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jeudi 23 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCO (5)... / Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) Dole (Jura).

Dimanche 29 juillet, 8 h, départ. 45,31 l / 64,29 € (1,42 €/L)… Pas question de faire le plein au pays du truandage institutionnalisé… J'aurais même dû lâcher la gâchette avant pour aller jusqu’en Allemagne où c’est moins cher qu’en Macronie… Pas un nuage, il va faire chaud. 
Puits_Jules-Chagot Wikimedia Commons carte postale ancienne Author unknown.
Dans la dépression entre Charolais et Autunois peut-être en rapport géologiquement parlant avec les veines de charbon, l’itinéraire suit le Canal du Centre. Montceau-les-Mines, encore un pays de Gueules Noires ! Et même de la Bande Noire, toujours avec des majuscules car il faut l’entretenir la mémoire de ces courageux qui osèrent affronter un patronat tout puissant. Ce n’est qu’au prix fort, en sacrifiant les plus décidés, que les syndicats purent se former contre le capital et aussi la religion trop encline à louer les puissants et à convaincre les humbles qu’il est dans l’ordre des choses de courber l’échine ! Tout reste d’actualité… D’ailleurs jamais mon copain Alain de l'autorail rouge de nos jeunes années, n’envisagerait la vie à deux avec une qui voterait à droite ! Rouge pour ceux qui y croient ! Noire aussi, non loin d’ici, au Creusot, la 241 P 17, la locomotive sortie des usines Schneider en 1949, désormais à la tête d’un train touristique ralliant dans l’année Metz, Ambérieu, Belfort et en octobre Marseille aussi, en souvenir du Mistral, train mythique. Une loco qui me transporte auprès des grands-parents, en Bohême... même si nous n'y sommes pas encore !      
                  
Montchanin : « Citronnelle » tourne résolument sa calandre vers le levant. Quittant ces monts qui font encore le Massif-Central (nommé ainsi assez récemment par Paul Vidal de la Blache, l’auteur de cartes murales né à Pézenas !), le camping-car descend vers la plaine et Chalon sur… J’ai du mal mais il faut bien admettre l’usage commun qui, faisant couler la Saône jusqu’au Rhône à Lyon fait du Doubs un misérable sous-affluent alors qu’il conflue à Verdun-sur-le-Doubs, plus long et plus puissant que la Saône, sa prétendue suzeraine ! Mais alors le Tarn et pas la Garonne ! La Marne et non la Seine ! La Vltava, longtemps rabaissée, ravalée en Moldau par des élites ignares, assurément aimantés par une  germanophilie raciste ! La Vltava et non l’Elbe, plus puissante, plus longue au confluent au pied du château de Melnik ! Avant d’arriver à Chalon-donc-sur-Saône, voir des vignes, c’est d’une beauté ! Et cette douce verdure des pampres apaise nos chicanes. Ce vert unique, prometteur, qui, avant la vendange, évoque déjà le vigneron. Pour qui est né au milieu des ceps, un coteau de vignes transporte dans la fraternelle complicité des éleveurs de vins. 
 
