dimanche 23 mars 2025

PÉZENAS, le CARNAVAL, février 2025 (1).

Oh Pézenas ! que j'y ai été heureux trois années scolaires durant ! Dans ce bonheur, après les fèves des gâteaux des rois sur plus d'un mois, figurait bien sûr le carnaval. Bon, il est vrai que comme partout suivant les périodes, il se montre à géométrie variable, parfois réduit à une simple expression comme dans ces année 1961, 62, 63 avec bien sûr les sorties du poulain accompagné de masques mais, me semble-t-il, les jours seulement autour de Mardi-gras (je n'avais pas l'âge de retenir d'éventuelles dates de bal masqué... et le nombre des associations n'exprimait pas alors le souci de maintenir une tradition en danger). De nos jours, avec la crainte de voir s'effacer ces acquis culturels, nous assistons à un regain, à un retour aux sources, à une volonté plus marquées de carnaval en tant que manifestation traditionnelle populaire. À Pézenas, de nos jours, des premiers jours de février à ceux de mars. 

Ainsi l'accent est mis, dès début février, sur la Saint-Blaise, protecteur de la ville, en surimpression de l'archaïque sortie de l'ours hors sa tanière. Elle donne lieu à une déambulation festive ouvrant la Temporada de carnaval suivie, au prix raisonnable de 10 €, d'un ragoût d'escoubilles (1) à la Maison du Peuple... là où se donnaient jadis les conférences appréciées de « Connaissance du Monde » (2). À 21 h 45, le groupe « Castanha e Vinovel » a proposé un Grand Baléti occitan (entrée libre). 

Pézenas Collégiale_Saint-Jean 2011 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Thierry de Villepin

Les 8 et 9 février, on fêtait Saint-Blaise à la Collégiale Saint-Jean ainsi qu'à Saint-Ursule... À propos de cette dernière église, la posture des statues avait donné lieu à une vieille plaisanterie faisant dire à la première montrant la deuxième « As petat ! » ; démenti formel de cette dernière “ haut les mains ” tandis que la troisième accuse la dernière faisant comme si de rien n'était « Es èl ! » (3)... Une farce déjà dans l'air de carnaval...  

Blason, armes, ville_fr_Pézenas_(Hérault) 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license. Artist Spedona


Les vendredis 14 et 21 février, à 19 h, chants traditionnels de carnaval à l'occasion d'apéros chantants. 

Le 21 février à 21 h, danses bufatièra et feu aux fesses. 

Le 28 février, Soirée Blanche costumée « Tous en Panel » à la Maison du Peuple (10 €).  (à suivre)

(1) de l'escoubo, le balai, avec “ escoubilles ”, provenant du latin “ scopiliae ”, les balayures. À Lyon, ils disent “ équevilles ”, en Espagne “ escobilla ” pour, plus globalement, tout ce qui doit être jeté. Avant les déchèteries, les déchets et vieilleries étaient jetés aux escoubilles. Pour le ragoût de ce nom dans la vallée de l'Hérault, un plat mijoté de légumes et de viandes est dérivé de cette manière d'accommoder les restes, à l'origine.

(2) « Connaissance du Monde » présente toujours un programme de tournées... malheureusement pas une localité de toute l'Occitanie n'est concernée cette année...

(3) traductions « Tu as pété ! » et « C'est lui !

samedi 22 mars 2025

La “ TUE-COCHON”, Jean-Claude CARRIÈRE et François DEDIEU (1)

La relecture et correction d'un projet « Un Languedoc Fleur d'Amandier » m'amènent à compléter dans la rubrique « Pauro bestio », pauvre bête à propos du cochon tué pour apporter aux humains. Jean-Claude Carrière puis mon père sont mis à contribution pour apporter un complément au sujet. 

Jean-Claude_Carrière_à_la_BNF 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported2.5 Generic2.0 Generic and 1.0 Generic license.Auteur Roman Bonnefoy

À Colombières, au pied du Caroux dont on voit la dent de chez nous, Jean-Claude Carrière indique que l’élevage du cochon se pratiquait avant 1940 et qu’avec la guerre, à cause des restrictions, cela fut nécessaire, les apports en viande, charcuterie et matières grasses ne pouvant mieux tomber. Les familles s’équipèrent d’une porcherie afin d’engraisser un cochon, parfois deux. Devant la maison, dans un gros chaudron de cuivre se cuisait la ration du pensionnaire : farines, châtaignes, herbes… Le cochon reste familier, reconnaissant d’être nourri, caressant même lors de ses petites sorties dans le jardin. On le soigne avec sérieux ! C’est à qui aurait la plus belle bête de plus de deux cents kilos ! 

Même en Moravie (Rép. Tchèque) Creative Commons Attribution 2.0 Générique Auteur kitmasterbloke.

À propos d'embonpoint, une lettre (janvier 1949) de la grand-tante de François fils, Céline (1903-1988) :

« […] Chez Paule on a tué hier le deuxième porc, le premier pesait 180 K et celui d’hier 225 K. Quant à nous qui en avons un mais plus jeune, il se fait joli et doit peser dans les 150 K nous le saignerons le mois prochain d’ici là il fera quelques kilos de plus… » 

« La fèsta dal porc (seguida).

Tout jeunes, nous n’étions pas autorisés à voir saigner par le boucher, appelé pour la circonstance, la magnifique bête qui allait fournir à toute la famille tant de vivres pour de longs mois. Plus tard, j’ai imaginé le cochon pendu par ses pattes de derrière à une poutre de notre cave, solidement maîtrisé par les puissantes mains de mon père et de son oncle, notre « oncle Pierre », [...] proprement saigné par le spécialiste malgré ses cris de désespoir ; le sang recueilli jusqu’à la dernière goutte dans une bassine des plus propres. Alors, le boucher-charcutier le coupait en deux dans sa longueur, et repartait, son travail terminé.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai pu voir tous les détails : le cochon tué au pistolet automatique spécial qui enfonçait le crâne de l’animal et avait déjà remplacé l’antique merlin d’étourdissement de nos abattoirs de village ; l’eau très chaude versée dans l’auge impressionnante contenant le cochon devenu porc par sa mort ; la chaîne introduite sous le corps et servant à débarrasser ce dernier de ses soies ; et, une fois l’épilation terminée, le porc suspendu devant le charcutier, celui-ci coupait en deux la carcasse et pratiquait l’éviscération. Les boyaux étaient ensuite soigneusement lavés et conservés pour la fabrication de la saucisse, des saucissons et du boudin… »

CABOUJOLETTE, Pages de Vie à Fleury à Fleury-d’Aude II, 2008, François Dedieu. 

Papa