Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Coursan. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Coursan. Trier par date Afficher tous les articles

jeudi 20 novembre 2014

Aude & Languedoc / « LES VOICI REVENUES, COURSAN, TES GRANDES HEURES...»

« LES VOICI REVENUES, COURSAN, TES GRANDES HEURES...» C’est par ces vers que Jean Camp, auteur et poète sallois amorce son prologue pour honorer Coursan où se joue Le Cid de Corneille... (Coursan était connue, je crois, pour donner des représentations théâtrales et des concerts de renommée au moins nationale. Je me demande aussi si Coursan n’a pas été nommée capitale du vin ?). 

                                                                 Vue de l'Aude vers l'amont
 
Le fleuve Aude est intimement lié à Coursan : le pont, le mur pour protéger le quartier de la Barque, les crues dévastatrices, accessoirement les litiges avec Cuxac, en amont... mais aussi la fertilité remarquée de la plaine du temps où on cultivait les céréales...    

                                                             Notre Dame de la Rominguière

COURSAN / Eglise dédiée à la sainte Vierge / ancien fief royal / sénéchaussée de Carcassonne.
Villa corcianum 933,  Castrum de Cortiano 1195,  Castrum de Corciano 1265, De Curciano 1364, Corsien 1382, Corssan 1402, Corsa 1468, Coursan 1781, Cursà (vulg.) (1) 


Si les historiens sont d’accord pour penser que Coursan n’existait pas à l’époque romaine, le Lac Rubresus recouvrant encore son site, ils le sont aussi pour attribuer l’origine du lieu à un propriétaire de domaine gallo-romain nommé Curtius plutôt qu’à une Via Curtia, variante plus courte de la Via Domitia.  
La plaine est donc une construction de l’Aude, ce fleuve dit-on parmi les plus travailleurs de France (2). La Clape fut une île et sur certaines cartes le Pech Celeyran, à l’est de Coursan, figure en tant qu’îlot. La première partie des notes illustre ce travail de comblement qui a parfois enterré le rez-de-chaussée des maisons.

   
                                                            Vue vers l'aval depuis le pont SNCF

Canal de Cuxac à Lespignan communes de Cuxac et de Coursan
La Carbonne, nouveau lit de l’Aude , fin XVIII 1775
Etang de Coursan aujourd’hui désséché 1329
l’Île L’Isle 1768
La Lubane anc salines 1048 « las Seignes » jadis la Lubane 1768
La Mayral ruisseau « Alha Mayralh » 1537
Le Passelis rigole alias canal de Grand Vignes déverse ses eaux sur Campignol, à Coursan et à Narbonne.
Pontcerme ferme 1352 (passage de la Via Domitia des Romains). 
Porte-Notre-Dame lieu dit Coursan 1768 Canal des Portes rigole Coursan
Saint Sébastien anc jardin «L'Orte de Sant Sebastia « 1579 / Les Salines lieu dit ; en 1218 il existait 14 salines au terroir de Batipalmes
Canal des Trois Ponts rigole d’arrosage Cuxac et Coursan
Etang Salin Vinassan et narbonne, restes du lacus Rubressus, desséché 1585 grâce au canal Ste Marie, ‘salines mentionnées en 844 estang salin ou marais de la Clape 1680. Le canal de l’etang-Salin ou de Ste marie prend à Coursan le trop-plein de la riv Aude, arrose les bases plaines de Coursan (A l’estang 1768), Armissan (Tot lo lonc de l’Estanh 1537), Narb et se jette dans l’étang de campignol au roc de Conilhac

Autres mentions pour Coursan :
Coutelle ferme Coutel XVIII
Les Faisses autrefois l’orte Nalguier 1768
Font-Sabatière lieu dit 1537
La Française ferme 1763
La Gare lieu dit  anciennement « Tres Gourgs » 1768 (voir prade des Prud’Hommes)
Granselve ferme  1265
Les Homs lieu dit « Als Homs » 1536
l’Horte écart  Ort de saint sébastien ou Ort de Nouvel anciennement appelé Gordenal 1768
Gui ferme  1763
La Bastide d’En-Gasc lieu dit 1579
Luzerdat ancien fief et par extension aussi à Cuxac 1768
Maira lieu dit 1326.
Notre Dame de la Romiguière anc confrérie et chapelle 1606
Ombret, ferme 1763
le Pas-du-Loup lieu dit  Pas del lop 1537
Pech de Cours lieu dit 1218 ou Pas de Layssède 1768
Peyreficade lieu dit entre Narbonne et Coursan « Peyra ficada » 1453
Les Ranes lieu dit 1768
Razimbaud moulin à vent 1807
Ricardelle ferme alias Ricardelle de Lautrec
Ronis lieu dit Ronis anciennement Pech d’Arènes 1768
Rotecas lieu dit 1264
Saint-Blaise chapellenie 1791 / Saint-Etienne lieu 1768 dit anc Saint Estève 1534
Sainte-Marie lieu dit  Saincte Marye 1579
Saint-Firmin lieu dit 1218 / Saint-Gibon lieu dit (es un singé aco, non ?)
Souc lieu dit
La Tour ferme
Vié ferme
La Vinassane lieu dit

