mercredi 26 mars 2025

La « TUE-COCHON » petite anthologie... suite et au-delà (4)

Suite du sentiment que je dois à Jean-Claude Carrière, serait-ce en divergences et reproches mais toujours avec reconnaissance et amour...   

Partager le Voyage: JEAN-CLAUDE, il faut que je te dise... / A J-C Carrière (fin).

Partager le Voyage: LE VIN BOURRU (J.C. Carrière) / Les vendanges dans le Sud

Partager le Voyage: LE VIN BOURRU de J.-C. Carrière / lecture à quatre z'yeux

Le sentiment n'empêche pas d'exprimer ses divergences, en particulier à propos de cette peur du peuple ressentie par une élite autoproclamée, en cela très jacobine, ethnocentrée, parisienne pour résumer, derrière laquelle Jean-Claude Carrière s'est rangé. Or, cette hantise pourtant, se doit d'être ressentie en sens inverse : le peuple n'a-t-il pas à subir une répulsion au nom d'une caste dirigeante impudente de ses privilèges exagérés lorsqu'elle demande toujours des sacrifices aux moins bien lotis (sécurité sociale, retraites, écologie boboïsante et discriminatoire...) ? Une caste qui se paie sur la bête (mais où donc passe le pognon dans un pays des plus soumis à l'impôt au monde ? ), une caste privilégiant l'assistanat par anticipation d'une révolte plausible, une minorité servant les puissances d'argent (marchés publics faussés au profit des offres les plus dispendieuses... Renvois d'ascenseurs ? république des copains ? ), une minorité servie par des médias courtisans, soumis et opportunistes, peu soucieux d'honneur et de vérité, une minorité considérant le peuple comme un corps étranger... Royauté, République... aux répressions contre les Bonnets Rouges, Croquants ou autres Va-nu-pieds a succédé la Semaine Sanglante, l'écrasement du peuple par les Versaillais. De nos jours encore, les rapports dominants-dominés persistent dévoyant le « par le peuple pour le peuple » de la Constitution aux principes vains... égalité - fraternité, tu parles ! Et liberté... bref... les gouvernants, hauts-fonctionnaires, élus, restent foncièrement contre le peuple dont ils ont peur (1) et qu'ils voudraient changer sinon lobotomiser... À quand une nuit du 4 août contre des privilèges non plus féodaux mais aussi récurrents qu'abusifs ?  

Partager le Voyage: CARRIERE, SALAME, TESSON… CAMPES SUR LEUR ESPACE VITAL ! / ces courtisans disqualifiés du régime. 

Provincial revendiqué, Carrière serait-il, par définition lié au pouvoir de la capitale (une autre étymologie de « province » apparenterait à “ rattachée car vaincue ”), sinon complètement émancipé de l'acception si méprisante du mot « terroir », “ parisiennement ” parlant... 

Jean-Claude Carrière httpswww.facebook.comwatchref%20arts

Emporté que je suis par cet arbitraire révoltant, vais-je me laisser détremper par une nostalgie émolliente, une tendre pensée, un amour qui fait revenir vers ceux qu'on a aimés et qui ne sont plus ?  Aimer quelqu'un n'est-ce pas en accepter toutes les facettes, confluentes ou divergentes avec les siennes propres ?  Jean-Claude Carrière, je continue de l'aimer fort pour son « VIN BOURRU » valant profession de foi, en faveur de la reconnaissance d'un Languedoc aux racines occitanes encore vives en dépit des outrages et mépris persistants de la capitale. Il est de ceux tels Arène, Giono, Brassens, Chamson, Pagnol, sudistes montés à Paris pour s'ouvrir les chemins de la renommée, plus ou moins arrivistes, le terme serait-il trop fort, mais non au point de vendre leur âme... En signe de reconnaissance, la volonté de ne pas perdre l'accent (malgré des concessions opportunistes, il faut l'admettre), le choix de reposer à jamais dans la terre des ancêtres... Il en est, Carrière, de ceux qui finalement et malgré les contradictions partagées chez tous les humains, font ou ont fait un pied-de-nez à un parisianisme même pas capable d'accompagner dignement la France en rang désormais, ne serait-ce que de puissance moyenne...  

Et mon père alors, (à suivre) 

(1) même s'il est vrai que le peuple peut favoriser l'ascension d'un Mussolini ou d'un Hitler comma l'avançait Carrière... 


mardi 25 mars 2025

La « TUE-COCHON » à Fleury et à Colombières (3)

 (suite du travail de charcutailles à Fleury-d'Aude).  

Hachoir_à_viande_pour_saucisses_-_Purullena 2015 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Dfbdfbg6543654

... puis, avant de recevoir la « machine » commandée à la Manufacture Française d’Armes et Cycles de Saint-Etienne (on ne disait pas encore « Manufrance » ou a fortiori « la Manu ») et destinée à faire la saucisse de façon plus commode et plus rapide, c’étaient les doigts de l’imposante Léonie qui poussaient la viande hachée jugée à point, à l’aide d’un entonnoir spécial sur l’embout duquel se pressait le rouleau d’un boyau humide bien propre, et nous voyions émerveillés la belle saucisse se former au bout et occuper plus tard une place de choix sur la table de nos cochonnailles annuelles.

