Alicante_Bouschet Ampélographie Viala et Vermorel. |
1939, les poussées totalitaristes débouchent sans possibilité d’échappatoire sur la guerre.
Le premier avril Franco, décidé à supprimer la moitié de la population s’il le faut, impose sa dictature à l’Espagne .
Le 22 mai le pacte d’Acier lie offensivement Mussolini à Hitler.
Le 23 août, un autre pacte, soviéto-germanique de non agression cette fois. Personne n’en connaît encore les
clauses secrètes mais cela attise le ressentiment contre Thorez et les
communistes.
Le 24 août la France mobilise en
partie, le 25, Londres signe un accord d’assistance, sur cinq ans, avec la
Pologne.
Le 26, La France avertit Hitler qu’elle tiendra ses engagements à l’égard de la Pologne.
Le 26, La France avertit Hitler qu’elle tiendra ses engagements à l’égard de la Pologne.
Le 28 août, ultimatum à la Pologne :
l’Allemagne exige Dantzig ainsi qu’un plébiscite pour le rattachement du « corridor ».
Le 31, Himmler simule une attaque polonaise sur le territoire allemand.
Le 31, Himmler simule une attaque polonaise sur le territoire allemand.
Le 1er septembre, Hitler
envahit la Pologne, la France mobilise mais laisse, conjointement au Royaume-Uni,
une dernière chance à l’Allemagne de retirer ses troupes avant le 3.
Le 3 septembre, les Alliés déclarent la guerre à l’Allemagne.
Le 3 septembre, les Alliés déclarent la guerre à l’Allemagne.
Le 7 septembre, la France envahit la
Sarre !
Le 17 septembre, les Soviétiques attaquent
à l’Est et prennent la Pologne en tenaille.
C'était il y a 80 ans et il n'est pas inutile de rappeler la gravité de la situation.
C'était il y a 80 ans et il n'est pas inutile de rappeler la gravité de la situation.
« … C’est dans cette atmosphère
lourde de menaces que commencent nos vendanges familiales de 1939. J’ai voulu
en faire le compte rendu succinct, mais au bout de trois ou quatre jours ma
plume fatiguée devait s’arrêter. Qu’importe ! Ce vieux cahier rose « Standard »
de la « Grande Librairie Breithaupt-Cariven »,[…] ce vieux cahier donc en porte
témoignage et voici ce qu’il nous dit :
Les vendanges 1939.
Lundi 18 septembre (Ste Sophie). Première journée de vendanges à la Pointe et à Joie (alicante (1)). La vigne de la Pointe produit 22 comportes. Seize comportes une fois remplies, je dois aller dire à papa d’en apporter six de plus. Je le rencontre à la « Barque Vieille ». Nous changeons de vigne à dix heures moins dix.
En arrivant à « Joie », nous
mangeons. Plat du jour : macaronis et confit de canard et de poule. Nous
reprenons le travail à midi
moins le quart. Le soir, nous remplissons 33 comportes. Un seul fait à signaler
: nous avons perdu plus de deux heures par manque de comportes.
[...] Monsieur Sanchon a été mobilisé pour
une « mission spéciale » sur laquelle il a vainement essayé d’obtenir plus de
détails. Il écrit justement qu’il s’est embarqué. Il doit aller jusqu’en Côte
d’Ivoire, à Abidjan qui en est la capitale.
L’oncle Noé également a été
mobilisé. Il a aussi écrit, il est à Nice. Il va écrire pratiquement chaque
jour, et tante Céline attendra fiévreusement que leur fils Norbert, promu à
quinze ans au grade de charretier et de palefrenier pour leur vieux cheval
Mignon, lui apporte à la vigne, dans l’après-midi, la lettre ou la carte à
laquelle elle va répondre le soir venu, malgré la fatigue due aux vendanges.
Je reviens au cahier. Le bilan de la
vendange s’établit comme suit :
Comportes remplies : 55, dont 22 de la Pointe, qui ont donné du
vin pesant 8 degrés 9 (quand on vide les comportes dans la cuve ou dans le
foudre, on garde toujours un petit litre de moût qui permet, au mustimètre
Dujardin-Salleron, d’avoir une idée très exacte de ce que sera, en richesse
alcoolique le vin qui va en résulter), et 33 de Joie, donnant du vin de 6,8°.
Beaucoup de raisins à Joie (d’où
faible degré), belles grappes à la
Pointe.
Comportes rentrées en cuve : 52,
dont 22 de la Pointe
et 30 de Joie.
Voyages effectués : 4, à savoir :
Matin : un de Norbert, avec 12
comportes ;
un de papa : 10 comportes.
Soir : un de Norbert, 13 comportes
;
un de papa, 17 comportes.
Lamy ne peut monter un remblai, à
travers champs. En conséquence, il faut redescendre les quatre comportes du
second rang.
Notre « colle » se compose de :
Alban Biau, de Salles, dit «
Toumassou », maître d’affaires, « kitchaïré »
Tante Céline, Grand’mère Joséphine,
Maman Ernestine, Paulette Sanchon, Marcelle, coupeuses,
Norbert, videur de seaux et charretier,
Papa, Jean, charretier et charrieur,
François, coupeur et charrieur (avec
les « pals »).
(1) Ce que nous appelons « alicante » n’a
rien à voir avec le grenache, et notamment l’alicante bouschet est un cépage
teinturier qui donnait « de la couleur » à notre vin rouge, surtout à
l’aramon.
Lithographie_du_Black_Alicante. Ampélographie 1910. Author Pierre Vialaet Victor Vermorel, Editeur Masson |
Le texte est extrait du livre "Caboujolette" 2008, auteur François Dedieu.
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