vendredi 22 mai 2015

LE NATUREL DE MEDIAPART / Mayotte en Danger


Dernièrement, le site Mediapart a publié un reportage << A Mayotte, "comme au temps des colonies" >>. Localement, Kwezi FM et France Mayotte Matin en ont fait état parce qu’une fois de plus, une certaine bien-pensance trouve normal de toujours aborder le sujet plutôt dans une optique trop sûre de sa morale, de son progressisme, de son sens de l'Histoire. Revenons sur ces écrits pour ce qu’ils disent de partiel, d’univoque... pour quelques nuances sans prétendre que toute la vérité est là, sans tomber dans le travers dénoncé ! (en gras, les thèses de Mediapart)


"Mayotte partage avec les autres îles de l’archipel des Comores, culture, langue, religion et passé colonial..."
Le dire ainsi des Alsaciens, des Bretons, des Chtis, des Occitans, des Basques, des Catalans, des Auvergnats (liste non exhaustive) reviendrait à gommer les différences culturelles (animisme plus marqué à Mayotte), de langue (le shingazidja de la Grande-Comore est incompréhensible pour les trois autres îles). Même l’histoire coloniale n’est pas la même pour ce qui est de la chronologie, du statut (Territoire ou Protectorat). Il ne reste que la religion et si elle est "contenue" à Mayotte parce qu’elle est la France, de nombreux locaux s’en félicitent, serait-ce en toute discrétion. 

« Mayotte devenue le dernier département français par référendum en 2011...»
Le dire ainsi c'est faire croire au lapin sorti du chapeau alors que Mayotte demande inlassablement le statut de département depuis 1958 au moins... En outre il serait honnête de préciser que pour le moment, la départementalisation se marque par plus de devoirs que de droits. Est-ce utile de préciser que le citoyen à Mayotte coûte 4700 euros à la collectivité alors que le métropolitain bénéficie de 17300 euros, soit quatre fois plus ! (certains chiffres de l’Insee ne souffrent pas l’ambigüité).

"soumission à la France de peur de se faire éjecter"
Si la posture reflète le rapport du petit au puissant, la cession d’un territoire est légalement, constitutionnellement impossible sans le consentement des populations intéressées (article 53 de la Constitution). Néanmoins, le fait de ne pas se donner les moyens contre l’immigration clandestine (voir plus loin les conséquences), pourrait aboutir à un largage, issue qui contenterait le camp prétendument anticolonialiste et contempteur d’une soit disant légitimité onusienne !
Dans quelle mesure ce rapport de force annihile la demande locale alors que tous les secteurs socio-économiques sont sinistrés ?

"La petite île de 374 km2 pour 212000 habitants..."
Le dire ainsi, c'est oublier que l'Insee justement a pour consigne d'embrouiller si des chiffres fâchent, ce qui rend ces derniers d'autant plus difficiles à trouver, à trier, à décrypter. Depuis 2014, dans les interventions publiques des édiles, des élites, le fait que les étrangers seraient plus nombreux à Mayotte que les nationaux est implicitement reconnu. Pour contourner les statistiques officielles, en mars 2014, une enquête reprise par FMM (France Mayotte Matin) pour évaluer la population par rapport au tonnage de riz importé donne, au bas mot, un nombre compris entre 300 et 400.000 habitants (évaluation aussi avancée en 2015 par la Maire de Sada). 

"îles éparses et ZEE"
L’article lie la présence française à des intérêts sonnants et trébuchants liés aux ZEE (Zone Économique Exclusive) que Mayotte et les Iles Éparses valent à la France. Tout n’étant pas blanc ou noir, il serait utile de nuancer ces arguments lapidaires grâce à quelques pistes historiques comme :
- Andrian Tsouli, le sultan qui a vendu Mayotte l’aurait proposée aux Anglais...
- En 1974-75, la situation internationale (guerre froide, décolonisation, la France expulsée de la base de Diego Suarez, les immixtions dans la zone des Sud-Africains, des Chinois, etc...) a pesé sur le passage à l'acte de Mayotte
- Pourquoi garder Mayotte et non Djibouti au débouché stratégique de la Mer Rouge ?
(A suivre)

photos autorisées 1. flickr.fr A Moroni. 2. pixabay Vue de Sada. 