(1) A noter que le « vulgairement parlant » de Sabarthès concerne la langue occitane dans sa variante languedocienne, ce qui dénote peut-être de la part d’un auteur qui aurait aussi publié en occitan, un concours plus français pour cette commande de l’Instruction Publique nationale. 
(2) A partir de Moussoulens et jusqu’à la mer, la pente n’est plus que de 0.34 m au kilomètre et les sédiments se déposent exhaussant le lit du fleuve... l’Aude, avec ses crues qui submergent rapidement la plaine, est notre Huang-Ho à nous...  

SOURCES : Vilatges al Pais / canton de Coursan / Francis Poudou et les habitants du canton / 2005. Pour les anciennes mentions des villages, la bibliographie mentionne expréssément le dictionnaire topographique de Sabarthès.

mardi 8 novembre 2022

PERDU LE NORD ou carrément à l'OUEST ? (2)

PETITE EXPLICATION DE CARTE 


De quand date la norme de regarder l'Aquillon en haut d'une carte quand certains faisaient le contraire ? Ce qui n'empêche rien ; c'est rare non de ne pas être latéralisé ? Tout ça pour vous parler de François de la Blottière (1673-1739) pour sa "Carte de partie de Languedoc frontières de Roussillon qui conprend la coste de la mer depuis le fort de Salces jusquà la hauteur de Narbonne..." et dessinée en regardant le Midy (1722). 

Carte de partie de Languedoc, frontières de Reussillon qui comprend la coste de la Mer depuis le fort de Salces jusqu'à la hauteur de Narbenne, où se trouve le cours des rivières d'Aude, d'Orbieu, de la Berre et de la Gly, le cours de la Robine d'Aude et partie du Canal Reyal de communication de deux Mers | Gallica (bnf.fr)

* A remarquer que pour la carte qui a dû demander tant d'heures d'efforts, l'auteur n'a pas pris le soin élémentaire de partager l'espace disponible pour les lettres qui se resserrent pour "Languedo..." exposant "c" faute de mieux ! 

** Ce même cartouche indique les cours d'eau dont, à titre de curiosité, la Gly ainsi que la Robine d'Aude. 

*** D'après "l'eschelle", les distances peuvent s'évaluer en grande lieue de France de 3000 toises ou en lieue commune de France de 2500 toises. 

NOTE : l'orthographe des noms de lieux est celle de la carte sauf pour les prolongements et analyses. 




Concernant l'Aude, le dessin représente bien le cours tortueux du fleuve, exhaussé de par l'importance des sédiments transportés (deuxième en volume après le Rhône). Son tracé permet de comprendre pourquoi les limites du département sont ce qu'elles sont. 
Entre Sallèles et Coursan, au nord figure la Plaine de Coursan, réputée sous l'Ancien Régime, pour ses bons rendements en blé, avant que la vigne ne s'imposât. Entre Coursan et Narbonne, une chaussée et nombre de fossés de drainage laissent penser que c'est ce qui restait de l'étang salin où, un siècle avant Narbonne affermait pour des poissons ! 


L'ancien bras sud du delta, devenu aujourd'hui "Canal de la Robine", se nomme alors "Robine d'Aude". A Narbonne, elle délimite les quartiers de Cité au Nord et de Bourg au Sud. 
Après être passée entre l'Étang des Capitouls à l'Est et celui de Bages à l'Ouest, la Robine atteint la pointe de "L'Isle de Ste Luçie où elle se jette entre les Étangs de "Peiriac" (plus mentionné de nos jours) et celui de Sigean. Figure alors un chenal jusqu'au Port-de-La-Nouvelle, dit "Canal des Romains". 



A partir de Coursan, l'Aude n'en finit pas de divaguer jusqu'au pied de l'Esquino de Camel. C'est à cet endroit, au Pas-du-Loup, qu'en 1632, Anne d'Autriche a failli se noyer comme 200 de ses soldats ! (collines de Nissan). Passant à portée de l'Étang de Lespignan, le fleuve finit dans l'Étang de Vendre (aussi appelé " Étang de Fleury "). 

