Seulement des éléments de réflexion, des matériaux glanés surtout
grâce au Net. Seulement le désir d'avancer dans cette réflexion surtout
parce que son objet reste d'actualité.
1975. Vendanges dans les Corbières / Fonds André Cros/ Archives municipales de Toulouse. |
Dans les années 60, par les vendangeurs venus d'Espagne et par les
émigrés espagnols installés en Languedoc et plus particulièrement dans
mon village dans les vignes, Fleury, une image avait filtré, me rendant
concrète alors l'exploitation des pauvres par les riches. En corollaire,
il y a aussi ce camarade de classe à Pézenas, André de son prénom mais
je ne suis pas sûr, il habitait Castelnau-de-Guers. Tous les professeurs
dont mon père qui me le citait presque pieusement en exemple, avaient
beaucoup d'estime pour cet excellent élève dont les parents ne parlaient
qu'espagnol. L'image qui me faisait plus d'effet que l'historique
réalité de l'esclavage, était celle d'un propriétaire terrien passant en
revue les journaliers réunis à l'aube sur la place du village.
L'important personnage choisissait du geste qui aurait ou non droit au
travail pour nourrir la famille... Marcher des heures parfois pour
rejoindre le lieu d'une hypothétique embauche et, dans le meilleur des
cas, repartir à la nuit vers son pauvre logis...
Nous avons comme
exemple l'abolition du servage en Russie en 1861 par le tsar Alexandre
II préférant anticiper des ferments de révolte. Un geste fort mais bien
trop insuffisant dans une société d'opprimés menés par une caste
privilégiée. Un déséquilibre entretenu ne pouvant mener qu'à une rupture
violente marquée par des révolutions dont celle, en Russie, durement
réprimée, de 1905 et celle, réussie, de 1917.
Parfois nous focalisons sur une situation sociale lointaine sans voir à nos portes des inégalités aussi criantes et inhumaines. Historiquement, la situation des paysans en Espagne fut aussi abominable qu'en Russie mais peut-être, de la part d'un bord qui se dit démocratique et libre, il est plus spontané de dénoncer la dictature rouge bolchévique qui en résulta, qu'une conséquence brune et fascisante sinon des inégalités qui perdurent quand la noblesse continue de posséder la terre, ce qui est encore le cas dans la plaine andalouse, puisqu'il s'agit du cadre de notre propos.
L'esclavage est aussi normal que général
chez les Grecs, les Romains. A leur suite, et en pointant du doigt la
Méditerranée Occidentale, qu'en était-il chez les Wisigoths, ce peuple
qui après avoir pillé Rome (410) resta maître de l'Espagne (1) jusqu'à
la conquête berbère (711) ?
Voyage en Espagne (Théophile Gautier) Illustration de Gustave Doré. |
Une minorité de riches accumulant toujours plus de richesses a besoin
d'esclaves toujours en plus grand nombre (Code de Recceswinth / vers
650). Les propriétaires qui sont tenus de participer aux guerres doivent
engager avec eux au moins un dixième de leurs esclaves (loi du Fuero
Juzgo / 1241 / resté en vigueur encore fin XIXème). En échange les rois
donnaient des terres que le vassal n'avait pas le droit de vendre. Par
ailleurs, ces vassaux cédaient aussi des terres en échange d'une
rente... le bien pouvait être repris en cas de cessation de paiement et
sans que l'on tienne compte des sommes déjà versées... une procédure
toujours d'actualité me semble-t-il... En regard de tous les codes et
lois qui se succèdent (Fueros), la défense du droit de propriété reste
essentielle.
(1) les Romains leur concédèrent l'Aquitaine. Toulouse fut leur
capitale. Après leur défaite contre Clovis (Vouillé 507) ils ne
gardèrent que la Septimanie (Languedoc) au Nord de leur royaume
(capitale Tolède).
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