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mardi 16 janvier 2024

PARIS, LA PIEUVRE...


Certes un très beau reportage mais qui me laisse un goût amer. L'air de rien, tout en hypocrisies, Paris qui se veut à elle seule la voix de la France, lamine insidieusement la personnalité des provinces, un travail de fond aussi récurrent que séculaire. Très beau reportage bonifié par des images de drone (on ne nous dit pas s'il est iranien, turc ou nord-coréen puisque la France, pays pionnier de l'aviation, des Mirage, du Rafale... est particulièrement absente sur ce marché à moins que ce ne soit par des productions délocalisées, comme ils disent pudiquement pour entériner que le fric qui passe avant toute autre considération n'a pas de frontière et qu'il faut être particulièrement ringard pour prononcer "Nation" en pensant que ce n'est pas une vacuité, d'ailleurs, dans cette logique, ne sont-ils pas ceux qui veulent toujours plus de main-d'œuvre immigrée ? )...  

Gally,_Causse_Méjan,_Frankreich 2018 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author GerritR


Qu'est-ce qu'il a dit, le promeneur-commentateur-concepteur ? "Caussards" ? Comment ? Il les traite de fainéants ? Rembobinage : c'est bien "Causs'nards" qu'il dit ! Traitez-moi de grincheux, de jamais-content, de mal sapious, pourtant je n'ai rien contre les personnes, seulement contre cette vague de fond qué fa parla pounchut dans ce reportage (qui fait parler pointu... parenthèse dans la parenthèse, sur 15 ministres récemment nommés dix sont franciliens... comme quoi le pays est équitablement représenté...). Paris n'a pas assez de ses huit tentacules pour phagocyter le pays qu'elle assujettit, ou engloutir les talents régionaux pour les régurgiter sous ses propres couleurs. Cette coercition de longue haleine consiste aussi à gommer l'identitaire, les différences, faire de nous un troupeau (1) docile, obéissant, sans aspérité, sans plus d'amour-propre, pire, des collabos en puissance, lobotomisés, bientôt zombies. Petit à petit cette pression en est arrivée à s'immiscer dans le caractère intime régional ; ainsi, depuis Toulouse ou Montpellier, on parle francilien pointu aux infos régionales où, pour prévenir une possible bronca, ils font l'effort d'en garder un, à l'accent du Sud, pour le rugby notamment, en contre-exemple, manière de faire semblant de protéger un indigène, un représentant du peuple premier (et dire que Chirac collectionnait leurs productions du bout du monde sans réaliser qu'il pouvait se satisfaire chez lui !). Un fait qui même semble anodin au maire de Fleury faisant commenter en "parler parisien" la bande annonce de Côte Indigo... Dans ce même ordre d'idée pas plus tard qu'hier, sur Arte, la charmante présentatrice m'a mis un voyage... quand elle a dit "d'vinett", une seconde j'ai en effet entendu "dînette" (ma pauvre Cécile, j'ai 73 ans...) avant de me dire que c'est moi qui étais bien l'attardé et que la dame présentait seulement sa devinette quotidienne... Encore une conséquence de ma mollesse d'esprit, de mon QI déficient lorsqu'un commentateur politique a émis que nos gouvernants étaient pour le "PADVAG", oui, je l'écris comme je l'ai compris, à savoir un nouvel acronyme tout comme on dit "SMIG", "SMIC", "PAF"... Faut être retardé, ringard pour ne pas connaître le PADVAG ! Toute honte bue, j'ai essayé de réfléchir au PADVAG... Ah ! "Pas de vague" ! manière de se sentir un peu moins con... Pardon encore une fois d'être long à la détente ! 
Les meilleurs zélateurs sont ces transfuges, souvent à l'insu de leur plein gré, consensuels d'une réalpolitique large au point de tout accepter en échange de retombées économiques (le fait de "monter à Paris" représentant un mal nécessaire pour gagner sa vie, compensé parfois par le regroupement suivant l'origine comme ce fut le cas pour les Bougnats, les "Bécassine" bretonnes, ou alors le signe d'une ambition personnelle, par les hautes Écoles, la réussite artistique, culturelle, sinon, dans une moindre mesure car dans une société encore du XIXe, aux classes bien hermétiques, de l'arrivisme si bien traité par Balzac avec les personnages de Rastignac, Rubempré, ou Stendahl avec Julien Sorel)... Si l'estime de soi des sudistes en est là, assujettie comme elle doit l'être encore, au point d'accepter de dire qu'elle parle "patois" à propos de sa langue maïrale, c'est que les descendants des barons du Nord peuvent continuer à coloniser tranquilles... Même le grincheux jamais content mal sapious que je suis est bien obligé de reconnaître que le reportage est magnifique ! sauf que j'émets des réserves, quitte à mettre les pieds dans le plat ! à savoir qu'il n'est pas acceptable que tout ce que la province a de bon et de beau soit systématiquement mis en avant par l'Île-de-France et Paris qui s'en arrogent toujours le mérite : « Avez-vous vu comme ils sont beaux ces Causses qui nous appartiennent ? »  

