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jeudi 19 mai 2016

LES CAUSSES EN OVALIE... OCCITANE (1) (2e partie) / Fleury d'Aude en Languedoc


A chaque excursion ses impressions, un ressenti particulier qu’on croit évanoui mais qui hiberne seulement. Un seul élément perturbateur suffit, en effet, à le faire refleurir. Mon attrait pour des différences en harmonie, mon attirance pour le Causse si proche mais que tout sépare de la plaine voisine, s’est réveillé d’un coup, lors d’un cours, tard le soir, quand Monsieur Couderc nous présenta « Lou pastre », un poème en occitan d’Antoni Roux. La langue de mes grands-parents, le Languedoc palpitant, la rusticité d’alors, le bonheur d’une géographie du cœur... tout participait à l’enchantement !
    Le temps ensuite a défait son œuvre, détricotant avec une même application ce qu’il avait patiemment tissé. Puis la vie, comme elle le fait avec tous nos morceaux, est revenue me tricoter un pull neuf de cette laine pourtant feutrée et entortillée. J’arrivais bien à recoller les vers mais l’auteur m’échappait jusqu’à ce que l’Internet vienne raviver le charme : c’est bien Antoine Roux de Lunel-Vieil !
    Les écrits restent dit-on quand on oublie, du moins quand la mémoire dort, telle l’ours, l’hiver, dans sa tanière, jusqu’au réveil. Depuis, je ne voyage plus sans mon berger du Larzac !
    Ce dimanche, la relève, les cadets du canton sont allés porter haut nos couleurs pour le championnat de France et si mon propos n’était pas d’écrire ce que le rugby a de chaud et de rassembleur, mes encouragements, certes sportifs,  trimbalaient aussi un merveilleux professeur malgré lui, un petit poème sans prétention, la modeste fleur d’un buisson du causse, le Sud, nos racines, la langue des aïeux, emportés à la sortie du lycée alors que les rouges du couchant viraient au violet au-dessus d’un stade Cassayet encore vibrant des bravos pour Walter Spanghero ! 


(1) L'OVALIE, le pays du rugby dans sa déclinaison occitane à partir du moment où le nord aussi lui fait honneur (la ville bretonne de Vannes vient d'accéder à la proD2).  

  
photo autorisée commons wikimedia : 
1 Larzac près de la Couvertoirade auteur présumé Sylvagnac.
photos personnelles :
2 Les copains du rugby... moins nombreux aujourd’hui.
3 L'A75 au bord du causse (651 m), en bas, Millau au bord du Tarn et le viaduc au fond...

vendredi 5 février 2016

BALLON OVALE ET POINTES VERTES / Fleury d'Aude en Languedoc.


