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lundi 9 novembre 2020

Monsieur Petiot, non, pas le terrible docteur ! Fleury-d'Aude en Languedoc.

Adrien Petiot qu'il ne faut pas confondre avec le prénommé Marcel, pas le terrible docteur guillotiné en 1946 pour vingt-sept assassinats avérés (combien d'autres si on prend en compte la quantité de valises et d'habits volés accumulés à son domicile ?), était le "correspondant" de Jean Dedieu, "propriétaire" à Fleury d'Aude... 

"...Papé Jean n'a pas eu de chance lors de mon départ au STO en Allemagne, "pris par la patrouille" alors qu'il revenait du Cantal avec quelques vivres précieux pour l'époque... et qui lui furent confisqués à son arrivée en gare de Narbonne, avec en plus l'obligation de payer l'article paru à ce sujet dans les journaux locaux. Le correspondant que je lui avais trouvé à Boisset s'étant par la suite montré trop gourmand dans l'échange pommes de terre / vin, l'oncle Noé lui avait déniché Adrien Petiot (pas le sinistre docteur) à Chaulet, commune de Sainte-Feyre (Creuse), et cette famille s'est montrée très compréhensive. Exemple : 

"27 mars 1944. Monsieur Dedieu, c'est avec plaisir que j'ai reçu votre lettre du 22 mars me disant que vous m'expédiez un fût de 233 litres de vin (comme vendangeur). S'il pouvait seulement arriver sans encombre en ces jours sombres que nous vivons. Je vous en remercie infiniment car soyez assuré qu'il sera le bienvenu. Aujourd'hui 27 mars, je vous envoie une caisse de 19 Kgs 500  qui se compose comme suit : caisse 5 Kg 500, farine 1 Kg 800, lard gras 700 grammes, œufs 1 douzaine, pommes de terre 10 Kgs. Aussitôt reçu, par retour du courrier, vous m'aviserez si tout est bien arrivé .../... vous me la retournerez aussi le plus vite possible pour que je vous la renvoie aussitôt, nous ne faisons pas le pain, c'est le boulanger qui le fournit, on se débrouille pour la farine. 

En attendant, recevez monsieur Dedieu mes meilleures salutations ; Petiot Adrien. (L'envoi est fait en colis agricole)."  

Pages de vie à Fleury II / Caboujolette / 2008 / François Dedieu. 

Prolongements : 

1) PETIOT Marcel, l'assassin : A l'avocat général qui le réveille "Ayez du courage Petiot, c'est l'heure", il répond "Tu me fais chier".  Marcel Petiot dit "le docteur Petiot" est guillotiné dans la cour de la prison de la Santé le 25 mai 1947 à 5h 07.  

Guillotine modèle Berger 1872 wikimedia commons Author Sylvain Larue

2) PROPRIETAIRE : "Propriétaire" c'est bien la mention apposée sur la plaque ovale bleue ourlée d'un motif, fixée sur le chariot ou la jardinière... Quelques arpents de terre vous faisaient marquer le territoire, la possession, l'arrière pensée étant alors de contrer l'ogre bolchévique, le coutelas entre les dents, dans la dénégation farouche du slogan de Proudhon "la propriété est le vol", se gaussant de l'idée que la terre n'appartient à personne. Une philosophie balayée d'un revers de main, incongrue, saugrenue, aussi grotesque et fruste que ces peuples dits premiers mais seulement primitifs et sauvages d'un point de vue de "civilisé"... Mentalité d'aristocrate de campagne, de noblaillon faisant maigre chère, presque sur la paille, plus dépourvu encore quand la guerre fut venue... Non, pas cigale mais indécrottablement infatué de sa personne, toujours à la traîne des plus dégourdis du système D ne se privant pas, eux, de moquer sous cape, sa supériorité affectée... Dans ce milieu villageois et souvent de cousinage, il y a du Renart et de l'Ysengrin au moins dans le sens que le premier, contrairement au second, se débrouillait pour nourrir sa famille. 

3) "PRIS PAR LA PATROUILLE" : pas de chance en effet puisque au printemps 1943, la police économique ferme plutôt les yeux, le rationnement sévère, la sous-alimentation impliquant obligatoirement un ravitaillement extérieur. Il est fort possible qu'il ait été intercepté par des policiers alimentant eux-mêmes un trafic intéressant des marchandises confisquées...   

