lundi 24 mars 2025

La « TUE-COCHON » chez CARRIÈRE et DEDIEU (2)

Colombières-sur-Orb_St-Pierre 2007 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Fagairolles 34

Et à Colombières, au pied des Cévennes, dans Le VIN BOURRU, 2000, Plon, Jean-Claude Carrière raconte que la veille le cochon sait qu’il va mourir. Entend-il les préparatifs ? Après une mauvaise nuit à grogner, à crier parfois, il recule et hurle dans son réduit, avant qu’on ne le touche. Armand Cazals, le grand-oncle de Tarassac « ...fort, jovial, un peu rouge… » doué pour découper, est sollicité par son entourage pour l’abattage. Après un verre de vin blanc, en tablier, son matériel à portée, il demande que la bête lui soit amenée. Les hommes la tirent par ses pattes attachées. On le tient fermement tandis que l’oncle cherche le bon endroit où planter son couteau. Une femme récupère le sang qui jaillit et empêche qu’il ne coagule. Les hurlements de l’animal faiblissent, les sursauts se calment ; instant de calme dans l’assistance, sans regret mais comme pour respecter cette fin de vie, ce sacrifice. Ensuite il faut verser l’eau très chaude pour ébouillanter et racler les soies avant que l’oncle Armand ne joue de ses couteaux «… comme les ogres dans les contes de fées… ». Allongée sur le ventre, la carcasse « qui fait la prière » (1) se voit découpée dans la longueur du dos. Un repas « le plus gros de l’année » avec le sanquet et la tindello (2) précède une longue après-midi de travail jusqu’à la nuit tombée. (synthèse tirée du livre Le Vin Bourru, 2000, Plon, Jean-Claude Carrière). 

Jean-Claude_Carrière_2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license Author Fryta 73

(1) Luis Buñuel, le cinéaste avec qui il a souvent collaboré, lui confirma qu’ils faisaient et disaient de même dans la province de Teruel.

(2) Sanquet, sanqueto : “ omelette ” du sang du cochon. La tindello : tranche de lard ou de viande. 

Fleury avant Noël. 

Et à Fleury-d’Aude, le témoignage encore de François, père de François fils, notre pêcheur de tenilles (à l'image d'Olivier, l'alter ego, témoin, commutateur commode pour une narration autobiographique évitant le “ JE ”, non haïssable en soi mais incommodant justement) : 

«… Je me souviens que Léonie nous préparait aussi « la saumo (3) », sorte de gros galabart dit parfois « boudin du Sud-Ouest », et qui permettait d’utiliser à bon escient un gros boyau. Le boudin était alors cuit longuement dans un gros chaudron placé sur son fort trépied dans l’antique et pour nous immense cheminée où flambait un feu nourri. Les deux tables de la maison avaient été mises côte à côte pour la circonstance, les nappes blanches étaient de rigueur et disparaissaient presque entièrement sous cette quantité impressionnante de victuailles. Nous nous faisions rappeler à l’ordre de temps à autre, pour gêner un peu le travail des grandes personnes si important pour la famille, et nous dévorions des yeux toute cette « fête du cochon » qui était pour nous un divertissement prisé.

Je vois encore sur le gril, près du chaudron aux boudins, les échantillons de viande hachée, salée et poivrée, placés sur une petite plaque de métal « pour goûter » afin de juger l’assaisonnement [...] (à suivre)

(3) étrange cette dénomination, la saumo désignant l'ânesse en occitan. 

Papa. 


dimanche 23 mars 2025

PÉZENAS, le CARNAVAL, mars 2025. (fin)

 Samedi 1er mars à 19 h, spectacle à la Maison du Peuple (1), de danses humoristiques par « Lous Machous » (10 €). 

Dimanche 2 mars, de 8 à 18 heures, 5ème concours mondial du ragoût d'escoubilles suivi d'une dégustation dans la cour d'honneur de la mairie.  

2 mars, 20 h 30, soirée déguisée à la Maison du Peuple « Les Machous font leur cirque » (10 €). 

Samedi et Dimanche-gras, « Lous Machous », comme leur nom l'indique, clabaudent et cancanent quand ils ne vilipendent pas en partant des ragots qui ont pimenté les rencontres impromptues des “ braves gens ” (tels que Brassens les percevait) de la ville aux commissions ou sur le marché des samedis ordinaires... À Pézenas cette “ machade ” reste bien dans la tradition séculaire de carnaval (avec l'accent de Villanova, je ne vous dis pas !).  

Pézenas Lo_polin_de_Pesenàs pendent lou carnaval dels escoliers 2019 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Reipetit
 

Le 3 mars, de 14 à 15 h 45, carnaval des écoles, musiques, danses et crémation du Roi Carnaval (Place Boby Lapointe). Ce Lundi-gras au soir, la chasse au Tamarou est accompagnée de tambourins et de fifres ; les « Fadas du Tamarou » animent un charivari qui voit le Tamarou, animal fabuleux faisant penser à un dragon, faire peur et provoquer les braves gens. Foncièrement par ailleurs provocateurs et mauvaises langues, faisant office de buffetaires, en chemises et bonnets de nuit, les Machous accompagnent au rythme de danses traditionnelles du genre “ feu aux fesses ”, “ danse du soufflet ”. Merci encore à Cyril Feybesse, talentueux photographe, qui a su si bien rendre et partager le dernier évènement.  

Pour Mardi-gras, le 4, précédé de masques costumés, de buffetaires au panel remarquable, le poulain totémique parcourt les artères névralgiques de la ville.   

Bien des associations locales tiennent à maintenir le lien entre Piscénois locaux, émigrés ou qui, comme moi, le sont de cœur. Le carnaval de Pézenas, comme bon nombre d'autres carnavals en France, a été inscrit en 2019 à l'Inventaire national du patrimoine culturel immatériel, dans la rubrique « Pratiques sociales et festives »

(1) anciennement « Foyer des Campagnes ». 

Pézenas, Lo Tamaro, animal fantastique, s'engouffre dans la vieille ville. Photo Cyril Feybesse.

Sources : Cyril Feybesse, Wikipédia, Hérault Tribune, Hérault tourisme, étymologie occitane. 

Note : à ceux qui regretteraient qu'il n'y ait rien sur Limoux... figurent déjà au moins quatre articles dans ce blog sur son fameux carnaval... il suffit de taper “ Limoux ” pour la recherche...