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dimanche 28 janvier 2018

LE LONG DE LA CÔTE / Languedoc, Camargue



Le long de la côte, il voit la digue des Cabanes-de-Fleury, les immeubles de Valras-Plage, Vias ; il devine la plage de(s) Farinette(s) de notre professeur de français retrouvé Maurice Puel

« Quand on allait à Farinette, le dimanche,
Par ces longs jours d'été, brûlants comme un fournil… »
« Bourgeons précoces, fruits tardifs », Maurice Puel ( ? - ?). 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2016/07/nos-plages-avant-hommage-maurice-puel.html



Le Mont-Saint-Loup pour Agde et au loin le Mont-Saint-Clair : Sète, à peu près 47 kilomètres à vol d’oiseau. Sète, « l’île singulière » de Paul Valéry (1871 – 1945) avec, derrière, le quartier de la Pointe-Courte au bord de l’étang de Thau, cette lagune atypique que  Georges Brassens (1921 – 1981) aimait beaucoup pour les copains d’abord puis les oursins, les moules, les palourdes plutôt que les gens plus collants que des arapèdes quand on est trop connu. Savait-il la différence entre les clovisses et les palourdes ? Au-delà de Sète, le cordon littoral et la mer qui se confondent nous laissent imaginer Maguelonne, cathédrale des sables, Palavas-les Flots, la Grande Motte, le Grau-du-Roi. La Petite Camargue, les iles du Rhône comme les nommait Henri Bosco, nous amènent vers les « collines » de Marseille, blanches comme la Clape, les falaises de la Franqui, les Corbières Maritimes, comparables s’agissant de l’altitude Massif de l’Estaque (244 m) ou du Garlaban de « La Gloire de mon Père », dans les 700 mètres comme le Montoulié de Périllou…    

« Le golfe du Lion
Est piqué tout entier de balancelles roses
Qui traînent des filets immenses ou qui posent
çà et là des nasses de fond.
C'est le printemps, la mer est tendre,
Elle monte, elle va s'étendre
Jusqu'aux îles du Rhône où vivent les taureaux,
Puis sous les amandiers, les mûriers et les figues,
Jusqu'à l'étang de Berre où le bleu de ses eaux
Bat la colline des Martigues. »
Henri Bosco (1888-1976).




Photos autorisées :
1. Les-Cabanes-de-Fleury, embouchure de l'Aude. Iha ?
2. Plage sauvage. Mairie de Vendres. 
3. Agde cathédrale Wikimedia Commons Author Fagairolles 34.
4. Sète en 2012 / vue vers le nord et peut-être Palavas-les-Flots. Author Mirek237

mercredi 2 août 2017

SÈTE, UN 15 JUILLET / Mon Languedoc...

  

Qui, mieux que Paul Valéry, et avec quelle modestie, sut insister sur la grande influence des origines géographiques dans la convergence des forces qui comme par l’effet d’une chimie magique et inexplicable, arrive à précipiter le génie, l’art et l’esprit dans une enveloppe humaine ? (1)

Comment ne pas imaginer le poète, depuis le Mont-Saint-Clair, adressant sa soumission et sa révolte d’Homme à la Mer tant aimée, un jour de Grec et de marinade (vent de NE et embruns)... 
  

Ce ne sont pas les éclats de Stentor mais la voix est sûre, charpentée, bien que soumise aux forces d’une nature faisant si peu de cas de notre espèce, mais mue aussi par une énergie propre à arrêter la vague au moment où sa transcendance ne peut que déferler... Je veux croire que la tessiture n’est pas plus emphatique que datée... Ce n’est pas le ton affecté de la culture, travaillé pour se fondre dans un milieu de précieux, riches et oisifs, de conserve avec un monde définissant non sans prétention un who's who des arts et des lettres à son image. Ce n’est pas le débit haché, souvent coupé par la toux (il roulait ses cigarettes), de l’écrivain devant travailler pour vivre, mal à l’aise parmi les rentiers.
Sa voix est celle de la nature, de la naissance dans une famille modeste, méridionale avant tout. L’accent n’a pas encore trahi le Sud, ne dépareillant pas au berceau méditerranéen : le père est corse, la mère génoise, ils vivent à Sète... Et puis, quelle sincérité peut-on exprimer si on parle parisien à la Mer originelle, matrice de civilisations ? Aussi, c’est sûrement par rancœur que Paris continue de phagocyter et d’assimiler la province. A moins que ce ne soit l’amertume refoulée d’un esprit trop rebelle et indépendant qui me fait digresser à ce point... On se veut comme les autres mais différent, sociable mais solitaire... et on ne fait qu’imiter Valéry qui eut l’occasion de se définir ainsi... 


Il n‘empêche, l’autre jour à Sète, face au môle Saint-Louis, au pied du cimetière marin où il repose, c’est un pays, un Sétois, un Paul Valéry proche, loin de la pompe de la capitale que je retrouve. Au milieu du rond-point, les mots, le ton intime, à l’opposé d’autres, somptueux mais d’une froideur de pierre tombale, témoignent de l’amour insondable d’un enfant bien de « l’île singulière » pour notre mer glorieuse : 

« ... je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la trouve attachée par son premier chaînon à quelqu'un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L'autre bout est dans mon cœur... »
   


Discours au collège de Sète à l’occasion de la distribution des prix / 13 juillet 1935 / Œuvres T. 1 p. 1438 / Paul Valéry. 