France_Lozère_Causse_Méjan_Chevaux_de_Przewalski  2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic Author Ancalagon


Moi je ne vais pas montrer et commenter un reportage en Normandie, dans les Ardennes, en Alsace ou chez les Bretons, comme si j'y étais pour quelque chose, comme si les Sudistes imposant leur parler, avaient colonisé ! Un travers que nous n'acceptons que de la part du marquis de Carabas ! et encore, si on aime les chats et les contes pour enfants...    

(1) et si vous avez à commenter un post sur fb, ne dites surtout pas que les Français sont des "toumons", c'est classé "insulte" : ils vous interdisent de commentaire pendant un certain temps, bon, même pas 24 h... mais c'est qu'il faut dire ovins, bêtes à laine... on doit être puni aussi pour le mot "gipon" je suppose... vous avez saisi j'espère sinon c'est que je ne suis pas le plus bête du cheptel (j'ai si peur de dire "prouteau" !) ! 

PS : la branche catalane de notre famille sudiste devrait enfin s'engager pour changer le nom du département... Aux six départements qui n'ont plus voulu les indications "Basses", "Inférieure", "Nord", pour une raison autrement identitaire, Les PO, Pyrénées Orientales, deviendraient possiblement, qui sait, "Pays catalan-Fenouillèdes"...  

PS2 : merci Bob pour le partage de ce reportage

mercredi 15 février 2023

LA NOURRITURE, avant, dans nos contrées... (1)

Un résumé d'un très bon article " L'alimentation en Languedoc et dans le Comté de Foix de 1850 à nos jours " de la revue Folklore n° 61, hiver 1950, par René Nelli (1906-1982), poète occitan, philosophe, historien du catharisme. 
L'âge me le permettant désormais, je joins, dans le troisième volet, ce qu'on mangeait à la maison et au collège en demi-pension, dans les années 60... et là il faudra m'aider pour tout ce qui m'a échappé... 

Sorgeat licence wikimedia commons 3.0 Unported Author jack ma

Vers 1828, dans la montagne d'Ax-les-Thermes, entre la farine de sarrasin, le lait, les patates et jamais de pain, l'ordinaire était plus que limité. L'auteur confirme les disettes récurrentes de 1845, de 1853. En 1846, le préfet écrivait au ministre " On ne vient pas à bout du désespoir avec des bayonnettes. ". En temps normal, la situation des paysans est aussi misérable qu'insuffisante. Avec 10,20 francs par semaine, un journalier peut à peine nourrir sa famille de 5 enfants sans acheter de viande, seulement 2 douzaines d'œufs. la situation ne connaîtra une amélioration qu'à la fin du XIXe siècle. 

Cassagnoles Montagne Noire Hérault Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Tybo2

Dans la Montagne Noire, c'est un peu mieux si on peut faire venir le cochon, avoir une chèvre et cultiver un potager (légumes verts, graisse, lait). Dans la montagne on cuit du pain de seigle, en moyenne altitude, on mange du millas. Ils ne boivent du vin que pour les grandes fêtes et lors des grands travaux (fenaison, moisson) c'est le propriétaire qui fournit. Du vin ils en auront quand ils pourront se payer une vigne dans la plaine... ce sera toute une expédition pour l'entretenir et vendanger (voir les derniers épisodes des filles du Poumaïrol). 

