Préalable :
plutôt que la graphie mistralienne si commode pour justifier la phonétique
« d’aqui darrè » (de derrière les gabels, les boufanelles, pardon les
fagots) le pur jus pérignanais, et encore, du quartier d’en haut, nous nous efforcerons
de respecter la norme orthographique classique à propos de ce cours d’occitan, assortie,
malheureusement d’une palette de fautes de non-pratiquant sinon de mécréant… (Si quelqu’un veut
bien corriger, rien ne vaut les desseins partagés).
Comment ne pas évoquer ces récréations à rallonges de fin d’année, veille du 14 juillet. Le village s’est adapté au moins depuis juin à l’heure d’été : les hommes partent à quatre heures vieilles pour sulfater et soufrer tant que le vent n’est pas levé encore. A onze heures la journée de longue est terminée : frais et changés, ils se regroupent au cagnard pour parler vigne bien sûr et aussi cancaner aussi fort que les canes. Le 14 juillet, date charnière pour la saison à la mer qui commence mais pour un mois seulement et pour les femmes, les vieux, les gosses, parce que pour les hommes, à moto et surtout à mobylette, l’ouvrage continue dans l’océan de vignes, suivant un emploi du temps tenant compte des heures où la rage du soleil plombe le pays.
Comme le décor attendrissant que la troupe locale n’a pas les moyens de
changer, en arrière-plan, cette atmosphère, ces scènes déteignent sur le dernier cours d’occitan des Chroniques
Pérignanaises. C’est que le prof est un pays, il suffit aussi de voir l’envie
qu’il a, de proposer, de séduire, de partager, pour imaginer comme il a pu les
aimer, les enfants. Ce lien privilégié, il l'entretient avec ses élèves dès qu'il distribue ses photocopies à un public de grands enfants
justement, des seniors, chenus, noueux bien que dans l’air du temps, donc alertes et l’œil vif
dans l’ensemble… Et puis, la plus jeunette ne doit compter encore qu’entre cinq et six
dizaines d’anniversaires…
Introduction à l’été, aux vents du cru, à l’intention des touristes :
lo Cerç (1) (W-NW), son pendant, lo Marin (SE), lo Grèc que ven de Lespignan
(N) (et pourquoi pas de Vendres, plutôt NE sinon E).
Oui, une chorégraphie des vents, un petit Cerç le matin virant au marin
vers midi, lui-même tournant au vent d’Espagne (lo Labech) l’après midi avant
que le Cerç ne reprenne la ronde : « Labech tardiè, Cerç
matiniè ! ». Le beau temps de mer, d’autant plus que, précise le
maître, ce sont bien trois semaines, en moyenne, de vent violent, qui plombent
la saison (2).
« … Es lo moment d’anar se passejar din la garrigo (c’est l'opportunité
d’aller en promenade dans la garrigue). Es an aquel moment que lo prefet dis
« cal tampar la garrigo » (c’est le moment que choisit le préfet pour
dire qu’il faut fermer la garrigue). Lo turisto se dis “bon hurosoment, an
previst lo fioc d’artifiço aneit” (le touriste se dit qu’il y aura le feu
d’artifice aujourd'hui) e lou prefet i torna “lo vent buffa a mai de setanto, pai de fioc
d’artifiço ! » (et le préfet remet ça en interdisant le feu d’artifice si
le vent dépasse les 70 kilomètres par heure) Fa que lo turisto agacha la
plancarta “Espagne 70 km” anan faire un bout de cami de mai.” (du coup le
touriste voit le panneau pour l’Espagne et décide de faire un bout de chemin de
plus).
Entre le touriste et l’indigène, c’est comme un passo attraction-répulsion, empathie-rejet.
Entre le touriste et l’indigène, c’est comme un passo attraction-répulsion, empathie-rejet.
« … Los premiers toristos, la modo das bans de mar, perde qué la sal
conserva lo cambajo (les premiers touristes, la mode des bains de mer parce que
le sel conserve le jambon). Apres arriveron lous “gandards”, de types
qu’arrivavon d’un pou de pertot en Franço, a partir dal mes de jun, dormission
sur la sabla ???, se lavavon a la mar e ajudabon a la traina. (Ensuite
arrivèrent les "vauriens", des types de partout en France, à partir du mois de
juin, ils dormaient sur [mot que je n’ai pas saisi : le sable ? les oyats ?],
se lavaient à la mer et aidaient à tirer le filet de la traîne). Avion una
partida de peis. Lou peis lo manjavon e ne vendion per quatre sous per crompar
de tabac et de vin. ( Ils gagnaient leur part de poissons, en mangeaient, en
revendaient pour s’acheter du tabac et du vin). Se venion
ero mai per tastar lo vin dal miéjour… hurosoment fasio nou quand avio una bona
annada e ne podios ne beure dos litros, per tirar la traina i a vio pas de
problema… (S’ils venaient c’était
plus pour le vin du midi… heureusement il ne titrait alors que neuf degrés les
bonnes années et ils pouvaient en boire deux litres, pas de problème pour tirer
la traîne). »
I a mai de monde que de peis ! Il y a plus de gens que de poissons ! |
Un gandard pla d'aici davant son campoment (annados 70) / Un gandard bien d'ici devant son campement (années 70, Les-Cabanes). |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire