lundi 17 mars 2025

FLEURY, balade en CHANSONS... (1)

Un petit plateau, rien du tout à vrai dire, à peine cinquante quatre mètres de haut... Et pourtant, mes huit ans, ce coteau n'étant qu'à deux pas du quartier avenue de Salles, de la maison, sont loin de l'inaccessible ; les vignes étagées, le lierre au vert d'hiver bon pour le moral, les talus aux amandiers, surtout quand ils fleurissent, les poireaux de quand les poisons n'étouffaient pas la terre, les asperges sauvages, au moins il reste ça... 


« D'où viens-tu gitan ? » chanson des Compagnons... 

L'appariteur en publiait quelques mesures pour l'arrivée sur la place du marchand de moules et de fruits de mer... Ils y avaient un cabanon ; un coin à éviter lorsque la différence est entretenue bêtement, à cause des rumeurs sur les voleurs de poules, voleurs tout court que la voyante ne prédira pas, et attention aux petits enfants, en prime, ils catafalquaient à l'argile les hérissons à rôtir... Vite, à la maison, au crépuscule, à l'heure qui les voit...  

« ...assis près de la flamme claire Qui jette à la clairière Leurs ombres de géants... » 

Tel Pascalet j'étais, l'enfant à la rivière d'Henri Bosco, parfois épiant de loin, caché, sans me douter qu'un jeune de ces Caraques, par compassion, m'aiderait à couper les raisins, à rattraper mes trois souches en arrière de la « colle » de vendangeurs. En demeure l'embarras, la gratitude, le regret de n'avoir pas dit bonjour, un jour aux gitans autour du feu... 

Voilà ce qui m'habite depuis, une fois adulte, la découverte de ce petit plateau, à présent que la dalle du toit a écrasé les murs du cabanon déserté ; au calcaire compact du Puech de Labade, notre sommet haut de 170 mètres (n'en souriez pas, de là haut on voit la mer !), au calcaire marneux de Tuffarel sinon aux grès verts de l'Oustalet (autant de lieux-dits, pas seulement de cailloux, avec des ruines ou toujours occupés sur le piémont oriental recherché pour la vigne) répond ce relief de galets (de lauzes en bordure) couvert de thym, de romarin, objets de ma balade en prévision d'un tripat. 


Encore à courir les marges, nos talus occitans, me défendrais-je de cette nostalgie aigre-douce, à la belle vue tous azimuts de mon village en bas, de ses collines aux moulins de part et d'autre (l'autre est aux voisins sallois), au pied de la Clape derrière, avec au fond la plaine de l'Aude, Vendres et son étang, Valras sa tour et encore la mer, me reviennent les paroles de « Mon Village du Bout du Monde », paroles de Pierre Delanoé (1918-2006), Joe Dassin (1938-1980) interprète.    

« Le vent s'engouffre dans ma valise... », oui, quand il a fallu quitter le pays, ce coteau... Ce n'était pas si loin, Lyon et puis des gens aimables disant en souriant que notre accent leur portait le soleil, mais... mais pour les vacances de Pâques par exemple, sur l'ensemble du parcours, nous passions seulement du velours des platanes au départ, au vert tendre des premières feuilles à l'arrivée, trois semaines de décalage. Et puis, un départ obligé pèse plus qu'un départ choisi... Tout n'est pas vécu en tant qu'exil... (à suivre)


dimanche 16 mars 2025

CARNAVAL, coutumes, croyances, interdits (4ème partie).

*24. À Rouffiac-d'Aude les nouveaux mariés sont tenus de monter un âne, tournés vers la queue ; plus nombreux, ils sont promenés dans une charrette tirée par l'âne, précédée par un masque qui, au bout d'une perche, présente des cornes que les femmes doivent baiser. 