A portée de Coursan, en direction de Narbonne figure le château de Granselve (à l'origine une grange cistercienne, "... dont on dit que " Fontfroide est la fille" / Livre du Canton de Coursan, Francis Poudou) inclus aujourd'hui dans la localité (en face de la zone d'activité). 

Entre Coursan et Salles, les châteaux de Céleyran et du Pech de Céleyran, si remarquables depuis la route, n'existent pas. Seuls, figurent la métairie de Seudre sur le côteau ainsi que le moulin "du phare" au-dessus de la coopérative. Dans la plaine de Salles, on remarque nombre de fossés drainants. 


On trouve ces fossés à Pérignan aussi, mais dans une cuvette fermée du bord de La Clape : les drains de l'Étang de Fleury d'où part le ruisseau du Bouquet créé par les hommes ! Le ruisseau est dessiné de même que son cours souterrain qui, depuis l'étang, contourne bien la colline du moulin de Montredon (voir à ce sujet les articles sur le dernier affluent). 


Pour ce qui est des routes, si on reconnaît celles de Salles, de Saint-Pierre, de la partie vers les Cabanes mais qui s'en va suivre celle des campagnes au pied de La Clape (la localisation et le nom des fermes nous interrogent / à St-Pierre aussi, des noms nous laissent perplexes). En direction de Vinassan, ce n'est pas celle d'aujourd'hui, par le château de Marmorières, c'est le chemin qui passe par le phare des aviateurs, le Pech de la Pistole avant de redescendre vers St-Félix (autoroute A9 actuelle) en bas du Four à chaux et de Mader, le trajet pour Narbonne suivi par mon arrière-grand-mère, embêtée, une fois, par les loups !). Rien vers Lespignan, Béziers et l'Hérault sinon vers " N. D. de Lie  sans nul doute possible, Liesse dont la chapelle a malheureusement été vandalisée il y a peu. En 1622 les Dominicains de Liesse furent autorisés par Louis XIII de passage à Béziers, à établir un passage de l'Aude par barque (la construction du premier pont suspendu ne fu décidée qu'en 1800). 

En conclusion, considérons le respect du détail concernant le plan de notre localité : le château, la tour ronde de l'hôpital d'alors sont précisément situés. 

Finalement, même si cette concomitance de cartes m'a entraîné dans les tumultes du Palais Bourbon et des enfantillages détestables en période de crise, je préfère, et de loin, cette petite explication de carte au dégoût de la politique, en espérant aussi que de Salses à Carcassonne, en passant par les Corbières, cette publication Gallica de la BnF (2021) a de quoi attiser la curiosité de bien des amateurs de patrimoine.    
  

vendredi 21 novembre 2014

Aude & Languedoc / CUXAC D’AUDE

CUXAC D’AUDE, pays d'Escalaïs, de Papinaud et de Pélissier.

Depuis Coursan, après les charmantes maisonnettes en surplomb de l’Aude et qui doivent avoir une histoire à raconter, après le passage à niveau, la départementale sur la digue suit un coude serré de l’Aude. Avant de retrouver la grande plaine à vignes (il y eut un temps des pommiers), on ne se doute pas que cet endroit, le Prat du Raïs, a connu nombre de brèches par lesquelles les inondations ont envahi Coursan. Plus en amont, le fleuve a toujours menacé Cuxac.
Les 13 et 14 novembre 1999, un aigat (1) cause la mort de quatre personnes : dans les lotissements des Garrigots et des Olivettes, l’eau est montée au niveau des toits (jusqu’à 3 mètres d’eau)(2).
Début 2014, dix kilomètres de digue sont enfin inaugurés mettant fin à des années de crainte et d’attente.
Après cette référence au risque répété d’inondation, quelques petits rappels historiques, juste pour vous donner envie de mieux connaître Cuxac-Rive d’Aude.
En 1355, grâce au château renforcé et fortifié une quinzaine d’années auparavant, Cuxac résiste au Prince Noir (Prince de Galles) dont le raid dévaste le Languedoc (notamment Narbonne, Ouveillan... nous en parlions pour la muraillasse d’Armissan).
Aux XIVème et XVème siècles, des privilèges profitent à la population. Notons par exemple que les délinquants doivent être jugés par les co-seigneurs de Cuxac et non à Narbonne (2), manière de rappeler une moquerie, una trufo sus las gents d’aïci : « Sios fait quand passes lou pount et qu’es veit ouros ! » (3) 


