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vendredi 20 septembre 2019

ABEILLE, GUÊPE, PANTIGUE, TARTUGUE & CAGAROT / Les vendanges 1939 à Fleury.

Mercredi 20 septembre 1939. 

Paulette se fait piquer par une abeille.

Comportes remplies : 52, dont Saint-Géniès 14 titrant 10 degrés
                                                Arbres blancs 21 titrant   8 degrés 6.
                                           Cercle de l’Etang 17 titrant ? 

Ephippigerede l'Hérault fr.wikipedia Uploader Hugo.soria

Se faire piquer, ça arrive quand les mains plongent au cœur de la souche sans voir que les feuilles cachent des bébêtes. Rien de grave avec la pantigue, verte et bronze qui a les ressorts arrière de la sauterelle mais pas ses ailes, et puis avec le bidon qu’elle trimballe… La science la nomme éphippigère. Elle est vorace et cause des dommages tant aux grains verts qu’aux grappes mûres. Il n’empêche, nous apprécions que son nom complet soit « éphippigère de Béziers » et masculin s’il vous plait, pour une fois où une calamité n’est pas du genre féminin… Ah le chauvinisme des êtres immatures, ces mêmes qui croient, par exemple, qu’à Versailles il n’y aurait que le marbre de Caunes-Minervois… 

wasp-on-grape-fruit Es de l'occita aco  Pixnio Auteur Bicanski

Mais revenons aux bébêtes des vendanges non sans rappeler que les Vinassanots sont appelés « pantigues » par les Armissanots eux-mêmes surnommés « renards » en retour. Suite à une piqûre, souvent d’une guêpe attirée par les moûts très collants de sucre, l’oncle Noé préconise de frotter la rougeur en exprimant les sucs de trois plantes différentes… Psychologique certainement, mais ça marche.
Pauvre Paulette !    
   
Toumassou l’appelle « Poulette » :


« Tu sais, Poulette, la différence entre une tartugue et un cagarot (1) ?  Nous traduisons…
– Non.
– Eh bé : tous les deux portent soun oustal sur l’esquino ; mais le cagarot, il a des banes (2). Tu as compris ?
– Ah ! ça, non, alors.
– Eh bé, serco bo, et coupo dé rasins (3). »
On rigolait souvent ainsi pour les vendanges… » Rapporté par François Dedieu.

(1)   Entre une tortue et un escargot.
(2)   Tous deux portent leur maison sur le dos mais l’escargot il a des cornes.
(3)   « Eh bien, cherche et coupe des raisins. »


mercredi 18 avril 2018

LA COMBE DE MONSIEUR SEGUIN / Fleury-d’Aude en Languedoc.

A propos d’iris en pleine garrigue, remonterai-je un jour dans ce vallon qui a nourri à la fois des enchantements de gamin, des ardeurs trop candides de jeunesse ? Ce coin de garrigue qui entretient le spleen doux-amer du legs à transmettre ne décline-t-il pas l’essentiel du lent cheminement de notre espèce puis de l’emballement vers l’autodestruction ? Il est urgent de refuser un système mortifère qui tue les abeilles et vend déjà des robots d’insectes pollinisateurs ! Le bon droit est du côté du rejet. Qui accepterait la loi consumériste rabaissant toute humanité au niveau d’un tube digestif ? La révolte n’a plus à rester crispée, rentrée comme par mauvaise conscience ! Sur les cent milliards qui nous ont précédés serons-nous ceux d’un néant à venir ? Rendre dans un si sale état un monde pourtant seulement emprunté à nos enfants tenait de l’inimaginable ! Coupables nous le sommes, pourtant, de cette ignominie ! Qu’un jour mes fils, ne me reprochent pas, insulte suprême, de les avoir conçus ! Sans descendance, l’espèce disparaitrait, la Terre continuerait sans nous ! Alors plutôt considérer l’alternative, la proposition optimiste intégrant l’espoir que tout n’est pas encore perdu si la règle est de ne prélever que ce que la planète peut régénérer sur un an alors que la goinfrerie nous fait entamer le capital début août, toujours plus tôt sur l'exercice… Épuiser la poule aux œufs d’or revient à la tuer à petit feu, et que les ploutocrates en soient les premiers à en être accusés ne changerait rien pour tous !    