Un express tracté par une 241 A en gare de Châlons-sur-Marne en 1958 wikimedia Commons Author Brooksbank

 


jeudi 23 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCO (5)... / Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) Dole (Jura).

Dimanche 29 juillet, 8 h, départ. 45,31 l / 64,29 € (1,42 €/L)… Pas question de faire le plein au pays du truandage institutionnalisé… J'aurais même dû lâcher la gâchette avant pour aller jusqu’en Allemagne où c’est moins cher qu’en Macronie… Pas un nuage, il va faire chaud. 
Puits_Jules-Chagot Wikimedia Commons carte postale ancienne Author unknown.
Dans la dépression entre Charolais et Autunois peut-être en rapport géologiquement parlant avec les veines de charbon, l’itinéraire suit le Canal du Centre. Montceau-les-Mines, encore un pays de Gueules Noires ! Et même de la Bande Noire, toujours avec des majuscules car il faut l’entretenir la mémoire de ces courageux qui osèrent affronter un patronat tout puissant. Ce n’est qu’au prix fort, en sacrifiant les plus décidés, que les syndicats purent se former contre le capital et aussi la religion trop encline à louer les puissants et à convaincre les humbles qu’il est dans l’ordre des choses de courber l’échine ! Tout reste d’actualité… D’ailleurs jamais mon copain Alain de l'autorail rouge de nos jeunes années, n’envisagerait la vie à deux avec une qui voterait à droite ! Rouge pour ceux qui y croient ! Noire aussi, non loin d’ici, au Creusot, la 241 P 17, la locomotive sortie des usines Schneider en 1949, désormais à la tête d’un train touristique ralliant dans l’année Metz, Ambérieu, Belfort et en octobre Marseille aussi, en souvenir du Mistral, train mythique. Une loco qui me transporte auprès des grands-parents, en Bohême... même si nous n'y sommes pas encore !      
                  
Montchanin : « Citronnelle » tourne résolument sa calandre vers le levant. Quittant ces monts qui font encore le Massif-Central (nommé ainsi assez récemment par Paul Vidal de la Blache, l’auteur de cartes murales né à Pézenas !), le camping-car descend vers la plaine et Chalon sur… J’ai du mal mais il faut bien admettre l’usage commun qui, faisant couler la Saône jusqu’au Rhône à Lyon fait du Doubs un misérable sous-affluent alors qu’il conflue à Verdun-sur-le-Doubs, plus long et plus puissant que la Saône, sa prétendue suzeraine ! Mais alors le Tarn et pas la Garonne ! La Marne et non la Seine ! La Vltava, longtemps rabaissée, ravalée en Moldau par des élites ignares, assurément aimantés par une  germanophilie raciste ! La Vltava et non l’Elbe, plus puissante, plus longue au confluent au pied du château de Melnik ! Avant d’arriver à Chalon-donc-sur-Saône, voir des vignes, c’est d’une beauté ! Et cette douce verdure des pampres apaise nos chicanes. Ce vert unique, prometteur, qui, avant la vendange, évoque déjà le vigneron. Pour qui est né au milieu des ceps, un coteau de vignes transporte dans la fraternelle complicité des éleveurs de vins. 
 
