mercredi 29 octobre 2014

LA FRANCE RANCE DES GALLINACES, DES GALLIMARD ET GALIMATIAS !

 Le pays de certains gallinacés sûrement, de ceux qui braillent fort sur leur tas de fumier... il y en a un qui me houspille sur Agoravox : pour avatar il a une tête de gaulois avec le casque qui va avec... il ne lui manque que la francisque !
Pour ceux qui me font la gentillesse de leurs suggestions, concernant le troisième volet de la France rance, j'ai remplacé mon haut de chapeau :
" Après avoir bien prospéré au cours du XXème siècle, quelles que soient les circonstances, Gallimard reste surtout un faiseur de fric qui s’oppose à la nouvelle opportunité culturelle offerte par l’Internet, juste pour la raison que ce qui est gratuit, c’est du chiffre d’affaires en moins. N’oublions pas que le système traditionnel sur lequel s’arc-boutent les éditeurs installés, verrouille l’expression littéraire : seulement trois centaines d’écrivains vivent de leurs droits d’auteurs tandis que l’indigence de milliers d’autres n’indigne personne. Sur ce point, l’expression littéraire dépend d’abord du sens des affaires et accessoirement du talent alors que sans les auteurs, la filière n’existerait pas... Cette main-mise absolue s’avère d’autant plus intolérable qu’elle s’arroge le droit d’imposer ce qui est beau et bon pour tous, tout en manifestant un vil mépris pour le reste. Cela relève toujours du caporalisme jacobin voulant étouffer le fédéralisme girondin : la place exclusive du français, l’espace refusé aux langues régionales y participent..."

mardi 28 octobre 2014

Mayotte en Danger / QUAND LA SOLIDARITÉ SOULIGNE L’INCAPACITÉ DE L’ÉTAT


Bonjour,

Nous sommes des élèves de 1ère S du lycée Gerard de Nerval à Soissons (02). Nous sommes chargés d’une collècte au nom de l’association « Un cahier, un Crayon » pour les enfants de Mayotte. Ce projet consiste à récolter un maximum de cahiers et de crayons, afin de permettre aux élèves de travailler dans de bonnes conditions. Nous avons créé une page Facebook pour présenter l’évènement. Nous aurions besoin de votre soutien dans le but de faire connaître notre page et donc notre cause.
Pourriez-vous promouvoir notre page en la partageant ? Et peut-être mettre un petit mot de soutien sur notre page ? Cette action nous serait d’une grande aide !

Notre page : https://www.facebook.com/pages/Un-cahier-Un-crayon-Lycée-Nerval-Soissons/1473319276254370?ref=hl

En vous remerciant d’avance,
Cordialement,
Les élèves du lycée Gerard de Nerval.
Un cahier, Un crayon- Lycée Nerval, Soissons
Un cahier, Un crayon- Lycée Nerval, Soissons
Page Facebook de l'événement Un Cahier, un crayon pour Mayotte. Par le lycée Gerard de Nerval de Soissons. N'hésitez pas à partager et à aimer cette page.
Communauté : 301 personnes aiment

dimanche 26 octobre 2014

LA FRANCE RANCE DES GALLIMARD (II) Mégalomanie et perversion esthétique (1)



Venant d’un faiseur de fric qui s’oppose à la nouvelle opportunité culturelle offerte par l’Internet, juste pour la raison que ce qui est gratuit, c’est du chiffre d’affaires en moins pour lui, il est d’autant plus intolérable de se laisser imposer ce qu’il a trouvé bon pour sa clique que le négatif de son cliché manifeste le plus vil mépris pour le reste. Dire que le renom de Mistral est éteint, déprécier le terroir, dicter son goût artistique relèvent d’une subjectivité coupable. Ce qui est RANCE et EXAGÉRÉ, pour reprendre les termes de la "maison" Gallimard, c’est ce jacobinisme intellectuel de la part d’une entreprise sans foi ni loi au passé glauque. Comme en politique, les réactionnaires provoquent pour s’indigner ensuite de la réplique des tarabustés qui s’exacerbe au point d’exiger l’indépendance parce qu’une autonomie digne leur a été refusée. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre ce pamphlet.

Profiteur de guerre(s) parmi tant d’autres, Gaston Gallimard usa de tous les moyens, de tous les coups bas pour cannibaliser le secteur de l’édition. Cette agressivité entrepreneuriale est restée et la morgue des héritiers (1) voudrait laisser accroire que l'art et la quête du beau justifient de tout accepter, même l'inacceptable.

Pierre Assouline qui aborde sans détours L'épuration des intellectuels (Éditions Complexe 1996) associe l’argent accumulé au placement que représente le "trésor" des Gallimard, à savoir le très épais catalogue d’auteurs. Est-ce ce qui compte le plus à côté des malheurs dus aux deux guerres mondiales ? Doit-on rester impressionné par la mégalomanie qu’il prête à Gaston Gallimard quand il lui fait dire « La littérature française c’est moi ! » ?
Il faut bien sûr répondre NON ! Répondre NON et garder en mémoire la riposte immédiate à apporter à l’héritier de mauvaise foi !
Antoine Gallimard, en effet, ose revenir insidieusement sur les agissements RANCES de son grand-père. Par exemple :

« ... C’est avec plaisir que j’ai remarqué que s’étaient enfin tues les voix qui renvoyaient jusqu’alors nos Éditions à une prétendue incapacité à saisir toute leur histoire, et notamment à aborder sereinement la période de l’Occupation.... » (1)

... Ah ! qu’en termes insidieux, ces choses-là sont mises ! EXAGÉRÉ son argument consistant à rappeler qu’ils ont déjà tout publié, donc tout avoué :

«… le moins que l’on puisse dire est que nous avons largement contribué à la mise au jour de cette période de notre histoire, sans prévention aucune... » (2)

Le moins que l’on puisse dire est que l’héritier ne voulait surtout pas que l’on parlât de certains épisodes : Assouline a initialement publié ailleurs et c’est parce que Gallimard n’arrête pas de racheter la concurrence que, dans la situation de l’arroseur arrosé, il a trouvé commode la posture du coupable semblant faire amende honorable. Entre parenthèses, plus loin dans l’entretien, il ne manque pas de noter que son grand-père ne s’est pas caché, dès 1919, de vouloir créer, après le mécénat des premières années, « une entreprise très commerciale » (alors que d’autres se remettaient de la guerre...). Avec l’argent qui n’a pas d’odeur, Gallimard, ne manquant pas d’aplomb, loin de susurrer un semblant d’excuse, voudrait se faire oublier à bon compte ! Que ne l’a-t-il fait plutôt que de convier les élites à inaugurer une moitié de rue « Gaston Gallimard », en 2011 !

(1) soutenus qu’ils sont par l’ignorance des faits, l’esprit de classe et une clientèle riche (60 € pour un ouvrage la Pléiade).
(2) http://www.gallimard.fr/Footer/Ressources/La-maison-d-edition Antoine Gallimard / textes et communiqués / « L’éditeur entre l’encre et l’écran » / Le Débat n° 170 mai-août 2012 (pdf). 


Photos autorisées : 1) inauguration de la rue 2) plaque de la rue.

dimanche 19 octobre 2014

La France rance / AMAÏ SI T’AGANTI !

L'ami bienveillant me dit que je suis bien venimeux, que c'est ma petitesse qui me fait mordre tel un roquet ! Et en plus, j'ose m'attaquer à cette institution, à cet héritier Gallimard portant si haut la culture parigote... pardon, franco-française ! L'ami lis donc l'article en entier... moi, j'assume et si c'était à reprendre je le réécrirais !   

<<... Parlo pounchut, seguis la modo
   Frégo-te amé lous Milords,
Nous autris gardaren...

... gardaren subre tout la lengo
que nous an après lous aujols...>>
                             Lou Doublidaïre. Jean Camp de Sallos.

Clocher de Salles d'Aude, le pays de Jean Camp... si quelqu'un a une autre photo à partager (photo autorisée, réutilisable), le cadran spécial de la mairie par exemple, ce n'est pas de refus...

J'ai souvent pensé que c'était chauvin, sectaire, enfin très cucu que certains en veuillent aux "Parisiens" de nous "envahir". C'est vrai que ce n'était pas très futé de leur renvoyer nos relents d'ail, de cèbe (de Lézignan, l’autre) et de cuisine à l'huile surtout que le ressentiment contre le Nord de Simon de Montfort remonte à huit siècles et quelques poussières d'années. Et puis il faudrait être capable de circonscrire l'accent germanopratin à ces snobs ou autres bobos plein de morgue (ça va avec le fric) qui prennent les provinciaux pour des cul-terreux !
Il n'empêche que ces tristes personnages, au plus haut de la ploutocratie, en arrivent, encore aujourd'hui, à exprimer parfois leurs vieilles haines.
Garo si s'avisoun de faïre de rasounoments, de mespresar notro vido et culturo, va suportaren pas ! De l'air aquèl moundé coumo disio la Séraphie ! E de fugi ler parara pas tout ! Prendran sul cioul ! Cargaran la musetto !   

PS : je peux proposer une traduction, il suffit de demander...    

samedi 18 octobre 2014

La France rance des Gallimard / LES PROFITEURS DE GUERRES (suite)

En 1941, aidée financièrement par Gide suite au refus de Raymond, frère de Gaston, la famille Schiffrin se réfugiera à New-York. Après la guerre, Gaston et Raymond prendront la direction de la collection la Pléiade :

« Tous les sièges sont pris à la NRF. C’est Raymond Gallimard qui s’occupe lui-même de la Pléiade. Et comme en quittant la France, j’avais laissé soixante-quatre modèles, il ne reste plus qu’à les copier. [...] La Pléiade leur a rapporté et rapporte des millions – à moi, des nèfles ! Le coup est régulier. »  J. Schiffrin / lettre à Gide / 1949. (1)

Comme pour les trafiquants du marché noir, l’occupation allemande verra les éditeurs autorisés s’enrichir indécemment (2), le rachat par Gallimard de Denoël en 1946 en atteste (3). Et la paix retrouvée, si Robert Brasillach, collaborateur de « Je suis partout » est exécuté, Gaston Gallimard qui l’a publié en 1941 ne sera pas inquiété. Mieux, il sera défendu bec et ongles par ces auteurs qui, en 1941, soucieux de leurs droits, de leurs projets, ont été soulagés de la réouverture de la maison. Les mêmes, en effet, en 1945, dont Sartre, opportuniste et Camus, plus sincère sur ses idéaux... (4)   

 « J’estime que tout blâme qui serait porté contre la maison gallimard atteindrait tous les écrivains qui faisaient partie de la résistance intellectuelle et qui se sont fait publier par lui...» JP Sartre. (4)

« (les écrivains) ne peuvent être désolidarisés de la maison d’édition qui les a imprimés. Tout jugement porté sur cette Maison est un jugement porté sur eux. Et personnellement, je me considérerais, ainsi que d’autres confrères plus connus, comme condamné par un semblable jugement. » A. Camus. (4)


 

Pierre Assouline se demande dans quelle mesure ces soutiens auraient pesé si Drieu la Rochelle ne s’était pas suicidé (mars 1945), si Ramon Fernandez, militant communiste devenu collaborationniste et successeur de Drieu la Rochelle n’avait pas succombé à une crise cardiaque en août 1944. Ainsi, bien qu’inquiétée par un procès, la maison Gallimard put se décharger de ses péchés sur la NRF et n’eut pas de compte à rendre sur sa ligne éditoriale pendant l’occupation (4).
Jean Galtier-Boissière écrit que, contrairement à Grasset qui sera arrêté, Gallimard qui est un "gros malin" a su mener un double-jeu :

« ... Pas fou, le vieux ! A La Nouvelle revue Française, deux bureaux se faisaient face : le bureau de Drieu, membre dirigeant du parti Doriot, collabo sincère, directeur de la revue «N.R.F» pro-nazie, et celui de Jean Paulhan, résistant de la première heure et fondateur, avec Jacques Decour, du journal clandestin anti-boche Les Lettres françaises.»
Jean Galtier-Boissière / Mon Journal depuis la Libération / La Jeune Parque, Paris, 1945
 

« En ce temps-là, pour ne pas châtier les coupables,
on maltraitait les filles. On alla même jusqu’à les tondre.»
En exergue au poème Comprenne qui voudra / Au rendez-vous allemand Paul Eluard 1944
et dans un texte publié dans Les letres françaises : 
«... Tandis que les bandits à face d'apôtre, les Pétain, Laval, Darnand, Déat, Doriot, Luchaire, etc, sont partis. Certains même, connaissant leur puissance,restent tranquillement chez eux, dans l'espoir de recommencer demain.» 


 A suivre : LA FRANCE RANCE DES GALLIMARD (II) MEGALOMANIE ET PERVERSION ESTHETIQUE

(1) Le 16 novembre 2011, la légion d’honneur sera décernée à André Schiffrin, une manière d’honorer surtout la mémoire de son père Jacques, décédé en 1950. Chez les Gallimard c’est Antoine qui a été promu au rang d’officier en 2009 (chevalier en 2001).

(2) cité par Pierre Assouline : http://www.ina.fr/video/RBC02040899 à propos de son livre « Gaston Gallimard / Un demi-siècle d’édition française » Paris, Balland – Éditions du Seuil, coll. Points – Biographie, [1984] 2001, 534 p.
Repris chez Gallimard en 2006 / collection Folio !
http://www.gallimard.fr/searchinternet/advanced?all_title=Pierre+Assouline&SearchAction=1&SearchAction=ok
 
(3) toujours d‘après Wikipedia, l’assassinat de Robert Denoël en décembre 1945 n’a jamais été élucidé.
(4) « L'Épuration des intellectuels » Pierre Assouline / Editions Complexe 1996. 


Chaque homme a sa part d'ombre. Il n'empêche, certains restent grands !

photos autorisées wikipedia england et deutschland... (étrange) :
1. arrestation de résistants par des miliciens (juil 1944). 

2. Commission d'épuration (été 1944). 
3. Albert Camus. 

jeudi 16 octobre 2014

La France en danger / LA FRANCE RANCE DES GALLIMARD


LA FRANCE RANCE DES GALLIMARD (I) LES PROFITEURS DE GUERRES

                    La poignée de main de Montoire (oct 1940).

A l’occasion du centenaire de la mort de Frédéric Mistral, impressionné par la notoriété surfaite de la collection "la Pléiade", un provincial trop candide eut l’idée inconvenante de solliciter Gallimard, ce patricien de l’édition. L’affaire en serait restée là, en 2011 si la "grande maison" n’avait pas daigné répondre. Étonnant, surprenant même sauf que l’éditeur de renom en rajoute en mesquinerie et mépris, tel l’aristocrate tapotant la joue du paysan et donnant du « mon brave » :

« Oh, vous savez, pour préparer une publication dans La Pleiade, il faut au moins quatre ans ! Eh puis vous savez Frédéric Mistral, à l’heure d’aujourd’hui, n’a plus la renommée d’autrefois ; les œuvres de Mistral ne sont plus dans le goût actuel, elles sont trop attachées à un terroir et puis, vous savez, la valeur littéraire des œuvres de Frédéric Mistral sont trop rances, un peu exagérées. Aussi, à l’heure d’aujourd’hui, il n’est pas certain que l’œuvre de Mistral intéresse beaucoup de gens dans le monde ! »

« Ah qu’en termes galants, ces choses-là sont mises ! ». A quoi bon se rabaisser à démontrer que ce jugement de valeur n’engage que son auteur ? Pour répondre du tac au tac, il suffirait de ravaler son entreprise au rang d’enseigne vénale, aussi parisienne que prétentieuse, contribuant sans doute à nous faire passer à l’étranger pour les arrogants que nous ne sommes pas ! Plutôt que de donner dans la méchanceté gratuite et la subjectivité de mauvais aloi, faisons-nous un devoir, par contre, d’établir que c’est la notoriété de la Maison Gallimard qui est aussi EXAGÉRÉE que RANCE !  

Pour qui n’aime pas les riches, elle est certainement EXAGÉRÉE la situation de Paul Gallimard (1850 - 1929), le "grand collectionneur de tableaux et d’estampes, propriétaire du Théâtre des Variétés" (Wikipedia). Cela tourne au RANCE avec l’héritier, Gaston Gallimard (1881 - 1975) qui aurait pu vivre de ses rentes et faire ainsi oublier comment il courut les sanatoriums pour se faire réformer : « Je suis un lâche ! » (1a)(1b). Si le refus de la guerre n’est pas en soi blâmable, cela le devient, en revanche, quand la publication de nombreux d’écrivains « Morts pour la France » profite, dès 1918, au chiffre d’affaires (2) ! 



                                     Louis Codet : portrait.

Concernant la Deuxième Guerre mondiale, nous avons dépassé le demi-siècle de plomb sur la période et l’épuration qui s’ensuivit ; il est plus difficile désormais de dire « tout le monde » parce que tout le monde, justement, n’a pas eu à faire allégeance pour se concilier les nazis et avoir du papier... Personne sinon Gallimard n’a bénéficié de la collaboration de Drieu la Rochelle à la NRF pour faire la chasse aux communistes et aux juifs ! La politique antisémite de Vichy servit la maison Gallimard lorsque, se déclarant « aryenne à capitaux aryens » elle s’est proposée pour racheter l’affaire de Gaston Calmann-Levy alors interné... La concurrence féroce et sans tabou doit tenir aussi de "l’esprit d’entreprise" ! Dans le même contexte, notre Gaston, qui pour ne pas déplaire à l’occupant, publia Goethe, en profita surtout pour évincer Jacques Schiffrin, directeur de collection mais juif :

 « Monsieur, Réorganisant sur des bases nouvelles notre maison d’éditions, je dois renoncer à votre collaboration à la fabrication de la collection “Bibliothèque de la Pléiade”. Il est entendu que votre compte sera réglé selon les termes de notre contrat – Gaston Gallimard, administrateur-délégué de la Librairie Gallimard. » (5 novembre 1940) http://www.magazine-litteraire.com/actualite/novembre-1940-createur-pleiade-lache-15-02-2012-32334

(1a) cité par Pierre Assouline : http://www.ina.fr/video/RBC02040899 à propos de son livre « Gaston Gallimard / Un demi-siècle d’édition française » Paris, Balland – Éditions du Seuil, coll. Points – Biographie, [1984] 2001, 534 p.
Repris chez Gallimard en 2006 / collection Folio !
http://www.gallimard.fr/searchinternet/advanced?all_title=Pierre+Assouline&SearchAction=1&SearchAction=ok
(1b) ce refus psychique de la mobilisation le rendit malade au point que sur le front certains se firent du souci pour leur ami planqué. 
(2) Louis Codet  en 1918, 1921, 1925, Apollinaire en 1920, Albert Thierry en 1922, Alain-Fournier en 1924 et 1926 , Charles Péguy 1936, Louis Pergaud (rachat du Mercure de France), Victor Segalen,  Jean de la Ville de Mirmont, soit 8 sur les 17 écrivains Morts pour la France lors de la Grande Guerre, cités par Wikipedia !  