«  Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein.

« Vivre comme un oiseau sur la branche »… dire que le sens de ce qui fut un reproche s’est complètement inversé… Encore faudrait-il qu’il reste des oiseaux, des fruits sur les branches et non ces robots pollinisateurs de la chimie biocide ! Pardon de vous mettre le moral dans les chaussettes ! Montons vite dans la combe de Caussé pour apaiser ce désarroi existentiel… 

L’accès d’abord : le lit à sec d’un torrent très précaire, fleurant le chèvrefeuille, ruant seulement avec l’orage ou un aigat de l’automne, faisant office de chemin creux le reste du temps. Une butte meuble, remuée par une colonie de blaireaux, trouée de terriers, quelques ruches dans un peiral, une carrière abandonnée là où le chemin s’écarte du rajol. Comment le dire en français ? On ne dit pas « oued » de ce côté de la Grande Bleue et à l’enfant du pays qui racontait que son bataillon avait contourné un « chott » en Afrique, un vieux avait répondu « Va cassoun abal ? » ( ils le chassent là-bas ?) parce que le chot, en languedocien, c’est un hibou ! En attendant pour le rajol, l’équivalent en français n’est pas recevable, à moins que l’on ne s’en rapproche avec le verbe rager, exprimant le pic d’une réaction violente. A la rajo dal soureilh, à la rage du soleil et quand l’aigo rajo (1), c’est un flot rageur, violent et destructeur contre lequel on peut peu. Un jour de grec, ce vent qui déverse sur le Languedoc des trombes d’eau, surtout en automne, dans un groupe de vignerons venus commenter l’intempérie, tous bottés, c’est le seul souvenir précis qui m’en reste, j’ai entendu l’un d’eux, constatant que « l’aigo fouilho » avec un coin de sa vigne emporté. 
Wikimedia Commons / blaireau / Author Lamiot
Si j’ai, cette fois, l’équivalent en français avec peut-être le verbe affouiller (éroder, raviner, ronger), je rapporte ces paroles phonétiquement et j’ajoute « sans vergogne » avec une pensée pour Véronique qui était aussi de la sortie aux iris de Nissan et qui s’excuserait presque d’écrire comme elle peut en occitan. Surtout ne restons pas dans un schéma dominé-dominant, entretenu d’abord par la franchimandalho, ceux qui n’ont que le français, par rapport à la langue d’oc qu’ils dénigrent bêtement en tant que « patois », un « patois », soit dit entre nous, lexicalement quatre à cinq fois plus riche que le françois… Bref, une infériorité qu’on ressentirait par rapport à ce qu’on croit être hiérarchiquement et culturellement supérieur et qu’il ne faut surtout pas dupliquer… Graphie félibréenne, graphie normalisée, l’essentiel n’est-il pas de faire vivre nos racines avec les mots des aïeux, des aujols ? 
Convertimage / Jean Camp.

« … Es lou fial d’or que nous estaco
A nostro terro, a nostre cèl ! » (C'est le fil d'or qui nous attache à notre terre, à notre ciel).
Jean Camp (1891-1968), poète, romancier, hispanisant célèbre, Sallois de naissance, inspiré par sa terre natale et le parler languedocien dans son écriture originale (normalisée dans le livre du canton sans que ce soit mentionné, amaï, va cal pas faire aco, il ne faut pas le faire, ça, attention !) !

Pardon pour les parenthèses mais elles s’imposaient.  (A suivre)

(1) "Un cop d'aigo" = une crue subite, "lou téms de l'aigo" = pendant l'inondation. 

Salles-d'Aude / cadran d'horloge sur 24 heures.