Vignes_Côte_Chalonnaise Wikimedia Commons Author Mpmpmp
La côte chalonnaise a longtemps fourni du vin courant aux bassins ouvriers du Creusot et de Montceau… Sauf que pour ce motif il est plus commode de discréditer notre Languedoc, le Sud, que la Bourgogne… ou le beaujolais belge… 
Suffit ! On a dit « finies les chicanes » non ? 
La Saône... l'envie de ces fritures d'antan dans ces petits restos de la rive... du temps où, naïfs et innocents,  il ne nous venait pas à l’idée que l’air pouvait être vicié, que l’eau pouvait ne pas être propre et pleine de vie. 
Verdun-sur-le-Doubs- Wikimedia Commons Author PRA
La N 73 passe à portée de Verdun-sur-le-Doubs, célèbre aussi pour le discours de campagne en vue de prévenir une cohabitation, d’un président, peut-être notre premier monarque républicain et pas seulement pour sa particule monnayée. 
Si c’est pour passer des chicanes à l’aigre-doux ! Et pourquoi ne pas relever les douceurs du pays, la pôchouse, la bouillabaisse locale au blanc de Bourgogne, le sandre, les cuisses de grenouilles, le poulet, le chapon, l’oie, la poularde de Bresse, emblèmes d’une tradition gourmande ?
Ou encore quelque vision poétique, comme ces écharpes de brume accrochées aux maïs opulents, entre Verdun et Navilly. Toute droite depuis Chalon, la route qui colle aux vallonnements plonge dans des nappes plus épaisses pour émerger, en haut des mamelons, dans un brouillard effiloché. Il n'est que huit heures au soleil, un interlude seulement, une parenthèse, un répit avant la canicule annoncée. 
Ou alors ces jeux de mots rigolos avec les noms des villages traversés ou sur les panneaux indicateurs. A quand la kermesse à Sermesse passée dans le brouillard ? Est-ce qu’à Seurre on en a pour son beurre ? Les voisins Annoire et Petit-Noir vivent-ils en couple ? Le café nous le prendrons à Dole en passant notre « Chemin » si l’aérodrome n’est pas en « Tavaux » !
Dole. Les robinets de l’aire de stationnement sont à sec… Année de sécheresse ou sanction contre les gaspilleurs ? Citronnelle ne peut s’empêcher d’aller dire bonjour à un compagnon, même classe (de naissance), vétéran comme lui, consumériste à regret, grognard par nature. Son chauffeur fait étape avant de partir pour Komarom en Hongrie. Le fouet fouaillant comme chez les toutous, chacun tourne autour de l’engin de l’autre pour lui flairer le pot d’échappement ! 

"Citronnelle" toujours fidèle ! 

dimanche 17 septembre 2017

« PENDANT QUE J.F. COMPOSE... » / Lyon, la Croix-Rousse, l'École Normale

Dans l’été finissant, des vélos remontent la rive droite de la Saône, une étape qui devrait les mener vers Mâcon ou Pont-de-Vaux, moins loin sûrement s’ils font un crochet par la Croix-Rousse. Or l’un d’eux, le plus âgé, y tient particulièrement à cet itinéraire. 





Il le vit comme un retour aux sources et s’il n’a pas grandi avec les gones, les canuts, les traboules, il reste attaché à cette ville. Ils ont marqué une pause en bas du quartier Saint-Jean, manière d’évoquer les montées, les petites rues tortueuses du quartier où Bernard gardait la porte ouverte pour les copains de promo. Jovial, notre homme, costumé de velours, avait aux pommettes des reflets de Côte-rôtie et ses rires apportaient du soleil même sous la grisaille. C’est vrai qu’on était en janvier, « Avec le temps » passait à longueur de journée mais à vingt ans, l’on ne se sent pas plus "blanchi comme un cheval fourbu" que "floué par les années perdues" ! Ferré me fourrait le cafard... 

La passerelle les fera passer rive gauche. Ensuite, depuis la Montée de la Butte, la vue devrait donner de l’autre côté, sur la colline de Fourvière d’où ils descendaient à ski, sur la piste synthétique de la Sarra ! toute une histoire cette piste en pleine ville et cinquante ans en arrière ! Faudra la raconter un jour...  

La montée rejoint un boulevard... c’est par là qu’ils descendaient, les samedis et dimanches en tant que commensaux d’un lycée technique historique, dans la continuité de l’école de tissage liée directement à la soie. 


Saint-Jean, la passerelle, la Sarra, les métiers des canuts, sont pour lui une approche aussi sentimentale qu’agréable avant de déboucher sur le plateau. Le quatrième arrondissement, la Croix-Rousse et à gauche, à un moment, un vaste espace aéré, le fameux clos Jouve des origines de la boule lyonnaise ! Derrière, autre symbole de l’école de la République pour tous, la grande et belle maison des apprentis instituteurs ! Ah l'EN ! l’École normale, rue Anselme ! Elle paraît guindée, classique avec ses angles droits, ses grilles, sa cour d’honneur, à la française sinon grand-siècle puisque le XIXème vaut bien celui du grand roi ! 