Que dire encore ? Cette grande affaire durait évidemment plusieurs jours ; Léonie était naturellement des nôtres à la table familiale où nous savourions les premiers fritons et quelques belles côtes de porc sauvées de la tourmente et qu’appréciaient seulement les adultes. Les caisses destinées au salage des jambons avaient été préparées et pourvues d’une quantité de sel impressionnante pour nous, puis placées dans un coin d’une chambre du premier étage, vide et réservée en particulier à cet usage. Les beaux jambons y étaient déposés avec tout le soin requis, disparaissaient sous le sel, pour fournir des mois plus tard ces délicieuses tranches qui agrémentaient nos repas. J’appris beaucoup plus tard que cette préparation du jambon était bien originaire de notre pays, et que déjà les Gaulois, grands amateurs de cochon, savaient bien les élever et avaient acquis une grande renommée dans l’art de saler et aussi de fumer et préparer les diverses pièces du porc. Nous étions donc de dignes descendants.

Entre nous soit dit, la place réservée aux « caisses des jambons » n’était sans doute pas idéale : la saumure résultant du salage avait fini par traverser le bois des caisses et d’abîmer un peu notre plafond de la cuisine, située justement sous la chambre en question… »

CABOUJOLETTE, Pages de Vie à Fleury à Fleury-d’Aude II, 2008, François Dedieu.

Chez Jean-Claude Carrière, les femmes vont laver les tripes à un ruisseau qui, à l’époque de l’écriture du livre, ne coulait plus. Les enfants tournent la manivelle du hachoir à viande. L’auteur ne donne pas ensuite le détail de la confection des cochonnailles ajoutant seulement que viandes et graisses sont mises à cuire. 

Pris par le petit bout de la lorgnette, pourtant si important, suivant les circonstances, dans l'économie ménagère des familles, l'engraissement du cochon. Suite à une modeste recherche, nous avons retrouvé ce “ plus petit commun diviseur ” avec : 

* Arnaud Daguin (1935-2019) chef étoilé du Sud-Ouest et du Pays Basque s'indignant de l'élevage industriel. 

* Madame Tricoire, institutrice à Lavelanet, par son témoignage repris dans la revue Folklore (décembre 1941). 

* Mon oncle Stanislav (Tchécoslovaquie puis Tchéquie) dans son système D de débrouille autarcique face aux ratés, insuffisances et défaillances de la gouvernance communiste. 

* Robert Reverdy (1908-1999), de Pouzols-Minervois et son cousinage en marge des Hautes Corbières, à Laval (route du col frontière historique de Saint-Louis), vers Quillan de la haute vallée de l'Aude, lui valant un poème des plus réussis. 

* Les montagnards de Sorgeat au-dessus d'Ax-les-Thermes. 

* En Périgord, l'Albine, le personnage porteur de savoirs et de toute une culture rurale, de Fernand Dupuy (1917-1999) marquant de sa présence en compagnie d'Henri Vincenot (1912-1985), « APOSTROPHES », l'émission culte de Bernard Pivot (1935-2024). 



* Jean-Claude Carrière (1931-2021) d'un cosmopolitisme brillant au cinéma, au théâtre, en littérature, jusqu'à sa vie privée, ce qui n'a pas empêché son attachement viscéral à Colombières-sur-Orb, le village de naissance. Resté fidèle à son Sud, ne lésinant pas sur le temps donné aux autres notamment lors de la Mirondela dels Arts (peut-être aussi Les Estivales de l'Illustre Théâtre), il a gardé le bon accent de chez lui. Cette fidélité il en témoigne par son bilinguisme occitan-français et le soin apporté à son ouvrage  « LE VIN BOURRU » dont le riche chapitre sur les mots occitans francisés. De sa part, quatre ans après qu'il est parti, je reste toujours aussi ému de cette reconnaissance à l'égard des racines languedociennes qui nous unissent, de ce qu'il a été et qu'il représente. Carrière aussi a écrit un long paragraphe sur « Le sacrifice du cochon ». 

Pour ceux qui restent curieux de mes hommages, états d'âme et bavardages :  

Partager le Voyage: « ... ENFANT, J’ETAIS BILINGUE, OCCITAN-FRANCAIS… » / En bas des châtaigniers, la vallée des cerisiers.

Partager le Voyage: J'AIME ce qu'ils ont dit des VENDANGES / 2. Jean-Claude Carrière.

Partager le Voyage: JEAN-CLAUDE CARRIERE... il nous a tant aimés...

Partager le Voyage: JEAN-CLAUDE, il faut que je te dise... / A J-C Carrière, 1ère partie 

(à suivre)