N’est-ce pas trop tôt ? Il fait plus que s’emballer cette année, mon tic-tac intime ! C’est peu dire car il devient aussi furieux que les zig-zags d’un sismographe ! Nous ne sommes que début février et la coopé de Fleury, quelques jours après les flocons, nous offre les velours des bourgeons et les premières feuilles de vigne qui pointent ! Tout se bouscule et je me transporte en urgence un mois plus tard, en mars mais de ce temps d’avant, d’avant le chambardement du temps. Enfin, sans les bisbilles entre ceux qui voudraient nous faire croire qu’il en a toujours été ainsi et d’autres qui estiment qu’entre le petit âge glaciaire et ce réchauffement, le balancier revient trop vite pour que l’homme n’en soit pas coupable.
N’est-ce pas trop tard ? Parce que tintin ! rien en janvier, pas de match de rugby pourtant si attendu par ceux qui tiennent le XV de France à coeur comme ils gardent fidélité au pays plus grand de ses petitesses que de ses gloires... C’est mieux de se sentir champion du monde putatif que loin derrière et compulsif. Aujourd’hui, avec le printemps qui approche, c’est l’espérance, la renaissance et il faut se remettre des mauvaises récoltes comme des débandades telle la dernière, face aux Blacks, aux yeux du monde entier. Tournons la page car toute l’Ovalie le plébiscite ce tournoi des Six Nations !
Tant pis s’il ne s’entrouvre plus, en janvier, avec la fleur de l’amandier car il maintient un lien que seules les guerres et quelques bagarres mirent en suspension ! Vous connaissez la formule : « Un sport de voyous joué par des gentlemen ». Sinon, pour ceux de ma génération, dans le Sud, avec l’église, la politique et la vigne, le rugby fermait notre quadrature du cercle communal. Alors, en refusant de me demander ce qu’il en est à l’âge de la mondialisation, je trépigne presque, de voir ce que va apporter le sang neuf de nos troupes parce que la chose que je regrette le plus et qui fait assimiler le rugby à ces clans politiques en échec mais toujours en place, est l’incrustation de ces sélectionneurs poussifs, dans l’erreur et sans bilan.
J’attends avec la même émotion qu’à la fin des années 80. La semaine finissait le samedi à midi et c’était pas plus mal ! En attendant l’heure du match, une sortie aux asperges, avec le chien, permettait de nous laver de la semaine passée, du boulot, du quotidien. Dionysos, mon korthal, tirait vers la campagne à l’instar d’Erbani, Champ et Garuet vers la ligne adverse. Parfois la boue dans une ornière, augurant du piétinement à venir des avants dans une herbe ne foutant pas le camp en plaques, elle. Puis ces mattes d’asperges hérissées d’épines dans lesquelles il faut rentrer comme vers le ballon planqué au sein d’une mêlée ouverte. Le ballon ? cette pousse tendre giclant du sol à l’image de cette attaque à venir jusqu’à Blanco ou Lagisquet à l’aile. Nous allions voir ce que nous voulions voir ! C’est l’heure de rentrer, de goûter, par-dessus tout, un ciel lavé, un soleil neuf sur les premières fleurs, les premiers oiseaux, une harmonie, un accord comparable à l’ambiance entre copains, l’esprit d’équipe, toute cette volonté bandée vers la victoire à offrir à tout un pays.
Dio transpire, la botte d’asperges a griffé mes mains mais ce n’est pas comparable aux joues, aux nez, aux arcades saignantes de nos gladiateurs, crânes d’avoir sorti leur match. A moi l’omelette des talus, à eux les ripailles de la troisième mi-temps !
N’est-il pas temps ? Parce qu’on l’a gagné ce tournoi de 1989, le dernier d’une belle série de quatre dont un grand chelem. Demain, contre l’Italie, celui des Six Nations va nous consoler des malheurs passés, même si pour les asperges sauvages, encore, il faut attendre... 





photos : 1 & 2 Cave Coopérative La Vendémiaire Fleury - Salles
3. Origine perdue : contactez-moi que je rende à César... remplacée par un logo parlant serait-il détourné Forbiden_picture_photo_interdite wikimedia commons Author Eurobas
Photo 4 : asperges maison la date faisant foi.

4 mars 2020 : la photo à l'origine perdue mais qui vient d'être pourtant publiée sur "Aude pays cathare", un site paraissant officiel est de jardinage.lemonde.fr
pardon d'avoir indûment partagé ce qui ne m'était pas autorisé

dimanche 20 avril 2014

CORBIÈRES, MYSTÈRES... (IV) / Fleury d'Aude en Languedoc

Montredon, Lézignan, Montbrun, Conilhac revendiquent les Corbières. Et Narbonne ? 


    Avant de rejoindre l’Orbieu et Villedaigne, un dernier regard dans le rétro sur ces collines, ultimes obstacles à la course à la mer du fleuve Aude qui doit encore contourner le village de Moussan.