CUXAC dans le dictionnaire topographique de l’Aude de Sabarthès.
Eglise dédiée à saint Martin, ancien fief royal / Sabarthès détaille 39 appellations de 959 à 1807 ! Cugciacum, Cugciagum 959... au xème siècle, on disait encore Géminian ; Cucuciacum 992, Cucuciagum 1005, Cucianum 1049 -1494, Cuciacum 1215, Cutciachum 1271, Cursiacum 1332, Cutsac 1382, Cucsac XIV... Cucxac, Cutsac 1589, Cuxac Rive d’Aude 1807, Cutsàc (vulg.)
Canal de Cuxac à Lespignan communes de Cuxac et Coursan
Cuxac Cugciacum 959
Le Prat du Raix ancien fief autrefois Narb, auj Cuxac 1163
Lauzerdat ancien fief Coursan et par extension Cuxac 1768
La Mateloun Cuxac La Magdelon 1781
Rabes ferme Cuxac anc enclave de Narbonne jusqu’au nouveau cadastre 1712
Saint-Antoine ferme disparue.
Saint Baudile ancienne église rurale 1163
Sainte-Catherine
Saint-Jacques lieu dit près de la chapelle ND de Magrie 1769
Saint Joulia moulin à vent
Saint-Michel anc égl et décimaire
Saint-Pierre anc chapelle 1595
Saint-Pierre-de-Lieuran anc décimaire 1163
Le Vern anc moulin sur l’Aude ruiné en 1397
Canal des Trois Ponts rigole d’arrosage Cuxac et Coursan

(1) inondation provoquée par un « épisode cévenol », conjonction de phénomènes météorologiques bloqués par le pourtour montagneux et qui déversent des pluies diluviennes sur le Languedoc et le Roussillon.
(2) SOURCES : Vilatges al Pais / canton de Coursan / Francis Poudou et les habitants du canton / 2005. Pour les anciennes mentions des villages, la bibliographie mentionne expréssément le dictionnaire topographique de Sabarthès.
(3 )«Tu es fait si tu passes le pont et qu’il est huit heures (du soir) ! » in Caboujolette / Pages de vie à Fleury II / François Dedieu.

photo autorisée wikipedia : Cuxac, l'hôtel de ville.

vendredi 2 juillet 2021

Sur le pont de Coursan, on y danse... (1)

Coursan depuis le pont / wikimedia commons / Author Christian Ferrer... merci l'auteur même si la saison ne répond pas à l'entrain de la belle saison...
 

Sur le pont de Coursan, on y danse, on y danse... Aussi bien que sur celui d'Avignon pardi, puisque le quartier voisin fête la Barque plusieurs jours durant encore, parfois, au mois d'août... Graillons et flonflons, des moules aussi... Que reste-t-il de sa renaissance dans les années 60 quand des orchestres réputés drainaient la jeunesse des villages voisins ?   

Le quartier médiéval de la Barque c'est celui qui domine l'Aude, derrière le mur haut et épais censé protéger des crues. Sinon les gens s'enfermaient derrière le portail de Notre Dame et les remparts quand le guet, depuis la tour au-dessus du gué, (par la suite clocher de la Rominguière), signalait une approche non reconnue, aiguillonnée par la hantise d'un raid sarrasin.  

C'est donc un passage à gué, voire grâce à un bac, idéalement situé sur la trajectoire la plus courte entre Narbonne et Béziers qui a valu l'installation du village. Corciano marque le passage de l'Aude sur la via Curtia plus directe par les collines de Nissan que la via Domitia plus à l'ouest, coupant la pointe de l’Étang de Capestang, plus exposée encore aux hautes eaux des inondations. 

Si la présence d'un pont de bois reste historiquement confuse, le tour de France à l'initiative de la régente Catherine de Médicis pour présenter son fils au royaume et à l'Espagne parle d'une traversée difficile de l'Aude à Coursan il est vrai le 4 janvier 1565. Et si pont il y eut, nul doute qu'il n'a pas tenu longtemps suite à une colère récurrente du fleuve. Le site de la ville relève un paragraphe de l'Histoire Générale du Languedoc : 

 " Le 14 octobre 1632, le Roi Louis XIII, la Reine, suivis de toute la Cour partis de Béziers à 11 heures du matin pour se rendre à Narbonne, passèrent l'Aude à gué à 4 heures du soir (sans doute au lieu dit "La Barque"). Il s'éleva aussitôt un orage extrêmement violent accompagné d'éclairs et de tonnerre et d'une si grande abondance de pluie qu'en moins de 2 heures la rivière et tous les ruisseaux du voisinage débordèrent, inondèrent toute la plaine à une lieue aux environs de Narbonne, ce qui produisit une fange si épaisse, que la plupart des carrosses et fourgons de la Cour s'embourbèrent et que presque tous les cochers ou charretiers furent obligés de dételer leurs chevaux et d'abandonner leurs bagages pour se sauver. Une heure plus tôt, le Roi et la Reine auraient été noyés."

