Jeudi
21 septembre 1939. Nous vendangeons aujourd’hui pour l’oncle.
Comportes remplies : 62 à 7 degrés 2.
Nous sommes à Aigos Claros.
Dernier ressaut du ruisseau du Bouquet (1) : Aigos
Claros, encore un tènement au nom limpide et qui nous emballe plus
particulièrement parce que notre inimitable oncle Noé y entretenait un jardin
des délices. Et pour les mille et un légumes du potager, l’oncle puisait l’eau
avec une pousalanco (ou pousaranco ?) fièrement pointée vers le ciel quand elle
ne prélevait pas l’eau dans une conque aménagée, certainement un pousadou (2) !
Ah qu’elle était jolie la noble conquête de l’oncle Noé ! D’où en avait-il eu
l’idée ? La pouzalanco ? un balancier à puiser l’eau, le chadouf fameux de
Mésopotamie ou d’Égypte.
En été, les melons venaient bien au jardin d’Aigos
Claros, du temps où comme pour les hommes, enfin, à en croire les femmes, il
fallait en goûter dix pour en trouver un de bon ! En attendant, c’est du propre
ces propos de dévergondées puisque souvent le premier amoureux était celui
d’une vie... Au service militaire, l’oncle Noé écrivait à tante tous les jours
et même dans l’âge, ils formaient un couple aussi soudé qu’attendrissant... Ah
! tante Céline qui donc testait les melons avec une comporte à côté... de quoi
cumuler une cinquantaine de kilos ! Toujours gaie, elle sondait et goûtait en
effet chacun d’eux pour n‘en garder qu‘une paire, le reste, la comporte, allant
directement aux poules. Le temps n’était pas encore celui des melons toujours
bons, c’était avant ceux de Canguilhem à Coursan qui ont fait la réputation du
marché de Saint-Pierre... Et à parler de légumes, un maraîcher pays continue d’y
faire pousser sa production puisque le jardin de Galabru père n’est pas loin en
regardant vers la Glacière...
La plaine de l'Aude à Fleury en regardant vers les collines de Nissan-lez-Ensérune. |
Aigos Claros est-ce entre les côteaux et la plaine
? A l’occasion de la récolte 1939, soit 62 comportes d’un faible degré, on est
tenté de dire „la plaine“ où la quantité équilibrait la qualité moins productive des côteaux.
(1)
Oui... je sais, certains n’osent pas me reprocher de n’avoir
pas publié le dernier volet à propos du ruisseau du Bouquet... Quelle
importance...
(2)
Pousa d’aigo en occitan c’est puiser de l’eau.
Et le chadouf de Léonard de Vinci au Clos Lucé ? commons wikimedia Author Duch |
la pouso-raco, et ses variétés orthographiques, a pour fonction de puiser alternativement (posar) et de cracher (racar = dégueuler) l'eau.Ce qui donne l'étymologie.
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