lundi 9 juin 2014

Mayotte en danger / BRONCA GENERALE CONTRE LA REFORME DES RYTHMES

Ce 9 juin 2014, lors d’une réunion organisée par la mairie, une protestation générale est montée en puissance contre la lamentable réforme des rythmes scolaires initiée par un ministre parti se planquer à Bruxelles, passée en force parce que plombée de gredinerie et finalement amendée par son successeur. Encore un peu et le soufflé providentiel qui ambitionnait de lutter à la fois pour l’emploi, contre la délinquance et accessoirement en faveur des élèves (sans jamais parler des méthodes, des programmes et des enseignants !!!) devrait retomber pour retrouver la dimension qu’il n’aurait jamais dû dépasser, à savoir la semaine de 4,5 jours.  


 
      La mairie, apparemment sous pression en amont, a commencé par annoncer une journée type, de 7h 30 à 15h 30 en arguant qu’il serait bien de proposer aux enfants autre chose que la classe. HUIT heures ? HUIT heures... HUIT heures ! Chacun devait compter dans sa tête avant que la réaction ne prenne forme et enfle pour finir en tsunami ! HUIT heures ! Une HORREUR cette réforme qui prétend rendre la journée de classe moins longue et moins fatigante !
Une première intervention a exprimé que Sada n’était pas prête, qu’il ne fallait pas foncer sans réfléchir, sans définir ce que devaient être le repas et le repos des gosses.
Un autre parent a évoqué l’école religieuse ainsi que le cas des parents qui vont travailler en ville, qui partent tôt le matin et qui ne sauraient lâcher leurs gosses plus d’une heure avant que l’école n’ouvre.
L’adjointe à l’éducation a précisé que l’encadrement des enfants lors de la pause relevait des obligations légales.
Un troisième a laissé entendre qu’il ne fallait pas prétendre aider les élèves sans avancer des moyens financiers et humains, qu’un état des lieux préalable s’imposait et qu’il était regrettable que les parents ne puissent pas décider. (LIBERTÉ comme c’est marqué sur notre devise !)
Un quatrième revient sur la sécurité des enfants qui n’est pas assurée avant les heures d’ouverture et qu’il ne faudra pas envoyer les enfants à l’école tant que les solutions ne seront pas trouvées.
La prise de parole suivante en a déduit qu’il ne pouvait y avoir de loi sans les moyens pour l’appliquer.
Un élu, conseiller pédagogique de profession a alors expliqué que tout serait mieux, pour l’enfant avec la semaine de 4,5 jours au lieu de celle de 4 jours mise en place par le gouvernement précédent...
Est-ce l’évocation d’une politique passée pourtant honnêtement rejetée par un élu UMP de Sada qui a été la goutte faisant déborder le vase ? A partir de ce moment là l’argumentation initiale a laissé place à la contestation en règle et point par point de cette réforme incompréhensible dont personne ne veut, encombrée qu'elle est d'extensions aussi malvenues qu’inutiles.

Sans revenir sur les termes de ce chambardement des rythmes et parce que les propos de Benoît Hamon le confirment, l’horaire scolaire dépend d’un pouvoir central qui ne peut (contrairement à ce qui était asséné antérieurement !) obliger les mairies à investir dans le périscolaire. A Sada, donc, la mairie est tenue d’assurer l’encadrement des enfants lors de la pause méridienne de 1h 30 au moins.
Sans qu’il soit question de la carotte allouée par l’État, une dotation en gros de 100 à 140 euros en métropole, (donc qui devrait être bien inférieure à Mayotte (1)), prévue sur deux ans mais prolongée d’un terme supplémentaire pour s’escamoter ensuite en laissant municipalités et contribuables à leurs ressources et impôts locaux, le 1er adjoint a informé que le repas coûterait 50 cts aux familles, que les éventuelles activités périscolaires seraient payantes (2). Il a aussi confirmé qu’il était pour un début de journée à 7 heures et ajouté que le fait que la réforme ne s’applique pas à un établissement sur les quatre de la commune pouvait être interprété comme discriminatoire.

Finalement, au moins les élus seront-ils informés du rejet d’une réforme qui, rapport au climat et aux conditions matérielles, s’imposait d’autant moins ici que Mayotte répondait déjà à l’essentiel (3).
On ne comprend plus, en effet, pourquoi le peuple (le mot a été employé par une maman) doit toujours subir le pouvoir. On ne comprend plus pourquoi l’autoritarisme monolithique serait légitime pour imposer partout la même chose, sans aucune considération pour un environnement différent (climat, développement, langue régionale, particularisme, etc.). On a du mal à accepter des réformes à la hussarde ne servant que des arrière-pensées insincères.
Il ne reste plus qu’à déballonner une Vème République autoritaire dont la trame repose sur des franges d’éminences grises, de hiérarques inamovibles (4) (ceux qui pondent les réformes venues d’en haut), des bataillons de fonctionnaires devant obéissance avant tout, des parlementaires faisant d’abord allégeance aux partis jadis majoritaires (une conception de la FRATERNITÉ ) et tout en haut de la pyramide sur un singleton, monarque légitimé qui décide ad libitum, en tant que dernier exemple, du découpage du pays en nouvelles méga-régions. 



Et comme si la restauration de la démocratie et du bien public le demandaient, le dernier mot de la réunion a été « RÉSISTER ».  

