Peut-être depuis onze millénaires,
certainement au néolithique, les conflits sont inévitables entre éleveurs
nomades et agriculteurs sédentaires, les seconds voulant empêcher les premiers
de pénétrer et de saccager des cultures trop tentantes pour le bétail.
En Espagne,
cette opposition prévalait déjà à l’époque des Wisigoths :
« … Le soin tout spécial qu’ils donnaient (les Goths) à
l’éducation des troupeaux, en maintenant sans culture les vastes et fertiles
déserts affectés encore aujourd’hui au pâturage… »
Histoire d’Espagne / Eugène François Achille Rosseeuw
Saint-Hilaire.
Plus de mille ans plus tard, un
court extrait de 1832 confirme :
« … Ces troupeaux nomades, groupés par dix-mille sont
dirigés par un mayoral, cinquante bergers et autant de chiens. Ils dévastent
impunément en hivernant en Estrémadure… »
« Le sol est
balayé comme par un nuage de sauterelles. Aucun arbre ne croît dans ces plaines
désolées, qui appartiennent plus aux troupeaux qu’aux cultivateurs. Les
bergers, en passant par des endroits habités, ont le droit de cueillir, pour
faire du feu, une branche de chaque arbre qu’ils rencontrent. Si le chemin des
troupeaux les amène vers un champ cultivé, il faut leur frayer un passage,
qu’on rétrécit autant que possible, mais où, pressés par les chiens, ils
foulent aux pieds tout ce qu’ils ne dévorent pas. » (A year in Spain, by an
American, 1832)
"... Mais la richesse de l’Espagne, ce sont ses troupeaux de
moutons, richesse dévorante qui appauvrit le sol qu’elle pourrait féconder. D’immenses
terrains, propres à la culture, sont laissés en friche pour nourrir ces bandes,
non moins dévastatrices que celles es Goths et des Vandales, et qui se
promènent d’un bout de l’Espagne à l’autre, sous la conduite de leurs bergers,
plus redoutés des paysans que les voleurs eux-mêmes…/…"
Histoire d’Espagne / Eugène François Achille Rosseeuw
Saint-Hilaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire