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vendredi 25 octobre 2019

A LA VIE, A LA MORT...DU PAIN POUR LE PEUPLE (suite et fin) / Les vendanges à Fleury-d'Aude

 
2587 pages de vie... 



... et un peu avant, Raoul gâté par sa grand-mère, une mami douce et tout sourire de la boulangerie Andrieu où Roger pétrit plus encore en période de vendanges. 


De là, par la rue-escalier bordée par le mur de la forge, on rejoint l’ancienne ligne des remparts, le boulevard qui fait le tour du village et où nous pouvions refaire le monde sans que personne n’en soit alarmé ! Thérèse, Bernadette… ne cherchez plus leur maison, un parking a fait le vide. Après Rosine et Florence peut-être, Alain le fils Vizcarro. On dit « chez Pierrot » en allant y chercher le pain. Jean-Pierre aussi, le mitron, en sort blanc de farine... 

Depuis notre départ de la Terrasse, c’est la première boulangerie dans les faubourgs, les Barris, les nouvelles constructions hors l’enceinte fortifiée et les fossés avec une nouvelle rue Neuve alors que la première, historique, antérieure à 1750, est celle que nous avons suivie entre le porche et la tour Balayard, en passant par la perception. 


Ensuite, entre la Porte du Cros et la Porte saint-Martin, fleurissent toujours des prénoms (pardon pour les plus jeunes qui ne trottent pas encore) : Yvette, Pascal, Jean-Louis, Claudine, Jean-Marie, Chantal, Anne-Marie, Dominique... 

Le cœur du village  a forcément débordé dans ses faubourgs. L'ensemble écoles-mairie, très Troisième République s'est construit sur l'ancien cimetière... nous allions donc à l'école au-dessus de plusieurs siècles de tombes... un plein de vie sur un trop-plein de mort ! En face, certainement dans son périmètre défensif, notre église Saint-Martin avec ses airs de cathédrale pour une âme d'enfant impressionnée par la lecture de Notre-Dame-de-Paris du grand Hugo et imaginant tout un petit peuple logeant entre des contreforts encore occupés par des appentis communaux et même la pissotière. C'est vrai que maintenant que le vide a été fait autour, si le monument a été mis en valeur, n'a-t-il pas aussi été coupé de sa sève populaire, dépouillé de l'émanation montant vers le ciel... Inutile d'appeler Christo pour l'empaqueter... restons-en là d'une parenthèse qui ne pourrait que s'emballer... 



Et sur le bitume, roulant un fut de carburant vers son fournil, en marcel et pantalon au discret pied-de-poule blanc-bleu, Titin, le mégot de maïs aux lèvres... heureusement que depuis chez lui, c'est en pente ! Et à cause de ce roulage métallique, Eliane, Martine, Marie-José, José, Roger, Paulette, mettent le nez à la fenêtre. 
Avec Geneviève, Jean-Pierre, René, Bernard, Marcel et Roger plus loin... en face du grand café qui n'est plus, la boulangerie d'Augustin Gabignaud où parfois Marie-Thérèse ou Jacqueline font une apparition. 

Des vendanges au pain si indispensable pour rentrer la récolte, j'en suis arrivé à retrouver le village vers 1960 avec tous ces prénoms d'enfants et d'adolescents qui ont voulu à tout prix m'accompagner. Un flot de vie et d'émotions. Quand on a un âge certain, celui qui donnerait la sagesse et la faculté de continuer à apprivoiser peu à peu la mort, les deux se mêlent, la réserve qui nous ferait passer pour insensibles se craquelle... Pour bien se rappeler de ceux qui sont partis, les sentiments se libèrent, on se prend à louer, à aimer ceux qui continuent la route, du moins à ressentir plus d'empathie... Vivants ils restent, tous, comme si l'évocation du groupe scolaire sur le cimetière en constituait le symbole... Et puisque les mots de Pierre Bilbe me rejoignent, autant les partager : 


" Viens avec moi petit... viens... Donne-moi la main
[...] Quand tu retourneras dans les rues du village
Où tu rencontreras des enfants de ton âge
Dis leur... "


"Viens avec moi petit". Pierre Bilbe. 

mardi 20 novembre 2018

LA SAINT-MARTIN, FÊTE DU VILLAGE / Fleury d'Aude en Languedoc

10 novembre au soir. Si le 11 tombe un dimanche, l'affluence s'en ressent puisque le 12 c'est fini avec la semaine qui nous impose son lundi. 
Alors le 10 c'est l'euphorie : le meilleur des orchestres a été retenu pour marquer le millésime. L'avenue pas plus François que Mitterand puisque c'est l'avenue de Salles, voit un public nombreux se croiser. De la salle des fêtes on revient vers la mairie avec, au pied de l'église, le confiseur, le manège, le tir, la loterie des poupées, celle des canards vivants. Vers 10-11 heures (22-23h), quand il n'y a plus de petits pour attraper le pompon, que les coups de carabine s'espacent et que les micros gouailleurs cessent de crachoter, avec les lumières qui s'éteignent, c'est au ramonétage que la fête continue avec les auto-tamponneuses qui occupent toute la place. Vers minuit, le ramonétage s'endort. Les va-et-vient vont désormais entre le bal et les deux cafés, plus nombreux au moment de la danse d'invitation même si quelques couples se perdent dans la  nuit protectrice des rues adjacentes. A côté de la salle de bal, la baraque de la roulette, enfumée : les patrons laissent à disposition des paquets de Disque bleu et de Gitane maïs. Des acharnés de la martingale tentent leur chance "Rien ne va plus !" mais une limite annoncée ne permettrait pas, au cas où un professionnel se pointerait, de faire sauter la banque.       

2018. 10 novembre au soir, après le match de rugby. Dans les rues autour de la fête, pas de voitures qui s'attouchent ou à l'affût d'une place qui se libère. Au ramo, en sourdine la musique des autos tamponneuses, la dernière attraction encore ouverte. 
Mais à la salle des fêtes, un 10 novembre au soir, il doit y avoir un orchestre. Pas la peine de consulter un programme ! Méchanto limonado, l'avenue de Salles est vide de véhicules garés. Approchons quand même. L'espace est inondé de lumière anti-moustiques mais rien ne papillonne sinon ce fantôme marchant vers des ombres qui au fond apprécient les cuivres et les belles gambettes qui gambillent un paso sur la piste. Personne ! Le vide du halo de lumière jaune dans la nuit... 
Suis-je bête ! Dans ce Fleury de 2018, ce doit être au hangar municipal, plus spacieux ! Passons par l'Horte. En approchant on devrait entendre les flonflons ! Mais rien sinon le silence de la nuit, la quiétude pour le voisinage et le cimetière en face. Le fantôme n'a plus qu'à repartir vers son repaire. Il passe devant le café Mestre enfumé et bruyant ; deux couples à l'écart, sur les banquettes, pour un semblant d'intimité, sous l’œil goguenard des francs-tireurs qui sinon trinquent et chahutent à la santé des copains retrouvés. Au café Billès, à l'abri des brumes portées par le marinas, on attend aussi l'affluence après la danse d'invitation; Les habitués ont laissé le tapis, les jetons et les cartes sur la table à côté du poêle. Dans la salle de billard, des solitaires, des grands Meaulnes attardés, se complaisent à suivre la trajectoire feutrée de la blanche vers la carambole. La fumée des Bastos se perd dans le clair-obscur marqué par la suspension...

 Mais non, des ombres seulement, un revenant hanté par les mânes du passé dans un village deux fois plus peuplé mais combien de fois plus vide ! Un Fleury combien de fois plus éclairé mais sans une loupiote passée une certaine heure et jusqu'au petit matin... En ce troisième millénaire, un séjour de morts-vivants... C'est peut-être le fait à noter quand quelques jours avant, dans l'indécence de la Toussaint dévoyée, une fête de citrouilles vides affichait le grotesque de sa mascarade anachronique ! 




jeudi 8 novembre 2018

LES VENDANGES DE L’AMOUR… romance (chansons des années 60-70).


Préambule : dans romance, il y a « roman ». Ceci est un papier de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite… même si la vie n’est qu’une suite de hasards.





Les clavettes des pressoirs ne font plus entendre leurs clocs sonores dans la nuit. Le vin nouveau bouillonne et mousse en secret dans les foudres. Parées de leurs couleurs d'automne, les vignes retrouvent le calme, même  troublé par les chasseurs en vadrouille. Le village se prépare plus à fêter le 11 novembre qu’à célébrer nos Poilus. Le cœur en liesse des sèves montantes toujours au printemps des garçons, attend les bals pour inviter les filles, chasse gardée des chaperons.

C’est l’âge où l’on se remet vite de la dernière amourette... enfin c'est ce qu'on dit.

A l’automne de la vie, pourtant, certains retours ramènent parfois fort, et loin en arrière. 




