C'est de la poésie ouverte sur une gauloiserie propre aux échanges entre hommes ; il dédie souvent le poème à un ami, à un félibre ; le sens en est à peine caché, l'allusions évidente, déjà une invitation à l'érotisme, une incitation à l'acte ; il implique Delphine, Anaïs, Ludovine ; certaines n'ont eu que le tort de passer, pas toutes :
Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
vendredi 17 mai 2024
Teodor AUBANÈU, pas froid aux yeux et la main chaude (fin)...
dimanche 29 octobre 2023
Encore DAUDET Alphonse... sur la Camargue, pour toujours.
Qui essaie de cultiver un art se nourrit de tout ce qui s'est fait avant lui comme un arbre se nourrit des couches de feuilles mortes des saisons passées sans lesquelles il lui serait impossible de pousser...
Arles 2016 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Chensiyuan |
Camargue 2017 Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author Jac. Janssen from Baarlo lb. NL |
Saladelles de l'Étang de Vendres 2016 |
Étang_de_Vaccarès martelhières 1964 Creative Commons Attribution 2.0 Generic Author Dr Mary Gillham Archive Project |
Va pour les centaurées, les gentianes maritimes mais pour les saladelles, monsieur Daudet, vos détails ne peuvent que laisser interdit un natif du delta (serait-ce celui de l’Aude) : même pour la variante audoise de la saladelle (limonium narbonense) la couleur varie du bleu au mauve pour une floraison en fin d’été ! Alors seuls des Parisiens peuvent se pâmer en imaginant des saladelles rouges, en été qui plus est !
lundi 16 octobre 2023
LE GARDIAN (fin).
Quand arrive le printemps, le gardian doit laisser la cabane (1) qu’il habite pour rester avec le troupeau, c’est la règle : appuyé contre un arbre, l’escalassoun, le poteau permettant de voir loin, dont il monte les barreaux, n’est utile que si les bêtes sont à portée, de même que les sonnailles au cou de celles qui mènent, également à celui de celles, toujours les mêmes, qui s’aiment à la traîne ; en principe, le troupeau parcourt un même itinéraire, mangeant en avançant pour se retrouver le soir là où il dort. La garde se fait à pied, “ a bastoun plantat ”, à bâton planté (lou calos), en menant le cheval par la bride, ce qui laisse du temps pour pêcher dans les roubines, les étangs, braconner les lapins alors si nombreux.
'Gardian'_in_Camargue,_Provence,_France 2012 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Albarubescens |
Le gardian doit trier les bêtes, assurer le bistournage (les castrer), leur imposer, à l’âge d’un an, le fer rouge du mas (ferrade) en parallèle avec les escoussuros, les entailles à l’oreille.
C’est grâce à elle, à cheval entre la vie moderne, les échanges, la Provence riche de ses productions agricoles, en lien avec le lointain et, en aval, le rythme bien plus lent, paisible du delta à l’atmosphère immuable, que l’île du fleuve a été mise en valeur. C’est dans ses rues que le gardian vient acheter la chemise à pois, le chapeau de feutre, la veste en velours, le gilet, le pantalon en peau de taupe (un enduit souple et vernis ressemblant à un cuir sur moleskine, un coton tissé serré). En Arles se déroule la fête la plus renommée, célébrant, le dernier dimanche d’avril, la Confrérie des Gardians datant de 1572. Sur la place du forum, gardée d’honneur par une grille de tridents, les ficheirouns des gardians, la statue de Frédéric Mistral qui écrivit si bien sur ces cavaliers, les traditions, la Camargue.
Fête_des_Gardians à Arles 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Finoskov |
À l’origine d’un statut modeste, voué à son travail, le gardian est devenu acteur incontournable des fêtes à la belle saison, dans le maintien des traditions, autre chose que le cow-boy dévoyé dans la violence des colts, des hors-la-loi, des chasseurs de primes alors que l’image de l’homme chevauchant reste irrésistible partout sur Terre... Alors plutôt rappeler ce gaucho de la pampa, intime de sa monture, au point, au seul pouvoir d’un doux murmure, de faire allonger son cheval dans l’herbe afin de reposer sa tête sur l’encolure sans que l’animal n’en soit perturbé... Faire confiance, par amour...
Aimer tue même si c’est vivre... Et vivre sans aimer, est-ce vivre ?
(1) Un mot sur la cabane du gardian, blanchie à la chaux, au toit de sénils bruns (chaume de roseaux phragmites séchés) : seul le mur pignon, tourné au midi, est maçonné ; à l’intérieur un conduit de cheminée occupe le versant opposé à celui de la porte ; le tour est en roseaux sinon en torchis ; le fond est en forme d’abside, afin d’offrir le moins possible de prise au vent ; la poutre faîtière dépasse cet arrondi tourné au Mistral, ce bout servant parfois, à l’aide d’une corde, à arrimer la cabane; le faîte maçonné coiffe les deux pentes du toit fait de paquets de sagnes ; meublé simplement, le modeste intérieur d’une seule pièce est parfois partagé avec la chambre derrière. Généralement les épouses des gardians vivaient à Arles.
(2) sans cette présence qui régule en plus ou en moins l’arrivée d’eau douce, la Camargue ne serait peut-être qu’un désert de sel...