                                   Photo du camp de Pithiviers
photos autorisées wikipedia england et deutschland... (étrange !) :
1. la poignée de main de Montoire (oct. 1940). 
2. portrait de Louis Codet. 
3. contrôle de juifs au camp de Pithiviers (janv. 1941).

samedi 11 octobre 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / LE REPAS DE FAMILLE : LE DESSERT

Nous voici donc au dessert, quand le chocolat du gâteau colle à la cuillère et qu’on entendrait presque la blanquette pétiller de ses perles dans les verres, car chez nous, pas plus de goinfre que de goulu, à l’heure où l’artiste du jour se lève et commence à jongler avec le provençal de Mistral et sa traduction en français :

L'èrbeto dei frisons.
Mirèlha, escota: dins lo Ròse,
Disiá lo fiu de Mèste Ambròse,
I a 'na èrba, que nomam l'erbeto dei frisons;
A dòs floretas, separadas
Bèn sus dòs plantas, e retiradas
Au fons deis ondas enfresqueiradas.
Mai quand vèn de l'amor pèr élei la seson,
Una dei flors, tota soleta,
Monta sus l'aiga risoleta,
E laissa, au bòn solèu, espandir son boton;
Mai, de la vèire tan polida,
I a l'autra flor qu'es trefolida,
E la veses, d'amor emplida,
Que nada tant que pòu pèr ié faire un poton.
E, tant que pòu, se desfrisona
De l'embuscum que l'empresona,
D'aquí, paureta! que rompe son pecolet.
E libra enfin, mai mortinèla,
De sei boquetas pallinèlas
Frusta sa sòrre blanquinèla...
Un poton, puèi ma mòrt, Mirèlha!... e siam solets!
Mirèio. Chant V.

L’herbette aux boucles.
« Mireille, écoute : dans le Rhône,
Disait le fils de Maître Ambroise,
Est une herbe que nous nommons l’herbette aux boucles ;
Elle a deux fleurs, bien séparées
Sur deux plantes, et retirées
Au fond des fraîches ondes.
Mais quand vient pour elles la saison de l’amour,
L’une des fleurs, toute seule,
Monte sur l’eau rieuse,
Et laisse, au bon soleil, épanouir son bouton ;
Mais la voyant si belle,
L’autre fleur tressaille,
Et la voilà, pleine d’amour,
Qui nage tant qu’elle peut pour lui faire un baiser.
Et tant qu’elle peut, elle déroule ses boucles
(Hors) de l’algue qui l’emprisonne,
Jusqu’à tant, pauvrette ! qu’elle rompe son pédoncule ;
Et libre enfin mais mourante,
De ses lèvres pâlies
Elle effleure sa blanche soeur...
Un baiser, puis ma mort, Mireille !... et nous sommes seuls ! »



lundi 6 octobre 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / O SOLE MIO...


Vendredi, il ne fallait pas rater Thalassa... même si ce n'est plus la musique d'origine, même si trop souvent les sujets ont un rapport plus ou moins distant avec la mer. Cette fois, pas question de louper Sète et l’Étang de Thau, surtout que nous en parlions voici peu.

La Lagune, le bassin de Thau, peu importe comment on le nomme, se dévoile avec ce pêcheur de Bouzigues qui rapporte des palourdes, des escargots pointus, des oursins, sans trop plonger au même endroit de peur de signaler ses coins. "E hisso !" comme il le dit lui-même ! Plus loin, il nous promène au rocher de Roquerols, celui des "Copains d'abord" "dans la grand mare des canards", chers à l'ami Georges.
La pêche encore avec Robert, natif de la Pointe Courte (Sète), qui affole les dorades autour des tables à naissain. Il évoque son grand-père qui l'emmenait en nacelle ; il parle des barques jadis nombreuses à manier l'arseilhère...
Mais l’Étang vit aussi avec son siècle et s'il eut, comme Brassens, mauvaise réputation, c'est du passé depuis que les sirènes veillent : oui, ces balises, ces bouées partout sur le bassin, les ruisseaux qui affluent, les canaux, dotées de capteurs, prêtes à détecter la moindre pollution. Les conchyliculteurs peuvent immerger leurs cordes. Est-ce pour cela que la maison Tarbouriech a su élever une huître d'exception exportée désormais en Chine, en Russie, en Thaïlande ? (1)


  
Avec Sète, "L'Île singulière" de Valéry encore surnommée la "Venise languedocienne" (2), le Pérignanais que je reste ne pouvait que vibrer en entendant parler des lamparos, des catalanes du thon rouge et des poissons bleus, des baraquettes du Mont-Saint-Clair, du temps des dimanches à la bonne franquette.
Sète où les vieux loups de mer ravaudent encore les filets en chantant le bel canto parce qu'ils n'ont pas oublié Cetara, la cité-mère, au sud de l'Italie. Dans les entrailles du Théâtre de la Mer, d'ailleurs, un peu comme là-bas, des grottes marines se visitent en barque.
Et puis, au levant, cette Méditerranée qui est la nôtre, aux couleurs reconnaissables entre toutes, sous son soleil à part...

Aussi, quand j'ai vu ce New-yorkais qui gobait des huîtres dans un restaurant du lido en disant "Magnifique", je me suis instinctivement demandé ce que je fais moi, si loin...   

(1) et dire que sur la pression des États-uniens qui ne l'autorisent pas chez eux (rien d'étonnant quand on sait le sagan qu'ils font pour le Roquefort !), ce coquillage doit être interdit aujourd'hui en Russie !  
(2) Martigues, entre l’Étang de Berre et la mer, connue en tant que "Venise provençale" si chère à Vincent Scotto...  

http://www.france3.fr/emissions/thalassa/diffusions/03-10-2014_260591

Photos autorisées : merci Wikimedia, merci flickr. 

vendredi 3 octobre 2014

Fleury d'Aude en Languedoc / AGAPES FAMILIALES.

    Nous parlions de ces repas de famille qui nous regroupaient, suivant les saisons, à l’occasion de réjouissances locales ou liées à la destinée de chacun au sein des familles. Le dimanche, les grands-parents réunissaient enfants et petits-enfants. A l’échelle du village, du terroir, du pays, plus espacées dans le temps, les fêtes laïques, chrétiennes, voire païennes, de même que des aubaines fortuites, comme un gros lot à la tombola ou au loto... piòta, romb clavelat o lop (2), sinon un sanglier à la chasse (rares à l’époque), rassemblaient un cercle élargi aux oncles et tantes (3) d’un cousinage moins direct. 




Jusque là, tout se passait, en principe, à la maison. Pour les étapes plus solennelles de la vie de chacun : baptêmes, communions, mariages, noces d’or, parents et alliés de loin étaient invités, du moins ceux avec lesquels, justement, par le biais de ces fêtes-là, on n’avait pas coupé. Ces réjouissances pouvaient se passer chez soi, quitte à embaucher des cordons bleus du voisinage, à installer des plateaux et tréteaux à la cave... Néanmoins, à cause du nombre de convives, de la tournure moins rustique des « repas » (étrange cette façon modeste et banale de parler de festins !) (4), de l’usage aussi, plus fréquent, de l’argent liquide, avec le temps, le menu de ces réjouissances fut plus souvent négocié au restaurant (5). 
    Ces fêtes qui avaient le grand mérite de resserrer les liens, de situer chacun dans la généalogie des aïeux, favorisaient des apartés sur l’itinéraire, le devenir des uns et des autres, soit autant de confidences et indiscrétions appelées à être divulguées, dès le lundi, dans chaque clan. Force commentaires aussi fleurissaient sur le menu, la finesse, la succulence des recettes, comme en réponse au plaisir escompté, rebattu entre tous, des jours et des semaines avant l’événement. Tous devaient revenir aussi, même si, avec l’érosion des jours qui passent, ne restent que les souvenirs singuliers, remarquables, les tirades les plus épiques, sur les scènes, les bons mots, les rebondissements que la réunion de famille faisait éclore. Et comme nombreux étaient ceux qui avaient retenu des banquets passés, l’air d’un tel, la voix d’un second, la gouaille de tel autre, le talent de conteur d’un quatrième, un florilège de morceaux de bravoure (6) apportait un bouquet final au repas.     

