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vendredi 4 octobre 2024

PROVENCE RHODANIENNE (2). Climat, paysage, mythologie et autres...

Deuxième paquet, le climatique. En premier lieu, le Mistral, lou manjo fango, maître vent, de couloir, catabatique un peu, si fort, qui dessèche si vite mais à qui nous devons un air sain, limpide, à l'origine d'une lumière unique, à part : les couleurs de Paul Cézanne, de Vincent Van Gogh en témoignent à jamais. D'un extrême à l'autre, presque à contresens, nous passons à la douceur rafraîchissante des airs marins l'été. 

Episode_cévenol ou méditerranéen 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Babsy

Quant aux vents qui accompagnent les dépressions mères des épisodes cévenols, s'ils viennent du large, ils s'enroulent finalement  en spirale, en volute, en crosse d'évêque que les reliefs arrêtent. 

Paysage de la_Crau (haies au fond) 2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Auteur yves Tennevin from La Garde, France


À évoquer le maître vent, un mot sur les formations végétales : les cyprès (1), isolés ou souvent alignés pour protéger des souffles puissants, desséchants ou exhausteurs du froid que le Mistral porte. Les chênes-verts, les pins d'Alep ou parasol, les arbousiers, les oliviers, comptent également dans les sempervirens. 
Parmi les arbres à feuilles caduques, plantés pour l'ombre voire l'industrie du bois, les micocouliers et platanes. 
Entre les deux, afin de désigner les arbres dont les feuilles ne tombent que très tard, parfois aux portes du printemps, et seulement parce que l'adjectif intrigue et pose problème en orthographe, on peut dire “ marcescent ” pour le chêne pubescent, dit “ blanc ” en Provence... mais le même peut être dit “ noir ” en Périgord... peut-être parce qu'il est truffier ici ou là-bas truffier... 

La mythologie ? une prémisse de réponse au sempiternel questionnement sur notre réalité ici-bas. Jupiter lance les cailloux de la Crau sur les ennemis d'Hercule, le fils, traversant la Provence après avoir ouvert les Alpes. Le christianisme prend le relais en faisant échouer la barque des trois saintes, les Marie Jacobé, Salomé, Madeleine ; une barque déjà pleine de migrants, basse sur l'eau ; en débarquent aussi Marthe qui libèrera les Tarasconais de la monstrueuse Tarasque, les propagateurs Maximin et Lazare, Jacques dit “ le Majeur ”, Jean, Sidoine, les servantes Sara et Marcelle... Entre paganisme et christianisme, des histoires sans queues ni têtes, de dragons multiformes comme la Tarasque ours bœuf, tortue, crocodile, tête de lion aux oreilles de cheval et visage de vieillard... entre nous quel pastis lorsque ces légendes “ dorées ” font état de soixante-douze et non des douze apôtres classiques. 

Illustration Les_trois_Messes_Basses 1886 dans La Belle Nivernaise d'Alphonse Daudet Domaine public.  Auteur Louis Montégut 1855-1906


Lié à la mythologie, le religieux, les papes du Comtat Venaissin et surtout, à travers les auteurs dont Daudet avec les « Trois Messes Basses », une Lettre de son Moulin qui chaque année enchante mon Noël d'abord pour la neige que nous ne cessons de rêver, en notre Bas-Languedoc, ensuite pour le magnifique menu de réveillon : 

« Deux dindes truffées, Garrigou ? »
Et l'Élixir du Révérend Père Gaucher ?  

Le divinatoire avec les Prophéties de Nostradamus... Excusez-moi, Monsieur, je n'ai pas étudié cette leçon... 

Le pastoral avec les moutons, les transhumances et ses petits ânes gris si attachants. 

Les monuments romains, l'art roman provençal, les églises fortifiées jalonnent un poids de l'Histoire pas encore abordé. Sur plus de 500 ans, suite aux victoires et conquêtes de Rome, les villes de Nîmes, d'Arles connaissent leurs apogées... Certes, il est instructif de se faire une idée, serait-elle globale, de tout ce patrimoine historique, pourtant, c'est un attachement plus attentionné et intime, rappelant pour qui le souhaite Joachim du Bellay, qui nous lie à une belle mais humble statue du cheval de trait à Mollégès, à l'ouest des Bouches-du-Rhône, vers le grand fleuve... 

