L’amandier aux abords du village, un
village avec son identité, son rythme propre. Les saisons ont toujours commandé
aux hommes autour du clocher. Après Achille Laugé, un peu des tableaux de
Jean-François Millet (1814 – 1875). Un peu, pour l’intérieur des hommes car la
lumière au dehors, cristal, méditerranéenne, on la doit au Cers, un maître vent
à réhabiliter, absolument, à plus forte raison quand on est né sous son
souffle !
Lien entre le passé et un jour de
commémoration, le 11 novembre, en respect pour nos Poilus qui étaient aussi nos
grands-pères. L’occasion aussi, d’un hommage à Pierre Dantoine de Carcassonne (1884
– 1955) pour ses dessins, à Louis Barthas (1879 – 1952) tonnelier à
Peyriac-Minervois, pour ses carnets de guerre.
On se donne ensuite rendez-vous pour
Noël, une fête qui fait communier nos villageois et tout le Sud, de la Provence
aux Corbières en passant par le Lauragais pour évoquer Paul Arène (1843 – 1896),
Alphonse Daudet (1840 – 1897), Marcel Pagnol (1895 – 1974), Joseph Delteil
(1894 – 1978), sans oublier de laisser une petite place aux auteurs plus locaux
comme Alfred Cazeneuve 1923 – 2010) ou André Galaup du côté de Limoux.
Janvier est le mois du cochon,
l’occasion d’aller voir tout le cérémonial de l’abattage près de Quillan avec
Robert Reverdy (1908 -1999), à Lavelanet et Sorgeat (Ariège), chez Jean-Claude
Carrière (1931) à Colombières-sur-Orb et jusque dans le lointain Périgord avec
Fernand Dupuy (1917 – 1999).
Fin janvier sinon février même si
l’apparition merveilleuse se produit plus tard en mars ou plus rarement encore,
à l’opposé, en décembre, l’amandier refleurit. Bêtes et gens, remontés par ces
prémices de renouveau, voudraient accélérer le balancier de l’horloge
universelle :
« Le carnaval
s’en va, les roses vont éclore […]
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon… »
Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l’horizon… »
A la mi-carême. Alfred de Musset (1810 – 1857).
« Printemps, tu
peux venir ! » fait dire Théophile Gautier au mois de mars.
A moins qu’ils ne veuillent le
retenir ce balancier « … qui dit
oui, qui dit non… » (J. Brel 1929 - 1978). On mange les oreillettes.
Un temps indécis, entre jouissances charnelles et châtiments célestes. Le petit
peuple aimerait se laisser aller sauf que les flammes de l’enfer menacent. Si
salut il y a il est dans la pénitence, la mortification, l’abstinence, le
jeûne… A la tentation du jambon pendu ou du pot de confit répond un confiteor
résigné.
Apothéose, libération quand
reviennent les cloches de Pâques et que les gens s’égaient dans les prés, la
garrigue ou le bord de mer pour fêter une saint-Loup extraordinaire, forcément
sans date fixe.
Avec les beaux jours, la nature
s’offre, on goûte la guine pour Pentecôte… Noël, Carême, Pâques, Pentecôte…
L’occasion, pour chacun, d’évaluer le poids de la religion suivant qu’on est né
avant ou après 1965 : la croyance requiert l’adhésion, l’individu n’est
plus, bon gré mal gré, sous son emprise… à condition que le troisième
millénaire ne connaisse pas la barbarie ancienne des conversions forcées…
Photos, illustrations autorisées :
1. Pierre Dantoine. dessin d'après photo.
2. Louis Barthas Wikimedia Commons.
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