Et ce samedi 2 août 2014, celui de la bouillabaisse, pardon, de l’anniversaire du patriarche, ce qui revient au même puisque c’est lui qui régalait, d’instinct sinon consciemment de sa part, grâce à lui en tout cas, après une plaisante histoire de bicyclette, un supplément d’âme est venu sublimer les plaisirs de la table. Toujours en vers, avec la déclaration d’amour de Vincèn à Mirèio, les inflexions de notre langue occitane vinrent renouveler le fil indéfectible qui nous lie aux aïeux, à notre terre, à notre ciel... (7) (8)         
   
(1) à Fleury, dans les années 60 : la sardo (graphie Mistral) à la fin des vendanges, la fête du village pour la saint-Martin, à Noël, au mardi-gras, à Pâques, au 14 juillet, et accessoirement au 15 août. 
(2) dinde, turbot ou loup (bar des côtes atlantiques).
(3) ce qui correspond aux grands-oncles et grands-tantes, les parents des cousins étant les tontons et tatis.
(4) Concernant le nombre de personnes invitées, il semble qu’il n’atteigne plus, au milieu du XXème siècle, l’importance qu’il avait cent ans plus tôt quand le sens de la famille concernait un cercle plus large, ce qui mériterait une analyse plus pointue.  Pour une fête marquant les annales, un des critères reste néanmoins le décompte des convives. Pour ces "repas", on disait aussi « faire la bombe », « faire bombance ».
(5) d’abord locaux puis plus éloignés grâce à la démocratisation de l’automobile.
(6) Très appréciés même par les plus réservés, les plus bourrus de l’assistance... comme quoi, l’équilibre entre la faconde des uns et la retenue d’autres participe aussi de ces liesses en partage.
(7) « ... Es lou fial d’or que nous estaco
             A nostro terro, a nostre cèl ! » Merci Jean Camp de Salles pour ton inoubliable Doublidaïre.
(8) nous n’en étions pas aux libations qui font chanter chacun à tour de rôle mais après son grand-père, Florian nous a récité deux jolis poèmes... en attendant que je lui apprenne quelques chansons... en occitan ! 

Mayotte en Danger / LE TEMPS NE FAIT RIEN A L’AFFAIRE... (Brassens)

Reçue sur KweziFM, le 30 septembre, la vice-recteur CosTEMPStini nous a livré un florilège de langue de bois sauf que le pouvoir anesthésiant de son art oratoire ne fera pas taire le bien fondé de la contestation. Voici, en résumé, ce qu’il faut retenir de son verbiage de douze minutes :

« On donne le TEMPS à chacune des écoles...
on donne du TEMPS aux élus on donne du TEMPS aux enseignants...
on donne aussi le TEMPS aux parents de s’exprimer (1)...
J’ai donné encore un peu de TEMPS pour que la mairie donne 8 h par semaine...
aux enfants de comprendre les deux TEMPS de travail (2)...
on a du TEMPS pour participer de l’éducation...
rattraper le TEMPS perdu...
Madame le maire qu’elle ait besoin de TEMPS...
une surveillance pendant le TEMPS de pause méridienne, eh bien elle prendra le TEMPS pour le mettre en place (3)...
deux TEMPS de travail et une pause...
tout en tenant compte du TEMPS de vie des gens...
un TEMPS avec deux TEMPS de travail et une pause... »

(1) Mensonge ! Les réunions ont seulement pour but d’imposer le caractère obligatoire de la réforme ! Les parents ne sont pas entendus, le Conseil d’école n’est que l’expression de la démocratie détournée (comme il en est du vote blanc, ou dernièrement de l’élection des sénateurs). Certains parlent de caporalisme et vont même plus loin...
(2) Faut-il faire comprendre aussi aux enfants que les chronobiologistes qui préconisent de travailler surtout le matin et à la première heure n’ont pas été écoutés malgré leur audition au Sénat (Claire Leconte / 26 février 2014) ?
(3) Elle aura surtout le TEMPS de constater que l’argent promis n’arrive pas... Demandez donc aux communes de Bandraboua et Mtsamboro combien elles ont touché pour avoir adopté ladite réforme dès 2013 !!

La seule analyse audible dans la bouche de CosTEMPStini : cette réforme imposée met en relief le laisser-aller des élus locaux qui, depuis des années, ne réagissent pas pour construire dans les normes et font trop peu pour l’éducation des enfants. Mais il faudrait ajouter que lorsque l’État dépense 17300 € pour un métropolitain, cela ne lui coûte que 4700 € pour un Mahorais...

Mais quand elle lance, deux fois dans l’entretien, « On a fait un grand pas en avant », nous ne voulons pas, à cause de cette réforme inadaptée, inutile et injuste faire le pas de trop vers le chaos, le précipice !

Photo : Un grand pas en avant depuis le mont Choungui...


jeudi 2 octobre 2014

Mayotte en Danger / MANGAJOU : ÉCOLE BLOQUÉE !



2 octobre 2014 / Mangajou : école bloquée !
Petite dernière :
BLOCAGE DE L’ÉCOLE DE MANGAJOU CE MATIN A 7 HEURES !
Mes excuses pour le cadenas flou... la bousculade...
Commentaires : ce ne sont pas les 3 huit, mais les 3/3 ! Des gamins hors de chez eux pendant plus de 8 heures... dans les conditions de Mayotte ! Tout à l'heure sur Kwezi, un syndicaliste a lâché, même si c'est exagéré, que la réforme n'est possible que dans le XVIIème à Paris !

Photos des horaires avec les 3 heures de pause ! et du cadenas flou !  



mercredi 1 octobre 2014

Mayotte en Danger / LES RATÉS DE LA RÉFORME : ça grippe dans les villages !



A Chiconi, tout va bien selon le conseiller pédagogique, larbin, s’il en est, de sa hiérarchie. La mairie fait ce qu'elle peut... c'est à dire que ce sont les parents qui assureraient la dînette et qui seraient chargés de la surveillance... Résultat : deux accidents, deux bras cassés dans la semaine... Faut-il s’en étonner ?  

