mercredi 28 janvier 2015

LES GUERILLEROS / Mayotte en danger



Madame le vice-recteur sur le plateau de KTV lundi 26 janvier 2015. 

Allez donc vite voir l’extrait sur KTV (Facebook) ou https://www.youtube.com/watch?v=O1LR98PirWc&feature=youtu.be

Je ne vous en voudrai pas si vous faites l’impasse sur mon réquisitoire !

Alors qu’une violence de bande donne lieu à des scènes de guérilla urbaine avec la police qui a bien du mal à séparer les groupes antagonistes, madame le vice-recteur submergée par la tempête causée surtout par l’impéritie de l’État, quoi qu’elle dise « C’est l’affaire de tous, c’est ni la faute des uns ni la faute des autres, l’éducation c’est quelque chose qui incombe à tout le monde, aux parents, aux associations partenaires, à l’École, à l’État, aux représentants élus des municipalités et de l’ensemble des collectivités... ». Ce n’est pas le tout de ressortir la litanie éculée pour ne pas admettre qu’en premier lieu c’est l’État qui ne veut pas donner et se donner les moyens de l’efficacité. Et puis, puisque notre démocratie implique tout le monde, pourquoi imposer d’en haut une réforme possible en métropole (à quel prix !) mais surtout pas dans une île "moins avancée".
La réforme et le reste, c’est avant tout toujours du blabla de votre part ! Une avalanche de mots pour toujours essayer de nous rouler dans la farine ! Toujours cette démagogie se confortant sur tout et son contraire ! Toujours ce paternalisme aussi néocolonial qu’anachronique !
Toujours dans ce journal télévisé, à propos de la réforme Peillon-Hamon-Vallaud (il faut bien des renforts et des vagues successives pour en imposer le bien-fondé), ça gronde à Bandraboua, commune pilote de lèches-culs crétins qui embrayerait sur n’importe quoi venant des amis socialistes. La collation (50 euros / mois soit mathématiquement pour 21,4 repas... à ce prix ils devraient en avoir autant que pour 5 brochettes et l’accompagnement) correspond à du pain pourri, un peu de viande blanche et des légumes peu engageants. Les parents se plaignent parce que les enfants sont malades ; un autre avance qu’on ne leur donne même pas de l’eau ! Et le maire reste enfermé dans sa tour d’ivoire gardée par la police municipale...
Réactions de la vice-recteur :
« Bé, c’est..., je crois qu’il faut pas non plus généraliser quelque chose, ces communes étaient prêtes à passer à la mise en forme de la réforme... la preuve, concernant les apprentissages scolaires elles l’ont fait. En revanche d’après mes informations ce qui s’est passé ne se produit pas de façon récurrente et régulière... / ... De toute manière la restauration scolaire est quelque chose qui n’existait pas à Mayotte.../... On ne peut pas imaginer en quelques mois réussir à rendre un service (comme en métropole). mais il n’en demeure pas moins que si nous n’avions pas mis en place cette réforme des rythmes scolaires, nous ne serions pas encore à l’heure actuelle en train de parler de la restauration scolaire. Donc il faut poursuivre les efforts, que ce genre d’images ne puisse plus être prises Mais que vous puissiez nous montrer des repas d’enfants qui sont pris dans la joie, sur des tables, dans des lieux où la restauration sera possible, ce que monsieur le préfet, madame Especier et moi-même avons essayé de mettre en place le plus rapidement possible. Les maires ont besoin de TEMPS aussi. Pour pouvoir trouver le service adéquat... / ... il faut en très peu de TEMPS qu’ils réussissent à donner à manger potentiellement à 50000 élèves. »
Il faut oser ! Droite dans ses bottes la rectrice ! Gonflée d’argumenter sur les apprentissages puisque la réforme n’a jamais impliqué les maîtres, les méthodes, les programmes ! Pis, la voilà qui voudrait nous faire rêver avec sa cantine aussi idéale que virtuelle... Mais allez donc voir ce qu’il est advenu de celle de Sada (voir les photos dans Mayotte en Danger) ! c’est ce qui arrive si on vous offre une Ferrari alors que vous n’avez pas de quoi payer l’assurance !
Et quelle logique imparable ! Comme si à propos du bateau qui coule, on avait le culot de clamer qu’au moins on a fait parler du bateau ! Et entre nous, en métropole même, il ne faudrait pas que la réforme ait la fin du Costa Concordia !
En fait, quoi qu’elle en dise, il ne lui est pas possible de défendre de si mauvais dossiers ! Sa posture ou son imposture si vous préférez est trahie par l’emploi répété d’adverbes dilatoires : « Absolument... / ... Absolument... /... bien évidemment... ». Elle est même troublée au point de nous refaire la Ségolène avec sa "bravitude" sur la Muraille de Chine !  CosTEMPStini, elle, en plus de ses TEMPS forts, nous a sorti « ... guérillera, guérilléra urbaine, pardon... » (14 :50 sur la vidéo). 
 Bien dit : la guérilla n’est pas près de finir contre une réforme injuste, infondée, inapplicable, entretenue pas les accents faussement démocratiques des faux-culs patentés !( 10400 € de prime supplémentaire depuis fin décembre !)
Mais dîtes-nous, madame la vice-recteur, vous êtes sûre que la ministre ne vient pas de préciser, par écrit, à la nouvelle association de parents, que contrairement à ce qu’elle assénait antérieurement, il fallait surseoir à la réforme ou du moins n’en mettre en œuvre que les aspects applicables ? N’auriez-vous rien reçu à ce propos ?   

lundi 26 janvier 2015

UN GARÇON MEUNIER 5 / Fleury d'Aude en Languedoc.

