« …
L’oncle Maurice.
Ma mère
(sa nièce) me racontait un jour qu’il avait acheté une très grande vigne, sans
doute dans la plaine, et cela sans argent ! Il comptait sur la future récolte
pour payer. Le sort devait le combler. Dès les premières vendanges, tout fut
presque apuré. La chance, cette fois, était avec mon oncle… »
« …
En vendange.
Toumassou,
dans la vigne du Prat où on trouvait près de vingt escargots par souche :
« S’en
pas aïci per lous cagaraous (1) ! »
Il lui
arrivait d’en manger un, cru, à l’occasion, pour impressionner un auditoire
dégoûté… »
(1) « On n’est
pas là pour les escargots ! » Préméditait-il qu’il serait le premier
à revenir dans la vigne pour les ramasser ?
« …Un chariot de comportes.
Pour charger les comportes pleines
sur le deuxième rang, on balançait aussi la comporte en comptant « un, deux, et
trois). Et le 3 coïncidait avec l’arrivée de la charge sur le plateau. Un jour,
Fernand Monbiéla (de Poitiers, mari de l’institutrice de l’école maternelle,
par ailleurs comique troupier déjà apprécié dans ses chansons par papé Jean à
une gare de triage durant la guerre 14-18), sans doute peu partisan de cette
méthode, remarqua ironiquement : « Et si nous comptions jusqu’à mille ? » Cela
aurait été beaucoup plus fastidieux que la situation enviable de ce jeune
médecin qui conseillait à sa jolie patiente, en l’auscultant : « Respirez bien,
mon enfant, et comptez jusqu’à mille !.. »
Au Baous, vendanges 1967. |
« … Le Baous.
Les « pins à pignons du Pech de la
Pistole » ont notamment poussé dans ce qui fut une jolie petite vigne d’Alfred
le coiffeur. Aux vendanges, ils traversaient notre Baous en travers, le petit
sentier creux qui aurait dû les desservir étant devenu tout à fait sauvage et
inutilisable. La femme d’Alfred, l’Alfrèno, après sa mort, jugea bien superflu,
par exemple, de tailler la vigne. Elle estimait « les arbres, on ne les taille
pas. Alors, pourquoi tailler la vigne ! » Pas de taille, pas de labour, aucun
travail : on a vu le résultat, un joli bois de pins a remplacé la jolie vigne… »
Notes : Lou Baous ("baus" sur les dictionnaires d'occitan), tènement à cheval sur les communes de Fleury et de Salles. La garrigue y est géologiquement différente et plus récente qu'au cœur de La Clape.
Les textes sont principalement tirés du livre "Caboujolette / Pages de vie à Fleury-d'Aude II / 2008 / François Dedieu.
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