vendredi 14 mars 2025

CARNAVAL, buffolis et cocus (3ème partie)

Dans le numéro 1 de la 13ème année, printemps 1950, l'article « Carnaval-Carême en Languedoc » de René Nelli, offre une mine d'infos et éclaircissements amenant à retenir quelques notes au fil de l'article.

La suite des apports : 

À Capestang ce sont les « Buffetaires ». 

*18. En Languedoc, les danses caractéristiques de carnaval se déroulaient surtout le mercredi des Cendres, celle des « buffoli » (buffoli al cul) (Florensac) « souffle-culs », « bouffets » ou encore appelée « feu aux fesses », « buffatière » à Castres. Caractérisée par l'allure au pas très ancien, cette danse était commune sur tout le Languedoc, la Lozère, une bonne partie de l'Ardèche et peut-être en Ariège. Les danseurs barbouillés en chemise blanche tiennent un soufflet pointé sur la raie du fessier devant. Ce pouvait être parfois une bougie allumée. À Balaruc-le-Vieux, la danse de « la camisa » est fondée sur la chandelle et le feu, chacun essayant d'enflammer la queue en papier qui précède. 
À Limoux et Portiragnes le soufflet projette de la farine. Parfois, dans l'intention de souiller, de les noircir, les participants cherchent à embrasser les filles, ailleurs ils se vautrent dans la boue, encore une possible symbolique de libération des instincts (1). 

*19. La fête de carnaval permet aussi d'autres danses telle celle des sarments : à Montpellier, Aniane, Magalas, on frappait les spectateurs du premier rang, ce qui rappelle, pour ceux qui ont connu, dans leur enfance, avec le feu de cheminée à la maison, la menace plus allusive que réelle « d'un cop de viso ». 

*20. À Magalas, la danse de l'escargot projetait le dernier d'une spirale endiablée. 

*21. À St-Pargoire et Vias, la danse dite « de l'échelle » voit un homme et une femme s'embrasser une fois en haut des deux parties d'une échelle sans appui (de peintre). Est-ce pour l'acceptation de la présence féminine ou encore une expression du bizutage de nouveaux mariés ? 

Narbonne Canal_de_la_Robine 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author The Ninjaneer Côté piles le Pont des Marchands. ATTENTION la publication d'un recadrage de cette photo est juridiquement INTERDITE.

 
*22. À Narbonne, alors que les « novis » (voir l'article sur le tamarou) doivent baiser une paire de cornes suspendues en travers du Pont-des-Marchands, les célibataires et vieilles filles sont punis aussi, les vieux garçons semblant être exemptés. Les Jeunes les frappent à l'aide de lattes recouvertes de peaux de rats passées à la craie. 
À Agde ils passent un morceau de lard rance sous le nez des vieilles filles. 
À Bélesta dans l'Ariège, pour la mi-carême, ils chantent des chansons d'amour sous la fenêtre de l'aïeule du village : « rassegar la vièlha ». Plutôt que la fécondité passée n'est-ce pas pour se débarrasser de « la Vièlho », la saison d'hiver enfin dépassée ? 

*23. À Montpellier, à Carcassonne, les couples font l'objet de brimades. Les mâles rendent les femelles responsables du cocufiage ; les maris sont sommés de diriger le mariage, de prévenir l'inconduite potentielle des épouses, de refuser d'être un homme battu. 
À Fabrègues, à Carcassonne, ce sont les femmes qui doivent baiser les cornes. (à suivre).  

(1) un document sur les “ buffuoli ”, il se peut une chanson, qui circule sous le manteau dans le cercle occitaniste des Chroniques Pérignanaises (Fleury-d'Aude)... espérons qu'elle ne restera pas qu'entre initiés. 



jeudi 13 mars 2025

FLEURY-d'AUDE, ramonétage, château et « tchi tchi » (1)

Les photos viendront après, sans quoi ce ne serait plus une surprise, de celles, agréables, sereines, qui embellissent la vie...  

« printemps », « prima », « primavera », les trois peuvent se dire en occitan.  

Si l'ambiance de carnaval s'avère évanescente, Mars avec la majuscule que l'orthographe lui dénie mais que le dieu en question devrait approuver, sourit déjà par la clarté qui gagne en fin d'après-midi, Mars console des jours qui passent, du temps qui jamais ne suspend son vol, vérité pour tous de la part du  poète. Après la fleur de l'amandier, la pluie enfin réparatrice (1), les asperges sauvages abondantes cette année, la tendre et première verdure des buissons et des arbres (2), les passereaux gais et fringants qui ne s'y trompent pas, c'est le ciel qui étonne : un « tchi tchi tchi » fait tourner la tête et lever les yeux. 

C'est plus discret que le vol en “ V ”des grues qui vont en France (3). Il faut avoir la chance d'être témoin d'un tel spectacle mais c'en est aussi une d'entendre ce même « tchi tchi tchi », n'aurait-il traversé que le ciel de ma rue ce dimanche 9 mars vers 16h, fidèle à la belle saison passée, prometteur de celle à venir. Le 10, ils revenaient en duo de Derrière l'Horte, du moulin (abords sud du village) vers les ruines de notre vieux château, leur résidence saisonnière. 




Hier, c'était au-dessus du ramonétage sauf que seul un « tchi tchi » se laissait entendre. Puis l'espace dégagé, heureusement sans voitures volantes contrairement au parking, en bas, complètement congestionné (4), l'a vue aller et venir, en boucles, insistant de ses « tchi tchi » sonores. Quelques pas plus loin sur cette place, manière d'avoir la vue sur nos toits familiers... Et là sur un râteau télé, “ Tchi tchi tchi ” l'être aussi muet que tranquille, ramassé sur lui-même, comme voulant dire « chante toujours » à “ Tchi tchi ” à toujours revenir le relancer... (à suivre).      

(1) Dans les Pyrénées Orientales les lacs de retenue se sont enfin remplis d'une eau attendue depuis deux ans, une eau qui dans l'Aude aussi, a fait grand bien ! 

(2) disen “ printemps ” coumo en francès, mais ce printemps se dit aussi “ prima ” voire “ primavera ” en Occitanie, comme en Espagne, au Portugal, en Italie, pays de langues romanes sur la Méditerranée sinon, tel le Portugal, empreint de latinité suite au séjour des Romains. 

(3) «... qu'enteni las gruas que s'en van ta França, que cau jita lou blat a l'esperança... » ... qu'il faut jeter le blé à l'espérance... Le Jour Marie / Joan de Nadau https://www.youtube.com/watch?v=_vb5rj5tDuc
Évocation du Semeur du temps des semailles de Victor Hugo «... Ce reste de jour dont s'éclaire La dernière heure du travail... ». Digressions ? Que voulez-vous ? Bonne ou médiocre, l'inspiration puise en vous ce que vous êtes... d'où ces textes à tiroirs multiples, semainiers presque, avec les grues qui sont passées le dimanche 23 février à 18h 45 à Saint-Pierre-la-Mer... l'observateur ne pouvait être plus précis ! 

(4) je le dis vu que je contribue aussi à le congestionner, ce stationnement...