"Tu t'en vas déjà ? Reste plutôt, allons voir Achille, que la dernière fois, nous sommes passés en coup de vent !"
Emportés par les bisbilles liées aux curés de Ginestas, Cucugnan ou
Cucuron, Melotte et Sorgeat avec l’illustration de Fernandel en Don
Camillo, nous sommes passés un peu vite sur la rencontre avec Achille
Mir (1822 - 1901), félibre d’Escales, de Carcassonne et de l’Aude.
Les circonstances ont réservé un destin particulièrement remarquable à l'enfant audois, né à Escales le 30 novembre 1822 dans une famille de petits propriétaires. Si sa mère ne s’en était mêlée, tout semblait écrit, en effet, pour que, ancré à la terre des aïeux, son horizon se limitât aux abords immédiats du village natal. Sans préjuger, en bien ou en mal, de l’épanouissement personnel dans un cadre familier, reconnaissons aussi, en parlant de sociabilité, que de se risquer à l’extérieur, de se frotter aux autres, n’est pas sans effet.
Boursier à l’École Normale de Carcassonne, Achille en sort pour enseigner à Aigues-Vives puis Capendu. Remarqué par sa hiérarchie, l’instituteur est vite nommé directeur de l’école annexe où il va mettre au point une méthode d’écriture à la main qui remontera jusqu’au ministère. Après un passage par le petit séminaire (jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’Instruction Publique et la religion restent imbriquées), Mir qui écrit des fables en français puis en languedocien, déjà lauréat de prix littéraires divers (à Béziers, à Montpellier), démissionne de l’enseignement pour devenir directeur de la manufacture de la Trivalle (1).
Conciliant son activité professionnelle et l'écriture, il nous a laissé , Lo lutrin de Ladern « boffonada en tres estapetas » (bouffonnade en trois petites étapes), La Cansou de la Lauseto (avec l’avant-propos de Frédéric Mistral), Lou sermou dal curat de Cucugna (vers 1875).
Dans un recueil réédité de ces œuvres (1907/ imprimerie G. Servière & F. Patau à Carcassonne) (disponible sur http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/559), et pour revenir au village d’Escales d’où tout est parti, les premiers vers de l’homme d’esprit souvent gai et espiègle qui prétendait « S'ai pas de bi me fau trapisto, sans bi podi pas pus tchiarra » (2).
Les circonstances ont réservé un destin particulièrement remarquable à l'enfant audois, né à Escales le 30 novembre 1822 dans une famille de petits propriétaires. Si sa mère ne s’en était mêlée, tout semblait écrit, en effet, pour que, ancré à la terre des aïeux, son horizon se limitât aux abords immédiats du village natal. Sans préjuger, en bien ou en mal, de l’épanouissement personnel dans un cadre familier, reconnaissons aussi, en parlant de sociabilité, que de se risquer à l’extérieur, de se frotter aux autres, n’est pas sans effet.
Boursier à l’École Normale de Carcassonne, Achille en sort pour enseigner à Aigues-Vives puis Capendu. Remarqué par sa hiérarchie, l’instituteur est vite nommé directeur de l’école annexe où il va mettre au point une méthode d’écriture à la main qui remontera jusqu’au ministère. Après un passage par le petit séminaire (jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’Instruction Publique et la religion restent imbriquées), Mir qui écrit des fables en français puis en languedocien, déjà lauréat de prix littéraires divers (à Béziers, à Montpellier), démissionne de l’enseignement pour devenir directeur de la manufacture de la Trivalle (1).
Conciliant son activité professionnelle et l'écriture, il nous a laissé , Lo lutrin de Ladern « boffonada en tres estapetas » (bouffonnade en trois petites étapes), La Cansou de la Lauseto (avec l’avant-propos de Frédéric Mistral), Lou sermou dal curat de Cucugna (vers 1875).
Dans un recueil réédité de ces œuvres (1907/ imprimerie G. Servière & F. Patau à Carcassonne) (disponible sur http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/559), et pour revenir au village d’Escales d’où tout est parti, les premiers vers de l’homme d’esprit souvent gai et espiègle qui prétendait « S'ai pas de bi me fau trapisto, sans bi podi pas pus tchiarra » (2).
« Escalos, moun païs, amé sa bièlho tourre
Que menaço lou cèl de soun grisastre mourre...
(Escales, mon pays, avec sa vieille tour
qui menace le ciel de sa hure grisâtre...)
... Escalos, dount la fount as embirouns fa’mbejo :
L’aigo fumo l’iber e l’estiu sang-glacejo
Escalos e soun pech ount lou foc de Sant-Jan
Brando al lèng que diriots la gulo d’un boulcan !
Escalos, mièch quilhat sus rocs, mièch sèit en plano,
Floucat d’un castèlas que gat et gous proufano !...»
(Escales, dont la fontaine fait envie aux voisins :
L’eau fume l’hiver et glace le sang, l’été
Escales et son mont où le feu de la saint-Jean
Rougeoie si loin qu’on dirait la gueule d’un volcan !
Escales, mi-quillée sur les rocs et à moitié en plaine,
Floquée d’un grand château que chiens et chats profanent !)
Le second poème, d’une grande actualité, pleure le vieux mûrier de la place, mis à bas par une hache implacable.
« Pouriò biure cent ans e mai,
Que debrembarèi pas jamai
Lou bièl amouriè dal bilatge :
Soun paro-soulel sans parèl
Es espandit dabant moun èl
Coumo dal tems qu’éri mainatge... »
(Je pourrais vivre cent ans et plus
Que je me souviendrais toujours
Du vieux mûrier du village :
Son pare-soleil sans pareil
Est étalé devant mon oeil
Comme du temps que j’étais enfant...)
Que debrembarèi pas jamai
Lou bièl amouriè dal bilatge :
Soun paro-soulel sans parèl
Es espandit dabant moun èl
Coumo dal tems qu’éri mainatge... »
(Je pourrais vivre cent ans et plus
Que je me souviendrais toujours
Du vieux mûrier du village :
Son pare-soleil sans pareil
Est étalé devant mon oeil
Comme du temps que j’étais enfant...)
(1) ancienne manufacture royale de drap dans le quartier de la Trivalle, du nom de la rue qui le traverse (ancienne voie romaine) et aboutit au Pont Vieux. (Ne pas confondre avec Mons-la-Trivalle au confluent des trois vallées de l’Orb, du Jaur et de l’Héric).
(2) Si je n’ai pas de vin, je me fais trappiste, sans vin je ne peux plus causer.
photos autorisées Wikipédia et Wikimédia 1. Vieille tour d'Escales 2. mûrier. 3. morus nigra
(A SUIVRE...)
"Cansou de la lauseto" (chanson de l'alouette). L'alouette peut-être emblématique du Languedoc quand on sait que la légion "de l'Alouette" était celle des Romains de la Narbonnaise...
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