Pour remplacer la viande, au moins en avoir l'odeur et un peu le goût, il est d'usage d'utiliser le " sabourial ", un morceau de lard plus que rance enfermé dans un tissu cousu, trempé un moment grâce à une ficelle dans la soupe aux choux avant puis mis à sécher à nouveau sous le manteau de la cheminée. 

Ferme caussenarde Causse Méjean Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author HPB48150

Sur les Causses, les gens mangent aussi la soupe aux choux, du lait caillé ou du fromage, des pommes-de-terre, du potage au riz. le pain est toujours d'orge ou de seigle. 

En Lozère, la disparition des grandes fougères fut préjudiciable aux troupeaux qui en disposaient malgré la neige et surtout aux abeilles.

 


Dans les Cévennes, sous forme de bouillies, de galettes, de soupe, de castagnous au lait, les châtaignes permettent de tenir la moitié de l'année. partout, le mildiou a causé une grave crise dans la production de pommes-de-terre. 

Plaine de l'Aude depuis l'Alaric au niveau de Barbaira creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Tylwyth Eldar

En plaine, on mange mieux (80g/j de viande en moyenne (boucherie, volaille, gibier)sinon du poisson, des oeufs et 1/2 l de vin. pourtant, à Carcassonne le pain est la nourriture principale (le Baron Trouvé en donna un détail trop optimiste). Les tisserands ne disposaient souvent que d'un œuf unique écrasé dans une sauce très allongée (farine, ail, persil) pour y tremper le bout de pain. Parfois il y a des harengs mais pas de viande. Les salaires ne permettent pas une nourriture suffisante. Les ouvriers agricoles et valets de ferme sont mieux lotis que les artisans et ouvriers Jusqu'en 1914, la différence de situation était grande entre les favorisés et les pauvres. 

Vue vers Lespignan de la plaine de l'Aude depuis la route entre Fleury et Les Cabanes.

 
Agde le Port début XXe siècle Domaine public Auteur Spedona

Dans la plaine littorale, au début du XXe siècle, on mange de la morue, des harengs saurs, des échalotes, tomates, piments et ail, une nourriture méditerranéenne aussi chez les Italiens et Espagnols qui économisent pour acheter une vigne.  Au bord de la mer, le poisson a nourri la population côtière durant trois siècles (bourrides). L'huile d'olive et le miel ont de toujours augmenté la valeur nutritive de la nourriture.           

vendredi 26 août 2022

Il faut savoir danser...

"Pour passer le Rhône... il faut savoir danser..." La chanson enfantine raconte-t-elle autre chose ? Toujours est-il que de part et d'autre des flots puissants du fleuve, après avoir divagué dans les montagnes avec la Durance, l'esprit se sent encore libre de danser en suivant l'ourlet des Cévennes...    

Ensuite, la plaine, l’opulence du Vaucluse, le flux tendu des vacanciers vers la Méditerranée contrastent complètement. Pourtant d’autres noms : René Char, Jean Giono, Alphonse Daudet dansent dans ma tête comme les balancelles sur les vagues d’Henri Bosco. 

Delta du Rhone wikimedia commons Photo par Aldipower / Sous l'aile de l'avion, le Petit Rhône entre la Camargue et la Petite Camargue au-delà. Plus loin les étangs de la côte montpelliéraine ; au fond l'étang de Thau : on distingue même "l'île singulière" de Sète. 

Le fleuve et son delta, la Camargue, portent les tempéraments en partage du Sud et de la Méditerranée, violemment passionnés, que les amours contrariées exacerbent. C’est le pays de Mirèio de Mistral et d’une Magali séduite par les accords d’une guitare gitane : des amours sublimées finalement si proches des scénarios des romans-photos, qui captivent même pour leurs fins tragiques.

