jeudi 24 septembre 2015

Yves pêcheur du golfe / LES TORTUES (X) / Languedoc, Golfe du Lion.

HÔTES RARES ET ÉTONNANTS : LES TORTUES... 
(Le pêcheur du Golfe Xème tableau) 
Le 14 juillet 1949, Yves le pêcheur a directement participé à la prise d’une tortue “avec des dents énormes”, en face de Port-La-Nouvelle. Il ne faut pas s’étonner si des animaux pouvant atteindre 900 kilos ont été décrits périodiquement comme monstrueux (1). Et Yves n’exagère pas plus que Wikipédia :  “... Sur le bec supérieur, on peut observer une pointe médiane très marquée entourée de deux grandes encoches. L'intérieur de la bouche est occupé par une multitude de cônes, utilisés aussi bien pour l'oxygénation que l'alimentation... /... 
... Les tortues n'ayant pas de dents et les méduses étant difficiles à déchiqueter, les scientifiques se sont demandé comment les tortues luth pouvaient s'alimenter avec ces animaux. On a découvert que l'œsophage de la tortue luth, tapissé d'épines, avait pour fonction le dépeçage des proies...”

En un peu plus de quatre siècles, sur les côtes françaises de la Méditerranée, Corse comprise, seules 30 captures ou observations de tortues luth ont laissé une trace. La moitié provient du Golfe du Lion formé surtout de plages sableuses. Le tiers de ces comptes-rendus concerne la portion de côte entre Sète et Palavas-les-Flots. On ne peut rien en déduire, le premier témoignage sur sa présence daterait-il de 1588 ! Est-ce que ce sont des tortues luth traversant l’Atlantique et passant le seuil de Gibraltar ? Sont-elles issues de pontes en Méditerranée, seraient-elles rarissimes ?  
http://www.seaturtle.org/pdf/ocr/OliverG_1986_VieMilieu.pdf
D’après Wikipédia “... De nombreux lieux de ponte autrefois fréquentés par les tortues luth ne le sont presque plus ou plus du tout, comme la Sicile, la Turquie, la Libye ou Israël...”
Il n’empêche que la fréquentation de nos côtes est confirmée :
“... En France, plusieurs espèces de tortues marines peuvent être observées. D'observation très rare en mer, elles sont pourtant observées mortes dans les filets de pêche (Tortue luth plus particulièrement) ou occasionnellement échouées sur nos côtes...”
http://batrachos.free.fr/tortuesaq.htm


Pour la période dont a témoigné Yves (voir les épisodes sur “le pêcheur du Golfe”), les cinq pages de la communication de Guy Oliver font état,  de trois captures :
* Le 17 août 1949, un mâle de 2 mètres et 350 kilos a été pris par la barque “Idéal", appartenant à M. L. Molle, à 6 milles au large de Maguelonne (Hérault) (Harant, 1949). 
* le 9 septembre 1950, une femelle de 2.01 m. et de 350 à 400 kilos a été prise dans les filets à thons de M. Étienne Rossie, au large de La Nouvelle (Aude) (Petit, 1951). 
* Le 21 août 1955, un mâle de 2.14 m. pour environ 300 kilos a été pris encore au large de La Nouvelle (Harant 1956).
 http://www.seaturtle.org/pdf/ocr/OliverG_1986_VieMilieu.pdf

En 1951, le professeur Petit précisait, à propos de la prise d’une tortue luth à La Nouvelle :  : “ en raison de la rareté (...) toute capture avec au minimum l’indication de date, des dimensions de l’animal et du sexe, mérite d’être signalée."  (PETIT G. 1951. Capture d’une tortue luth à La Nouvelle (Aude) Vie Milieu 2 / 154- 155).
La tortue luth est protégée par des conventions internationales, et en France, depuis 1991... En France, justement, la portée de cette protection est malheureusement affaiblie au prétexte que les données sont insuffisantes... Comme s’il ne suffisait pas de convenir que cette alliée contre les méduses contribue au maintien des poissons, en tant que ressource planétaire ! Ah la logique française confinant à la bêtise ! Agaçant, non ?     

