mardi 4 mai 2021

"Il est mort par un éclair blanc..." / Sur le chemin de Pierre.

Le feu atudé (éteint) par un souffle puissant, comme foudroyé par une onde pyroclastique, étouffé d'un coup... Oppression violente... Vous savez la feuille avec le poème de Pierre, "Viens avec moi, petit...", traînait depuis un mois au moins, ouverte pour ne pas qu'on l'oublie, sur mon coin-bureau. Sur ces entrefaites coula l'idée paisible de ces trois chroniques autour de la fête de Pâques au village, la vie qui va, apparence d'une rivière douce, vers l'aboutissement, la conclusion preuve de sa raison d'être. Une paix plus en "souciance" que soucieuse, une pensée qui sans préoccuper, interroge, et dont la réponse ne sera donnée que pour ne plus se poser de question, de quelque ordre que ce soit... 
 
Croyant avoir fait le tour de ces périodes de Pâques marquées parfois, comme cette année, par des gelées mémorables, pas contagieuses mais noires comme les pestes les plus tueuses, je voulais passer aux années suivantes avant de trouver deux autres lettres. Et ce que j'ai lu m'a complètement affligé, me laissant faible, accablé. Ce que la conscience peut être trompeuse...
 
Lettre de mon père : Fleury-d'Aude, le 29 avril 1998. 
 
"Bien cher fils,  
 
.../... Mais ce soir, à vingt-et-une heure quinze, alors que la pluie se remet doucement à tomber, je veux commencer par une nouvelle qui va sans doute t'émouvoir : Pierrre BILBE vient de mourir. j'ai fait la visite dans la maison de sa fille voisine de la sienne où il repose - chez lui c'était chauffé -. Comme j'étais en train de signer et de mettre "Très sincères condoléances en notre nom et en celui de Jean-François qui pense souvent à vous", sa fille est sortie pour aller à côté, m'a vu et m'a dit "Entrez M. Dedieu, maman sera contente de vous voir". J'avais entendu les pompiers à quatre heures et plus tard "C'est monsieur Bilbe qui est tombé dans la rue". mais je ne pensais pas à une issue fatale aussi rapide. Sa femme Germaine, très abattue comme tu peux l'imaginer, m'a précisé : "Après le feuilleton qui suit le journal télévisé, il est sorti pour aller voir vers le bureau de tabac où en étaient les travaux, et peu de temps après on me le rapporte mort. je ne sais pas si je vais pouvoir le supporter". en tombant il s'est blessé à la pommette gauche et du sang coulait de son oreille..."  



Se regarder dans la glace. Que reste-t-il de convenable, en surface ? Bien obligé de voir aussi ce qui l'est moins dans la profondeur de l'âme, caché mais pas secret du tout car typiquement humain, en non-dits trop bien partagés par notre espèce. Honteux du pas joli méprisable perçu par tous mais qu'il ne faut jamais avouer sous peine de rejet, d'ostracisme. 

Me reviennent les mots de J.J. Goldman prolongés par ceux d'H. de Balzac :
 
"... A tous les masques qu’il aura fallu porter
A nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs 
... A nos actes manqués."   
Jean-Jacques Goldman 1990.   
 
 "Notre cœur est un trésor, videz-le d'un coup, vous êtes ruinés. Nous ne pardonnons pas plus à un sentiment de s'être montré tout entier qu'à un homme de ne pas avoir un sou à lui." 
Honoré de Balzac --Le Père Goriot 1835. 

Alors rien n'a plus voulu sortir depuis près d'une semaine, le cerveau se retrouvant aussi embrouillé que celui de l'ado que je ne suis plus... Une complainte est heureusement venue pour maintenir ma tête hors de l'eau, se répétant au fil des jours, invocation toujours reprise, mantra universel pour infuser jusqu'au dernier suc tout, tout ce qui est dans le non-dit volontairement tu :  

"Il est mort par un éclair blanc, 
Tous derrière et lui, devant..." 
De Paul Fort, "Le petit cheval" si bien chanté par Georges Brassens. 

Pierre, tu es mort par un éclair blanc, toi devant pour ce que l'amour de la nature a exalté de ton humanité aimante et comme tu étais aimé et admiré par Germaine, ton épouse. Toi devant et nous derrière, moi avec, si malheureux de ne le réaliser que plus tard, toujours trop tard, mortifié des par les regrets... Dans son interprétation, avec le polissage, l'usure du temps, cette nouvelle de papa enfonce le couteau dans la plaie que chacun veut bien s'infliger. Tout être ayant la philosophie de vie qu'il peut... pourquoi ne pas se propulser dans le futur de nos enfants grâce à la force, aux appuis, aux expériences léguées par nos disparus ? En avril, je m'efforce de ne pas oublier Louis Pergaud (33 ans) qui sait si bien nous mettre en accord avec la vie sauvage, mort par un éclair blanc à la guerre, le 8 du mois en 1915 et Jean-François Knecht (49 ans), même si je dois partager sa fraternité avec la motivation politique qui l'animait, touché au cœur par un éclair blanc le 18 avril 2007. 
 
