La
longue piste sur la laisse d'hiver rendue à la plage d'été, avec ses
passages de sable sec à bien négocier ; la mer, toujours belle, tôt le
matin, sous un soleil montant de début juillet, nue sous les écailles
miroitantes d'eau soumises au faisceau encore limité de l'astre, vierge
de voiles et bateaux avant que le Golfe ne les éparpille ; la plage vide
quoique ensuite si peu occupée par de rares parasols. (1)
Quatre
kilomètres plus loin, le grau de la Vieille Nouvelle, qui joint l'étang
à la mer, au tracé et au flux changeants. Pour bien s'en rendre
compte, le site ami mais remarquable :
L'étang
! Perle précieuse dans les bleus ou les verts, suivant l'atmosphère,
dans un écrin de sable doré ou, plus à l'intérieur, la verdure mordorée
de la végétation des dunes. Puis, à droite de la vieille redoute, la
réfraction de l'air réchauffé brouille la forme des pêcheurs de
palourdes en un mirage digne d'un tableau de maître, imprimant à jamais
la mémoire d'une émotion toujours à vif. Au fond, les pins de l'Île
Sainte-Lucie et les caténaires de la voie ferrée qui loin de gâcher le
panorama, amènent à se questionner sur les agissements de notre espèce.
Sinon, seulement des senteurs de sel et d'iode, loin des pestilences
qu'on associe trop mécaniquement aux lagunes surchauffées par les
températures excessives. L'eau reste fraîche malgré une faible
profondeur relative (0,75 m. en moyenne, 1,5 m au maximum). D'ailleurs,
tout à l'observation des faux cils des siphons d'un couteau, on peut se
retrouver carrément au bain dans le courant d'un fossé immergé, artère
qui fait respirer et nourrit, fragile garantie pour la vie de l'étang,
appelé ""cannelisse", ce dont je ne suis pas certain du tout...
Photo aérienne. Source Geoportail.
L'Ayrolle,
j'en ai eu un aperçu l'hiver, quand le Cers donne libre cours à sa
hargne et lève déjà des vagues sur l'étang. Il y avait un pêcheur à
Fleury, ouvert, aimant et aimé. Nous le connaissions pour la pêche au globe, à Aude, celle, à la traîne entre Saint-Pierre et Les Cabanes. Je
veux parler de Robert Vié. Il m'avait invité à le suivre sur l'étang. Un
jour je retrouverai bien quelques diapos sur cette sortie : elles
existent. Je n'en ai pas rêvé, lui, sur son betou, dans son ciré jaune, les pommettes
rougies par le froid, les doigts gercés. Avions-nous pris des anguilles ?
je ne saurais dire. Dans ces années 70, comme aujourd'hui, un
camion-vivier faisait régulièrement la tournée. A l'époque Robert me
disait que c'était surtout pour l'Italie où l'anguille, fumée ou non,
est un poisson de luxe.
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Robert Vié
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C'est
sûr, j'ai beaucoup à demander aux pêcheurs de l'Ayrolle. Après
l'émission, j'oserai, mieux que la dernière fois pour l'escapade à vélo
sur l'Île Saint-Martin :
"... Photos
de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux
appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après
les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues
brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains
d'huîtres du bassin de Thau ?
Photos
des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et
partègues ; les ganguis, trabacous et autres filets des petits métiers de
l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit
se faire vieux le pauvre), charge sa barque .
"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ?
-
Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous
êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !"
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !..."
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2021/09/lile-saint-martin-velo-3-viree-en-terre.html
Il
faudrait vous raconter aussi comme la prud'homie les unit et comment
les pêcheurs fêtent Saint-Pierre. Cette cérémonie garde un lien certain
avec le cimetière marin des Auzils, il faudrait l'évoquer aussi... Quant
aux photos, sûr que d'y revenir sera une des priorités : les pêcheurs,
heureusement, sont toujours là mais quelques "maisons rouillées", comme
le chantait Trénet, menacent ruine. Elles comptent pourtant, elles
aussi, pour la mémoire.
(1) est-ce que les voitures sont autorisées sur ces presque 5 kilomètres de sable ? On comprendrait que la réponse soit NON ! La beauté, la nature se méritent... sous peine d'être vite dénaturées...
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