Un cours d'eau part bien de "l’Étang desséché de Fleury" pour aller rejoindre l'Aude au nord de la Pagèze, au pied de l'ultime promontoire de la Clape. Carte de Cassini / XVIIIème siècle. |
A
cheval entre les communes de Narbonne, Armissan et Fleury, à une centaine de
mètres d’altitude, le Ruisseau de Cascabel, empêché vers la mer, ne peut que
s’épancher vers l’ouest.
Comme
lui, de nombreux apports intermittents, liés aux orages ou aux aigats (épisodes
méditerranéens), arrivent de la Cresse, cette échine aujourd’hui boisée mais
longtemps pelée surtout suite à un incendie de l‘été (début des années 60), furieusement
poussé par un Cers violent et qui a dévasté la garrigue jusqu’en haut de
Saint-Pierre où des bouteilles de gaz ont explosé dans les baraques évacuées.
Au loin la Cresse après l'incendie (début des années 60) |
L'aspect pelé de la garrigue de Fleury (années 50). |
La Cresse ; au fond le château de Marmorières (nov 2018). |
Les pins ont recolonisé la garrigue, favorisés peut-être par l’évolution
sensible du climat. En comparant les photographies de 1950 avec la situation
actuelle, force est de constater combien la période récente a été favorable au
pin d’Alep. A ce propos relire ces articles de novembre :
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2018/11/les-envahisseurs-fleury-daude-en.html
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2018/11/les-envahisseurs-fin-fleury-daude-en.html
Le
Ruisseau de Cascabel devenu Ruisseau de la Cave Maîtresse, venu des
garrigues des Bugadelles (est) contribue à alimenter l’Étang de Fleury. Y
participent aussi les ravins venus de la Cresse (sud), au nord du domaine de
Camplazens, ceux qui descendent des hauteurs de Marmorières et de la Font de la
Lèque (sud-ouest). On peut citer aussi le rajol de la Combe du Léger, à
mi-hauteur, à l’Est (voir sur la carte).
Source IGN / Geoportail. |
L’étang
occupe une cuvette fermée de 200 hectares environ pour un remplissage moyen. Il
devait être permanent puisque des vestiges d’habitations lacustres sur pilotis
ont été trouvés au sud de Tarailhan. A l’Age du Fer, ce sont des coquillages,
des hameçons et des pesons (poids) de filets de pêche qui ont été trouvés. La
Clape était alors arborée de chênes verts et ce couvert forestier contribuait
aux apports réguliers en eau de l’étang.
Ce
sont les activités humaines qui ont perturbé ce bel équilibre. Les fours des
potiers, des verriers, liés aussi à la production de chaux, nécessitant
toujours plus de bois de chauffe, ont amené à la disparition des chênes (il en
reste quelques ilots ça et là). La formation végétale qu’est la garrigue
résulte de la dégradation de la forêt primitive de chênes verts.
Le
lac poissonneux s’est peu à peu asséché puis mué en marais insalubres ; en
réaction, les habitants œuvrèrent pour assécher, drainer, régulariser les
excès et acheminer les eaux. (1)
L’étang
en quelques flashs et instantanés sépia, noir et blanc et couleur :
* "... le Cercle (de l’Étang) en descendant à gauche « lou camin de vouleurs » à l'endroit
où certains estrandgés ont élu domicile : cette vigne nous donna des pois
et des pois chiches entre 1940 et 1944. Elle jouxtait la vigne de Germain Rey
où fleurirent plus tard des rangées de poiriers, où je parlai une fois avec le
grand-père de Germain et Janine, qui allait se pendre dans un puits à un âge
très avancé. Et de l'autre, la grande vigne de Joseph Barbe, le grand-père de
Jacquie, notairesse à Cuxac, vigne qui, disait-il, « lui tenait des
cingles jusqu'à la Noël ».
/ (un « single » est un grappillon)..." (2)
L’Étang vu depuis le terrain de rugby au nord. Au fond la Cresse / Diapo de François Dedieu : match de rugby féminin (1973). |
* "... A des
spectateurs qui lui reprochent de ne pas venir marquer la touche assez vite,
Lolo Billès, levant son drapeau :
« Et lou ventre !.. » (2)
* A Tarailhan, un petit immigré, il s'appelle Manu. Il se voit, tel Don Quijote de son pays perdu, monter à l'assaut de ce moulin sur la colline, au fond de l'étang, ce moulin qui le nargue et garde le mystère du village caché derrière...
* l’Étang de Fleury, fin février, derrière le
terrain de rugby. Il y a Rolland, Max, José. Sous un soleil déjà printanier,
nous courons par les vieux ponts de pierre qui passent les fossés que nous
longeons. Par dizaines, les alouettes montent dans le bleu du ciel, si
musiciennes et s’il vous plait avec l’accent car l’alouette apprend ses
morceaux des adultes. Depuis quand n’ai-je plus entendu les trilles des alouettes ?
* au cimetière, une plaque
émouvante, en hommage à la mère, et l’Étang qui apporte un plus aux petits
profits, ramassages et autres cueillettes de saison, dans la garrigue ou à la mer :
„A nὁstra maire
Que nos donèt a conneisser
los pὁrres de las vinhas,
la salada dels marges,
las èrbas de l’estanh...
e la lenga de nὁstre païs.“
(2)
Caboujolette
/ Pages de vie à Fleury / 2008 / François Dedieu.
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