(à suivre) 

Sources : wikipedia & site de la ville de Coursan.


mercredi 26 avril 2017

DELTA DE L’AUDE (4) / Les îles de la Narbonnaise.

  

Un autorail rouge et crème s’en va dans le petit matin blême. Ambiance enfumée d’un temps où la clope tue en toute impunité. Presque tous ont un abonnement de travail (merci la SNCF), et des habitudes. L’encre pas encore sèche de l’Indépendant ou de la Marseillaise noircit les doigts. D’autres forment une table à quatre pour une belote bruyante. Moi je retrouve Alain qui enseigne, toujours dans les P.O. où il a "fait" l’École Normale. Malgré nos discussions, les instantanés des lagunes, des îles, viennent forcément meubler nos silences. En attendant d’en savoir davantage, un jour, sur cette langue de terre avec le canal et le rail entre des étangs qui, sans cela, ne feraient peut-être qu’un, nous sommes si habitués qu’il faut se pincer pour admettre le caractère admirable de ces paysages dont nous semblons blasés. 


Avec le Paris-Port-Bou, toute cette beauté vous saute aux yeux. Jamais aussi bien perçue que dans les yeux des voyageurs du train de nuit. "Le train de nuit, c'est Paris à une heure de Perpignan : une demi-heure pour s'endormir, une demi-heure pour se réveiller" (1). La surprise donne à tous cet air émerveillé des enfants à Noël : la lumière toute méditerranéenne, magie de toutes ces nuances encore mêlées de bleus, de gris, de verts, le ciel, les étangs, le canal, les pins émergeant peu à peu de la nuit sous un soleil encore froid comme un œuf clair mais qui n’a plus rien à voir avec celui d’Austerlitz. 
    

Depuis sept millénaires, sur près de 250 km2 (2), le delta de l’Aude occupe à peu près la surface qui est la sienne  aujourd’hui. Le littoral abordé par les Romains ressemble beaucoup à celui que nous connaissons. Le maintien artificiel du bras méridional de l’Aude (barrage ou digue seulement à Sallèles ?) (3) ne permettait déjà plus d’atteindre Narbo Martius et les marchandises passaient des navires de haute mer sur des barges à fond plat, à hauteur des îles de Sainte-Lucie et de l’Aute. La Clape a longtemps gardé son insularité ; appelée « Île du Lec », elle se trouvait en effet séparée du fossé comblé de Narbonne par un étang salin qui s’est maintenu jusqu’au XVIIIe siècle (4).     

(1) train supprimé en décembre 2016...
(2) plus marqué, le delta de l’Ebre s’avance sur 320 km2 tandis que celui du Rhône avec une Camargue plurielle (la Petite et la Grande) s’étend sur 1500 km2.
(3) «... Gaston Galtier (La côte sableuse du Golfe du Lion [Bulletins de la Société languedocienne de Géographie - année 1958] pense que le bras oriental, plus court et présentant une pente plus forte, écoulait la majeure partie des eaux et que les Romains ont barré ce bras oriental à Sallèles pour augmenter le tirant d'eaux du bras méridional et le rendre plus propice à la navigation, ce qui paraît plausible en raison de l'importance du port de Narbonne.../... à la suite de l'inondation de 1316, l'Aude a emporté le "barrage" de Sallèles et repris son cours primitif dans le bras oriental... /... les efforts déployés, après la rupture du barrage, pour maintenir le cours de l’Aude vesr Narbonne se sont révélés vains. Depuis le milieu du XIVe siècle et jusqu'à la fin du Moyen-Âge, l'Aude n'arrose qu'irrégulièrement la ville. Une nouvelle robine doit être établie à Moussoulens en 1468.../... Ces efforts restent vains ; le 3 octobre 1531, l'Aude change définitivement son cours et quitte Narbonne.../... La situation des embouchures de l'Aude ne sera stabilisée qu'au début du XIXe siècle : la Robine a été canalisée de Moussoulens à la mer, la branche nord sera à son tour canalisée en Brumaire an VIII...» (22 oct- 21 nov 1799).
Source Vilatges al pais, Canton de Coursan (2005 / Francis Poudou et habitants) 
(4) Etang Salin sur les communes de Vinassan et Narbonne, restes du lacus Rubressus, desséché en 1585 grâce au canal Ste Marie. La mention des salines de Coursan apparaît en 844. Estang salin ou marais de la Clape 1680. Le canal de l’étang-Salin ou de Ste marie prend à Coursan le trop-plein de la rivière Aude, arrose les basses plaines de Coursan (A l’estang 1768), Armissan (Tot lo lonc de l’Estanh 1537), Narbonne et se jette dans l’étang de Campignol au roc de Conilhac. 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/search?q=Coursan

 
Crédit photos commons wikimedia : 
1. autorail quittant Calvi auteur Didier Duforest
2. Étang_de_l'Ayrolle,_Gruissan Auteur Christian Ferrer / cliché pris vers l'ouest depuis l'île Saint-Martin / La voie ferrée et le canal séparent l'Ayrolle de l'étang de Bages-et-de-Sigean. 
4. Étang de Bages et de Sigean  depuis Sainte-Lucie Author Christian Ferrer / photo prise vers le sud : on distingue la petite île de la Nadière ainsi que les silos et les cuves à hydrocarbures de Port-la-Nouvelle. 