    Sur le versant tourné vers l’est, les vestiges de l’oppidum de Montlaurès qui, contrairement à ce que laisse croire son appellation latine, est bien antérieur à la colonisation romaine. Avec Pech Maho du côté de Sigean et Ensérune à Nissan, ces sites abritaient le peuple des Élisyques qui, entre les Ligures et les Ibères, commerçaient avec les Phéniciens et les Grecs (1). A Montlaurès, l’IGN mentionne, en bleu, un mystérieux "Œil de mer", une exsurgence (2) une source artésienne, le point d’eau indispensable à l’installation humaine et aujourd’hui nécessaire à la Comurhex de Malvési pour le raffinage de l’uranium... 

    Entre Montredon-des-Corbières, Névian et Marcorignan, des passionnés ont mis en évidence la Voie Dixiane, une variante de la Via Aquitania des Romains, qui emprunterait un col nommé Boucocers (3) avant de traverser l’Orbieu par un gué puis, au-delà de Raissac-d’Aude, de se diriger vers Fontarèche, Montrabech, Sérame et la "clue" de l’Aude en passant à proximité de la source Dixiane, une autre source artésienne peut-être liée au nom de la variante de la Via Aquitania.

    Si l’ancienne nationale contourne Lézignan-Corbières (attention aux radars embusqués), il serait dommage de ne pas citer ce centre viticole témoin de la révolte de 1907 parce que la première cave coopérative de l’Aude « Les vignerons », vit le jour en 1909. A propos de nos "montagnes", les hauteurs au Nord-Ouest (4), lors des aigats (dits par ailleurs et trop systématiquement"épisodes cévenols"... même s’ils touchent le piémont pyrénéen...), alimentent de façon ponctuelle plusieurs ruisseaux qui rejoignent le non moins méconnu Ruisseau de la Jourre, affluent rive droite de l’Aude de 20 km pourtant ! Entre le « Rec de la Bergère » et celui « de la Citerne », mon préféré reste le « Rec-d’Escouto-can-Plaou » (littéralement « Ruisseau d’Ecoute-quand-il-pleut ») parce que, exception faite des trombes d’eau qui causent de dangereuses inondations, notamment à l’automne 1999, écouter la pluie exprimait, pour une population liée à la terre, avec le doux bruit des gouttes qui tombent, le plaisir de savoir que les cultures profitent, que les réserves se remplissent, et aussi l’assurance de voir écartées les affres de la sécheresse.

    Conilhac-Corbières (80-90 m alt. moy.), dernière localité au sud de ce contrefort anonyme. Un petit clic sur geoportail ouvre sur le domaine des lapins (traduction littérale de Conilhac). Quel nom porte cette éminence ? Je vois peut-être Maurou ou Plo de Maurou, plo signifiant peut-être "petit plateau" en occitan. Le CD 165 passe le Col de la Portanelle (171 m), laisse à gauche la « Combe des Loups », encoche dans le plateau, et gagne Montbrun-des-Corbières (5). En attendant que les Montbrunois nous expliquent peut-être pourquoi la « Garrigue de Montbrun » est partagée entre les communes de Moux et Fontcouverte alors que « La Côte de Fontcouverte » est chez eux,  gagnons Escales, bastion ultime des Corbières, regardant le fleuve venant de l’ouest, au pied de ces dernières hauteurs stratégiques dominant le sillon audois. Le nom, venant de scala, l’échelle, traduirait  l’idée de "pente abrupte", de "passage difficile". Heureux Escalins qui méritent assurément une visite avec l’église Saint-Martin du XIème, le château historique, la tour sur une colline proche, dominant une pinède et, dans le village même, la source deux fois millénaire, citée dans les vers d’Achille Mir, natif du village (6). 
Escales / Église saint-Martin XIème siècle.

