) ame d’oli e de vinagre, valon toutis los restaurants haut de gamme. Anar partajar lo repas e si voletz redoblar podetz tornar l’an que vèn ! (Une belle poêle de tellines avec de l’ail, du persil, une sauce blanche, une cassole de petits escargots avec de l’huile et du vinaigre valent tous les restos haut de gamme. On va partager le repas et si vous souhaitez redoubler, revenez l’an prochain !). 



(1) Cagaraulos, cagarauletos (Theba Pisana), ces petits escargots en grappes sur les tiges de fenouil ou les piquets de fer. Cuits au court-bouillon ils se décoquillent (j’espère que ça se dise) avec une épingle à nourrice. Quand il y en a une belle « brochette », comme pour l’artichaut, trempez dans l’huile vinaigrée et assaisonnée… Attention qu’à une certaine période ils sont réputés faire la pierre… (Jèu).

Note : Vilmain Rouquette, le maçon respectueux des mathématiques, qui a aussi aimé les jeunes en lançant le judo à Fleury (avant 1960) était surnommé "Cagarau", comme son père, sauf erreur de ma part (Jèu).   

à écouter : 
https://www.youtube.com/watch?v=d1hsUUz_DkQ 
et pour l'émotion :
https://www.youtube.com/watch?v=hXC-GOwKuS4


jeudi 27 juin 2019

LES HORTENSIAS DE LOUIS / Fleury-d'Aude en Languedoc.


Toujours plus beau, toujours plus haut... avec les ipomées et les volubilis mais l'échelle glissa et Louis se retrouva à l'hôpital. Mais clopin-clopant, son fidèle Chouchou sur l'épaule, l'homme tint à suivre le dernier cours d'occitan et à participer aux agapes de l'au-revoir...



Louis puisque le destin veut te garder, pour ta vie à Fleury qui résonne encore des clongs doublés du cheval de trait que tu menais si bien (1), pour nous avec qui tu as la gentillesse de partager tant de souvenirs, d'anecdotes et ce jardin portes ouvertes afin que la beauté offerte des fleurs nous rende meilleurs, en ton nom, les hortensias promis, plus éclatants encore avec les premières chaleurs qui accablent

(1) demandez, je pense qu'il y a au moins un article sur Louis et son travail à la vigne...  






mercredi 26 juin 2019

LA DERNIÈRE CLASSE (3) / La centrale atomique ou un Kourou bis ?


La dune aux Cabanes-de-Fleury 2019.

Quand vejeron aco an dit « A Las Cabanos i a de pescaires, n’en pas per de tems ». Commenceron de pintrar las plancartas, per perdre los toristos, a fotre de pertot « Toristos deforo ! » (Quand ils virent ça, ils dirent “Aux Cabanes ils n’en ont pas pour longtemps ». Ils commencèrent à badigeonner les panneaux indicateurs et à foutre partout « Touristes dehors ! »). E puèi, aven heritat dals trobadors la convivialitad, la convivienço, l’art de viure ensemble (Mais c’est que des troubadours nous avons hérité la convivialité, l’art de vivre ensemble).  
A Sant-Pèire e a Las-Cabanos, sen estats lous doublidats. An dit en premier « anan futre una centrala nucleari dins las terras saladas (A Saint-Pierre et aux Cabanes nous avons été les oubliés. En premier ils ont dit « on va foutre une centrale atomique (1) dans les terres salées). Tot lo monde gueulet. Alors an dit « anan faire Kourou » aco tabe marchet pas. Apuèi lo projet Nysa, 5000 lits a Las-Cabanas e 25000 a Vendres, creatiu de la 7èma estaciu dal litoral e aco se faguet pas (Tout le monde a gueulé, alors ils ont dit « On va faire Kourou : ce qui aussi ne marcha pas. Ensuite la création de la septième station du littoral avec le projet Nysa qui lui aussi ne vit pas le jour). Sen demorat piots como eron me pas completomen. Quand fasen la sardo a Las-Cabanas, i a de monde que vol manjar de sardos ame los dets (Nous sommes restés bêtes comme devant mais, pas complètement. Quand on fait la sardo aux Cabanes, ils sont nombreux à vouloir les manger avec les doigts, les sardines). N’i a qu’an d’argent de resto. Lo riche aimo s’encanaillar ame lo pople. Y metetz de sardas, fasetz la tonada, fasetz cuire de cagaraous, los besetz arrivar ame de els atal… cal pas dona ni la recetta ni l’endreit […] que demorario pare mai ! (Y en a qui ont de l’argent de reste. Le riche aime s’encanailler avec le peuple. Vous lui mettez des sardines, la thonade, vous faites des escargots et les voilà qui arrivent avec des yeux comme ça… mais faut pas donner la recette ni l’endroit […] qu’il ne resterait plus rien !)  


