Pot à eau, alcarazas, gargoulette. Wikimedia Commons musée départemental d'Arts et Traditions Populaires de la Haute-Saône. Lou boutel devait ressembler à ça, non vernissé peut-être ? |
La
source à l’eau si appréciée, une femme remontant l’escalier, le boutel de terre
déjà perlé de condensation... Je n’ai pas connu mais les maisons près de la
fontaine, mon quartier, si... Joël, William habitaient à côté. Oui, et comme
j’ai décalqué plus tard l’enfance, l’éternité, les guêpes, les nids d’oiseaux
de la chanson de Nino Ferrer... Oui, la vigne vierge sur la maison, les toiles
d’araignées dans la pénombre fraîche de la grande cave toujours close. Bon,
pour l’automne et les confitures faudra repasser...
Oh
pardon ! mais nous étions dimanche et pas n’importe lequel, celui de Pâques !
La
semaine la plus forte du catéchisme. Avec Mademoiselle, la vieille fille, la tante
de Bernard et Eric, sèche, en noir, mais bienveillante, toute d’affection
contenue, avec ces pénitents à la cagoule rouge sang de la Sanch à
Perpignan jamais je n’ai été si proche
et impressionné par la semaine sainte. Fasciné, bouleversé, humble, contraint
tel le vilain d’un premier Moyen-Âge, épouvanté par les diables et les flammes
de l’enfer, repentant et soulagé un temps avec les cloches revenues du dimanche
sonnant la liesse et qui libèrent, alléluia pascal...
Mais
les maisons „près de la fontaine“, là où les eaux de l’Étang ressortent à l’air
libre pour s’allier à la source du Bouquet, il faut les voir au printemps quand
la saison tourne à l’été dans le parfum suave des fleurs d’acacia, les
comptines ou les rondes des filles, Jackie, Marie-Claude, Martine... invitant dans
leurs chorégraphies bien réglées les garçons qui se font prier : „Tu mas volé
dans mon château, une bouteille de Pernod...“. Puis, dans le silence retrouvé, les
piaillements des muraillets (moineaux) dans les trous des murs, les trilles
mélodieux des verdets et catarinettes (verdiers et chardonnerets). De l’autre
côté de l‘avenue, peut-être déjà, les pompes à essence du poissonnier des
sardines et maquereaux des Cabanes mais aussi aux langoustes des jours de noces
et d’exceptions. A côté le tilleul de l’institutrice du temps jadis qui prépare
ses fleurs aussi, toujours là...
Le
ruisseau du Bouquet, par contre, au grand jour, sur un lit de ciment, mais
libre, n’est plus visible, n’est plus audible, enterré qu’il est sous ce qui
est devenu un parking... là où je ne connaissais qu’une seule automobile,
l’impressionnante Ford Vedette de la maison de maître, derrière, avec ses
grilles et son parc. Il n’empêche, il est là, on entend le chant de l’eau au
fond du jardin public (1).
Au-delà, dans son contournement du village, il y a
(il y avait, c’est terrible comme le passé reste présent !) le lavoir
„
Connaissez-vous les lavandières, les lavandières de Fleury, qui pèlent les gens
par derrière, à coups de ragots et de on-dit...“. Pardon, pour l’exotisme des
années 50, ce sont les lavandières du Portugal qui passent à la radio.
Accolés,
ultérieurement, les bains-douches des Pérignanais n’ayant plus à aller à Salles
pour être propres. Ne manquaient, pour la trilogie, que les cabinets municipaux
perchés sur leurs fosses d’aisance, des commodités au nombre de deux avec un
robinet entre, où les femmes venaient vider puis rincer le pissadou, le pot de
chambre... Ce qui ne m’a jamais gâché le parfum épicé des giroflées à quelques
pas de là...
Voir éventuellement
Voir éventuellement
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/04/avec-des-fleurs-et-des-chansons-fin-je.html
(1)
Voir
l’épisode précédent
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2019/04/laqueduc-souterrain-de-fleury-4eme.html
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