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mercredi 26 juin 2019

MÉMOIRE HISTORIQUE / Était-ce le dernier blockhaus de Saint-Pierre ?

Pas plus tard qu'hier, pour illustrer l'occupation du pays par les Allemands (1942-1945) connexe à l'histoire de notre littoral, des Cabanes-de-Fleury à Saint-Pierre-la-Mer, seules des vues des canaux anti-chars étaient disponibles.

Entre l'étang de Pissevaches et la mer, un des canaux anti-chars creusés sur ordre des Allemands.  


Or la côte était défendue d'un possible débarquement par une série de fortifications et de casemates le long et sur les hauteurs de la Clape. 
Dans le périodique municipal en date de mars 1999, il est fait mention de la destruction du blockhaus situé sur le rocher La Vallière. 

 
Les prétextes pour la démolition ayant été ce qu'ils ont été, et sans stigmatiser un peuple plutôt qu'un autre, il n'est pas inutile de se demander s'il n'est pas bon de garder des preuves palpables de la bêtise humaine lorsque la formule du "plus jamais ça" est galvaudée au point de ne plus avoir de portée... 

mardi 25 juin 2019

LA DERNIÈRE CLASSE (suite) / Les touristes, la saison à la mer.

Rappel : que celle ou celui qui sait n'hésite pas à corriger... Sei pas mal sapios ! je ne suis pas susceptible...  

Entre l'étang de Pissevaches et la mer, un des canaux anti-chars creusés sur ordre des Allemands.
« … Puèi arriveron los Allemands, fagueron parti los toristos, raseron San Pèire (Puis arrivèrent les Allemands, ils firent partir les touristes et rasèrent Saint-Pierre)[…] Apuèi la moda tornet. Ero la moda d’anar passar l’estiu a la mar dal quatorze juillet al quinze d’augost (Ensuite la mode revint. C’était dans le vent de passer un mois à la mer, du 14 juillet au 15 août). Partision ame lo chaval. Dins la carreto i avio las bonbonas, la pailhassa, la pastura dal chaval, lou farrat per lou faire bèure, la grilho, un parel de souquos et tot aco a la mar. De cops portavon la tendo, de cops lo borras sul tomban de la carreta et fasion l’ostal. (Ils partaient avec le cheval. Dans la charrette, les bonbonnes, la paillasse, le foin du cheval, le seau pour le faire boire, la grille, une paire de souches et tout ça à la mer).   

Sain-Pierre, le camping sauvage.
[…] A partir de 1936, lo pople aimavo l’idèia de l’estiu a la mar (… le peuple aimait l’idée de l’été à la mer) […] Ero lo camping sauvage de san-Pèire et de Las Cabanos (c’était le camping sauvage de Saint-Pierre et des Cabanes.) […] Apuèi lous riches qu’aimont pas se barrejar ame lo pople commencèron de faire basti d’ostalasses al bord de la mar (Par la suite les riches qui n’aiment pas se mélanger commencèrent à faire bâtir de belles demeures) […] Lous riches fan montar lo prètz de la terro. Los ostalses coston un prètz fol. La vida monto (les riches Font Monter le prix des terrains, celui des maisons […] ensachon de tondre lo toristo mè tondon tabes lo type dal pais ! Volen pas ese lo bronzociul de l’Europe (ils essaient de tondre le touriste mais ils tondent aussi le gars du coin ! Nous ne voulons pas être le bronze-cul de l’Europe […] E aco duret (et cela dura)…  

[…] Arrivet un type, Racine, avia una mission, faire demorar al pais (un type, Racine, est arrivé, avec pour mission de garder les vacanciers en France). […] « Anan los despaysar. Anan mettre de lions a Sigean (on va les dépayser en mettant des lions à Sigean) […] A Grussan, anan mettre d’ostalses como de dromadaris (à Gruissan des maisons comme des dromadaires). […] Anan mettre las marinas pieds dans l’eau de la Grande-Motte et lo monde se va creire au Macchu-Pichu, au temple des Incas ! Commencet de foutre de gosts a la con un pou de pertout (On va mettre des marinas pieds dans l’eau à la Grande-Motte et les gens vont se croire au Pérou ! Il a foutu un style à la con un peu partout). […] et nos autris siogueren doblidats […] pas completomen. Racine avio compres que lo toristo et los mouisals podio pas anar ensemble […] Racine aguet per misión de faire morir toutis los mouisals (et nous autres fûmes oubliés, pas complètement, Racine avait compris que le touriste et les moustiques ne pouvaient aller ensemble, il eut pour mission de faire mourir tous les moustiques. (à suivre).  