Aux poussières d'étoiles qui pour certaines nous éclairent de leurs trajectoires éphémères... 
A Louis, à Jean-François, à Pierre...  
 
 
 
 
 

La chapelle Saint-Christol (1) / Une balade de Bettina à Nissan

Deuxième chapelle d’origine wisigothique de Nissan-lez-Ensérune, à l’opposé de la première (voir publication du 27 avril).

Pour aller de l’une à l’autre, il faut en effet traverser le village de Nissan en direction de Lespignan. Peu après la sortie du village, on trouve sur la droite un chemin, étroit mais asphalté, qui mène à travers vignes puis garrigue à la chapelle Saint-Christol. Les deux cents derniers mètres ne sont plus asphaltés mais parfaitement carrossables. Et là, on tombe sous le charme de cette petite chapelle en pierre plantée au beau milieu de la nature mais, surtout, de cet époustouflant panorama sur la basse plaine de l’Aude avec au fond le Massif de la Clape et, blotti à ses pieds, le village de Fleury (photos 7 et 22). Panorama d’autant plus beau à cette période de l’année avec le parterre d’iris !
 
Photo 7 :  La basse plaine de l'Aude et le massif de la Clape au fond

Photo 22 : la basse plaine de l'Aude, le massif de la Clape et Fleury à ses pieds.

Je recopie ici le texte que l’on peut lire sur le panneau à l’entrée du site. Le plan qui l’accompagne se trouve à la photo n° 3. Voir aussi les textes recopiés ou les commentaires sous certaines photos. 

Photo 3.

 
« CHAPELLE SAINT-CHRISTOL
 
Historique
Construite au flanc d’une colline dominant la plaine de l’Aude au sud et à proximité d’une source visible à l’entrée du site.
Chapelle wisigothique construite au Ve siècle à l’emplacement d’un habitat romain. Sous le sol de la chapelle, on a découvert un four, un silo et des pièces romaines qui attestent de cette occupation romaine. Donc église préromane à chevet carré avec des remaniements ultérieurs (en particulier du XIIe et XVIe). A été répertoriée comme paroisse dans un texte daté de 1604.
La porte nord est « la porte des morts » et donne accès à une nécropole. Elle comporte plusieurs niveaux obtenus par accumulation de terre et on peut y voir des tombes à lauzes orientées.
Vraisemblablement abandonnée au cours du XVIIe siècle, elle est portée comme étant en ruines sur la carte de Cassini 1772-1773. Les restes étaient recouverts de pierres et envahis par le lierre et les ronces.
En 1986-87, la famille FERRAND, propriétaire depuis 1940, fait don du site à l’association diocésaine.
 
Restauration
Plusieurs campagnes de déblaiement ont permis de dégager ce qui restait des murs de la chapelle. En 1991, elle a pu être réhabilitée et rendue au culte grâce au mécénat d’entreprises sollicitées par la Chambre de Commerce de Béziers, l’aide du Conseil Régional, de la commune de Nissan et de l’association « Les Amis de Nissan ».
En 2016-2017, le chantier de bénévoles des Amis de Nissan a réalisé la restauration des murs de soutènement.
Ces travaux ont permis de dégager aussi un monument de plan carré situé dans le prolongement de la chapelle à l’ouest. Il est de construction soignée avec des joints repris au fer et serait une tour datée du XIe-XIIIe siècle.
En dépôt à l’est de la chapelle :
- Un fragment d’imposte à billettes du Xe siècle provenant de la chapelle disparue de Saint André (route de Capestang, près du domaine de « La Grangette »).
- Deux sarcophages monolithiques trouvés lors de fouilles du lieu-dit « Les Farguettes ».
L’arboretum : mis en place à l’est du site par Joseph FERRAND, ancien propriétaire. »
 
J’ai dû emprunter la première photo à la page Wikipédia consacrée à la chapelle, car un groupe important de randonneurs profitant notamment de la pelouse pour faire une longue pause m’a parfois gênée pour photographier.


À propos de la chapelle, voir aussi ces liens, même si le texte date quelque peu :
À propos de l’abbé Giry dont le nom est mentionné sur deux photos, voir : https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/4183938374952392 et pour les photos correspondant à l’article : https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/4184333311579565