dimanche 10 mars 2019

LES ÉCHOS, LES MOTS DE FLEURY, TOUJOURS… / Fleury d'Aude en Languedoc

Un troubadour qui dit et chante pour nous le Sud, Nougaro, Claude. Sa vie, ses vers, son âme qui accompagnent… Cécile, sa fille, j’étais mainatge (loupiot, enfant, qui se dit aussi dròlle) à Pézenas. Le Verdouble, sa rivière « aux flots fous, aux flots flous » des Corbières. Son hymne qui serre la tripe et noue la gorge parce que chaque Languedocien peut le faire sien :

« …Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte de l’Aude, ma rivière
Et la blanche pierre de la garrigue…  
Ô mon païs, ô las vignos,  ôô Fleuris... »

Et plus loin son papa que je fais mien :

« … J'entends toujours la voix de papa
Du pays, du village en survie, c’était  mon seul écho… »

Un troubadour, un menestrel, un échanson, un poète, un père pour partager et transmettre… C’est brouillon, c’est confus mais si débordant intérieurement… C’est ainsi que je veux rendre, pour le revivre si fort, ce temps charnière entre sommeil et renaissance, entre hiver et printemps, dans le ciel de nos vents. 

Fleury d'Aude / Repas des seniors 2013.
Ses mots sont là, entre février et mars… Une petite voix, la tienne, papa,  m’a soufflé d’aller les chercher « Vai lous quère ! »

Objet :  Chandeleur  Reçu le :  dimanche 02 février 2003 à 13h54  Objet : Un dimanche à la maison.
Le bonjour de Fleury, où un beau soleil réchauffe l’atmosphère. De zéro degré le matin nous passons à six, et actuellement (midi juste) notre mercure de la cour indique pratiquement dix degrés, tandis que l’alcool teinté en rouge du thermomètre extérieur du premier donne 9°. Le radoucissement était prévu, et en allant chercher le pain, j’ai vu Juju Alvaredo se chauffant au soleil et à l’abri, tout seul, devant l’ex-épicerie Antoine Molveau devenue l’ex-charcuterie Puech, qui m’a dit, sur un signe de ma part : « Ici, il fait bon ». Il était tout de même chaudement vêtu.

Date : lundi 2 février 2004 18:20 Lou four de caus (lo forn de cauç)

Fleury-d’Aude, lundi 02 février 2004. 14 heures, ciel gris, brouillard qui empêche même de voir le moulin de ma chambre du second, mais temps très doux, 11 degrés ; les amandiers sont en fleur. 



TASSIN-LA-DEMI-LUNE. Nous sommes dans le grand LYON, à l’ouest de la grande ville, sur la « Nationale 7 » chantée par Charles Trenet. C’est tout près des « Trois-Renards », le terminus de la ligne de trolley en provenance de la place Bellecour. Un poste de gendarmerie semblable à beaucoup d’autres, possédant toutefois un magnifique chien policier qui mérite tous les égards et a déjà rendu d’éminents services. Il n’obéit vraiment qu’à son maître (voix, signes de la main, lumière dans la nuit). Chaque semaine, c’est l’entraînement dans un terrain spécialement conçu à cet effet : saut d’obstacles, murs de planches à franchir allègrement sans rechigner, attaque de mannequins capitonnés dûment protégés des morsures au bras qui tient une arme, voire à la gorge, selon le cas. Vraiment dangereux pour le novice. Mieux vaut ne pas avoir affaire à un tel animal, pourvu par ailleurs d’un vrai passeport où s’alignent, après les photos et l’empreinte de truffe d’Azor – c’est son nom – l’identité des délinquants, cambrioleurs et même assassins qu’il a permis d’arrêter.

            Le maréchal des logis chef de gendarmerie, au 108, Avenue de la République à La Demi-Lune, le margis-chef, en abrégé, c’est Etienne PEYRE, cousin germain de papé Jean et fils de mon parrain François, maître de chais à La Grange-des-Près proche de Pézenas, après avoir longtemps été garde-chasse aux Karantes, ce domaine de la commune de Narbonne rattaché pratiquement à Fleury. 