A Ouangani, un bon nombre de gosses traîne dehors (ont-ils quelque chose à manger ?) en attendant la reprise des cours.  

Dembéni : 1 euro a été demandé aux parents pour des assiettes en inox pour compenser le fait de manger par terre... pardon, sur une natte... qui plus est payée par les instits qui se sont cotisés... !!
Une réforme sur le dos des autres, c'est indolore pour ceux qui l’imposent ! 

A Bandraboua dont l’allégeance politique aveugle a fait appliquer les rythmes dès l’an dernier (mais qui n’a rien reçu pour autant), les enfants mangent par terre... mais peut-être que les collations ne sont plus apportées par un camion-benne, comme ce fut le cas par le passé.

A Tsoundzou 2 où la femme de l’inspecteur en lieu et place, nommée comme par hasard « maître + », avait la possibilité de récupérer les gosses, les parents ne supportent plus la réforme « aberrante », qui plus est sans garderie, ni restauration. L’école a donc repris les horaires antérieurs... la vice-recteur l’aurait demandé et toléré pour les dix jours qui restent avant les vacances d’octobre... 

Demain, la maternelle de Mangajou embraye sur la réforme... Ne manquez surtout pas le prochain épisode ! 


Moralité, il n’y a rien à attendre de « sinistres crétins (1) » au service exclusif d’une administration d’Etat dont le fonctionnement tient toujours du néocolonialisme. Profondément antidémocratique, il consiste à imposer des « oukases »... comme disait l’inspectrice de l’an dernier « Je dois tenir mes objectifs ! ».
« Mayotte est hors sujet quant au débat sur les rythmes scolaires. » (L’Alsace / avril 2011) ; Madame Nathalie Costantini (2) devrait méditer cet instant de lucidité d’un prédécesseur plus connu, il est vrai, pour ses considérations sur l’accent des îliens et l’utérus des Mahoraises, monsieur François-Marie Perrin...    

(1) on doit ce constat sans fioriture à Natacha Polony (le Figaro) (v. articles antérieurs).
(2) Comme les préfets Degos (18 mois seulement à Mayotte) ou Witkowsky (18 mois aussi) peut-être obtiendra-t-elle un poste au ministère pour services rendus à ces technocrates des cabinets ? Ces « grands » serviteurs qui ne servent que leurs intérêts particuliers et ne savent plus rien de l’intérêt général. 

PS : deux reportages à la télé sur les manifestations des parents depuis lundi !!!

photo autorisée : commons wikimedia.

mardi 30 septembre 2014

Mayotte en Danger / TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

Mais pour le préfet et la vice-recteur, TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

Suite à une énième réunion préfet-vice-recteur-maires (24 sept.), Anchia Bamana, maire de Sada, a livré son analyse au micro de KweziFM :

« A mon avis pas vraiment d’avancée, à part qu’on nous a dit qu’on va nous écrire pour nous dire qu’on aura les 144 euros par an et par enfant... »

A propos du repas chaud dû aux enfants :
« ... les conditions de mise en place de cette prestation n’étant pas réunies, nous, nous disons donnez nous les les moyens avant sauf qu’on nous dit faites et on verra après... »

Concernant l’encadrement, alors que la CAF semble préconiser 1 animateur pour 12 enfants, le vice-rectorat 1 pour 14 enfants et la DJSS 1 pour 8 enfants (1), madame le maire fait ses comptes, sur la base de 2 animateurs par classe, donc, pour 72 classes à Sada, 144 animateurs sont nécessaires (respect à minima de la réglementation) :
« L’État va nous verser 300000 euros mais un contrat c’est un salaire brut de 618 euros donc 618 x 144, je crois qu’il faut 800 000 euros fois 10 mois enveloppe de 8 millions d’euros. » (2)

Anchia Bamana poursuit :
« Nous n’avons pas cet argent à Mayotte et Sada est parmi les communes sous le contrôle de la Cour Régionale des comptes. »

Le journaliste intervient alors en citant les communes de Bandraboua et Mtsamboro qui ont avancé l’argent voici un an et qui, à ce jour ne sont toujours pas « remboursées » !

La maire de Sada poursuit :
« Cela fait partis des péripéties. L’expérience menée à Mtsamboro et Bandraboua n’a pas du tout été concluante. J’aurais pu vous amener les images prises d’enfants qui mangent par terre. On ne peut pas demander à un maire d’accueillir des enfants dans ces conditions. Et les 144 euros ce n’est que le périscolaire... » (3) Nous continuons à revendiquer les moyens. Chez moi la réforme n’est pas mise en place. En avril, dans un des bâtiments d’une école de Bandrani, le plafond s’est effondré. Les écoles sont dans un état de délabrement très avancé. Quand on vit dan la peur de savoir que cela va s’effondrer sur la tête des élèves... Nous avons demandé une subvention de 1,2 millions d’euros et pas de réponse pour la rénovation... Faire des efforts mais qu’on nous donne les moyens pour la partie garderie, ne parlons-pas encore d’activités périscolaires... Dans certaines communes, les familles donnent le repas, il y a un frigo (Tsingoni) mais cela ne suffit pas. Donnez-nous les moyens plutôt que de dire faites et on verra après... Je n’ai pas mis en place la prestation garderie comme nous le dit madame le vice-recteur pour le moment... Les dix millions dont on parle, on demande qu’ils soient débloqués en 2014 mais j’ai cru comprendre que si on multiplie par le nombre de communes, ce n’est pas du tout suffisant ; j’ai délibéré pour la dissolution du SMIAM, qu’on nous fasse confiance, je suis prête à assumer la construction des écoles. »

(1) Comment peut-on accepter des normes aussi élastiques suivant l’organisme d’État qui les préconise ?
(2) Erreur de l’édile qui se trompe d’un zéro : 88 992 euros représentent la paie des animateurs pour un mois soit 889.920 euros sur les dix mois de l’année scolaire, ce qui dépasse déjà les capacités de la mairie.
(3) Bien sûr, pour la préfecture et le vice-rectorat, TOUT VA TRÈS BIEN MADAME LA MARQUISE !

photos : Mayotte / école abandonnée.


lundi 29 septembre 2014

Mayotte en danger / 07 / 20 INSUFFISANT ! DOIT FAIRE SES PREUVES !

