Dernièrement, le site Mediapart a publié un
reportage << A Mayotte, "comme au temps des colonies" >>. Localement, Kwezi FM et France Mayotte Matin en ont fait état parce
qu’une fois de plus, une certaine bien-pensance trouve normal de toujours
aborder le sujet plutôt dans une optique trop sûre de sa morale, de son
progressisme, de son sens de l'Histoire. Revenons sur ces écrits pour ce qu’ils disent de partiel,
d’univoque... pour quelques nuances sans prétendre que toute la vérité est
là, sans tomber dans le travers dénoncé ! (en gras, les thèses de Mediapart)
"Mayotte partage avec les autres îles de
l’archipel des Comores, culture, langue, religion et passé colonial..."
Le dire ainsi des Alsaciens, des Bretons,
des Chtis, des Occitans, des Basques, des Catalans, des Auvergnats (liste non
exhaustive) reviendrait à gommer les différences culturelles (animisme plus
marqué à Mayotte), de langue (le shingazidja de la Grande-Comore est
incompréhensible pour les trois autres îles). Même l’histoire coloniale n’est
pas la même pour ce qui est de la chronologie, du statut (Territoire ou
Protectorat). Il ne reste que la religion et si elle est "contenue" à Mayotte
parce qu’elle est la France, de nombreux locaux s’en félicitent, serait-ce en
toute discrétion.
Le dire ainsi c'est faire croire au lapin
sorti du chapeau alors que Mayotte demande inlassablement le statut de
département depuis 1958 au moins... En outre il serait honnête de préciser que
pour le moment, la départementalisation se marque par plus de devoirs que de
droits. Est-ce utile de préciser que le citoyen à Mayotte coûte 4700 euros à la
collectivité alors que le métropolitain bénéficie de 17300 euros, soit quatre
fois plus ! (certains chiffres de l’Insee ne souffrent pas l’ambigüité).
"soumission à la France de peur de se faire
éjecter"
Si la posture reflète le rapport du petit
au puissant, la cession d’un territoire est légalement, constitutionnellement
impossible sans le consentement des populations intéressées (article 53 de la
Constitution). Néanmoins, le fait de ne pas se donner les moyens contre
l’immigration clandestine (voir plus loin les conséquences), pourrait aboutir à
un largage, issue qui contenterait le camp prétendument anticolonialiste et
contempteur d’une soit disant légitimité onusienne !
Dans quelle mesure ce rapport de force
annihile la demande locale alors que tous les secteurs socio-économiques sont
sinistrés ?
"La petite île de 374 km2 pour 212000 habitants..."
Le dire ainsi, c'est oublier que l'Insee
justement a pour consigne d'embrouiller si des chiffres fâchent, ce qui rend ces
derniers d'autant plus difficiles à trouver, à trier, à décrypter. Depuis 2014,
dans les interventions publiques des édiles, des élites, le fait que les
étrangers seraient plus nombreux à Mayotte que les nationaux est implicitement
reconnu. Pour contourner les statistiques officielles, en mars 2014, une enquête
reprise par FMM (France Mayotte Matin) pour évaluer la population par rapport au
tonnage de riz importé donne, au bas mot, un nombre compris entre 300 et 400.000
habitants (évaluation aussi avancée en 2015 par la Maire de Sada).
"îles éparses et
ZEE"
L’article lie la présence française à des
intérêts sonnants et trébuchants liés aux ZEE (Zone Économique Exclusive) que
Mayotte et les Iles Éparses valent à la France. Tout n’étant pas blanc ou noir,
il serait utile de nuancer ces arguments lapidaires grâce à quelques pistes
historiques comme :
- Andrian Tsouli, le sultan qui a vendu
Mayotte l’aurait proposée aux Anglais...
- En 1974-75, la situation internationale (guerre froide, décolonisation, la France expulsée de
la base de Diego Suarez, les immixtions dans la zone des Sud-Africains, des
Chinois, etc...) a pesé sur le passage à l'acte de Mayotte
- Pourquoi garder Mayotte et non Djibouti au
débouché stratégique de la Mer Rouge ?
(A suivre)
photos autorisées 1. flickr.fr A Moroni. 2. pixabay Vue de Sada.
photos autorisées 1. flickr.fr A Moroni. 2. pixabay Vue de Sada.
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