 La chance peut-elle tourner quand on est innocent ?

« Vous êtes bien Sylvestre Martin, né le 18 août 1831à Béziers, département de l’Hérault ? » Bien sûr que c’était lui. « Eh bien ! j’ai du nouveau en ce qui vous concerne. Vous allez être libéré et retournerez en métropole dès le mois prochain.
- Comment ? Moi ? Repartir pour la France. Je ...
- Oui, on vous a reconnu innocent du crime dont vous étiez accusé. »
Son cœur, son pauvre cœur de jeune forçat meurtri bat à se rompre dans sa poitrine. Mon Dieu, est-ce possible ? Va-t-il résister à cette émotion ? Se peut-il que, onze années et bientôt six mois après ce meurtre, tu sois enfin réhabilité, Sylvestre, qu’on te rende ton honneur, se dit-il. Non, ce n’est pas vrai ! Dites-lui s’il rêve…
Et les jours suivants il va apprendre les dessous de l’affaire avec la clé de l’énigme.
Le mois dernier, quelqu’un, tard dans la nuit, aurait frappé à la petite porte cloutée (comme il la revoit, avec ses gros clous carrés !) du presbytère de Fleury.
« Monsieur le Curé, un homme va mourir. Avant le grand départ, il voudrait se confesser. »
Vite, monsieur l’Abbé prend son camail, son missel, et il suit cet étrange visiteur. Ils arrivent à la misérable cabane proche de la bergerie, en dehors du village. C’est là qu’habite le vieux Bertrand, l’ancien berger qui maintenant ne peut plus travailler du tout, perclus qu’il est de rhumatismes et de douleurs sournoises, rongé par le cuisant remords de son crime.
Il se confesse à Monsieur le Curé. Avant de quitter ce monde, il veut se décharger d’un lourd fardeau. C’est trop dur de partir avec un tel secret. C’est bien lui qui a tué jadis l’ancien meunier, voilà près de douze ans. Il en avait assez d’être traité comme un perpétuel délinquant par ce Léon Carrier qui se croyait irremplaçable. Il en avait assez d’être obligé, presque chaque année, de « monter à la commune » - ainsi désigne-t-on ici la mairie en effaçant le mot maison – pour payer une amende. Oui, c’est vrai, ses moutons traversaient bien les prés de Léon, ils occasionnaient quelques dégâts. Soit. Mais si le meunier avait été plus coulant, lui, Bertrand, lui eût bien offert à chaque saison un beau gigot. Ses bêtes pouvaient difficilement se limiter à brouter l’herbe sèche des tertres ! Et ce monsieur Carrier avait quantité de prés dont il ne faisait rien, non ?
Alors le berger était devenu comme fou. Il avait mûri son plan criminel. S’étant glissé dans le moulin, le soir de ce samedi 10 mars, alors que personne n’était là, il s’était laissé enfermer pour la nuit. Et de bon matin, quand le meunier était arrivé, il l’avait pris par derrière, bâillonné d’un solide mouchoir et violemment frappé au cœur, deux ou trois fois, il ne savait plus, de son grand couteau de berger. Le corps était lourdement tombé entre les deux coffres, près des meules.
Une fois bien assuré de la mort de son ennemi, il reprenait son grand mouchoir et sortait dans la nuit finissante, vers sept heures solaires, laissant entrouverte la porte du moulin.
Mais depuis lors, combien de fois avait-il revécu cette nuit tragique ! Combien de fois avait-il été réveillé en sursaut, torturé par le remords d’avoir laissé condamner un innocent ! Et combien de fois fut-il tenté de se racheter un peu par un aveu complet ! Hélas ! la lâcheté l’avait toujours emporté : l’oubli, pensait-il, ferait bien son œuvre… Quelle erreur !
Voilà, tout est dit. Une grosse pierre vient de tomber de son cœur. Il se sent plus léger, Bertrand, au moment de quitter ce bas monde. Il ne lui reste plus, en attendant sa fin prochaine, qu’à libérer l’abbé du secret de la confession.
Le nécessaire a été fait. Sylvestre est enfin revenu chez lui. Que d’épreuves surmontées ! Et par quel miracle revoit-il son cher pays natal ! Tout lui paraît si beau, si neuf. Se peut-il qu’il en ait été si longtemps privé ?
En somme, il est jeune encore : à trente-quatre ans, on peut refaire sa vie. Beaucoup disent qu’une vie, cela ne se refait jamais. On n’efface pas le passé d’un coup d’éponge. Il est toujours là, il vous a marqué. Mais la vie continue encore, heureusement sous de meilleurs auspices. Puisqu’il n’est devenu fou ni en prison, ni au bagne de Cayenne, c’est que l’espoir est encore permis sur cette terre.
« Tu vois, Jean-François, termine le « papet », tu es de Fleury et tu ne savais pas cette histoire, qui est pourtant la pure vérité, et qui endeuilla notre famille. Voilà comment mourut mon grand-père, que je n’ai pas connu, et comment on peut accuser et condamner lourdement un innocent. »


photo du moulin de Montredon au printemps 1979 (François Dedieu)