LA DERNIÈRE CLASSE / la sason a la mar, la saison à la mer.



Préalable : plutôt que la graphie mistralienne si commode pour justifier la phonétique « d’aqui darrè » (de derrière les gabels, les boufanelles, pardon les fagots) le pur jus pérignanais, et encore, du quartier d’en haut, nous nous efforcerons de respecter la norme orthographique classique à propos de ce cours d’occitan, assortie, malheureusement d’une palette de fautes de non-pratiquant sinon de mécréant… (Si quelqu’un veut bien corriger, rien ne vaut les desseins partagés).

Comment ne pas évoquer ces récréations à rallonges de fin d’année, veille du 14 juillet. Le village s’est adapté au moins depuis juin à l’heure d’été : les hommes partent à quatre heures vieilles pour sulfater et soufrer tant que le vent n’est pas levé encore. A onze heures la journée de longue est terminée : frais et changés, ils se regroupent au cagnard pour parler vigne bien sûr et aussi cancaner aussi fort que les canes. Le 14 juillet, date charnière pour la saison à la mer qui commence mais pour un mois seulement et pour les femmes, les vieux, les gosses, parce que pour les hommes, à moto et surtout à mobylette, l’ouvrage continue dans l’océan de vignes, suivant un emploi du temps tenant compte des heures où la rage du soleil plombe le pays.

Comme le décor attendrissant que la troupe locale n’a pas les moyens de changer, en arrière-plan, cette atmosphère, ces scènes déteignent sur  le dernier cours d’occitan des Chroniques Pérignanaises. C’est que le prof est un pays, il suffit aussi de voir l’envie qu’il a, de proposer, de séduire, de partager, pour imaginer comme il a pu les aimer, les enfants. Ce lien privilégié, il l'entretient avec ses élèves dès qu'il distribue ses photocopies à un public de grands enfants justement, des seniors, chenus, noueux bien que dans l’air du temps, donc alertes et l’œil vif dans l’ensemble… Et puis, la plus jeunette ne doit compter encore qu’entre cinq et six dizaines d’anniversaires…  

Introduction à l’été, aux vents du cru, à l’intention des touristes : lo Cerç (1) (W-NW), son pendant, lo Marin (SE), lo Grèc que ven de Lespignan (N) (et pourquoi pas de Vendres, plutôt NE sinon E).
Oui, une chorégraphie des vents, un petit Cerç le matin virant au marin vers midi, lui-même tournant au vent d’Espagne (lo Labech) l’après midi avant que le Cerç ne reprenne la ronde : « Labech tardiè, Cerç matiniè ! ». Le beau temps de mer, d’autant plus que, précise le maître, ce sont bien trois semaines, en moyenne, de vent violent, qui plombent la saison (2).

« … Es lo moment d’anar se passejar din la garrigo (c’est l'opportunité d’aller en promenade dans la garrigue). Es an aquel moment que lo prefet dis « cal tampar la garrigo » (c’est le moment que choisit le préfet pour dire qu’il faut fermer la garrigue). Lo turisto se dis “bon hurosoment, an previst lo fioc d’artifiço aneit” (le touriste se dit qu’il y aura le feu d’artifice aujourd'hui) e lou prefet i torna “lo vent buffa a mai de setanto, pai de fioc d’artifiço ! » (et le préfet remet ça en interdisant le feu d’artifice si le vent dépasse les 70 kilomètres par heure) Fa que lo turisto agacha la plancarta “Espagne 70 km” anan faire un bout de cami de mai.” (du coup le touriste voit le panneau pour l’Espagne et décide de faire un bout de chemin de plus).   


Entre le touriste et l’indigène, c’est comme un passo attraction-répulsion, empathie-rejet.