Leny Escudéro s’invite en sourdine pour une amourette qui a laissé des traces, elle :



https://www.youtube.com/watch?v=h4Bi6S-sY2E (Leny Escudéro « Pour une amourette »).



« … Pour une amourette, l’amour éternel, dure le temps d’une fête, le temps d’un soleil, et mon amourette qui était trop jolie, vers d’autres conquêtes bientôt repartit… »  




Pas le cœur d’aller au bal quand la copine de lycée qu’on croit aimer vous fait savoir que c’est non. On préfère le billard avec les copains, dans l’arrière salle du café Billès… On fume des Bastos, c'est bien de fumer alors le dimanche, pour les fêtes, pour les hommes du moins... C'était bien chez Madeleine qui toujours sourit, même pour un seul petit noir arrosé dans la soirée… un peu Laurette de Michel Delpech, même si on ne disait rien « Si par hasard on avait l’âme en peine… »



https://www.youtube.com/watch?v=KJNDUJflo_c (Michel Delpech « Chez Laurette »).



Et si ça tape plus fort, popon popon popon popon, c’est le tempo d’Hervé Villard qui vient marteler nos tempes « … c’est fini et dire que c’était la ville de mon premier amour, Capri c’est fini, je ne crois pas que j’y retournerai un jour…  »



https://www.youtube.com/watch?v=4TP3u0rNkys (Hervé Villard « Capri c’est fini »).



Et puis « On se marie tôt à vingt ans et l’on n’attend pas des années pour faire… » … un deuxième enfant…

https://www.youtube.com/watch?v=-svx2X4c2N8 (Jean Ferrat « On ne voit pas le temps passer »)



Et puis la vie vous embarque avec ses bonheurs et ses larmes, « Et si tu n’existais pas, dis-moi pour qui j’existerais… » et de repenser presque à un de ces fantômes du passé avec qui… plutôt qu’avec celle qui est là à vous servir du sel…

https://www.youtube.com/watch?v=abfQQ1hzN9M (Joe Dassin « Et si tu n’existais pas »).



Tapez Joe Dassin « Le café des trois colombes » que le Net veut pas donner l’https. Mais ce n’est plus qu’un bourdon, un chagrin doux-amer parce qu'on fait du sur-place, parce que les gosses ont à grandir, de fausses raisons affectées qui nous laissent coupables, minables, méprisables.



« … je t’ai oubliée mais c’est plus fort que moi, il m’arrive de penser à toi… »



Et puis c’est  Joe Dassin qui n’existe plus, emporté par une crise cardiaque…

Et puis l’homme qu’on croyait du huit mai mais qui roulait ses prétentions depuis Vichy, vient rincer nos illusions. Le temps s’accélère, l’amour s’altère, délétère. La vie continue mais traînant toujours son passé.



Pardon pour l’anachronisme qui suit mais quand en 2017 Sardou chante, irrésistible :

« Qui me tuera Qui viendra m’offrir pour toujours La plus belle des chansons d’amour On se reverra je l’ai vu, Qui m’aime me tue Qui m’aime me tue… »

Comprenne qui pourra mais la plus belle des chansons d’amour ne vient jamais qu’après les autres, toujours présentes même quand on ne le sait pas… Touchante, esthétique, bravo Sardou mais on ne refait pas sa vie, elle continue seulement

https://www.youtube.com/watch?v=uPPEutVubnA (Michel Sardou « Qui m’aime me tue »).  



Le passé n’est pas mort, il reste potentiellement explosif. Non, non, pas des mots seulement, un simple et banal « j’aime » sur vos lignes, vous demandez « C’est toi ? » et une force aussi irrésistible qu’invincible implose avec vos 16-18 ans qui viennent soixanthuiter le poivre et sel des années 2010 !

samedi 11 novembre 2017

LE 11 NOVEMBRE...


« ... Le 11 novembre, nous commémorerons l’armistice de la première guerre mondiale. elle dit et redit à nos enfants combien ce jour sans école est celui du souvenir des enfants de la commune morts pour la France et celui du respect de l’Histoire de notre pays... »


