Dans
la paix des cyprès et des pins, dominant la mer, dans ce cadre tout de
beauté et de solennité, l'allée des Naufragés, monte vers la chapelle des Auzils.
Plus encore lorsque le site est peu fréquenté, sinon désert, la marche
ralentie par la montée, alliée aux pauses qui voient se succéder les
inscriptions émouvantes des cénotaphes, ces tombeaux vides, sinon ces niches
lovées dans la pierre de la garrigue ou les simples plaques ou stèles, est propice
au recueillement, à une méditation profonde où l'exotisme des océans
lointains s'oppose au "navire glissant sur les gouffres amers" (C.
Baudelaire).
Pour nous accompagner, "Oceano Nox", du recueil "Les rayons et les ombres" (1840) de Victor Hugo.
"Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ?..." |
"... Combien ont disparu, dure et triste fortune ? Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ?..." |
"... Combien de patrons morts avec leurs équipages ? L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !..." |
"... Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée, Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ; L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !..." |
"... Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues ! Vous roulez à travers les sombres étendues, Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus..." |
"... Oh ! que de vieux parents qui n’avaient plus qu’un rêve, Sont morts en attendant tous les jours sur la grève Ceux qui ne sont pas revenus !..." |
"... On s’entretient de vous parfois dans les veillées, Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées, Mêle encore quelque temps vos noms d’ombre couverts,..." |
"... Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures, Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures Tandis que vous dormez dans les goémons verts !..." |
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