Photo de nos impôts : 
3. Ile de l'Aute vue aérienne Conservatoire du Littoral

vendredi 4 avril 2014

POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS CACHES ! (dernier tableau) / Fleury en Languedoc



Ce quatrième et dernier tableau permet de comparer avec les communes proches et d'importance équivalente : 


IV
rang
Villages voisins
Argus
N/20
Dépense
€/hab
Dont de personnel
€/hab
Evolution dépenses % (+,-)
Dépense moy. type €/hab
%
Dép / dép. moy
Impôts, taxes
€ / hab
Evolution
Impôts/an depuis 2008
Dette
€/hab
évol.
Dette/an
Depuis 2008
% (+,-)
4       
Fleury
d’Aude             
0
3790     
1407       
+ 1.1
1187
319
1379     
+ 1.7
4126     
+ 0.8
53
Lespignan
12
1165
326
+ 10.3
1187
98
333
+ 3.5
686
+ 4.3
52
Nissan-L-E
14
1209
368
- 4.6
1385
87
433
+ 1.1
1026
- 3.4
54
Coursan
20
992
353
- 6.1
1530
65
331
+ 0.8
811
+ 1.3
56
Cuxac d’A.
18
933
317
- 0.5
1385
67
377
+ 2.8
331
- 7
57
Salles d’A.
17
893
355
- 2.3
1187
75
455
+ 1.7
460
- 4.8
58
Vinassan
17
870
293
- 0.8
1187
73
356
+ 1.6
712
- 7.5
59
Armissan
17
699
283
+ 2.3
1020
68
352
+ 6.4
538
- 3.4


Aussi accablant qu’incontestable, le constat :
FLOP 4 de tout le Languedoc-Roussillon ! Fleury dépense PLUS par habitant que Lespignan, Nissan et Coursan réunis ! (3790 € pour un Pérignanais > total de 3366 € pour Lespignan, Nissan et Coursan qui se mettraient en communauté !)
FLOP 3 de tout le Languedoc-Roussillon ! Le personnel de Fleury coûte QUATRE FOIS PLUS CHER qu’à côté ! (1407 €/hab / total de 1364 € pour Lespignan, Nissan, Coursan et Cuxac réunis !)
FLOP 4 de tout le Languedoc-Roussillon ! On paie DE TROIS A QUATRE FOIS PLUS d’impôts d’impôts à Fleury qu’à Cuxac, Salles et Nissan réunis ! (1379 €/hab / 1265 € pour les 3 voisins cumulés !)
FLOP 5 de tout le Languedoc-Roussillon ! Notre dette DEPASSE celle, cumulée, des 7 villages voisins ! (4126 €/hab. > 3564 € pour le total des 7 voisins !)

Mieux vaut vivre petit, caché mais heureux que péter trop haut en front de mer pour des gugusses qui vont trouver le feu d'artifice moins beau que l'année dernière et qui croient te faire vivre parce qu'ils font le marché et se paient quelques restos... Et qu’est-ce que ce serait sans la taxe de séjour !
J’écrivais en 2007 (1), à l’adresse des élus : « ... Dire que les autres nous envient le statut de commune riche ! Moi, j’échangerais tout de suite la facture en impôts locaux et je ne vois pas ce qu’une gestion "en bon père de famille" a de ringard ! Les vacanciers rapportent à quelques uns mais coûtent à tous les autres ! Certes les "Saint-Pierrois", sous couvert d’indépendantisme, se prennent pour des vaches à lait ; sans les attaquer, notons cependant que la station balnéaire nous a valu plus de déboires que d’avantages,dont un POS préjudiciable au développement démographique. Alors, un peu de solidarité s’il vous plaît ! »
Et puisque nous n’avons pas l’heur de vivre dans un proche « arrière pays », c’est à vous monsieur le maire, de nous sortir la meilleure gestion et non la moins mauvaise, pour qu’on puisse penser et dire que vous êtes bon et non élu par défaut, dans une continuité lourde de dépenses, de dettes et d’impôts à payer...
Dire non sans fierté que la commune atteint 50 000 habitants en période estivale, insister sur le tourisme en tant que pôle essentiel de l’économie locale, revendiquer un budget élevé pour l’animation, l’été, reste recevable si l’accueil des estivants ne se traduit pas par une charge supplémentaire pour les 3500 habitants permanents. Est-ce irraisonnable de demander une plus juste répartition des retombées ? Comme les ganivelles qui empêchent la mer d’emporter le sable de nos plages, vous êtes celui qui peut et qui doit faire en sorte que tant d’argent ne nous file pas entre les doigts... maintenant que la douloureuse liée à la Bulle de Fleury semble être derrière nous.   