“ Plus mon petit Midi que le monde romain... ” (à suivre)  

Cyprès cimetière Fleury

(1) N'incitent-ils pas à se recueillir, ces hospitaliers du vieux cimetière  ? À Fleury, l'alignement des cyprès du parking de la Salle des Fêtes est mis à mal, ce n'est pas une critique, seulement un constat et sûrement la nostalgie d'une époque où, sans jouer à Tarzan, de bout en bout, nous passions de l'un à l'autre sans mettre pied à terre. 

mercredi 18 septembre 2024

DÉVIER, DÉROUTÉ, DÉRIVER... Fleury-d'Aude en Languedoc.

DÉVIER. Se fera-t-elle ? Ne se fera-t-elle pas ? c'est ce qu'on peut estimer à propos d'un éventuel évitement ouest de notre village, Fleury. 

Vue vers l'est ; à droite la colline de Montredon (le moulin), au fond, la Clape. 


Vue vers l'est ; en face, un pin solitaire de belle taille cache, au fond, les cyprès du cimetière vieux.  

Vue vers l'est ; les vignes de « Derrière l'Horte » ont été arrachées... Peut-on en déduire quelque chose ? 

Le pour ferait dire que ce tronçon parachèverait la déviation existante venant de l'Hérault et plus globalement qu'il remédierait à un envahissement automobile toujours croissant dans une traversée de village ancien, pour plus de tranquillité chez les riverains. 



Vue vers l'ouest. Sitôt après le hangar et le pin, la lambrusque dit encore que ce fut une vigne... 

Le contre découlerait de la crainte d'un passage diminué gommant l'intérêt touristique, réduisant la fréquentation du café, des restaurants, du peu qui reste de commerces de proximité. 
Cela induirait aussi  l'idée que l'invasion automobile pourrait se stabiliser sinon diminuer. 

Vue vers l'ouest, la “ coopé ”, la déchèterie (où le giratoire était prévu), le château d'eau... 


Et ne serait-ce pas significatif encore, suite au quasi doublement de la population en une quarantaine d'années, d'une volonté de “ se ” garder une commune à taille humainement “ supportable” ? Dans quelle mesure, la loi sur les 30 % sociaux devant accompagner tout plan de construction de logements, est intervenue dans l'abandon du projet ?  

DÉROUTÉ. Cette balade commence au cimetière... pour la sérénité qu'apportent les cyprès plus que centenaires... 

«... Tout lou passat qu'es enterrat
Joust lou ciprissiè qué negrejo... » (Lou Doublidaïre, Jean Camp). 


L'âge venant, si la vie résiste, on se sent néanmoins comme ce pied de vigne abandonné des hommes... Pour avoir grandi et tant aimé ce côteau que prolongent Fontlaurier et le Phare, encore une fois, cette balade ne doit rien avoir de lugubre... La vie d'aujourd'hui, c'est ce parcours bien que tassé (1) par le marcheur, le coureur, le promeneur du toutou ; il débouche sur la maison ruinée des gitans du temps où les Compagnons de la Chanson chantaient les naseaux écumants des chevaux ; seule témoigne la dalle du toit : elle a écrabouillé les murs, symbole peut-être, pour ceux qui se souviennent, des coups de couteaux intrafamiliaux qui mirent fin à leur présence au village... 


DÉRIVER. Survivre, c'est ces boutelhetiers qui persistent à donner leurs azeroles juste de peau et de noyaux (2). 



Survivre, c'est, sur le goudron, le jus de raisin qui a coulé dans la descente... du temps des chevaux, il n'y avait que leur crottin et leur pisse... 


Mourir, ce sont les touffes de thym qui n'ont plus pu attendre la pluie salvatrice... pas lugubre encore, mais d'un pathétique... ce n'est qu'une balade, nous ramènerait-elle aux cyprès vieux de 150 ans...  

(1) dans le contre à cette rocade, le souci aussi de ne plus bétonner même si les bassins de rétention sont prévus, de quoi être déroutés encore puisque, avec la sécheresse qui accable, existe aussi la crainte d'un déluge aussi destructeur.   

(2) on disait jadis qu'une année d'azeroles n'était pas une année de raisins... Peut-on en faire état, déroutés que nous sommes par un bouleversement climatique oppressant (dernièrement Boris, cette dépression tempétueuse à la trajectoire NE-SW incroyable) ?