    Et Narbonne nous semble vraiment loin... Laissons la capitale des belliqueux Elisyques qui s’est donnée à Rome, tournée vers la mer, fière de son carrefour qui la met entre Montpellier, Toulouse et Barcelone, elle qui, faute de pouvoir rivaliser, ne serait-ce qu’avec Perpignan et Béziers ne peut que s’enorgueillir de dépasser Carcassonne. Et si cette insensibilité apparente permet à Lézignan-Corbières de parler pour l’arrière pays et en particulier la vallée de l’Orbieu, je me demande si cette indifférence n’a pas accentué les destins divergents de deux villes éloignées seulement d’une vingtaine de kilomètres. Au rugby par exemple, Narbonne à XV, Lézignan à XIII, de même que le parcours de quelques joueurs tels Pierre Lacans, le troisième ligne international de Béziers, pourtant natif de Conilhac (7) ou Christian Labbit, parti à Toulouse puis licencié après son retour à Narbonne. Quant au Racing Club Narbonnais qui ne s’est jamais bien entendu avec les clubs des villages voisins, maintenant c'est « Narbonne Méditerranée »... et plus d’affinités avec l’Australie qu’avec la porte à côté...  Je pousse un peu et ce serait ridicule de vouloir une « Place des Corbières » plutôt que « des Pyrénées », il n’empêche, le miel fameux dit « de Narbonne » ne serait-il pas plus des Corbières que de la plaine ? Pour le vin, par contre, la situation semble plus nette, Narbonne gardant ses Bacchus sculptés et les Corbières ses nectars aussi riches qu’épicés...   

(1) Hérodote signale que des mercenaires élisyques auraient servi dans l’armée carthaginoise, en Sicile vers - 480 (v. Wikipedia).   

(2)  Introuvable, cet "Œil de mer" sur les dicos et sur le Net et qui réapparaît pourtant dans les Hautes Corbières ! Par contre, si cet "œil -de-mer" fait penser au gouffre de l’Œil-Doux, sur notre commune de Fleury, il me semble avoir vu "œillal" quelque part, sauf que ma source ne va pas plus loin que quelques entrées sur la première page du moteur de recherche...  L’eau de l’exsurgence provient d’une nappe souterraine, celle de la résurgence de pluies infiltrées ou de la perte d’une rivière plus en amont.

(3) Ce col de Boucocers serait situé plus à l’est, sur la route de Narbonne à Saint-Pons. Voir « "Toponymie Générale de la France" Tome 2. Ernest Nègre. p. 1147 / 21479. Boucocers, com. Montredon, Aude, à un col sur la route de Narbonne - Carcassonne : terminium de Orecrcio, Buccacircio, 1032 (HGL, V, 198) = occ. boca «bouche, orifice » DOF + cèrs, cerç « vent d’ouest » (DOF), désignation métaphorique du col »... On trouve aussi Boucocers à Lagrasse (le camping a pris ce nom juste en dessous d’une éminence appelée « Bouche au Cers » qui force l’Orbieu à un détour vers l’ouest). QUE LES INTÉGRISTES DES TRAMONTANES SE LE DISENT !

(4) dont « Le Garouilla » (certainement issu du languedocien « garrolha » = le taillis de kermès) et « Le Perdigal », le perdreau des chasseurs.

(5) Jolie histoire liée à Notre-Dame-de-Colombier et une page édifiante sur le Cers «... Dans le Golfe du Lion, le vent de Cers est le seul vent venant de l'intérieur des terres, il n'y a aucun vent de nord, ni aucune tramontane ». D’emblée, ils ne l’envoient pas dire et avec une majuscule au Cers, siouplèt ! http://www.montbrun-des-corbieres.fr/la-commune/les-vents-dominants/

(6) Achille Mir (1822 - 1901) contributeur remarquable de la langue occitane : c’est son « Sermoun del curat de Cucugna» qui inspira Daudet ! http://www.mairie-escales.fr/village.htm

(7) décédé dans un accident de la route le 30 septembre 1984, à l’âge de 27 ans, au lendemain d’une victoire contre Narbonne.

photos libres de droits wikipedia / peuples celtes, Escales, Narbonne