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samedi 11 avril 2020

C'ÉTAIT UN PAYS MERVEILLEUX ! / Lettre à mon dernier (suite & fin)...

Bien sûr, ce n'est plus un secret puisque je te le dis mais il me revient d'autant plus fort que ce matin magnifique qui me rappelle un paradis perdu m'a amené à prendre du recul, à ne plus avancer décérébré dans le troupeau, à essayer du moins, en essayant de vivre en ménageant la planète, serait-ce à notre petite échelle.
Aujourd'hui le Cers si sain ne souffle plus autant, aussi souvent, un marin humide et frais est devenu plus constant, plus pénétrant. C'est moins flagrant que les glaces qui fondent sauf qu'un changement aussi brutal interpelle. le climat a changé trop vite pour que nous n'y soyons pas pour quelque chose !
Et le plastique alors apprécié comme un progrès, qui a, depuis, tout envahi, pollué jusqu'au ventre des poissons trop pêchés.
La nourriture était plus chère, moins variée mais on ne gaspillait pas, on ne parlait pas de malbouffe et les produits du jardin étaient sains.
La réclame balbutiante ne nous poussait pas à toujours vouloir, à toujours vivre à crédit, dans l'insatisfaction...
Ne les entends-tu pas à toujours parler de croissance ? Les arbres, les pins au-dessus de nos têtes s'arrêtent bien de grandir un jour, non ? Pousser ! Enfler jusqu'à ce que tout éclate. La gouvernance mondiale nous mène droit à l'implosion.
Et le pétrole dix fois plus rare et pourtant cinq fois moins cher ! Que cette logique économique est détestable ! Et dégueulasses aussi ceux qui s'y vautrent comme si de spéculer était honnête et pas honteux alors que la pauvreté et la faim continuent d'accabler la Terre.
Et l'eau traitée comme un produit commercial et non d'utilité publique... 
Et les déchets du nucléaire pour lesquels on espère que les générations futures sauront que faire... 
Et la pollution surtout traitée de manière à faire tourner le marché, un marché qui propose de l'électrique peu propre, par exemple...

Hier un docteur sort de réanimation, il parle d'une victime du corona, cinquante ans, dans la force de l'âge et comme fondu, les poumons en bouillie à cause du virus. Sauf que, pour contredire les exhortations égocentrées de Macron traitant d'irresponsables ceux qui cherchent à faire des procès alors que la guerre n'est pas gagnée, ce docteur se bat mais non sans préciser combien la santé publique a été sacrifiée. Il rappelle que de 3ème notre système de santé serait passé au-delà de la 10ème place (après quelques recherches il s'avère que c'était déjà le cas en 2008, une vraie dégringolade).
Et il faudrait une union sacrée avec des dirigeants dévoyés que le docteur qualifie sans détour de "salopards" ! Bien sûr qu'il se bat ce docteur, qu'il reste en première ligne avec ces femmes ou hommes de terrain, aides-soignantes, femmes de salle, infirmières, professeurs, médecins et chercheurs qui seraient irresponsables de réclamer pour le pays... Mais même sous le coronavirus, les images propagandistes ne passent pas ces images et paroles... Sont-ils tenus de se tuer à la tâche pour quelques applaudissements tous les soirs y compris par les forces de l'ordre qui les tabassaient et gazaient il y a peu !
Et ensuite sera-ce pour entendre le fameux "NOUS" de majesté, solidaire seulement pour ce que cela peut leur rapporter de légitimité faussée et surtout de profits.      

https://www.mypharma-editions.com/la-france-chute-a-la-10eme-place-du-classement-ehci-des-systemes-de-sante-europeens

Grand écart extrême, tu te rends compte cette sensation magnifique de monde merveilleux et pas seulement celui de l'enfance, les nouvelles générations doivent y revenir. Et puis tu vois, si la religion pesait encore sur la vie au village, on était à des lieues d'imaginer l'horreur à venir d'un islamisme auquel il faudrait nous habituer comme nous le suggérèrent les socialo-traîtres du gouvernement Hollande !
L'hégémonie, le pouvoir, le colonialisme, la religion pure nous rappelant un pas trop vieux concept de "race pure" chez les nazis... Ensuite on sait bien qu'à part les martyres, tout le monde doit suivre bon gré mal gré... Si l'Histoire ne repasse pas les plats, les mêmes causes engendrent toujours les mêmes effets...

En te parlant, me revient un air "...C'était un pays charmant C'était un pays comme il faut...", une chanson de Cabrel pour dire que la pauvreté n'est plus tolérable... Madame X qui vit sans chauffage en caravane... Soit mais par le passé, le pays n'a été ni charmant ni comme il faut. La marche vers plus de justice est une lutte, longue, âpre. Que devrait-il chanter, Francis, vingt ans après alors que la situation a empiré ? Ce qui est triste est que quand le ministre Lemaire, faux jeton s'il en est (son parcours politique en atteste), constate la récession économique due à la pandémie de covid 19, la récession morale, elle, est tue, mise sous l'étouffoir. En ce début de siècle, avec la casse néolibérale (nous sommes dépendants de la fabrication de 80% des médicaments par exemple), avec la gestion de l'immigration s'apparentant à l'embauche d'un sous-prolétariat garantissant toujours plus de profits et le chômage pour les indigènes, avec la Macronie pour les riches, ce sont deux pas en arrière pour un en avant ! 