« … Los premiers toristos, la modo das bans de mar, perde qué la sal conserva lo cambajo (les premiers touristes, la mode des bains de mer parce que le sel conserve le jambon). Apres arriveron lous “gandards”, de types qu’arrivavon d’un pou de pertot en Franço, a partir dal mes de jun, dormission sur la sabla ???, se lavavon a la mar e ajudabon a la traina. (Ensuite arrivèrent les "vauriens", des types de partout en France, à partir du mois de juin, ils dormaient sur [mot que je n’ai pas saisi : le sable ? les oyats ?], se lavaient à la mer et aidaient à tirer le filet de la traîne). Avion una partida de peis. Lou peis lo manjavon e ne vendion per quatre sous per crompar de tabac et de vin. ( Ils gagnaient leur part de poissons, en mangeaient, en revendaient pour s’acheter du tabac et du vin). Se venion ero mai per tastar lo vin dal miéjour… hurosoment fasio nou quand avio una bona annada e ne podios ne beure dos litros, per tirar la traina i a vio pas de problema… (S’ils venaient c’était plus pour le vin du midi… heureusement il ne titrait alors que neuf degrés les bonnes années et ils pouvaient en boire deux litres, pas de problème pour tirer la traîne). » 

I a mai de monde que de peis ! Il y a plus de gens que de poissons !
Un gandard pla d'aici davant son campoment (annados 70) / Un gandard bien d'ici devant son campement (années 70, Les-Cabanes).

dimanche 16 juin 2019

LA PÊCHE AU GLOBE (photos) / Les-Cabanes-de-Fleury.

Les-Cabanes, vue vers l'amont du fleuve.

La pêche au globe : sur la rive opposée, un des deux mâts de fer, points fixes du relevage. Rive droite, ce sont deux treuils manuels de bois dur graissé au savon qui assurent, à intervalles réguliers, la montée du filet. 
Détail de la fresque sur le mur de "l'usine".



L'ingénieur ichtyologue donnant le détail des muges mâles et femelles pris au globe lors de la dernière période suivant la puissance du courant et l'énergie déployée par les caudales...

vendredi 1 septembre 2017

DU VIGNOBLE À LA MER / sept 2017 / Fleury en Languedoc


Grille de lecture n'engageant que son auteur et engageant avant tout à lire la publication communale !

FLEURY
* Rudy front national laisse tomber Marine.
* Le moulin et les parcelles attenantes acquises par la mairie pour 25000 euros.
* La messe de Liesse (je suppose le 15 août) a connu une belle affluence.
* Le groupe occitan Du Bartàs s’est produit à Fleury... ils chantent même en arabe, peut-être parce que, durant 40 ans, ceux-ci occupèrent une Narbonne des Dimis?!?! N’importe quoi !
* À VENIR. Perinhan 1192, les Médiévales 3ème édition les 9 et 10 septembre.
* À VENIR. Journée au Pas-de-la-Case lundi 11 septembre... Le beurre, le pastis valent-ils toujours le coup ?
* À VENIR. Voyage en Corse du 3ème âge (du 16 au 23 septembre).
* À VENIR. Journée du patrimoine avec les Chroniques Pérignanaises (dimanche 17 septembre).

SAINT-PIERRE-LA-MER
* Les forains de la foire, soucieux de leurs intérêts, ont invité les élus à un apéritif.
* Sylvie-Pascale Gaillaguet qui habite St-Pierre depuis 10 ans a sorti un livre sur l’exode des Juifs au Moyen-Age (elle ne vend ses livres que sur Amazon).
* Une place Henri Villeneuve (1924 - 2006) à St-Pierre. Hommage de son fils Denis pour un père poète,comédien, troubadour, qui a passé l’essentiel de sa vie à écrire, composer et interpréter des chansons dont le titre « A Saint-Pierre-la-Mer ».
* Photo de Naf (peintures et sculptures) mais je ne vois rien (nature, date) sur son expo...
* À VENIR. Le Ficky fera encore son rambal le 2 septembre (19 € tt compris).