Mais ce n’est qu’une apparence, elle n’est que sourire et demeure à jamais sous le ciel pur et bleu des souvenirs avec ses tuiles qui annoncent déjà le sud. Il aimerait retrouver les noms des professeurs, des copains mais ils sont trop nombreux à lui échapper. Le philosophe qui dit, concernant les êtres, que tout ce qui appartient au passé appartient à la mort aurait raison sauf qu’on a envie d’objecter qu'en s'aidant d' un journal avec le détail de nos jours, le passé resterait bien vivant. Mais il ne va pas embêter les jeunes avec ses pensées loufoques. Plutôt continuer à remonter avec eux le boulevard pour sentir l’atmosphère de la Croix-Rousse, l’esprit de révolte contre l’injustice qui vit tous ces soulèvements de canuts. Oui, l’esprit de la Commune, cette détermination à mourir pour vivre dignement ne sont pas l’exclusivité de Paris. L'expression de Jules Michelet : « L’opposition des deux montagnes, de la montagne mystique et de celle du travail...» dit bien l’antagonisme qui perdure entre les quelques trop riches et les autres. 


Remontée vers la place centrale. Il craint de ne plus percevoir cet air de village, cet accent, le charmant tableau de la place à l’ombre des platanes, les bistrots, le marché, autant de senteurs, d’effluves s’ouvrant au voyageur, autant d’impressions qui s’offrirent, en 1971, l’année du concours à l’École normale... 



Au bout du boulevard de la Croix-Rousse, le Gros Caillou apporté par un glacier et finalement déplacé, à trente mètres près, dans le Ier arrondissement, au grand dam des Croix-Roussiens. De là-haut, la vue domine le Rhône et l’écrin vert du Parc de la Tête d’Or au nord tandis qu’au loin, par temps clair, se dessinent l’arête du Bugey et la ligne brisée des Alpes enneigées ! 


Allons, revenons sur nos coups de pédales. Un dernier regard sur ce qui reste à jamais la maison des instituteurs, s’appellerait-elle IUFM ou ESPE (1). La Montée des Esses dans le sens où ça va tout seul. La Saône à nouveau, le pont Masaryk du nom du président d’un pays alors nouveau la Tchécoslovaquie... C’est là-bas que nous allons, 1200 kilomètres environ, encore dix jours de balade...

Lyon-Mâcon, la cinquième étape d’un voyage à vélo à faire avec mes fils. Deux sont partants... reste à en parler au troisième. N’allez pas penser que j’invente, que je mens. Et si je rêve de nous voir pédaler en file indienne, je suis sûr que le jour «J» nous monterons à la Croix-Rousse. Même que nous y retrouverons leur papi aussi, mon père qui a tant contribué pour que la Croix-Rousse me prenne dans ses bras. Il m’y a amené avec la 504, il a trouvé l’hôtel. Je dois à mon supporter numéro un d'avoir été là, bien qu’en retrait, pour une sérénité, une confiance si nécessaires à l’instant de faire ses preuves. Le plateau, la Saône, Fourvière : il a marché et visité. Il en reste ses diapos intitulées « Pendant que JF compose », un énoncé forçant ma réserve et qui a déclenché mon papier d’aujourd’hui, serait-il encore virtuel. 
Rêver c’est vivre plus intensément... Tâchons de garder nos rêves, beaucoup beaucoup de rêves, en réserve, à condition d’avoir toujours à en réveiller un au moment «T» ! Ils portent trop bien la vie pour rester en sommeil !   

(1) Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM), Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education (ESPE).   

Crédit photos : 1, 2, la Saône François Dedieu 1971. 6 & 7 Ecole normale françois Dedieu 1971. 
3. Lyon Croix-Rousse Rhône Author Xavier Caré Wikimedia Commons CC-BY-SA. 
4. Lyon vue depuis Fourvière1917 Source BnF Gallica 
5. École de Tissage, Lyon, 43 Cours du Général-Giraud 69001-0707 Author Dashiell 
8. Lyon Place Croix Rousse Author Olivier Aumage permission CC-BY-SA-2.0-fr
9. Lyon Gros Caillou entre 1901 et 1902 Author E. de Rolland & D. Clouzet BnF domaine Public
10. Lyon Gros Caillou Author Frachet
11. Lyon Pont Masaryk avant qu'il ne devienne passerelle pour transit doux (piétons, vélos) Author Maarten Sepp