Après le vol de la Joconde au mois d'août 1911  âne en cartonnage coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de la Joconde, tirant le char des Gardiens du Louvre, char du Carnaval de Nice 1912, qui défile aussi ensuite à la Mi-Carême à Paris 1912. Domaine public Auteur anonyme

* 25. À Pezens les hommes mariés se liguent avec les jeunes pour faire monter à l'envers le dernier des nouveaux mariés, nanti d'une perche à cornes. Il s'agissait encore de prévenir contre la malignité du “ sexe dit faible ”, de la créature tentatrice... 
Les couples réfractaires à ces vexations faisaient l'objet d'un charivari, un tapage souvent nocturne pouvant durer jusqu'à contrepartie, à savoir l'acceptation de la vexation sur l'âne sinon un coup à boire en faveur des prétendus gardiens de l'ordre social... 
Ces veilleurs de la morale arbitraire n'hésitaient pas à rendre publique l'inconduite des filles et des femmes. 

*26. À Castelnaudary, la course de l'âne punissait les “ coupables ” d'adultères.  

romarin de la garrigue 13 mars 2025

*27. Les fêtes de carnaval  faisaient la part belle aux jeunes gens que l'attrait du sexe opposé, la testostérone rendaient despotiques et misogynes. Ils reprenaient pour leur compte les symboles de renouveau sinon de fécondité. Moins rêche, moins brutale, cette symbolique adoucie car plus juste à l'égard des femmes potentiellement mères, sera reprise plus concrètement encore lors des fêtes de mai. 
Veille du dimanche gras, les jeunes de Fabrègues, de Sain-Guilhem-le-Désert mettaient un bouquet (romarin, chou et farigoule)à la fenêtre des filles de vingt ans qui à leur tour, les invitaient le dimanche suivant. Ce cadeau du bouquet bien que de seul romarin, stimulant énergétique, existait ailleurs dans l'Hérault. 

Oreillettes de Laeti ma nabeude ! 

Oreillettes 2025 de ma sœurette ! 

*28. Pour carnaval, on se régale avec de pleines corbeilles d'oreillettes, pas de beignets comme partout ailleurs en France même si la pâte avec de la levure donne des oreillettes plus moelleuses, entre les craquantes et les beignets tels les bugnes du Lyonnais.  

*29. dans l'Ariège (Bélesta, Montségur, Dun), les jeunes filles devaient suspendre des fils obtenus au rouet autour de chaque arbre du verger afin de le rendre productif. À Lavelanet et Bélesta, le jour des Cendres, cela portait malheur de cuire le pain, de tremper le linge de la lessive. 

*29. pour carnaval et plus encore durant le carême on ne se mariait pas. (en raison d'un menu maigre pour les invités ?) 

*30. Carnaval juge et se débarrasse de l'hiver en maintenant l'élan viril, son rituel se complète avec les fêtes de mai plus valorisantes pour les femmes. 

Vrac de notes complémentaires (source principale « La France Pittoresque »).   

*31. Une brutalité pouvant aller jusqu'à donner du bâton, fût-il rembourré de paille,  sur l'assistance ou les passants ! 

*32. Carnaval, les masques, ont-ils un lien avec Janus le dieu aux deux visages ? 

*33. Exprimer la fête de carnaval par le biais des animaux : processions de l'âne, du bœuf gras avant son sacrifice, du renard... 

*34. Le renard est promené précédé par la volaille, habillé en ecclésiastique, un rapprochement des plus clairs quand mu par l'instinct, l'animal n'attend pas la fin de la procession lorsqu'il se jette sur les poules, en en tuant plus que besoin ! 

*35. Alors, quelle signification pour “ carnaval ” ? Enlever la viande pour le carême et aussi pour dire qu'on va manger le bœuf gras ? 

*36. Aux endroits où ils cuisaient des crêpes (pour rester en Occitanie, peut-être vers le nord de l'Ardèche), celle, celui qui la faisait tomber était contraint de la manger sans sucre. 

*37. Après les tristes années de la fin du règne de Louis XV mettant fin aux liesses du peuple, le carnaval reprend pour trois semaines sous Louis XVI. Par la suite, dès 1789, la Révolution interdit les masques en public ainsi que les bals masqués.