Sur le fond, démontrant un autisme certain, l’entêtement du vice-rectorat qui rappelle le sketch des croissants de Fernand Raynaud, joue sur les mots. Ainsi, la pause méridienne, devenue un « tps de repos », est-elle fourguée à toutes les heures, la rentrée des classes ayant lieu à sept moments différents de la matinée, entre 7 heures et 8h 30 (merci la chaleur !)!
Entre le jusqu’au-boutisme des autorités, le « oui mais » des syndicats, l’inertie, les manœuvres, les volte-face des parents, la réforme des rythmes scolaires semble s’essouffler. Avant de livrer quelques échos qui prouvent que les technocrates doivent revoir leur copie, je n’ai pu m’empêcher de corriger un document produit par l’INSPECTION de l’Éducation Nationale, l’échelon local des donneurs de leçons...
Un plaisir néanmoins gâché puisque nous subissons les conséquences d’une incapacité irresponsable du ministère, tant au niveau administratif que politique. Le classement médiocre dans l’évaluation internationale PISA en atteste, malheureusement...

photos : 1) document original.
2) correction des six lignes en question... mes anciens élèves de quatrième n'auraient pas fait pire... 


samedi 27 septembre 2014

Fleury / CHAGRIN D’AMOUR / HOMMAGE À PAUL ARÈNE & FRÉDÉRIC MISTRAL. (III)

Laissons nos cigales spéciales ainsi que les vraies même si le désir et l'envie me poussent à ouvrir une nouvelle parenthèse mais de Vincent Scotto, cette fois : "... Chantez, cigalons et cigales, dans les grands pins, chantez toujours... " 

                                                Derniers pins de Périmont (Saint-Pierre-la-Mer)


 Un témoignage en atteste, alors que, diminué peut-être par l’absinthe, la "fée verte" ou "bleue" (6), réfugié à Antibes : «... il parlait encore de la jeune fille que ses vingt ans avaient aimée. Comme la vie est cruelle, disait-il à une amie. La mienne a été un enfer!... J'ai ri... j'ai chanté, mais mon cœur a toujours pleuré!... Les fêtes, les honneurs ne m'ont jamais manqué; mais il m'a manqué la famille!...» (Anthologie de l’Amour Provençal / Ernest Gaubert  et Jules Véran Mercure de France 1909 / http://www.cieldoc.com/libre/integral/libr0842.pdf).  

            Certes, comme l’a si bien chanté Brassens « ... Jamais de la vie, on ne l’oubliera, la première fille... » qu’on a prise ou non dans ses bras... mais Arène ne regrettait-il pas surtout de n’avoir pas fondé une famille ? Quels qu’aient été ses sentiments pour Naïs Roumieux, sans une nouvelle déception amoureuse avec Jeanne Charcot (fille du professeur célèbre pour ses travaux sur l’hypnose) sa vie aurait-elle suivi la même trajectoire ? D’autant plus que d’autres échos laissent entendre que sa passion pour la fille Roumieux n’était pas partagée, qu’elle prenait même un certain plaisir à se jouer de lui, demandant qu’il écrive pour elle.
            Paul, certainement désarmé par un joli minois qui rougit, aurait dû se garder d’interpréter cette gêne comme l’attirance réciproque qu’il désirait tant... Et dire que Mistral aussi s’en était ému, dans d’autres circonstances, il est vrai :

« A MADAMlSELLO ANAIS ROUMIÉUX
(F. Mistral)
Pèr soun album
Coume dins lou bacin qu’es i pèd de la Maio,
Di flous emperairis e flho dóu printèms,
Chacun trais ço que pòu, un flourin o ‘no maio,
Pèr avé dins sa vido un riset dóu bèu tèms.
Ansin, damiseleto,
Dins ta canesteleto
Aparo aquest bonjour;
E s’ai rèn autre à dire,
Es crento que toun rire
Se mescle de roujour.»
     
          Anaïs Roumiéux, madame Raquillet par son mariage, est morte à Barcelone, jeune encore, en 1889.       

 (6) Était-ce l’alcool et non cette folie qu’on attribuait à l’apéritif le plus prisé vers 1880, parce que cette idée reste liée à la consommation qu’en faisaient les artistes dont Van Gogh, Rimbaud, Verlaine ? Paul Arène est mort d’un arrêt cardiaque, le 17 décembre 1896, le front contre sa table de travail, sur une nouvelle perdue en chemin, intitulée Le Songe des Îles d’Or. Il n’avait pas 54 ans.  

photo autorisée : Van Gogh : La Crau (wikipedia). 


 

dimanche 21 septembre 2014

Fleury Occitanie / CHAGRIN D’AMOUR / HOMMAGE A PAUL ARÈNE & FRÉDÉRIC MISTRAL. (II)

Sûr que Paul n’oubliera pas ce matin lumineux au marché de Beaucaire : Naïs sur la placette, troublée, avec ses « arcèlli de Cette ».
Naïs, il l’a dans la peau depuis 1867, année où il devait croiser aussi Frédéric Mistral dont il allait devenir le meilleur ami (1). Rappelons que Paul Arène a laissé l’enseignement pour vivre de sa plume à Paris: des poèmes, articles de journaux, des chroniques ou feuilletons sous le nom d’Alphonse Daudet (2). L’été, il retrouve sa famille à Sisteron, sa ville natale. De là, il parcourt souvent la Provence et le Languedoc, avec ses amis, les félibres. L’histoire raconte que, dans Saint-Rémy en fête, aux arènes, il décrocha une cocarde sous les yeux de Naïs et de Mireille (3), sa sœur. L’évocation de ce souvenir le fit toujours sourire même s’il devait raviver ses regrets. En 1871, il demande à Mistral (4), son confident de demander pour lui la main de Naïs aux Roumieux de Beaucaire. En pure perte. Lui a-t-on signifié les raisons de ce refus ? Sa modeste condition et ses idées de libre-penseur auraient motivé la décision de Louis Roumieux (5), le père, pourtant félibre d’expression occitane aussi. Arène le sait-il ? Nourrit-il encore quelque espoir, quand il fait allusion à la clovisse : «...badave coume éli; » (comme elles, bouche bée) ?
L’histoire nous le présente comme inconsolable. N’aurait-il pas avoué à Mistral que Naïs restait sa muse ? Il lui aurait dédié des œuvres dont le poème La Cigale, peut-être une allégorie qui viendrait évoquer sa disgrâce : 



La Cigale.
L'air est si chaud que la cigale,
La pauvre cigale frugale
Qui se régale de chansons,
Ne fait plus entendre les sons
De sa chansonnette inégale ;
Et rêvant qu'elle agite encor
Ses petits tambourins de fée,
Sur l'écorce des pins chauffée,
Où pleure une résine d'or,
Ivre de soleil, elle dort. 
 PAUL Arène / 1868.  

(1) D’après l’épouse de ce dernier.
(2) Ils en partageaient la rémunération... Pour Les Lettres de mon Moulin, par contre, on sait que Daudet a caché la "participation" d'Arène et certaines nouvelles dont La Chèvre de monsieur Seguin et L’Élixir du révérend père Gaucher sinon La Mule du Pape laisseraient reconnaître le style de Paul Arène.
(3) Miréio, l’héroïne de Frédéric Mistral dont il inventa le prénom. Sa filleule, Miréio Roumieux, justement, fut-elle la première à recevoir ce prénom ? 



