Reprise des notes sur les vendanges 1939.
"... Dimanche
8 octobre 1939 (Ste Brigitte). Nous
vendangeons la petite vigne des Cayrols pour l’oncle Noé. Il faut faire de
nombreux pas avec les comportes pleines pour arriver au chariot et les charger.
Heureusement les raisins sont vite coupés et les « coustals » ou
comportes pleines, sont peu nombreux.
De là,
nous sautons au Cercle de l’Etang pour nous. C’est ici que pendant la guerre,
nous allons essayer de planter quelques pois chiches afin d’avoir une petite
provision de légumes secs pendant la grande pénurie alimentaire..." Caboujolette 2008 François Dedieu.
Les Cayrols / Diapo François Dedieu 1979 |
En parlant des filles poursuivies pour avoir oublié, volontairement ou non, un raisin, Gaston Baissette qui commence son propos bien maladroitement au masculin ("du vendangeur", "du coupable") dit "farder", "barbouiller". Si Jean Camp aussi écrit "barbouiller", un autre auteur, Christian Signol, plus contemporain, ajoute les terme "mascarer" et "chaponner" dans son tome 1 "Les Vignes de Sainte-Colombe" (1996) :
"... Pour une grappe oubliée par une coupeuse (à condition qu'elle eût plus de sept grains, les autres étant réservées au grappillage des pauvres de la commune), un porteur avait le droit de "mascarer" la fautive, c'est à dire de barbouiller son visage du raisin le plus noir. Encore fallait-il l'attraper ! Les autres porteurs se mêlaient à la poursuite et ils n'étaient pas trop de trois ou quatre pour maîtriser la belle qui se débattait, avant de disparaître entre les ceps pour de mystérieux échanges au cours desquels naissaient parfois des idylles. certains porteurs préféraient "chaponner" les fautives, autrement dit les mordre très légèrement au front ou sur la joue. cela dépendait de l'âge ou de l'humeur. Mais tous les vendangeurs assistaient aux poursuites en criant et riant..."
Pour compléter citons Francis Poudou qui, en collaboration avec le département de l'Aude (Opération Vilatges al Pais / Fédération Audoise Leo Lagrange), note dans la partie certainement commune aux livres sur les cantons de l'Aude, dont le nôtre, celui de Coursan (2005) :
"... même si le patron, en visite dans la vigne, faisait quelques remarques quand il voyait trop de grunada (grains de raisin par terre) ou de singlets (1), rien n'arrêtait les chants et les plaisanteries d'une "colhe" dynamique.
Elles étaient l'occasion de "rencontres" entre les garçons et les filles et quand una jove vendemiaira doblidava un singlet (grappe de plus de neuf grains), èra caponada. En écrasant sur le visage de la jeune fille une grappe de raisins bien mûrs (sic NDLR), les jeunes hommes ne manquaient jamais d'en profiter pour la serrer de près... "
(1) en vendangeant j'ai entendu "granalho" un mot sonnant agréablement qui me faisait penser à de la grenaille, des grains dispersés, par rapprochement avec les plombs des chasseurs, la chasse faisant alors partie intégrante de la vie de tous les jours.
Singlet = petit grappillon, de single = grappillon.
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