(à suivre).

samedi 9 mars 2019

LA SITUATION HISTORIQUE DES PAYSANS EN ESPAGNE.

Seulement des éléments de réflexion, des matériaux glanés surtout grâce au Net. Seulement le désir d'avancer dans cette réflexion surtout parce que son objet reste d'actualité.

1975. Vendanges dans les Corbières / Fonds André Cros/ Archives municipales de Toulouse.
Dans les années 60, par les vendangeurs venus d'Espagne et par les émigrés espagnols installés en Languedoc et plus particulièrement dans mon village dans les vignes, Fleury, une image avait filtré, me rendant concrète alors l'exploitation des pauvres par les riches. En corollaire, il y a aussi ce camarade de classe à Pézenas, André de son prénom mais je ne suis pas sûr, il habitait Castelnau-de-Guers. Tous les professeurs dont mon père qui me le citait presque pieusement en exemple, avaient beaucoup d'estime pour cet excellent élève dont les parents ne parlaient qu'espagnol. L'image qui me faisait plus d'effet que l'historique réalité de l'esclavage, était celle d'un propriétaire terrien passant en revue les journaliers réunis à l'aube sur la place du village. L'important personnage choisissait du geste qui aurait ou non droit au travail pour nourrir la famille... Marcher des heures parfois pour rejoindre le lieu d'une hypothétique embauche et, dans le meilleur des cas, repartir à la nuit vers son pauvre logis... 

Nous avons comme exemple l'abolition du servage en Russie en 1861 par le tsar Alexandre II préférant anticiper des ferments de révolte. Un geste fort mais bien trop insuffisant dans une société d'opprimés menés par une caste privilégiée. Un déséquilibre entretenu ne pouvant mener qu'à une rupture violente marquée par des révolutions dont celle, en Russie, durement réprimée, de 1905 et celle, réussie, de 1917. 

Parfois nous focalisons sur une situation sociale lointaine sans voir à nos portes des inégalités aussi criantes et inhumaines. Historiquement, la situation des paysans en Espagne fut aussi abominable qu'en Russie mais peut-être, de la part d'un bord qui se dit démocratique et libre, il est plus spontané de dénoncer la dictature rouge bolchévique qui en résulta, qu'une conséquence brune et fascisante sinon des inégalités qui perdurent quand la noblesse continue de posséder la terre, ce qui est encore le cas dans la plaine andalouse, puisqu'il s'agit du cadre de notre propos. 

L'esclavage est aussi normal que général chez les Grecs, les Romains. A leur suite, et en pointant du doigt la Méditerranée Occidentale, qu'en était-il chez les Wisigoths, ce peuple qui après avoir pillé Rome (410) resta maître de l'Espagne (1) jusqu'à la conquête berbère (711) ?

Voyage en Espagne (Théophile Gautier) Illustration de Gustave Doré.

Une minorité de riches accumulant toujours plus de richesses a besoin d'esclaves toujours en plus grand nombre (Code de Recceswinth / vers 650). Les propriétaires qui sont tenus de participer aux guerres doivent engager avec eux au moins un dixième de leurs esclaves (loi du Fuero Juzgo / 1241 / resté en vigueur encore fin XIXème). En échange les rois donnaient des terres que le vassal n'avait pas le droit de vendre. Par ailleurs, ces vassaux cédaient aussi des terres en échange d'une rente... le bien pouvait être repris en cas de cessation de paiement et sans que l'on tienne compte des sommes déjà versées... une procédure toujours d'actualité me semble-t-il... En regard de tous les codes et lois qui se succèdent (Fueros), la défense du droit de propriété reste essentielle. 


(1) les Romains leur concédèrent l'Aquitaine. Toulouse fut leur capitale. Après leur défaite contre Clovis (Vouillé 507) ils ne gardèrent que la Septimanie (Languedoc) au Nord de leur royaume (capitale Tolède).