(1)           (1)   comme pour les allocs limitées ici au 3ème enfant et du niveau de ce qu’on reçoit en métropole pour 2 ! ÉGALITÉ qu’il y a marqué sur la devise !
(2)              (2)  dit en aparté qu’il n’y avait pas d’argent... on le savait déjà mais c’est aussi honnête que lucide de sa part.
(3)             (3)   7h-11h ou 12h sur cinq jours / 175 jours de classe donc 1 de moins seulement que ce qui était préconisé par la réforme au début (mais on n’en parle plus... étrange... )
(4)          (4)Du genre Aquilino Morelle, l’énarque-conseiller qui faisait venir (à l’Élysée je crois) un cireur de pompes ne se déplaçant que pour cinq paires à 25 euros l’unité (2 chaussures quand même)... Fera-t-il frotter aussi, un jour, les casseroles qu’il traîne... ?  
            
              Photos autorisées Wikipedia

dimanche 8 juin 2014

Fleury en Languedoc / TU T'EN VAS DÉJÀ ? (retour sur Achille Mir)

"Tu t'en vas déjà ? Reste plutôt, allons voir Achille, que la dernière fois, nous sommes passés en coup de vent !"


 Emportés par les bisbilles liées aux curés de Ginestas, Cucugnan ou Cucuron, Melotte et Sorgeat avec l’illustration de Fernandel en Don Camillo, nous sommes passés un peu vite sur la rencontre avec Achille Mir (1822 - 1901), félibre d’Escales, de Carcassonne et de l’Aude.
    Les circonstances ont réservé un destin particulièrement remarquable à l'enfant audois, né à Escales le 30 novembre 1822 dans une famille de petits propriétaires. Si sa mère ne s’en était mêlée, tout semblait écrit, en effet, pour que, ancré à la terre des aïeux, son horizon se limitât aux abords immédiats du village natal. Sans préjuger, en bien ou en mal, de l’épanouissement personnel dans un cadre familier, reconnaissons aussi, en parlant de sociabilité, que de se risquer à l’extérieur, de se frotter aux autres, n’est pas sans effet.
    Boursier à l’École Normale de Carcassonne, Achille en sort pour enseigner à Aigues-Vives puis Capendu. Remarqué par sa hiérarchie, l’instituteur est vite nommé directeur de l’école annexe où il va mettre au point une méthode d’écriture à la main qui remontera jusqu’au ministère. Après un passage par le petit séminaire (jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’Instruction Publique et la religion restent imbriquées), Mir qui écrit des fables en français puis en languedocien, déjà lauréat de prix littéraires divers (à Béziers, à Montpellier), démissionne de l’enseignement pour devenir directeur de la manufacture de la Trivalle (1).
    Conciliant son activité professionnelle et l'écriture, il nous a laissé , Lo lutrin de Ladern « boffonada en tres estapetas » (bouffonnade en trois petites étapes), La Cansou de la Lauseto (avec l’avant-propos de Frédéric Mistral), Lou sermou dal curat de Cucugna (vers 1875). 
    Dans un recueil réédité de ces œuvres (1907/ imprimerie G. Servière & F. Patau à Carcassonne) (disponible sur http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/559), et pour revenir au village d’Escales d’où tout est parti, les premiers vers de l’homme d’esprit souvent gai et espiègle qui prétendait « S'ai pas de bi me fau trapisto, sans bi podi pas pus tchiarra » (2).


    « Escalos, moun païs, amé sa bièlho tourre
    Que menaço lou cèl de soun grisastre mourre...
    (Escales, mon pays, avec sa vieille tour
    qui menace le ciel de sa hure grisâtre...)

    ... Escalos, dount la fount as embirouns fa’mbejo :
    L’aigo fumo l’iber e l’estiu sang-glacejo
    Escalos e soun pech ount lou foc de Sant-Jan
    Brando al lèng que diriots la gulo d’un boulcan !
    Escalos, mièch quilhat sus rocs, mièch sèit en plano,
    Floucat d’un castèlas que gat et gous proufano !...»
    (Escales, dont la fontaine fait envie aux voisins :
    L’eau fume l’hiver et glace le sang, l’été
    Escales et son mont où le feu de la saint-Jean
    Rougeoie si loin qu’on dirait la gueule d’un volcan !
    Escales, mi-quillée sur les rocs et à moitié en plaine,
    Floquée d’un grand château que chiens et chats profanent !) 

    Le second poème, d’une grande actualité, pleure le vieux mûrier de la place, mis à bas par une hache implacable.


  
  « Pouriò biure cent ans e mai,
    Que debrembarèi pas jamai
    Lou bièl amouriè dal bilatge :
    Soun paro-soulel sans parèl
    Es espandit dabant moun èl
    Coumo dal tems qu’éri mainatge... »

    (Je pourrais vivre cent ans et plus
    Que je me souviendrais toujours
    Du vieux mûrier du village :
    Son pare-soleil sans pareil
    Est étalé devant mon oeil
    Comme du temps que j’étais enfant...) 



(1) ancienne manufacture royale de drap dans le quartier de la Trivalle, du nom de la rue qui le traverse (ancienne voie romaine) et aboutit au Pont Vieux. (Ne pas confondre avec Mons-la-Trivalle au confluent des trois vallées de l’Orb, du Jaur et de l’Héric).   
(2) Si je n’ai pas de vin, je me fais trappiste, sans vin je ne peux plus causer. 

photos autorisées Wikipédia et Wikimédia 1. Vieille tour d'Escales 2. mûrier. 3. morus nigra

(A SUIVRE...)