(1) signé « Un cheval de retour » parce que je fustigeais l’ingratitude d’une population et plus encore des élus oublieux du passé, de tous les chevaux de trait qui ont su accompagner les hommes à la vigne... c’est aussi notre Histoire et nous y reviendrons ! (page 313 / Le Carignan / Pages de vie à Fleury 1 / chapitre "Vous qui m’êtes chers")
Photo autorisée :  goog. images / flick.com / ganivelles  Je n’ai malheureusement pu copier-coller les ganivelles de nos dunes (Saint-Pierre, les cabanes de Fleury), les photos de la mairie n’étant pas disponibles, ce qui contredit monsieur le maire rappelant, lors de sa campagne, sa citation préférée :  
« Tout ce qui n’est pas partagé est perdu ».

samedi 6 décembre 2014

VINASSAN / Aude, Languedoc : nos voisins


Ceux qui les traitent de pantigues ? Sûrement les reinarts ! Vous savez, les premiers habitants d’Armissan qui, comme les renards habitaient dans des grottes ! Et les pantigues sont ces sauterelles XXL qui dévorent les rameaux nouveaux puis les grappes en fleur des raisins languedociens. En français l’éphippigère, étymologiquement le porte-selle dont une espèce méditerranéenne : Ephippiger cruciger, l’éphippigère de Béziers. Ces bedonnantes qui ne peuvent pas voler font de la musique avec les moignons d’ailes, deux écailles en guise d’archet et de corde vibrante. Imaginez comme elles ont dû faire bombance lorsque la vigne a remplacé le blé. De quoi jouer ensuite du violon, avec les grillons, en attendant le concert des gragnotes, la nuit, dans la plaine.
Est-ce une erreur de voir le village plutôt tourné vers la plaine alors qu’une grande partie du territoire monte vers la garrigue ? Est-ce que la domination indécente de Narbonne dont les limites atteignent les portes de Cuxac, de Coursan, de Vinassan et d’Armissan, de Fleury même puisque, en pleine garrigue, en bas du Courtal Cremat, au ruisseau (plutôt un fossé à sec) de la Cave Maîtresse c’est déjà, c’est encore la limite avec Narbonne ! Fan cagar a la fin, sount pertout et fan pas rès ! Ah s’ils devaient nous rendre des terres comme ils ont dû rendre l’Aude, à force, vers son embouchure naturelle, notre canton ne s’en retrouverait pas coupé en deux ! Pas étonnant que nos pauvres villages en soient à se chamailler pour les quelques arpents qui restent. Encore heureux que les Coursanots et surtout les Vinassanots, rois de la braconne et de la maraude aient su historiquement leur soutirer des piboulades, des anguilles à la pelote et au parapluie et ces asperges géantes bien vertes des bords de canaux ! Bravo les Croquants, macarel !
Dans son Trésor du Félibrige, Mistral ne mentionne que le nom du village ... la fable de la pantigue et du reinart lui a échappé... et Sabarthès n’est guère plus bavard : 

« VINASSAN église dédiée à St-Martin / Fiscum Viniacum 899 / Vinasan 1595 / Binassà (vulg.)... Pas de date postérieure à 1595... et on reste d’autant plus sur notre faim que l’auteur en dit davantage sur Tarailhan et Marmorières 



Busquiers (chemin des) lieu dit terroir de Marmorières 1298 / carrière appellée des Busquiers 1606
La Fabrique écart
Font-de-Lègue lieu dit Vinassan ad fontem vocatum de la Leca 1322
Mader bergerie
Le Pradel anc fief au terroir de la Clape Narb et par extension Armissan et Vinassan 969
Saint-Félix ferme / saint-Martin ferme /

Tarailhan ferme / l'anc chapelle dépendait de la paroisse de Marmorières Ecclesia Sancti Stephani di Taralano 1324 / « la Bastida de Teralhan» 1495 / «Thérailhian 1807 / anc Etang de Tarailhan.