   

(1) Sont-ce les imbéciles heureux qui sont nés quelque part comme le chanta, de façon univoque, un autre Sétois célèbre, Brassens ? 

Note : cette interprétation n'engage que son auteur...  

photos autorisées commons wikimedia : 
1. Portrait Paul Valéry. 
2. Sète, le môle Saint-Louis auteur Christian Ferrer. 
3 & 4. Sète, Monument à Valéry, rond-point du môle. Author Fagairolles 34. 
 5. Sète / Lycée Paul Valéry / Author Fagairolles 34. 

dimanche 29 janvier 2017

SINGULIERS PLURIELS.../ Montpellier, Sète, Languedoc...


Est-ce en 1968 ? un ou deux ans après ? Il ne sait plus et puis qu’importe. Il sait seulement que c’est un jour d’été, annoncé par des les virages serrés et criards des martinets, dans un ciel pur, de lumière inondé.  


L’esplanade. Au fond de la perspective, le temple grec gardien des eaux. Les feuilles vernies des marronniers et leurs grandes fleurs qui l’égarent vers une improbable dame aux camélias. Son père l’a déposé à l’entrée de la Promenade. Il est à Montpellier pour une commission qui examine et  rattrapera peut-être des résultats qui pourraient passer. Journée repêchage non seulement pour des bilans ric-rac au bac mais aussi pour des relations père-fils plutôt grippées, d’où le prétexte pour la balade. 

Il a même prévu un itinéraire retour par Sète et le bord de mer. Seraient-ils natifs, ils ne se lassent pas des visages changeants de la Grande Bleue. Le passage par la corniche complète à merveille l’aller avec Molière et Lapointe à Pézenas, les huîtres et les moules de Mèze et Bouzigues sur le Thau. Après le port, les chalutiers à quai, le belcanto des ravaudeurs et ces terrasses de cafés qui chantent le mezzogiorno, le Mont-Saint-Clair expose son cimetière marin vers le soleil et le large, par-delà les criques. Midi l’implacable brûle des feux de l’impatience. Entre le souffle trop léger, trop chaud des terres et les signes d’une brise marine devant tourner sous peu, c’est à peine s’il flotte un air poétique, c’est pourtant là que repose Paul Valéry, l’homme singulier de l’île singulière, revenu au pays, en dernière extrémité.

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !.. »

Vers Agde, en suivant le lido, le souvenir évanescent du poète s’est vite fondu dans les volutes d’air brûlant. On n’est pas sérieux quand on a dix-huit ans et que l’été appelle...

Il a fallu Brassens, sa complainte pour être enterré sur la plage de Sète et surtout, barrant l’espace, la silhouette du Mont Saint-Clair, en pendant des Albères, à l’opposé. Valéry d’un côté, Machado à Collioure, ouvrant ensemble le Golfe du Lion, en éventail, au-delà des "focs qui picorent"... Tant d’années il a fallu, pour que, auprès de ces grands hommes, bourgeonnent des idéaux de conscience, de libertés, si éloignés, foulés aux pieds, même, aujourd'hui, par les dirigeants carriéristes et bestiaux qui, toute honte bue, nous gouvernent... 



crédit photos commons wikimedia : 
1 Château d'eau du Peyrou, Montpellier auteur Christian Ferrer.
2 Promenade du Peyrou auteur Pierre Selim.
3 Sète Le Port auteur Christian Ferrer.
4 Sète cimetière marin auteur Fagairolles34.  
5 Sète cimetière marin tombe de Paul Valéry aut Fagairolles34.  
6 Antonio Machado  
7 Collioure auteur Henning Dippel 

dimanche 22 janvier 2017

Paul Valéry, un singulier horizon...

"Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes…" Le Cimetière Marin (1920) 


Poète reconnu, Paul Valéry (1871 - 1945) est aussi un essayiste d'un modernisme certain. Tenant formellement à se démarquer des philosophes  « Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m'est antipathique. » (Cahiers T1 p. 197), près d'un siècle après, Valéry reste d'une étonnante actualité :

“Il faut rappeler aux nations croissantes qu'il n'y a point d'arbre dans la nature qui, placé dans les meilleures conditions de lumière, de sol et de terrain, puisse grandir et s'élargir indéfiniment.” Paul Valéry / Regards sur le monde actuel. 1931.

“La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.” P. Valéry / Rhumbs.

"Les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l'oisiveté n'a jamais créé de vices." Paul Valéry / Variété I (1924) la Crise de l'esprit.  



Ce natif de Sète, "l'île singulière", étonne par une perception prémonitoire non endiguée par une pensée unique sur bien des points propagandiste. Un homme à étudier, empathique et sans emphase... un penseur rare, singulier...