Alors mon fils, mon dernier, toi que je me dois encore de défendre, ma messe aux papillons voulait-elle dire trop de belles choses ? Suis-je coupable d'avoir été trop naïf ? Coupable d'être né quand je suis né ? D'avoir fait la cigale ? De t'avoir désiré ? De ne rien te cacher de ce que je ressens ? De te laisser un monde pourri ?  

mercredi 18 avril 2018

LA COMBE DE MONSIEUR SEGUIN / Fleury-d’Aude en Languedoc.

A propos d’iris en pleine garrigue, remonterai-je un jour dans ce vallon qui a nourri à la fois des enchantements de gamin, des ardeurs trop candides de jeunesse ? Ce coin de garrigue qui entretient le spleen doux-amer du legs à transmettre ne décline-t-il pas l’essentiel du lent cheminement de notre espèce puis de l’emballement vers l’autodestruction ? Il est urgent de refuser un système mortifère qui tue les abeilles et vend déjà des robots d’insectes pollinisateurs ! Le bon droit est du côté du rejet. Qui accepterait la loi consumériste rabaissant toute humanité au niveau d’un tube digestif ? La révolte n’a plus à rester crispée, rentrée comme par mauvaise conscience ! Sur les cent milliards qui nous ont précédés serons-nous ceux d’un néant à venir ? Rendre dans un si sale état un monde pourtant seulement emprunté à nos enfants tenait de l’inimaginable ! Coupables nous le sommes, pourtant, de cette ignominie ! Qu’un jour mes fils, ne me reprochent pas, insulte suprême, de les avoir conçus ! Sans descendance, l’espèce disparaitrait, la Terre continuerait sans nous ! Alors plutôt considérer l’alternative, la proposition optimiste intégrant l’espoir que tout n’est pas encore perdu si la règle est de ne prélever que ce que la planète peut régénérer sur un an alors que la goinfrerie nous fait entamer le capital début août, toujours plus tôt sur l'exercice… Épuiser la poule aux œufs d’or revient à la tuer à petit feu, et que les ploutocrates en soient les premiers à en être accusés ne changerait rien pour tous !    

«  Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein.

« Vivre comme un oiseau sur la branche »… dire que le sens de ce qui fut un reproche s’est complètement inversé… Encore faudrait-il qu’il reste des oiseaux, des fruits sur les branches et non ces robots pollinisateurs de la chimie biocide ! Pardon de vous mettre le moral dans les chaussettes ! Montons vite dans la combe de Caussé pour apaiser ce désarroi existentiel… 

L’accès d’abord : le lit à sec d’un torrent très précaire, fleurant le chèvrefeuille, ruant seulement avec l’orage ou un aigat de l’automne, faisant office de chemin creux le reste du temps. Une butte meuble, remuée par une colonie de blaireaux, trouée de terriers, quelques ruches dans un peiral, une carrière abandonnée là où le chemin s’écarte du rajol. Comment le dire en français ? On ne dit pas « oued » de ce côté de la Grande Bleue et à l’enfant du pays qui racontait que son bataillon avait contourné un « chott » en Afrique, un vieux avait répondu « Va cassoun abal ? » ( ils le chassent là-bas ?) parce que le chot, en languedocien, c’est un hibou ! En attendant pour le rajol, l’équivalent en français n’est pas recevable, à moins que l’on ne s’en rapproche avec le verbe rager, exprimant le pic d’une réaction violente. A la rajo dal soureilh, à la rage du soleil et quand l’aigo rajo (1), c’est un flot rageur, violent et destructeur contre lequel on peut peu. Un jour de grec, ce vent qui déverse sur le Languedoc des trombes d’eau, surtout en automne, dans un groupe de vignerons venus commenter l’intempérie, tous bottés, c’est le seul souvenir précis qui m’en reste, j’ai entendu l’un d’eux, constatant que « l’aigo fouilho » avec un coin de sa vigne emporté. 
Wikimedia Commons / blaireau / Author Lamiot
Si j’ai, cette fois, l’équivalent en français avec peut-être le verbe affouiller (éroder, raviner, ronger), je rapporte ces paroles phonétiquement et j’ajoute « sans vergogne » avec une pensée pour Véronique qui était aussi de la sortie aux iris de Nissan et qui s’excuserait presque d’écrire comme elle peut en occitan. Surtout ne restons pas dans un schéma dominé-dominant, entretenu d’abord par la franchimandalho, ceux qui n’ont que le français, par rapport à la langue d’oc qu’ils dénigrent bêtement en tant que « patois », un « patois », soit dit entre nous, lexicalement quatre à cinq fois plus riche que le françois… Bref, une infériorité qu’on ressentirait par rapport à ce qu’on croit être hiérarchiquement et culturellement supérieur et qu’il ne faut surtout pas dupliquer… Graphie félibréenne, graphie normalisée, l’essentiel n’est-il pas de faire vivre nos racines avec les mots des aïeux, des aujols ? 
Convertimage / Jean Camp.

« … Es lou fial d’or que nous estaco
A nostro terro, a nostre cèl ! » (C'est le fil d'or qui nous attache à notre terre, à notre ciel).
Jean Camp (1891-1968), poète, romancier, hispanisant célèbre, Sallois de naissance, inspiré par sa terre natale et le parler languedocien dans son écriture originale (normalisée dans le livre du canton sans que ce soit mentionné, amaï, va cal pas faire aco, il ne faut pas le faire, ça, attention !) !

Pardon pour les parenthèses mais elles s’imposaient.  (A suivre)

(1) "Un cop d'aigo" = une crue subite, "lou téms de l'aigo" = pendant l'inondation. 

Salles-d'Aude / cadran d'horloge sur 24 heures.