LES-CABANES-DE-FLEURY
* Fête des pêcheurs réussie (dont la sardinade) malgré le feu d’artifice supprimé pour cause de vent violent.
* A la féria du vin s’essoufflant succède « In vino veritas », un concept innovant autour du vin mais aussi de la musique.
* À VENIR. 14ème mondial de pétanque !.. Y'a pas qu'à Marseille ! (le canotier)

COMMUNE
* Des bornes de recharge pour véhicules électriques disponibles à Fleury, Saint-Pierre et bientôt aux Cabanes.

NARBONNAISE
* Nouveau site internet du Parc Naturel de la Narbonnaise. 

http://fr.calameo.com/books/001861658c6cff4aee63d

mercredi 28 juin 2017

ODE A L’AUDE / Robert du delta / 1. la rivière / Fleury en Languedoc.

   


Il l’a aimée cette vie même si, pour joindre les deux bouts, il eut un temps, un emploi à terre, plus sûr. Et si on marquait quelque intérêt pour son métier de pêcheur, non seulement il racontait la rivière (1), la mer, les étangs, les poissons cachés dedans, mais il vous invitait à l’accompagner pour les chercher.
  

Avec Robert, c’est l’Aude quand l’été il remontait le cours du fleuve. Pour installer le globe (2), avec son fils, ils avaient d’abord bien préparé les postes, défriché, nivelé la berge au rabassier (3), choisi, sur l’autre rive, les deux arbres chargés de retenir le filet tendu par deux treuils, sur le principe de cabestans mais horizontaux (4). Peut-être occupaient-ils quelques uns de la douzaine de sites jadis attribués par la prud’homie, par tirage au sort et par roulement, aux pêcheurs des Cabanes (5) ? Bivouac jour et nuit, parfois dans la fumée âcre d’un feu de roseaux censé éloigner les bataillons de moustiques. Nous les trouvions sous les grands peupliers, dans les canotes (6), au bord de l’eau, alors que nous voulions nous rendre compte de la migration des muges et de leur progression en amont, vers le pont. Échanges aussi amicaux que joyeux, sans cette mesquinerie liée au lucre ou aux rapports difficiles entre professionnels et pêcheurs au lancer. D’ailleurs, nous lui devions souvent les mailles de nos salabres (épuisettes). 


 


De grands ploufs sporadiques, proches des roseaux ou d’un tronc immergé, nous indiquaient, tôt le matin sinon au crépuscule, les chasses des loups. Avec l’eau douce, les remontées de sel et leur mélange saumâtre, la rivière était riche d’espèces : ablettes, sandres, quelques carpes parfois, anguilles, aloses, saurels, muges, loups... (7)
Hors saison peut-être, des palangres étaient posés jusqu’à la limite du maritime. Il m’a montré, Robert, entre l’Horte de Lami et le pont, cette branche de guignier cassée par le carnassier parti avec l’hameçon dans la gueule.  


(1) ainsi nomme-t-on l'Aude, fleuve côtier
(2) à La Nouvelle, avant la guerre, dans le chenal (et aussi au grau de la Vieille Nouvelle), les globes qui se touchaient pouvaient prendre jusqu'à trois ou quatre cents kilos de poissons en âge de se reproduire. est-ce la raison pour laquelle cette pêche a été interdite (avant 1941) par l'administration maritime de Toulon; (source Mlle Narbonne / revue Garae, oct. 1941).
(3) sorte de houe, de déchaussoir.
(4) le filet est relevé tous les quarts d’heure. Après observation de sillages éventuels dans la poche se formant au centre, à plat ventre sur la pointe de la barque, le pêcheur se déplace en tirant sur les mailles afin de coincer les prises qu’il prend à l’épuisette avant de les jeter sur le fond plat de l’embarcation. Suivant les saisons, en amont de la zone littorale, le globe prend anguilles, aloses, loups, muges, mélette (friture)...
(5) Les-Cabanes-de-Fleury sur l’estuaire du bras oriental, le seul restant du delta originel. les emplacements pour le globe avaient pour nom «lou perdigal", «al fouralhou", l'horte de lami", la batisse
(6) appelées aussi sénils, « roseau des étangs » dans les définitions multiples des roseaux si nous en retenons l’utilisation en tant que chaume (toitures).
(7) Depuis la construction du barrage antisel, les espèces d’eau douce dominent dont le silure, envahisseur des temps modernes...