(4) Fils de François Mistral (famille aux racines savoyardes) et Adelaïde Poulinet, Frédéric Mistral tient son prénom (qui n'est pourtant que le troisième, après Joseph Etienne) « d'un pauvre petit gars qui, au temps où mon père et ma mère se parlaient, avait fait gentiment leurs commissions d'amour, et qui, peu de temps après, était mort d'une insolation. (4a) »... Quand on sait que la Miréio (4b) du poème épique de Mistral va mourir du même mal attrapé sur la route des Saintes-Maries...
(4a) Mes origines : mémoires et récits de Frédéric Mistral. Paris : Plon-Nourrit, ca 1920. Memòri e raconte éd.Aubanel pour la première édition, éd. Marcel Petit pour la dernière.
(4b) œuvre en douze chants qui donnera aussi un opéra en cinq actes de Charles Gounod.
(5) Louis Roumieux (1829 - 1894) alias Loïs ou Louis d’Arène (rien n’est étrange... tout est coïncidence car je pense au personnage Loïs de Montmajour [Le Château de ma Mère] de Pagnol qui, comme Mistral, bénéficia d’abord d’un accueil enthousiaste à Paris...), Roumieux, donc, devait mourir sans le sou, correcteur d’imprimerie à Montpellier, pour 3000 F par an. Après avoir vécu cigale, il s’en trouva réduit, pour manger, à écrire des chansons sur commande ainsi qu’un roman feuilleton de 950 pages La Favorite de Bou - Amema.

photos autorisées : Arlésienne http://folkcostume.blogspot.com/2012_07_01_archive.html /
cigale wikipedia

vendredi 19 septembre 2014

Fleury en Occitanie / AMOUR DE JEUNESSE ET ARCÈLLIS. (HOMMAGE Á PAUL ARÈNE).

    Si la pression sur les milieux naturels ne dépasse pas des limites irréversibles, les cuisinières de Montpellier pourront peut-être encore trouver des clovisses pour les marier aux épinards. Au cours de ces recherches très incomplètes, un ouvrage (Anthologie du félibrige provençal / 1850 à nos jours / Poésie. Par Ch.-P. Julian et P. Fontan. « Des poètes de la deuxième génération aux poètes actuels » Paris librairie Delagrave 1924) vient mêler nos clovisses à une histoire d’amour...
    Le livre cite, en effet, quelques rares poèmes de Paul Arène dont « LIS ARCÈLLI », une scène de marché à Beaucaire, antérieure à 1871. 

                                                              Petits gris sur le marché d'Arles

    C’est une belle journée qui évoque le printemps et peut-être l’été. Si Paul Arène saisit le blanc éclatant de la chaux sur les murs, "las chatounos", les jeunes filles qui vont en laissant voleter leurs rubans, sont loin de le laisser indifférent. Notre poète a moins de trente ans, il est encore "jeune homme" et en quête de l’âme soeur... A nous qui connaissons la suite, il le laisse entendre, serait-ce avec pudeur et retenue :  
       
            « ... Dóu poulit marcat gardarai memòri... »  Du joli marché, je garderai mémoire...
   
    Lorsqu’il rencontre Naïs, une jeune fille en beauté qu’il semble connaître, ses sentiments se confirment :

«... /... Si péu frisadet, de rouge flouca,                   ... / ... Ses cheveux mis en forme, de rouge pomponnée,
Naïs, aquéu jour, fasié soun marcat;                                  Naïs, ce jour-là, faisait son marché ;

Coume passerian subre la placeto,                                    Alors que nous passions sur la placette,
Croumpavo Naïs d'arcèlli de Ceto;                                    Elle achetait, Naïs, des arcèlli de Cette ;

Croumpavo d'arcèlli, e quand nous veguè,                         Elle achetait des arcèlli, et quand elle nous vit,
Leissè tout, Naïs, e nous sourriguè...»                                Elle laissa tout, Naïs, pour nous sourire... (1)

           
    Naïs achetait donc des clovisses, ces "arcèllis" qui viennent de la ville de Cette (orthographiée « Sète » seulement après 1927) ; ce n’est qu’un détail car elle aurait pu tout aussi bien prendre des sardines, des escargots à côté ou des tomates plus loin. Ce qui importe est que la circonstance la trouble :

«... Adounc la vesènt s'enfloura, pecaire!                       ... Ainsi nous voyons son teint fleurir, pauvrette !
— Vous aurié fa pòu, moussu voste paire?.. »              
—  Vous aurait-il fait peur, monsieur votre père ?.. »

    Paul Arène se promenait donc sur le marché avec le père de la jeune fille. Ils la taquinent un peu et reparlent, au repas du midi,  de ses pommettes rosissantes :

«... Aquéu meme jour dinavian ensèn:                             Ce même jour nous dînions ensemble :
Naïs nous countè la causo en risènt;                               Naïs nous raconta la chose en riant ;

En risènt Naïs me pourgié d'arcèlli...                              En riant, Naïs me présenta les clovisses...
E coumpreniéu pas, badave coume éli;                          Et je ne comprenais pas, comme elles, bouche bée ;

Mai ié sounje enfin, bedigas que siéu!                            Mais j’y pense enfin, nigaud que je suis !
Sounje qu'erian dous: soun paire emé iéu,                      Je réfléchis que nous étions deux : son père et moi,

Lou jour que Naïs, subre la placeto,                              Le jour que Naïs, sur la placette,
Rougiguè 'n croumpant d'arcèlli de Ceto. »                    Rougit en achetant des arcèlli de Cette.
               
                        Paul Arène. Sisteroun, 22 de nouvèmbre 1871. (Armana Prouvençau, 1873.)

                                                                     Paul Arène, portrait

    Qu’en touches délicates, cet amour naissant est dépeint... Et comme nos modestes clovisses figurent dans le tableau, on en oublie notre recherche prosaïque, même si la production locale, dont celle des coquillages, a prévalu dans l’alimentation de nos aïeux, une réalité, jusqu’au milieu du XXème siècle sinon les années 60... Une idée qu’il serait bon de promouvoir en priorité, en ce début de troisième millénaire...
    Je vous embête, non, vous qui voudriez savoir si les prénoms Naïs et Paul ont été liés sur un faire-part et un menu de noces aussi copieux que gourmand ?  

(1) ainsi que pour les vers qui suivent, ce n’est qu’un essai de traduction... Toute proposition positive sera la bienvenue ! 

source : http://sites.univ-provence.fr/tresoc/libre/integral/libr0420.pdf

photos autorisées : merci Wikipedia