Pour passer le Rhône il faut être deux... Allons passe passe passe, allons passe donc... Revenons en Languedoc, repassons-le fleuve. L’Ardèche, de Ferrat, des châtaigniers, de la montagne encore puisque notre Sud est riche des hauteurs du Massif-Central aussi, des contrées courues par la Burle ce vent des neiges mauvais comme le blizzard. Un camarade de classe, à l’Ecole Normale, venait, comme la Loire, d’une ferme au pied du Gerbier-de-Jonc... Des pensées qui nous ramènent au cinéma, derrière le café Mestre et le tabac Prola de madame «Zan». Ah ! Fernandel en moine dans l’Auberge Rouge !

Gard_Le_Mont_Aigoual wikimedia commons Auteur rené boulay. 

Les Cévennes, Robert Louis Stevenson dans son voyage avec un âne à travers les Cévennes ! Modestine, qui l’accompagnait, dans le titre même de l’ouvrage, de ces animaux fidèles qui ont tant aidé à sortir les humains de la survie. Et ce prénom ! Adeline, Pauline, Joséphine, Céline, Ernestine, mes aïeules, directes ou non, ne m’en voudront pas d’associer Modestine à la grande tendresse qu’il me reste d’elles. C’est que les ânes aussi, reviennent dans ce large panorama, comme quelques notes d’une ritournelle (« Je connais une histoire... Hugues Aufray) sur un monde perdu même si les Cadichon, ,jadis compagnons de travail, vivent aujourd’hui seulement pour être aimés ou apporter dans la zoothérapie. Les Cévennes mythiques aux limites incertaines suivant les époques, jusqu’à désigner toute la bordure est du Massif Central pratiquement jusqu’au Morvan. Cévennes du mûrier et du ver à soie, Cévennes des Camisards, en butte aux dragonnades par la volonté d’un roi trop catholique, persécutés, en écho, plus au sud, aux Cathares éradiqués quelques siècles auparavant. Cévennes des mines de charbon... Cévennes sévères de Jean Carrière, auteur nîmois ("L'épervier de Maheux", "La caverne des pestiférés"). Cévennes d’André Chamson... « Cévennes », le nom de guerre de Jean Guéhenno... En suivant, ces montagnes ourlent aussi les Causses ; c’est souvent le rugby qui a contribué à nous éveiller à toutes les nuances de relief, de climat, de végétation, de cultures qui brident et modèlent les modes de vie. Suivre nos bleus et noir, au rugby. Accéder au Larzac en laissant un cirque du Bout du Monde à droite. Évaluer le printemps qui tarde par rapport à la plaine. Réciter «Lou pastre» d’Antoni Roux avec la consolation de voir la langue occitane respirer encore puisqu’elle figurait en option au baccalauréat et qu’elle grave dans la mémoire la grande humanité d’un professeur, monsieur Couderc... « Gardaren lou Larzac » contre un camp militaire qui envahit comme le firent les dragons du Roy ou les barons du Nord ! Les Causses, grands ou petits, Larzac, Sauveterre, Méjean, Rouge, Noir, de Campestre, de Blandas... Que n’irais-je revoir la grotte des Demoiselles, le cirque de Navacelles, les gorges de la Vis, de l’Hérault ? Et voir une fois dans la vie les pivoines de la Buège ?  A découvrir aussi, en poursuivant au-delà des ruffes rouges du Salagou, du cirque de Mourèze, des hauteurs de Pézènes-les-Mines où naît la Peyne, la rivière de Pézenas, la haute vallée de l’Orb. Les coulées stromboliennes qui ont rempli les sillons forment le plateau de l’Escandorgue depuis le Larzac jusqu’en bas, au pays de Michel Galabru.  des envies de découvertes tant notre territoire est riche de ses diversités ? Les Monts d’Orb couverts de forêts et où, comme dans le bassin minier d’Alès, on extrayait le charbon. En haut des Monts-d’Orb, parfois à près de 1300 mètres d’altitude, les Monts de Lacaune, ses lacs, sa charcuterie, ses eaux minérales (La Salvetat-s-Agout... et ses champignons). Un peu moins haut mais ligne de partage des eaux vers l’Atlantique ou la Méditerranée, les Monts de l’Espinouse, le Caroux, les Monts du Somail.  

Vieussan,l'Orb et la Caroux au fond wikimedia commons Auteur Christian Ferrer