DES CERISES MAIS AUSSI DES CASCAMELS A TRAUSSE ! / Aude, Languedoc



Les cascamèls désignent les grappillons de raisin, parfois laissés, lors de la vendange, parce que leur maturation est décalée par rapport aux grappes... certains faisaient le bonheur des vadrouilleurs et des grives, encore en novembre. Toutes ces allusions ne peuvent mieux tomber : Luc, mon « vieux copain » cultive la vigne et fait son vin en Minervois, entre l’Argent-Double et la garrigue ! 





Trausse dans le dictionnaire topographique de Sabarthès :
Église paroissiale dédiée à saint Martin.
Évolutions du nom : Villa tesautani 842 ; Villa Tecsetani 843 Villa Trenciani in pago Narbonensi, in suburbo Ventaionensi 866 ; Trencianum 1142 ; Trauzanum 1167 ; Traucan 1216 ; Treussanum 1231 ; Traussanum 1245 ; Traucianum 1245 ; Trautianum 1270 ; Trausan 1595 Trausse 1781 Troòuso (vulg (1)).
Parmi les appellations diverses, les plus "plaisantes" : Cantecocu, lieu dit Trausse, 1231, Cantecouyoul (vulg) / Couscoulholes, localité disparue au contact des communes de Laure, Caunes, Trausse 936...
Les édifices religieux outre l’église paroissiale : Saint-Brès ancienne chapelle XVIIIème / Saint-Roch chapelle rurale Sant Roc 1536 Saint-Roch chapelle 1781 / Saint-Sernin ancienne chapelle Sainct Cerny 1644.
Autres : Chamans f / A l’estanholh 1536 / La leude, ancien péage le même que celui de Peyriac / Paulignan château ancien fief de l’abbaye de Caunes 1270 / Prax lieu dit 1163 / / Sainte-Férigoule col entre Trausse et Félines-d’Hautpoul Al colh de Santa Ferygolha 1536 / / Saisset ferme / La Treille ferme /

Luc, avez-vous des vignes, avec Jean-Yves, sur ces tènements ? Et à l’occasion, tu me préciseras ce que vaut le retour d’affection, à moins qu’il ne soit que commercial, pour le carignan, ce cépage qui me tient particulièrement à cœur... 



Dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral, nous pouvons lire :
Trausso, Tròusso n.de l. Trausse (Aude) village dont les habitants ont une réputation de naïveté comme ceux de Martigue en Provence.
PROV : A Trausso lous Auvergnasses dison la messo. A Trausso lous sants bufon.
Pour le premier, si "auvergnasse" signifie aussi pour les Lyonnais un vent de nord-ouest, sont-ce les gens de l’extérieur et que viennent faire ici les Auvergnats qui seraient plus écoutés que les locaux. Quant au second proverbe est-ce une allusion à la dévotion des habitants ? Une explication serait la bienvenue...
Mistral ajoute : Traussés, Trausseis, Traussanèl, Trauseso, Trausello habitant de Trausse v beco, estestassa
Autres allusions au village : Trausse localité disparue entre salines et l’île del Lec commune de Narbonne.

PS : à propos de la Calandreta, l’école occitane, est-ce celle des Cascamèls (les grappillons de raisin) ? Pour l’école encore, je ne peux que revenir sur cette jolie réflexion de l’ancien maire Julien Boutet : « En 1914, ceux qui sont partis à la guerre ne parlaient pas français mais occitan, on leur devait bien cela ! ».

(1) la mention "vulg" pour "vulgairement" signifie "dans la langue locale", donc en languedocien... Et comme Sabarthès ne saurait être coupable de mépris à l’encontre de son pays, on ne peut que penser qu’en 1912, c’était dans l’air du temps... Et puis, encore aujourd’hui, ils sont nombreux, les tartuffes de la démocratie à ravaler notre langue en tant que "patois"... Partageons et gardons en mémoire, plutôt, le respect, la dignité des paroles de l’ancien maire de Trausse ! 

 photos 1 & 2 http://www.domaineluclapeyre.fr/ 3 commons wikipedia