(1) le fond des histoires de régalec, ce roi des harengs parfois assimilé au serpent de mer, ou de calmar géant, liées aux soirées arrosées des marins en escale (aussi pour dissuader les concurrents de cingler vers les mêmes destinations), correspond bien à une réalité (voir aussi Jules Verne). 




photos autorisées sous wikipédia & wikimédia commons dont :
2. régalec par Wm Leo Smith. 
3. calmar colossal copyright Citron

mercredi 23 septembre 2015

SALUT POILU, C'EST ENCORE MOI ! (fin) / Pézenas, Languedoc, France


Qu’on ne s’offusque pas, surtout : cette familiarité n’a rien de condescendant. C’est l’affection qu’elle exprime, la complicité unique entre un grand-père et son pitchoun en serait une bonne illustration, quand l’aïeul blague et que le petit rit... Même que le Poilu a vu quand le passant a souri... Un passant convaincu, qui plus est, d’un clin d’œil en prime, je peux en témoigner, oui, mais pas pour le mot d’esprit dont l’enfant rit encore. Sûr que, plus vivant que jamais, le combattant insiste auprès des adultes, suggérant que rien et que tout séparent un soldat tué d’un papé toujours debout, rappelant combien l’horreur de la guerre n’est qu’ordinaire pour des êtres pourtant dotés de raison sinon de conscience.
Et cette façon directe de s’adresser aux présents, sans la moindre pique, sans la solennité guindée des cérémonies... N’allez pas vous méprendre : la communauté ne serait pas sans les rituels, sauf que ceux qui donnent dans l’emphase, l’affectation en excès, plutôt que de ranimer la flamme, l’étouffent plutôt, à leur corps défendant...


C’est vrai que j’ai pensé “épatant” et presque “formidable”, sans qu’il soit question ici de surenchère, de provocation, ou de cette prétendue arrogance que de vils dirigeants étrangers nous prêtent pour mieux flatter des leurs, les bas instincts... Bien sûr que la guerre, déplorable, haïssable pour certains, n’a rien de formidable. Loin de gommer le tragique de notre Histoire intemporelle, il s’agit ici d’apprécier seulement ce que l’atmosphère, dans le Square du Poilu, a de vivant, de moderne, d’accessible et surtout pas d’émoussé.
Et pour être passé devant toi plusieurs fois par jour, une année durant, sans pour autant te croiser, à l’âge où la fascination pour un grand-père entretient l’optimisme sinon l’euphorie, la vie indéfectible, le monde beau et gentil, je te salue, Poilu... Finalement, c’est toi qui es venu à ma rencontre... C’est mieux ainsi. 

Dans la quête d’un bon angle, si je papillonne en évoquant les grenouilles de tes voisins asséchés, les poissons, je tiens à te confirmer que nous t’avons aperçu, cet été, avec notre oncle Pierre, sur le front d’Alsace, sur les crêtes de l’Hartmannswillerskopf... Trois générations sinon quatre, main dans la main avec nos Poilus, les drapeaux claquant vers le ciel dans le silence et le vent froid... Un grand moment...
Et maintenant, au grand soleil, entre nous, tu le vois ce bonhomme de huit ans qui voltige sur le gros ressort de l’aire de jeux, il y était, dans la froidure, sous son béret, comme les grands ! Et c’est bien qu’il soit là aujourd’hui... Il lui reviendra un jour que ta présence sereine répète inlassablement que les folies mènent aux catastrophes. Dans nos villes, nos villages, tes semblables apaisés, désabusés mais forts d’une conviction profonde, bien que raillés, un temps méprisés, ne le cèdent en rien, pas plus aux fantassins des combats glorieux qu’aux victimes pour l’exemple. 
Tu sais ce qu’a pu dire Valéry :
"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas." (Paul Valéry).
Salut Poilu, à la prochaine ! Tape à nouveau sur mon épaule, pour que ce frisson ne meure ! Ce sera beau, fort comme une première fois ! 

photos 1. square du Poilu depuis le haut du cours Jean Jaurès. 
2. la ville depuis le square. 
3. Salut Poilu !
4. Une grenouille du bassin aux poissons, à sec.