  Ero l’epoqua de la lutta contre lu toristo. Lo premier sioguet Marti de Carcassouna […] A escrit « La Florida occitana » (C’était l’époque du rejet du touriste. Le premier fut Marti de Carcassonne […]. Il a écrit « La Floride occitane ») :

« … Tous les bouseux et leur famille Le long des plages C’est bien fini ! »

Claudi Marti 2009 Commons wikimedia Auteur Llapissera.
[…] C’était l’époque du camping sauvage, des vacances gratuites à la mer. Il faut arrêter d’accueillir ces vacanciers traditionnels qui ne payent que 1500 euros à l’année ! Le riche veut camper à 1500 euros la semaine ! Du coup tous les campings passent à l’hôtellerie de plein air à 1500 la semaine. Des mobil-homes vite amortis. Une société Capfun vient d’acheter à la fois le camping des hamacs aux Cabanes et celui de la Grande-Cosse.
Les illuminés au niveau de l’administration ont dit « Mais c’est des gitans ! » D’abord ils font passer une commission pour l’esthétique qui enlève les étoiles disant c’est le musée des campings. Ils veulent des toits à deux pentes, des toits plats ils n’en veulent pas. L’administratiu dis si va fasetz pas doubrires pas ! A St-Peiré se son plegats. A Las Cabanas, soun testuts coma de miols. (L’administration dit que si ce n’est pas fait, vous n’ouvrirez pas ! A Saint-Pierre, ils ont cédé. Aux Cabanes ils sont têtus comme des mules). Lo camping es interdit « avis défavorable des commissions de sécurité ». Mon rôle est de dire aux campeurs que je vais le fermer. Je peux ne pas le fermer, ce que je vais faire. Sei testut ieu tabe ! Mè si lo camping pren foc, ieu vou en priso ! Voilà où on en est ! Arresti al mès de mars (Je suis têtu moi aussi ! Mais si le camping brûle, moi je vais en prison ! Et j’arrête au mois de mars [ses fonctions de maire NDLR][…]

(1) en plus du projet "Le Cap du Roc" à Port-la-Nouvelle annoncé en 1974 et abandonné un an après.   
à lire : 
https://www.midilibre.fr/2014/08/17/fleury-l-heureuse-oubliee-des-grands-projets,1038563.php

MÉMOIRE HISTORIQUE / Était-ce le dernier blockhaus de Saint-Pierre ?

Pas plus tard qu'hier, pour illustrer l'occupation du pays par les Allemands (1942-1945) connexe à l'histoire de notre littoral, des Cabanes-de-Fleury à Saint-Pierre-la-Mer, seules des vues des canaux anti-chars étaient disponibles.

Entre l'étang de Pissevaches et la mer, un des canaux anti-chars creusés sur ordre des Allemands.  


Or la côte était défendue d'un possible débarquement par une série de fortifications et de casemates le long et sur les hauteurs de la Clape. 
Dans le périodique municipal en date de mars 1999, il est fait mention de la destruction du blockhaus situé sur le rocher La Vallière. 