L’épigraphe de monsieur le maire dit bien l’essence même de ce jour particulier, serait-il aussi celui de la Saint-Martin, de notre fête patronale. Elle nous dit que le respect que nous devons au passé est loin d’être vain, qu’il pèse sur le présent et conditionne l’avenir. Cette conscience (1) sans laquelle l’humanité ne pousserait pas à la roue de son évolution est un trait propre à notre espèce. La  mémoire, le recueillement en sont des corollaires, ce qui ne veut pas dire qu’il faille les considérer comme un tout. Mais que la vie serait étriquée, sinon triste et morbide à s’en tenir seulement à une dignité susceptible de passer pour une posture. Il y faut ces liesses inscrites dans nos gènes par le cours des saisons et qui viennent naturellement équilibrer le fil ténu de la vie. Puritains, passez votre chemin ! 
La convivialité, le vivre ensemble : des valeurs qu'exprime le maire de Fleury, Chico du temps des copains (2), fidèle, par ses racines, à son terroir, avec des mots déjà gourmands pour une foire gastronomique... Des valeurs ancrées dans le temps pour les passeurs que nous sommes : le village, la pêche à l'Aude, la Barjasque sur la plage, un vol de perdreaux, la jeunesse en partage... Passons sur la date, une semaine avant la fête du village, calendrier moderne des festivités oblige... Et puis je ne vais pas chicaner alors qu’une mode aussi insidieuse que dangereuse veut nous imposer une célébration des courges qui n’a rien à voir avec nos traditions sudistes, macarel ! Bref, l’épicurisme, les plaisirs de la vie n’ont rien d’indécent... Montaigne en témoigne. Alors, à chacun de savoir ce qu’il a au fond du cœur sans s’abaisser à fustiger ce qu’il croit voir de mauvais chez les autres ! Le premier magistrat évoque donc les tripes, les langues de bœuf, les poulets aux champignons, les cochons de lait à la broche et autres agneaux rôtis ! On croirait Garrigou possédé par le démon de la gourmandise dans les Trois Messes Basses ! Tombent les flammèches de gras capiteux dans la lèche-frite ! Grésille le tourne-broche trop chargé devant la cheminée rouge de la braise vive des souches ! Tout le village communiait dans des ripailles déjà chantées par Rabelais ! 
  
Le 11 novembre, un bon repas marquait la fête du village, réunissant les familles. On s’habillait de neuf, on étrennait le manteau pour descendre dépenser ses sous à la foire, aidés en cela par les flonflons et les tirades racoleuses des forains. 

Estivet de la Saint-Martin ou Cers glacé descendu des Hauts-Cantons, il y avait dans ces réjouissances la récolte rentrée, le tas de souches pour l'hiver, le cimetière avec les chrysanthèmes à arroser, la cave avec le vin à naître dans le ventre des foudres chenus mais féconds...  
 
 
Et la Grande Guerre venue se greffer sur ces entrefaites ? Était-ce celle de 40-45 qui, telle la vague destructrice d’un tsunami, passée avec ses horreurs inédites par-dessus la première, en avait réduit les générations concernées à accepter un mal aussi ordinaire que banalisé ? C’est l’impression qui me reste et si l’instituteur amenait les enfants au monument, ce n’est pas en classe qu’il nous sensibilisa à nos morts (peut-être n'ai-je rien retenu et dans ce cas c’est que j’étais encore plus que je ne croyais, sur une autre planète...). A l’opposé du bourrage de crâne des hussards noirs de la République pour les « Provinces perdues » en 1870 et la fameuse « ligne bleue des Vosges », les vertus patriotiques ne sont plus exaltées ! Tout peut advenir d'une greffe...

« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie, ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie » a écrit Victor Hugo pour les combattants de 1870... oubliés depuis si longtemps... Aujourd'hui, le 11 novembre honore les morts de toutes nos guerres et France Info ne devrait pas si facilement excuser ceux que les anciens combattants agacent. Sans transmission mémorielle, sans conscience, l'humain, roseau d'autant mieux pensant que sa panse est pleine, ne se départirait pas de sa condition animale... 
  
(1) « La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Rabelais / Pantagruel.(2) j'en souriais encore cet été quand dans l'été de Saint-Pierre, il présenta le tour des chant des Gypsies Kings...
Diapositives du siècle passé de François Dedieu :
1. Le clocher version XXème siècle."Quand on regardait l'heure au clocher".
2. Mamé Ernestine devant la cheminée... et une "piote" au tourne-broche !
3. Le cimetière en novembre 1967.
4. Croix de Pailhès / vue sur la plaine à l'amorce de la montée vers les Pins de Trémolières.
  
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Diapositives du siècle passé de François Dedieu : 
1. Le clocher version XXème siècle : "Quand on regardait l'heure au clocher".
2. Mamé Ernestine devant la cheminée...et une "piote" au tourne-broche !.. 
3. Le cimetière en novembre 1967. 
4. Croix de Pailhès / vue sur la plaine à l'amorce de la montée vers les Pins de Trémolières.