Marmorières Villa Marinorema = Marmoreria infra insula Lici 821
Parachol lieu dit Marmorières Vin 1293Marmorières Villa Marinorema = Marmoreria infra insula Lici 821
Parachol lieu dit Marmorières Vin 1293
Valmerdière lieu dit au terroir de Marmorières 1293  "Vallis Merderia" 1293"Vallis Merdaria" 1324

Etang Salin Vinassan et narbonne, restes du lacus Rubressus, desséché 1585 grâce au canal Ste Marie, salines mentionnées en 844 estang salin ou marais de la Clape 1680. Le canal de l’etang-Salin ou de Ste marie prend à Coursan le trop-plein de la riv Aude, arrose les bases plaines de Coursan (A l’estang 1768), Armissan (Tot lo lonc de l’Estanh 1537), Narb et se jette dans l’étang de campignol au roc de Conilhac (déjà mentionné pour Coursan et Armissan).
Au XVI ème, l’asséchement permit un gain de terres et l’accroissement de la population.


Vinassan n’en demeure pas moins un village attachant qui nous offre encore l’eau de son puits artésien (indispensable pour tremper les légumes secs!). Un clic sur le site très intéressant de la mairie (http://www.vinassan.fr/) permet d’en apprendre sur le peuplement du village, le docteur Montestruc, la glacière, la pompe du curé... peut-être le père Barbe connu pour ses préparations médicinales dont une fameuse potion pour les yeux. Dommage que la belle cave coopérative aujourd’hui disparue (pionnière du vin rosé dans les années 70 !) ne figure point sur la page de la commune...  

photos autorisées :
Cave coopérative de Vinassan crédit photo http://www.laregion-culture.fr/cultureetpatrimoine/cavescoop/cave-distillerie/cooperative-vinicole-vinassan-11

vendredi 2 juillet 2021

Sur le pont de Coursan, on y danse (fin)

 Plus de dix ans plus tard, le cardinal de Richelieu doit encore passer à gué et ce n'est qu'à partir de 1685 que grâce aux impôts supplémentaires (déjà...) votés par les États du Languedoc, l'idée de pont pourra se matérialiser. Henri Gautier (1660 - 1737), ingénieur du roi puis inspecteur du corps des Ponts-et-Chaussées, participe à la construction des cinq arches d'origine (la dernière rive gauche se retrouve enterrée suite à une inflexion du lit de l'Aude (encore un caprice d'un fleuve trop travailleur et porteur de sédiments ? et à quelle époque ?).

Portant l'ancienne nationale 9, d'importance pour les échanges Nord-Sud via le Massif Central, l'ouvrage s'en trouvera régulièrement retouché : les trottoirs à partir de 1882 jusqu'à leur encorbellement en 1924, la chaussée élargie en 1905 et portée à 6,50 mètres (avec des trottoirs de 2 m !). Les matériaux ont évolué :  de la fonte à l'origine pour les parapets puis du ciment armé avant l'aluminium anodisé plus actuel. Les modifications se conjuguent avec des réparations, restaurations et un entretien fonciers ; ainsi la voute centrale a été consolidée par injection de béton en 1967, les fondations des piles renforcées par un rempiétement en 1983, le tablier en 1985.     

"... Le petit pont de Coursan..." peut-on lire parfois de la part d'un (sur Wikipedia), qui, à l'instar du Parisien narguant le provincial, tendrait à dénigrer le pays profond, ne prêchant que par la grande ville. Laisse donc, Coursannais : ce quidam, jaloux de notre joli pont avec aussi des ouïes comme à Toulouse n'est même pas capable de compter jusqu'à quatre puisqu'il parle de trois arches seulement... Ne parlons pas de la cinquième...   

Daïsso péta Coursannot, maï que s'en fouten d'aquel piot... 

S'il ne faut pas déprécier pour autant le pont de Cuxac en amont, ceux de Salles et Fleury en aval, serait-ce pour des raisons que la raison ne connaît pas, il est assurément beau et photogénique, ce pont qui vit passer tant d'illustres personnages... Alliées à son profil cambré donnant sur Notre-Dame-de-Rominguière, l'église qui adopta la tour de guet wisigothique en guise de clocher, ses ouïes, ouvertures circulaires, si utiles pour l'écoulement d'une lame d'eau importante, ses arches encore, plein cintre, encadrant celle en anse de panier, en allègent joliment la structure... 

Panier des paysannes... Le riche limon des rives du fleuve continue de donner de bons légumes et l'été des tomates en quantité... La joie s'ajoute à l'esthétique pour la belle saison et la fête de la Barque... et si ce n'est pas sur le pont, graillons et flonflons, "... Dansez, chantez, villageois, la nuit gagne... le vent qui vient..." (clin d’œil à Georges Brassens...). 

Sources : wikipedia & site de la ville de Coursan.