 
Les prétextes pour la démolition ayant été ce qu'ils ont été, et sans stigmatiser un peuple plutôt qu'un autre, il n'est pas inutile de se demander s'il n'est pas bon de garder des preuves palpables de la bêtise humaine lorsque la formule du "plus jamais ça" est galvaudée au point de ne plus avoir de portée... 

mardi 25 juin 2019

LA DERNIÈRE CLASSE (suite) / Les touristes, la saison à la mer.

Rappel : que celle ou celui qui sait n'hésite pas à corriger... Sei pas mal sapios ! je ne suis pas susceptible...  

Entre l'étang de Pissevaches et la mer, un des canaux anti-chars creusés sur ordre des Allemands.
« … Puèi arriveron los Allemands, fagueron parti los toristos, raseron San Pèire (Puis arrivèrent les Allemands, ils firent partir les touristes et rasèrent Saint-Pierre)[…] Apuèi la moda tornet. Ero la moda d’anar passar l’estiu a la mar dal quatorze juillet al quinze d’augost (Ensuite la mode revint. C’était dans le vent de passer un mois à la mer, du 14 juillet au 15 août). Partision ame lo chaval. Dins la carreto i avio las bonbonas, la pailhassa, la pastura dal chaval, lou farrat per lou faire bèure, la grilho, un parel de souquos et tot aco a la mar. De cops portavon la tendo, de cops lo borras sul tomban de la carreta et fasion l’ostal. (Ils partaient avec le cheval. Dans la charrette, les bonbonnes, la paillasse, le foin du cheval, le seau pour le faire boire, la grille, une paire de souches et tout ça à la mer).   

Sain-Pierre, le camping sauvage.
[…] A partir de 1936, lo pople aimavo l’idèia de l’estiu a la mar (… le peuple aimait l’idée de l’été à la mer) […] Ero lo camping sauvage de san-Pèire et de Las Cabanos (c’était le camping sauvage de Saint-Pierre et des Cabanes.) […] Apuèi lous riches qu’aimont pas se barrejar ame lo pople commencèron de faire basti d’ostalasses al bord de la mar (Par la suite les riches qui n’aiment pas se mélanger commencèrent à faire bâtir de belles demeures) […] Lous riches fan montar lo prètz de la terro. Los ostalses coston un prètz fol. La vida monto (les riches Font Monter le prix des terrains, celui des maisons […] ensachon de tondre lo toristo mè tondon tabes lo type dal pais ! Volen pas ese lo bronzociul de l’Europe (ils essaient de tondre le touriste mais ils tondent aussi le gars du coin ! Nous ne voulons pas être le bronze-cul de l’Europe […] E aco duret (et cela dura)…  

[…] Arrivet un type, Racine, avia una mission, faire demorar al pais (un type, Racine, est arrivé, avec pour mission de garder les vacanciers en France). […] « Anan los despaysar. Anan mettre de lions a Sigean (on va les dépayser en mettant des lions à Sigean) […] A Grussan, anan mettre d’ostalses como de dromadaris (à Gruissan des maisons comme des dromadaires). […] Anan mettre las marinas pieds dans l’eau de la Grande-Motte et lo monde se va creire au Macchu-Pichu, au temple des Incas ! Commencet de foutre de gosts a la con un pou de pertout (On va mettre des marinas pieds dans l’eau à la Grande-Motte et les gens vont se croire au Pérou ! Il a foutu un style à la con un peu partout). […] et nos autris siogueren doblidats […] pas completomen. Racine avio compres que lo toristo et los mouisals podio pas anar ensemble […] Racine aguet per misión de faire morir toutis los mouisals (et nous autres fûmes oubliés, pas complètement, Racine avait compris que le touriste et les moustiques ne pouvaient aller ensemble, il eut pour mission de faire mourir tous les moustiques. (à suivre).