Vignes_Côte_Chalonnaise Wikimedia Commons Author Mpmpmp
La côte chalonnaise a longtemps fourni du vin courant aux bassins ouvriers du Creusot et de Montceau… Sauf que pour ce motif il est plus commode de discréditer notre Languedoc, le Sud, que la Bourgogne… ou le beaujolais belge… 
Suffit ! On a dit « finies les chicanes » non ? 
La Saône... l'envie de ces fritures d'antan dans ces petits restos de la rive... du temps où, naïfs et innocents,  il ne nous venait pas à l’idée que l’air pouvait être vicié, que l’eau pouvait ne pas être propre et pleine de vie. 
Verdun-sur-le-Doubs- Wikimedia Commons Author PRA
La N 73 passe à portée de Verdun-sur-le-Doubs, célèbre aussi pour le discours de campagne en vue de prévenir une cohabitation, d’un président, peut-être notre premier monarque républicain et pas seulement pour sa particule monnayée. 
Si c’est pour passer des chicanes à l’aigre-doux ! Et pourquoi ne pas relever les douceurs du pays, la pôchouse, la bouillabaisse locale au blanc de Bourgogne, le sandre, les cuisses de grenouilles, le poulet, le chapon, l’oie, la poularde de Bresse, emblèmes d’une tradition gourmande ?
Ou encore quelque vision poétique, comme ces écharpes de brume accrochées aux maïs opulents, entre Verdun et Navilly. Toute droite depuis Chalon, la route qui colle aux vallonnements plonge dans des nappes plus épaisses pour émerger, en haut des mamelons, dans un brouillard effiloché. Il n'est que huit heures au soleil, un interlude seulement, une parenthèse, un répit avant la canicule annoncée. 
Ou alors ces jeux de mots rigolos avec les noms des villages traversés ou sur les panneaux indicateurs. A quand la kermesse à Sermesse passée dans le brouillard ? Est-ce qu’à Seurre on en a pour son beurre ? Les voisins Annoire et Petit-Noir vivent-ils en couple ? Le café nous le prendrons à Dole en passant notre « Chemin » si l’aérodrome n’est pas en « Tavaux » !
Dole. Les robinets de l’aire de stationnement sont à sec… Année de sécheresse ou sanction contre les gaspilleurs ? Citronnelle ne peut s’empêcher d’aller dire bonjour à un compagnon, même classe (de naissance), vétéran comme lui, consumériste à regret, grognard par nature. Son chauffeur fait étape avant de partir pour Komarom en Hongrie. Le fouet fouaillant comme chez les toutous, chacun tourne autour de l’engin de l’autre pour lui flairer le pot d’échappement ! 

"Citronnelle" toujours fidèle ! 

mardi 27 mars 2018

QUAND ON VOUS DIT "RÉPUBLIQUE TCHÈQUE" ?


Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on dit République tchèque ? Avez-vous visité la République tchèque et quelles étaient vos impressions ? Écrivez-nous à l’adresse suivante : cr@radio.cz 




Quand j’entends « République Tchèque », je pense d’abord « Tchécoslovaquie ». Dans ce mot il y a le « tch » des locomotives, il y a Holoubkov, le joli village de mes vacances d’enfant, des souvenirs souvent calqués sur les dessins de Josef Lada mais qui bougent et restent vivants. D’abord les grands-parents, děda et babička, les oncles, les tantes, une cuisine aux senteurs d’orient, la desítka de tous les jours, la dvanácka du samedi (bières titrant 10 et 12 degrés), l’usine qui turbine derrière le barrage, le lac des baignades de l’été, le ruisseau aux écrevisses, la forêt aux myrtilles et aux cèpes bonhommes. 



Difficile de s’arracher même pour une journée à Prague. Et pourtant, la Vltava de Smetana sous le pont Charles ! l’horloge de la Vieille Ville ! les trams, l’automat de Václavské náměstí !

Plus dur encore de partir visiter jusqu’en Slovaquie, au-delà des Carpathes Blanches. 





Vous le constatez, je suis complètement hors sujet. J’ai du mal à retenir l’émotion aux premières notes de Kde domov můj… Impossible de visiter un pays qui pousse ses racines au plus profond de mon être. Je pense à papa qui s’est enfui de Dresde pour le Protectorat, pour rejoindre celle qui allait être maman. Je pense à ce régime nous assimilant à l’ouest ennemi, nous obligeant au voucher. C’est l’Histoire avec ses côtés sombres et peut-être aussi une lumière nous élevant à une conscience d’Européens convaincus, de citoyens du Monde…  
   

Désolé de ne pouvoir exprimer des impressions. La Bohême, des étangs des collines au Polabi généreux (la plaine de l'Elbe),  participe d’une pulsion vitale coupant toute envie d’aller voir ailleurs. Je reste sous le sortilège du vodnik et des ondines pulpeuses (dessins, gouaches de Josef Lada [1887-1957]). Ils ont coupé en moi les envies de voyages. Mes ailes ramènent toujours au-delà de Rozvadov, la frontière désormais ouverte, faisant de moi un éternel migrateur qui languit de revoir le mauve des champs de pavot et les croupes aux sombres épicéas...

Les diapos sont de papa (1970, 1963, 1968), les dessins de Josef Lada. 
Rusalka, ondine des contes, créature des eaux. Aussi le titre d'un célèbre opéra d'Antonin Dvořák (1841-1904)
     
Vodnik, ondin, génie des eaux appelé aussi Hastrman.